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Citations de Gérard de Sède (34)


Mais si la lignée de Dagobert II s'était continuée, si le sang mérovingien ne s'était pas tari, c'est tout le tableau de la légitimité qui serait à refaire. Certes, même dans ce cas, l'histoire dynastique de la France resterait ce qu'elle a été, mais elle pourrait être déchiffrée tout autrement que nous n'avons coutume de la faire. Car certains de ses plus obscurs, recevraient alors une lumière nouvelle, ainsi qu'il arrive toujours quand, derrière l'éclat de l'événement, on devine une histoire parallèle, secrète, et les mains gantées d'ombre qui en tiennent les clefs.
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Quoi qu'il en soit, l'onction qui fait le roi mérovingien, ne fût-ce que parce qu'elle est pratiquée sur la tête, en fait un roi-prêtre investi d'un double pouvoir à la fois guerrier et magique, deux aspects qui ne vont pas l'un sans l'autre – car c'est la magie qui passe pour assurer le succès des armes – et qui ne se différencieront que bien plus tard. En revanche, le troisième pouvoir, celui de légiférer, n'est pas de son ressort : Le roi règne mais ne gouverne pas.
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...les synarques n'ont participé directement au pouvoir politique que sous le régime de Vichy et, même alors, que pendant une période assez brève. Mais il ne faut jamais oublier que pour la Synarchie, le pouvoir politique n'est qu'un instrument conjoncturel au service de I'Autorité avec un grand A, autorité à la fois économique, idéologique et métapolitique qui seule procure la véritable puissance. Pour les synarques, il ne suffit pas d'agir dans l'ombre des palais officiels, et toujours par personnes interposées: il faut encore et surtout pénétrer par capillarité tous les rouages et tous les étages de la société. Saint-Yves d'Alveydre rejoint ici saint Ignace de Loyola, tous deux précurseurs du lobbying.

Que la puissance de la Synarchie se fasse sentir encore de nos jours, il suffit, pour s'en persuader, d'évoquer, parmi beaucoup d'autres, les noms de quelques synzrrques ou même d'ex-cagoulards qui, après avoir servi l'État vichyssois (comme Raoul de Vitry d'Avaucourt ou Gabriel Le Roy-Ladurie) ou dans la Résistance (comme Loustaunau-Lacau, Louis Vallon ou Ghislain de Bénouville) se retrouvèrent en selle sous les Quatrième et Cinquième Républiques, soit dans la grande industrie, la finance ou les allées du pouvoir.

Mais parmi ces noms, celui qui domine de très haut tous les autres est Jean Monnet.

Né en 1888, fils d'un négociant en cognac, le personnage n'a jamais occupé que des fonctions officielles de « brillant second », et pourtant sa carrière est une ascension continue en termes de pouvoir réel.

En 19L4, il se fait réformer et envoyer en mission à Londres par Clémentel, synarque qui est alors ministre du Commerce et de I'Industrie, pour s'occuper du ravitaillement de la France en produits stratégiques. Clemenceau, Président du Conseil, que cette sinécure irrite, menace de le mobiliser ou de le déclarer insoumis, mais le Tigre, qui n'était pourtant pas de papier, doit s'incliner devant les protections occultes dont jouit déjà ce jeune homme de vingt-sept ans.

Quatre ans plus tard, Monnet est secrétaire général adjoint de la Société des Nations à Genève. Ce poste lui permet de nouer de fructueuses relations avec des personnalités du monde entier, jusqu'en Chine où il se lie à T. V. Soong, président de la Banque centrale, et plus étroitement encore à la sœur de celui-ci, épouse de Chiang Kai-Schek.

En 1922, comme nous l'avons vu, Jean Monnet inspire la création du Comité synarchique central ; en même temps, il s'active au sein d'une autre société secrète, le Mouvement synarchique international auquel, aux côtés du comte hungaro-belge Coudenhove- Kalergi, il donne une façade légale sous le nom de Mouvement paneuropéen.

