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Critiques de Gilles Lipovetsky (36)
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Le bonheur paradoxal : Essai sur la société d..

Nous vivons dans une société d'hyperconsommation. La frénésie de Noël tombe bien pour le constater. Nous vivons aussi dans une société hyperindividualiste, chacun cherchant son propre bonheur avant celui des autres, le cherchant bien sûr dans cette hyperconsommation, cherchant sans succès à l'acheter. Faut-il s'en horrifier ? Tout semble nous y forcer. Ce livre, pourtant, prend le contre-pied du pessimisme ambiant en montrant que notre soumission aux forces marchandes n'est ni si totale que ça ni si foncièrement néfaste. Avec des exemples tirés de toutes les expériences humaines d'aujourd'hui, il approfondit le paradoxe : on se dit heureux, on l'est même, mais on se suicide plus que jamais, parce que le bonheur aujourd'hui dépend de nous, que ne pas y toucher, c'est un échec personnel, ce qui, bien entendu, est faux, mais que la société de consommation, par la publicité, le tout tout de suite, l'affichage de la joie et de le fête généralisée, nous vend comme une vérité. L'auteur détruit d'autres clichés sur notre époque. La jouissance comme seul mode de vie ? la frénésie sans limite ? Jamais nous n'avons autant cherché à protégé notre confort et notre santé. La performance comme seul but ? Jamais le temps libre, la détente, le far niente n'ont été autant valorisés. Bref, le monde est plus complexe qu'on ne le croit. Nous sommes des hyperconsommateurs et des résistants à l'hyperconsommation. Nous sommes heureux et nous sommes malheureux. Nous sommes, malgré toutes les forces matérielles et financières, humains.

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L'ère du vide : Essais sur l'individualisme c..

L’auteur présente en tout début d'ouvrage la caractéristique de ce qu’il nomme les sociétés post modernes, à savoir l’émancipation du plus grand nombre d’individus des règles uniformes prévalant jusqu’à lors et qui s’imposaient à la masse. Le libre déploiement de la personnalité, la jouissance assumée sont les caractéristiques de ces sociétés qui mettent en avant l'hédonisme sinon le narcissisme.

Ainsi, l'auteur entrevoit il le post-modernisme, également marqué par un désintéressement de masse qui touche tous les domaines : travail (absentéisme et pré-retraite), famille (expansion des divorces et de la monoparentalité), engagement public (syndicalisme en crise, abstentionnisme électoral), de manière sombre. Pour avoir été écrit en 1983, l'ouvrage avait d'ores et déjà analysé et prédit cette orientation.

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L'ère du vide : Essais sur l'individualisme c..

Ce livre date de 1983...L'auteur faisait déjà référence à cette époque à ce que la future société allait engendrer, à savoir l'individualisme roi, la perte du sens commun, la concurrence à tout prix..Il gardait cependant espoir en évoquant non un écroulement des valeurs morales, mais une sorte de transfert vers l'humanitaire notamment...une sorte de refuge pour l'homme, pour ne pas sombrer dans une société dépourvue d'humanité où seul le marché aurait droit de cité...En 1983 on aurait pu douter des transforamtions qu'il annoçait, même la perte des équilibres, où du moins d'une espérance dans une solution alternative y est décrite, à savoir l'écroulement du bloc de l'Est...a relire donc....
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L'ère du vide : Essais sur l'individualisme c..

Une écriture prétentieuse, à la limite de l’intelligibilité, qui s’apparente plus à une démonstration d’érudition par un assemblage de mots rares et brillants qu’à un discours structuré, porteur de sens et conçu pour être compris. Il suffit de lire le pénible avant-propos pour s’en convaincre. Dommage pour une matière qui pourrait être si intéressante!
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L'ère du vide : Essais sur l'individualisme c..

Sombre et pédant, lipovetsky livre pourtant au travers de son livre une analyse non moins lucide sur le monde post-modèrne, où le sacré et le collectif ne sont plus, où l'homme se met en scène et voue son existence au paraître, non plus à l'être.

La question qui se pose une fois son oeuvre terminée, est de savoir quel recul prendre par rapport au négativisme profond de chaque phrase parcourue, et de comment utiliser positivement ce savoir pour changer les choses.

Car après avoir déconstruit, le plus dur sera de reconstruire.
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L'ère du vide : Essais sur l'individualisme c..

Evidemment avec le recul tout paraissait écrit, force est donc de reconnaitre à l'auteur une certaine acuité visuelle. La prise de risque de l'essai est patent révélant aussi des sources mouvantes, voire absentes. Il faut en retenir les grands axes : la perte de sens des institutions, des causes à l'engagement, des motifs porteurs, mobilisateurs, pour constater une réelle impression de vide.



