AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Gilles Châtelet (53)


Une journée épuisante à traquer les soldes « les plus sympas » et conclue par un « Oui, enfin j’veux dire… Descartes, Voltaire, Leibniz feraient comme nous. Eux aussi étaient déjà cosmopolites… »
Nous venons de mettre le doigt sur l’une des manies les plus écœurantes du populisme urbain et de son cosmopolitisme d’aéroport : se goinfrer des « best of » de la planète en prétendant se réclamer d’un cosmopolitisme qui s’animait d’une passion de l’humanité et visait à la libérer de l’abjection de la nécessité.
Commenter  J’apprécie          120
Qu'importe si la bagnole tue, pollue et rend souvent parfaitement con, sa prolifération détruit tout espace urbain digne de ce nom, puisque l'enjeu est d'assurer la domestication de gigantesques masses humaines, de forger des milliards de psychologies d'homes moyens à roulettes - de "mentalités autoroutes" - singeant partout, jour et nuit pour en faire un paysage, les fluidités et les compétitions du Grand Marché.
Commenter  J’apprécie          120
certains partisans branchés de la Contre-Réforme libérale voyaient dans le « Grand Marché » une manifestation des vertus « créatrices » d’un chaos et souhaitaient donc liquider au plus vite l’État-providence, cette « structure dissipative » encombrante héritée de la deuxième vague industrielle, pour faire place nette à la troisième vague postindustrielle, légère, urbaine et nomadiste.