Pendant, et aussitôt après la Seconde Guerre mondiale, il joue les éminences grises auprès du général de Gaulle, puis conçoit et met en pratique le fameux Plan Monnet destiné à rajeunir et moderniser le capitalisme français ; il n'a alors d'autre profession que celle de banquier, mais son influence internationale est proprement tentaculaire. Il meurt en avril 1979, àgé de quatre-vingt-onze ans, après une vie, comme on le voit, bien remplie. C'est alors que le grand public découvre en cet homme de I'ombre qu'on a pu appeler « le plus américain des hommes d'affaires français » le « père de l'Europe » , de cette Europe technocratique qui, en petits comités, sans aucun contrôle des citoyens, se construit avec des hauts et des bas sous nos yeux. De ce synarque des premiers jours, aussi efficace et intelligent que discret, Henry Kissinger a pu écrire : « Peu d'hommes ont joué un tel rôle dans l'histoire du monde. »

L'Union européenne née dans les derniers mois de 1993 et qui fut l'idée-force de Jean Monnet, de Coudenhove-Kalergi et de I'archiduc Otto de Habsbourg, est par bien de ses aspects un rêve synarchique. Dans le nom du Mouvement synarchique d'empire, le mot « empire », en effet, ne concernait qu'accessoirement I'Empire colonial français: il devait plutôt être entendu dans le sens latin d'imperium qui signifie « pouvoir, autorité », à la fois matérielle et spirituelle, et dont le modèle fut jadis fourni par le Saint Empire romain germanique. (pp. 208-210)
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Ce qu'il faut souligner fortement, c'est que ces apparitions [mariales] en série n'étaient pas sans liens avec la politique du trône et de l'autel. Rue du Bac, la Vierge avait pleuré à chaudes larmes sur le renversement de Charles X, devenu bigot sur le tard. Les prédictions et les menaces qu'elle avait proférées à La Salette furent présentées par le clergé comme une mise en garde anticipée contre la révolution de 1848 qui avait instauré la Deuxième République. A Lourdes, enfin, la Vierge avait opportunément déclaré à Bernadette : « Je suis I'Immaculée Conception », quatre ans à peine après que Pie IX eut proclamé ce dogme sans même convoquer un concile, ce qui ne s'était encore jamais vu dans l'histoire de l'Église, et dix ans tout juste avant que ce pape se fasse proclamer infaillible, ainsi que ses successeurs, en matière de dogme. C'était vraiment pour lui une aubaine que la Vierge de Lourdes en personne fût venue certifier en quatre mots cette infaillibilité. De plus, l'apparition avait eu lieu au moment où Pie IX, monarque absolu, résistait, avec l'aide de l'Autriche, à l'unification de l'Italie sous une monarchie constitutionnelle, entreprise qui exigeait l'absorption des États pontificaux.

Tout comme ses prédécesseurs immédiats Léon XII et Grégoire XVI, Pie IX était bien résolu à « ne pas transiger avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne », ainsi qu'il l'écrivit en toutes lettres dans son fameux Syllabus. On peut donc dire que, par-delà les motifs politiques mais en parfaite cohérence avec ceux-ci, la promotion d'un occultisme bien encadré fut pour l’Église du XIX siècle une riposte à l'essor de la culture rationaliste. (pp. 161-162)
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...tel était en effet le vrai nom de cet Ordre si terrible que les Occidentaux l‘appelèrent l'Ordre des Assassins.

Mieux, le mot même « assassin » est tiré du nom de l'Ordre créé par Hasan Sâbbah. Tous les dictionnaires étymologiques expliquent en effet que ce mot provient de haschischim, c'est-à-dire « fumeurs de haschisch », parce que les hommes de main auxquels l'Ordre confiait l'exécution des adversaires agissaient sous l'empire du haschisch.

L'on peut néanmoins se demander si les dictionnaires sont dans le vrai, et si, à l'insu de ceux qui le forgèrent, le mot « assassin » n'a pas une autre origine et une explication plus profonde.