Sans doute n'est ce qu'une impression mais ce vide résonne aujourd'hui en faisant de plus en plus de bruit. La perdition des repères pré-construits nous plonge dans une responsabilité qui semble bien trop pesante pour l'homme. Décider de tout, partout, tout le temps, ne sachant ni quand ni comment une valeur doit être soutenue ou pas, se révèle tâche insurmontable. La légèreté, la cool attitude, vient à l'aide du vide comme un brouillard providentiel.



L'ouvrage fait réfléchir, par son pessimisme, par sa vision, et si on ne peut complètement adhérer, on ne peut pas non plus réellement l'esquiver.
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L'esthétisation du monde

Le monde il est beau, le monde il est gentil.



Dans la société suresthétisée, le consommateur-citoyen-être sensible, alias « Homo Aesthéticus », fait sa toilette du matin avec des accessoires dessinés par les meilleurs designers. Puis il mange des céréales dont les propriétaires ont ouvert des fondations d’art. Il démarre ensuite sa berline Picasso et écoute des livres audio dans les embouteillages, sur le chemin d’un travail où sa créativité est heureusement appréciée. Si cette vie décorative n’est pas exempte de stress, si l’absence d’horizon collectif produit du mal-être, et s’il n’est pas toujours facile d’allier le calcul rationnel et la nouvelle sensibilité généralisée, l’Homo aestheticus peut compter sur les « empires esthético-marchands », grandes marques et puissances éclairées, pour animer, ré enchanter la vie ordinaire – et relever demain de défi de « la qualité », nouvelle étape dans une évolution qi a aussi ses revers : l’inégalité, le superflu, le gâchis, la pollution. Cette vision bon enfant de ce qu’ils appellent notre « âge hypermoderne » est détaillée par Gilles Lipovetsky –sociologue amène, plus descriptif que critique, lancé dès 1983 par un essai best-seller chez Gallimard, l’Ere du vide – et le critique Jean Serroy, dans leur dernier opus, l’Esthétisation du monde : dans nos villes « franchisées », où chaque boutique se pense comme une galerie et chacun de nos gestes comme une partique culturelle, le nouvel « empire transesthétique » œuvre à réconcilier, non sans tension, « la création et le loisir, l’art et la communication, l’avant-garde et la mode ». Vive le « capitalisme artiste, notre ultime chance de changer le monde ? cette synthèse sympathique n’en pose pas moins trois problèmes. Elle enfonce, d’abord, pas mal de portes ouvertes : on trouvait plus de profondeur théorique et d’audace politique dans les pages de Theodor Adorno, analysant la « vie mutilée » dans l’ère moderne aliénée (Minima Moralia, publiée en Allemagne en 1951), dans celles de Guy Debord, dénonçant nos vies « éloignées » devenues (une immense accumulation de spectacles » (laSociété du spectacle, éd. Buchet-Chastel 1967), ou celles de Fredric Jameson envisageant la pop culture omniprésente de notre époque « post-moderne » comme la logique même du capitalisme avancé (le Postmodernisme, publié aux Etats-Unis en 1992). Ensuite, ces trois-là avaient l’avantage, sur nos deux compères, d’aborder le rapport entre l’art et la société comme un rapport de force, un dispositif de domination, un effet du rapport de classes et de la logique de profit. Lesquels, ici, sont à ce point absents qu’on en viendrait à prêter effectivement à la « World Corporation » les plus vertueuses intentions du monde. Enfin, la subjectivité de l’individu « hypermoderne » est ici pour le moins atrophiée : elle cherche dans ce joli décor de quoi oublier ses malheurs, ne résiste ni ne s’insurge à aucun moment, et semble ne plus savoir ce qu’est la différence (des sexes, des origines, des classes, des conditions) ni la folie. Or, un sujet bougon, capable de répondre à cet état de choses par un beau bras d’honneur, prêterait plus à l’optimisme que les conclusions de nos deux observateurs. A un optimisme, en tout cas, nette plus combatif.



François Cusset Beaux-arts 348 juin 2013

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L'ère du vide : Essais sur l'individualisme c..

« La culture du narcissisme », livre du sociologue américain Christopher Lasch, publié en 1979, avait radicalement changé ma vision de la société moderne. « L'ère du vide », du sociologue français Gilles Lipovetsky, publié 4 ans plus tard, le complète parfaitement.