http://wp.me/p5DYAB-1rd
Commenter  J’apprécie          110
« Il n’est pas toujours exact qu’un taux de participation élevé joue toujours en faveur de la démocratie… Un accroissement du pourcentage de participation peut être l‘indice d’un affaiblissement de la cohésion sociale qui entraînera la démocratie à sa perte ; à l’inverse, l’opinion répandue que « le résultat ne pourrait pas changer grand-chose », en diminuant la participation, peut contribuer à la stabilité du régime. Un problème important se pose pour les théoriciens de la démocratie, c’est de savoir quel peut être le pourcentage optimal de participation électorale qui permet à une société de maintenir ses institutions démocratiques sans que l’âpreté des luttes de parti menace sa cohésion. »
Commenter  J’apprécie          90
Tout le monde serait à égalité…surtout dans les embouteillages, l’un des rares moments de « solidarité » des automobilistes. Si l’autoroute semble souligner cruellement les disparités entre « hommes moyens » -par le biais de la vitesse et surtout de la puissance mobilisable-, l’embouteillage réanime la « vocation démocratique » de la bagnole…en gratifiant tout le monde de la vitesse zéro ! L’automobiliste « modeste » peut enfin se délecter : « Regarde la Rolls. Elle est coincée comme toutes les autres. Il y a quand même une justice ! Tout le monde a un nez, tout le monde a des jambes, tout le monde doit bouffer et pisser. Tout le monde finit par crever… même l’autre connard à la Rolls. »
Commenter  J’apprécie          90
Les Jardiniers du créatif avaient voulu jouer à fond Nietzsche contre Hegel et souvent contre Marx. Ils s’étaient trompés de cible ; ce n’était ni la chouette de Hegel, ni la taupe de Marx, ni le chameau de Nietzsche qui nous surprendrait au détour du chemin : c’était Malthus, le colporteur des conservatismes les plus infâmes, toujours souriant et affable, qui guettait le gogo pour marchander avec lui toute la pacotile libertarienne du nomadisme et du chaotisant.
Commenter  J’apprécie          80
L’envie n’est donc pas un prurit regrettable des démocraties-marchés, à extirper éventuellement par une chirurgie politique convenable, mais une condition nécessaire de sa stabilité, comme l’avait très bien remarqué T. Jefferson : « Le gouvernement libre est fondé sur la jalousie et non sur la confiance. »
Commenter  J’apprécie          70
La modernité, c’est d’abord une cure d’amaigrissement –continuez à dégraisser ! Faites comprendre à vos pauvres qu’ils ne sont pas des exploités mais des ringards, des empotés, et qu’il existe des sociétés civiles moins laxistes… celle des cormorans, par exemple. Les branches les plus élevées sont réservées aux plus forts, qui peuvent chier à leur aise sur les occupants des branches du dessous.
Commenter  J’apprécie          50
Ces économistes-politologues élaborent un dictionnaire assurant un décalque presque parfait des dualités politiques sur les dualités économiques. Dans ce modèle, les politiciens sont des entrepreneurs, des fournisseurs de biens et de services politiques qui se disputent le marché des votes de citoyens-panélistes-consommateurs de ces biens et services politiques. Il suffisait d’y penser : tout comme la pression du marché contraint l’entrepreneur à maximiser les fonctions d’utilité des consommateurs, les politiciens et les partis entrent en compétition pour satisfaire la demande de biens et services politiques.
Commenter  J’apprécie          50
Le techno-populisme distingue soigneusement deux « radicalités » : celle qu’il déteste –soupçonnée d’être ennemie de la démocratie, parce qu’elle prétend faire l’effort de se soustraire à la goujaterie et à l’impatience contemporaines et espère faire déparer les scénarios socioéconomiques de la Banque mondiale-, et celle dont il apprécie les odeurs fortes de majorité morale, celles du Père Fouettard et des piloris médiatiques. A ceux qui lui demanderaient de définir le new-age, il répondrait : « C’est l’ère de l’Internet, des associations de mères de famille vidéo-visionneuses et de la chaise électrique. » C’est pourquoi il adore transfigurer ses Agrippines, ses Thénardiers et ses Tartarins en Gavroches de plateaux télévisés qui pourfendent les « privilèges » et se goinfrent de Justes Causes.
Commenter  J’apprécie          50
Une connaissance même sommaire de pays comme l'Allemagne, l'Angleterre ou la France montre pourtant que les périodes les plus brillantes de laur histoire ont toujours résulté d'une capacité à aménager des espaces à l'abri des pressions de la demande sociale immédiate, des hiérarchies en place, et donc apres à accueillir de nouveaux talents sans distinction de classe, bref à abriter une aristocratie culturelle qui ne soit pas cooptée par la naissance ou l'argent.
Commenter  J’apprécie          50
Etre passé de la chair à cannon à la chair à consensus est certes un "progrès". Mais ces chairs se gâtent vite : la matière première consensuelle est essentiellement putrescible et se transforme en une unanimité populiste des majorités silencieuses, qui n'est jamais innocente.
Commenter  J’apprécie          50
La commande sociale de l’Ordre cyber-mercantile […] se montre très friand de tout ce cyber-bétail de « jeunes à baladeurs nomades et libres dans leur tête » un peu râleurs mais au fond malléables, facilement segmentables en tranches d’âge et en « générations », et donc gibier sociologique idéal pour les modes. Mais il faudra bien sûr éviter le gâchis et se limiter strictement aux besoins de la future neurocratrie et donc aux nécessités de l’embouche cybernétique : aller au-delà serait malsain, car veiller à la santé de chaque corps ou assurer une éducation soignée à chacun serait une atteinte à la liberté des cervelles et risquerait de compromettre l’ « autonomie et l’autogestion » des unités du cheptel.
Commenter  J’apprécie          40
Une société obligeant les voitures particulières à ne pas dépasser les 20 km/h, comme en rêve Ivan Illich, supprimerait à peu près sûrement les risques de mort. Mais elle ne serait plus à coup sûr une démocratie.
Commenter  J’apprécie          40
« Il existe dans l’homme moral abandonné à lui-même un point autour duquel toutes les passions, toutes les forces qui le dominent se font équilibre. Ce point est analogue à celui qu’on désigne dans les corps sous le nom de « centre de gravité » : je le nomme centre moral. »
Quételet
Commenter  J’apprécie          40
En cette fin de décennie, il y a bien un miracle de la Nuit, pour faire que l’Argent, la Mode, la Rue, le Journal et même l’Université s’étourdissent ensemble et conjuguent leurs talents en accouchant de ce paradoxe : un équilibre festif, aimable boudoir de la « société tertiaire de services » qui allait bien vite devenir celle de l’ennui, de l’esprit d’imitation, de la lâcheté et surtout celle du petit jeu de l’envie réciproque –« le premier qui se réveille envie l’autre ».
Commenter  J’apprécie          40
Les individus au sein du modèle libéraliste cahotique "ne sont que des grains de sable, des unités de convoitise, des boules de billard pathétiques se faisant la guerre, que chaque effort pour se différencier enlise encore plus dans une grande équivalence."
Commenter  J’apprécie          40
Il est grand temps de sursauter et refuser un destin de bétail cognitif en faisant plus de vagues et moins de vogue.
Commenter  J’apprécie          40
L'Homme moyen apparaît bien comme le produit d'une puissante ingénierie socio-politique ayant réussi à transformer ce que Marx appelait le "paysan libre d'Angleterre" en citoyen-panéliste, atome producteur-consommateur de biens et services socio-politiques.
Commenter  J’apprécie          40
postmoderne : Ce courant (cette « mouvance » ?) pourrait aussi s’appeler post-cynisme-post-industriel et même post-n’importe quoi désormais. On le définit comme ce qui regarde la « modernité en arrière » ou comme ce qui en brouille les cartes […].
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Gilles Châtelet (110)Voir plus


{* *} .._..