En effet, dans la langue iranienne, le mot asas signifie « fondement. » Or, nous apprend Henri Corbin, il servait à désigner I'imâm fondamental, c'est-à-dire le premier imâm d'une ère nouvelle, celui qui inaugurait un cycle et présidait à celui-ci, et qu'il fallait s'efforcer d'imiter en tous points. Ainsi, au second degré, le terme « assassins » semble bien être le synonyme de « fondamentalistes. » Peut-être Hasan, comme tous les mystiques, a-t-il vraiment eu la vision qu'il raconte. Ce qui est sûr, c'est que son récit donnait des lettres de noblesse à l'Ordre secret qu'il s'apprêtait à fonder : toutes les sociétés initiatiques reposent sur un mythe d'origine rassemblant les thèmes symboliques qu'elles propagent. Or, dans le récit de Hasan, les symboles ont de curieuses résonances.

La coupe pleine d'un sang mystérieux qu'on l'invite à rechercher ne diffère guère du Graal, coupe contenant quelques gouttes du sang du Christ, et qui doit faire l'objet d'une « queste. » Quant au poignard ayant le pouvoir de guérir les blessures qu'il a données, il partage cette propriété avec la Sainte Lance qui perça le flanc de Jésus crucifié, dont le sang fut recueilli dans le Graal. La légende ismaélienne annonce ainsi la légende chrétienne qui n'apparut qu'au siècle plus tard avec Chrétien de Troyes et Wolfram von Eschenbach. Chacun sait que pour ce dernier, le chevalier appelé à trouver le Graal était Parzifal. Dès lors, un autre rapprochement saute aux yeux : les adeptes de la religion zoroastrienne portaient le nom de Parsis. Hasan Sâbbâh a pu puiser cette légende à deux sources: la tradition iranienne selon laquelle les Parsis buvaient dans une coupe le haoma, breuvage d'immortalité, et l'évangile apocryphe de Nicodème où l'on trouve pour la première fois l'histoire du Graal et de la Sainte Lance.

Quant à la tenue de l'Ordre réformé des ismaéliens d'Alamut - robe blanche, ceinture rouge et poignard -, elle est très semblable à celle de I'Ordre des Templiers, fondé à Jérusalem en 1118, dont les membres portaient robe blanche, croix rouge et épée. Ces Templiers dont Wolfram von Eschenbach fait les gardiens du Graal, et qui allaient avoir avec les moines-soldats de Hasan d'étranges relations... (pp. 33-34)
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Le pape Jean VIII, couronné de la tiare et de blanc vêtu, conduisait la procession solennelle quand il fut saisi d'un brusque malaise; alors, à la stupéfaction générale, il trahit le secret de son sexe en accouchant d'une fille au beau milieu de la place Saint-Pierre.
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Citant Oscar Wilde :
"L'Art tend son miroir à la Nature."
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Citant Joseph De Maistre :
"Les dialectes, les noms propres et de lieux me semblent des mines presque intactes et dont il est possible de tirer de grandes richesses."
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Citant Charles Cros :
"Dans ces meubles laqués, rideaux et dais moroses,
Danse, aime, bleu laquais, ris d'oser des mots roses."
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Ils n'avaient pas soupçonné que ce qui pouvait bien cacher quelque chose, c'était précisément l'excessive absurdité de ce livre, contrastant avec tout ce qu'on sait de l'intelligence de l'auteur et avec le reste de son oeuvre : dans certains cas, ce qui semble sot est sceau.
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Et plus la crainte est grande, plus fou devient l'espoir.
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Citant Amalaire, écolâtre de Louis le Pieux : "Nos cheveux représentent nos pensées".
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...le sang sacré des Mérovingiens, cet élément mystérieux qui fait les initiables à la royauté et sans lequel nul ne peut espérer soulever la ferveur d'un peuple.
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N'oubliez jamais que lorsqu'on soulève le voile des mythes, c'est toujours l'Histoire qu'on finit par trouver.
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