Le sujet du livre est l'individualisme post-moderne et le narcissisme contemporain, le même que Lasch. D'ailleurs, Lipovetsky cite maintes fois son collègue américain dans l'essai intitulé « Narcisse ou la stratégie du vide ». Tandis que Lasch abordait cette thématique à travers le prisme de la famille, du sport ou de la thérapie par exemple, Lipovetsky étend encore l'analyse. Il formule le concept de « séduction », qui peut se définir comme la possibilité d'un choix à la carte de l'existence individuelle, conduisant à une atomisation des individus au sein de la société. Il s'intéresse aux thématiques de l'humour et du comique, de l'art, de la violence, de l'honneur, de la révolution et même de la musique. Cette étude large du phénomène individualiste post-moderne permet de mieux saisir ses enjeux, ses manifestations concrètes.



Mais on en vient ici à ce qui constitue ici le défaut de la thèse de Lipovetsky, selon moi. Ce défaut, c'est la fatalité extrême de l'émergence de la personnalité narcissique chez les individus post-modernes. Je le rappelle, selon Lipovetsky, le système contemporain est un système de séduction, qui propose un maximum de choix et de possibilités aux individus, leur permettant de fabriquer leur existence à leur convenance. Mais le corollaire de cette définition est que tous les choix de vie, dès lors qu'ils sont compris dans le cadre temporel de la post-modernité, plongent leurs racines dans un individualisme et un narcissisme excessifs. Ainsi, peu importe les phénomènes sociaux et les projets idéologiques, tous peuvent être expliqué par la volonté égocentrique des individus qui les portent.



Vous êtes ultra-connectés et vous ne pouvez plus vous passer de votre smartphone ? Vous êtes donc individualiste car vous vous renfermez sur vous-même et cherchez à vous couper du monde. A l'inverse, vous avez abandonné votre smartphone et cherchez à vous ouvrir aux autres et au monde ? Vous êtes également individualiste et narcissique car votre choix est marginal et à contre-courant, vous psychologisez vos relations à autrui et cherchez à améliorer votre petite existence par la rencontre et l'expérience ; vous recherchez la sensation, ou le sens de VOTRE vie.



La thèse de l'auteur ne laisse donc aucune issue : dès l'instant où vous faites un choix de vie, quel qu'il soit, vous devenez un produit de la société post-moderne individualiste. Comme plus aucun grand système de sens, aucune grande institution, aucune grande valeur ne guident le groupe, chaque individu est livré à lui-même et condamné à être libre, et donc narcissico-égocentrique. Fatalisme pessimiste ou Réalisme glaçant ?



De plus, il m'a semblé que beaucoup de traits considérés par l'auteur comme propres au narcissisme post-moderne étaient en réalité beaucoup plus anciens voire intemporels : philosophie moniste, culte du corps, rapport de domination dans les relations interpersonnelles, volonté de détachement passionnel et d'invulnérabilité émotionnelle, refuge dans une citadelle intérieure… Cela peut faire penser aux stoïciens, à Montaigne ou à Spinoza, non ? J'en déduis donc que les individus ne sont narcissiques que parce que leur époque l'est, et qu'ils n'ont donc aucun moyen de ne pas l'être…



Le texte est parfois ardu, l'auteur utilise un vocabulaire de niche, des concepts et des néologismes rares, parfois des phrases à rallonge. Mais dans l'ensemble, le propos est limpide et le message clair, et on trouve au fil des pages quelques paragraphes brillants.



Il faut aussi saluer le talent visionnaire exceptionnel de l'auteur, qui refuse les poncifs absurdes ou les constats obsolètes, comme par exemple : « Olalala la société de consommation nous pousse à acheter et à nous définir uniquement à travers ce que nous possédons, elle détruit les codes traditionnels pour créer un consommateur uniformisé et standardisé tel un robot… ». Non, au contraire, Lipovetsky va beaucoup plus loin, il comprend que la consommation purement matérialiste ne dépasse pas les années 60, et que la logique de la séduction s'immisce beaucoup plus profondément dans la personnalité. A ce sujet, il écrit : « c'est le « matérialisme » exacerbé des sociétés d'abondance qui, paradoxalement, a rendu possible l'éclosion d'une culture centrée sur l'expansion subjective, non par réaction ou « supplément d'âme », mais par isolation à la carte. La vague du « potentiel humain » psychique et corporel n'est que l'ultime moment d'une société s'arrachant à l'ordre disciplinaire et parachevant la privatisation systématique déjà opérée par l'âge de la consommation. ». C'est quand même bien plus poussé !

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La troisième femme : Permanence et révolution d..

Gilles Lipovetsky trace une histoire des situations des femmes depuis la nuit des temps. Après la "première femme" - vouée toute entière à la reproduction, sans aucun droit et sans même le statut d'être humain à part entière, la "deuxième femme " - éternel féminin dont on célèbre la beauté, la maternité, mais qui reste cantonnée à la sphère privée et aux tâches domestiques, est venu le temps de la "troisième femme".



Cette troisième femme apparaît durant la deuxième moitié du XXe siècle quand, pour la première fois, les femmes vont conquérir la maîtrise de leur destin grâce à la contraception, la moindre importance de l'image de la femme au foyer et la reconnaissance du travail féminin. Les femmes se trouvent alors dans une situation identique à celle des hommes car elles ont à construire leur destin parce qu'il n'y a plus d'assignation, a priori, à ce qu'elles doivent être et faire. Cette troisième femme est la femme indéterminée car son destin n'est plus prédéterminé, écrit à l'avance par les codes sociaux et culturels. Ici, les garçons et les filles sont sur la même dynamique égalitaire marquée par une reconnaissance de l'autonomie des femmes qui peuvent contrôler leur destin, leur corps, leur place sociale. Pour autant, les pesanteurs demeurent, on observe une très forte permanence des codes hérités de l'histoire qui tempèrent la vision triomphaliste. La différenciation est reconduite en termes de principe. Ainsi de la beauté où la place des femmes et des hommes n'est pas équivalente aussi bien dans les concours de beauté, les soins du corps, la chirurgie esthétique… La femme demeure le beau sexe. Les hommes continuent d'occuper les postes de pouvoir dans l'économie ; les femmes demeurent les plus fragiles, les plus précaires, les plus vulnérables. L'égalité des sexes dans les textes demeure donc pour l'instant un voeu pieux, et l'état des lieux réel est loin d'offrir les mêmes chances aux femmes et aux hommes.



Constat mitigé, donc : pour l'instant, l'homme demeure l'avenir de l'homme...



J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce texte, bien que j'aie -forcément- gueulé à plus d'une reprise devant les constats implacables qu'il dresse.
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L'ère du vide : Essais sur l'individualisme c..

J'ai été attiré par le titre de ce recueil d'essais parus dans des revues entre 1979 et 1982 et retravaillés. Je ne m'attendais pas vraiment à ça mais, malgré une grande complexité, j'ai trouvé cependant certaines réflexions fort intéressantes. J'ai d'abord cru que l'auteur déplorait une certaine nostalgie du passé qui n'a peut être jamais existé mais au final le style est assez neutre, constat d'un changement dans la société en comparaison du passé.

On y présente le concept de post-modernisme et "de procès de personnalisation". Le ton est quelque peu pompeux et parfois on se perd un peu dans la succession de termes érudits. De plus en plus on assiste à l'effondrement de l'autoritarisme au profit de la séduction. On ne veut plus contraindre l'individu mais plutôt l'envouter en agitant la récompense de la société de consommation. Tout est fait pour s'adapter au mieux aux gouts de chacun dans une multitudes de loisirs, pensées, castes à la carte. L'individu prime sur la masse. C'est à cause de ce manque d'idéaux communs que la société sombrerait dans l'ère du vide. La grande époque du Narcissisme est là.

La société ne croit plus en la patrie, famille, armée, église, travail. Ces grands dieux ne déchainent plus les consciences, pourtant elles tirent encore les rennes dans l'ombre. Chacun se fait son petit syncrétisme perso à la cool.

Je me suis demandé à certains moments si le penseur était un vieux con ou un visionnaire extralucide!

Une partie est consacrée à l'histoire de l'art moderne et post-moderne où à force de vouloir innover, on finit par se mordre la queue.

L'humour? On a jamais si peu ri que depuis que l'humour est partout, on a jamais compté autant de dépressifs depuis qu'on a un aussi large panel de loisirs.

Un autre grand chapitre sur l'évolution de la violence au cours du temps raconte que la vengeance et l'honneur dans les sociétés holistes, ont laissé place aujourd'hui à une horreur de la souffrance d'autrui parallèlement à un individualisme profond. On a désormais besoin de l'Etat pour gérer la justice et se sentir protégé vu qu'on ne peut plus compter sur une communauté forte pour gérer les conflits. Un grand dualisme anime désormais nos vies: d'un coté un mélange de valeurs où chacun décide quelle chaussure lui sied le plus et le retour d'intégrisme rigoureux qui séduit certaines minorités.

Ce n'est livre n'est pas des plus accessibles mais m'a fait un peu penser au plus récent "Civilisation du cocon" de Vincent Cocquebert lu précédemment. C'est d'ailleurs je pense, la raison pour laquelle j'ai découvert Gilles Lipovetsky.

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De la légèreté

La légèreté est plus qu'une tendance, c'est un « fait social total ». Chez nous, nous voulons moins d'objets, des objets moins lourd, multifonction, permettant d'accéder à du contenu dématérialisé. Nous voyageons de plus en plus. La mobilité est liée à la légèreté car comme le dit J-C Kaufmann : « La motivation principale du départ du chez soi est de se sentir différent, plus libre, plus léger. » Nous voulons aussi être mince donc plus léger, plus mobile encore une fois. Et pas seulement pour les vacances mais toute l'année, toute la vie. La technologie participe grandement à cette révolution du léger. Un autre corrollaire de la légèreté est l'individualisme. Les relations humaines se font de plus en plus « light » mais aussi la citoyenneté, l'apprentissage et même la spiritualité. Nous voulons le plaisir des avantages sans le poids des inconvénients. Cela dessine un « âge de l'accès » à des divertissements instantannés et infinis. J'aurais aimé qu'en plus de décrypter les tendances présentes, l'auteur fasse un peu de prospective. L'avenir des relations aurait mérité d'être développé. Le transhumanisme également, lui qui voit le corps comme un sac à viande jouera à coup sûr un grand rôle dans cette révolution du léger, surtout avec les NBIC, nanotechnologies en tête.



Pour l'heure il nous reste de nombreux paradoxes à démêler. Entre frivolité et conscience écologique, il y a par exemple la légèreté responsable exprimée par la mairie de Paris en ces termes : « partez léger, jetez vos déchets » afin d'inciter les picniqueurs à faire place nette. Il y a surtout l'énorme machinerie technologique libérant la fée électricité et permettant de « surfer » depuis son canapé, sans fil et sans limites, toute l'information et l'entertainment du monde au bout des doigts ; ce que Gilles Lipovetsky appelle l'immatériel-lourd avec l'impact environnemental des data-centers par exemple. Il explique bien ces pseudo-paradoxes ; en réalité, le lourd technoscientifique est la condition sine qua non de la légèreté de la vie moderne : « A l'âge de l'hypermodernité nomade et numérique, le pôle lourd n'est pas l'opposé du léger, il en est la condition de possibilité. Non pas le léger contre le lourd, mais le léger grâce au lourd. »



J'ai beaucoup aimé cet essai, j'ai retrouvé les brillantes analyses de l'auteur sur cette hypermodernité qu'il décrit si bien. Cet ouvrage manque par contre d'exemples, mais ces derniers sont si nombreux qu'on s'amusera à les trouver soi-même (dans la publicité, les médias etc...). J'ai retrouvé quelques idées développées dans « Le bonheur paradoxal » ; à ce niveau, l'auteur est cohérent, il a sa vision du monde qu'il développe dans ses nombreux ouvrages. J'en lirai probablement d'autres malgré qu'il ait l'air surtout spécialisé dans les objets, l'art et la mode. J'aurais aimé plus de développements sur l'impact de cette modernité sur les gens : individualisme, solitude voire dérives terroristes et sectaires auxquelles il fait allusion. J'avoue que des fois j'aime me faire peur et lire des essayistes prophétiques ou catastrophistes. Mais Monsieur Lipovetsky reste un progressiste très nuancé, comme le montre la morale de ce livre : « Ce n'est pas en s'abandonnant aux plaisirs faciles que l'on devient léger, c'est en se libérant du poids des arrière-mondes, mais aussi en luttant contre l'agitation et la frénésie du monde moderne. »



A ce propos les réactions du mouvement slow et de la sobriété heureuse sont évoquées mais malheureusement balayées d'un revers de main car anecdotiques. L'écrivain voulait un format qui ne soit pas trop lourd ! Avec ses 370 pages et 8 chapitres thématiques (éco, corps, techno, mode, art, archi/design, relations, politique et éducation), ça reste quand même un bon petit pavé... à moins que vous ne préfériez la version numérique.
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L'écran global : Cinéma et culture-média

Récemment j'ai halluciné en voyant les films Lucy et Mad Max fury road. Des films qui en mettent plein la vue mais que j'ai trouvé incroyablement creux. Il faut dire que de nos jours, les blockbusters ne se prennent pas trop au sérieux. C'est pour comprendre ce nouvel âge du cinéma que j'ai entrepris la lecture de ce livre. Gilles Lipovetsky décrit de belle manière notre société qu'il désigne comme hypermoderne. Sa pensée est très cohérente, elle s'adapte donc à différents domaines comme les arts dont il semble être fin connaisseur. Cet ouvrage sur le cinéma a été coécrit avec un spécialiste de cet art global et total. Un très grand nombre de films sont cités, classés selon différents thèmes : l'excès, la multiplexité, la distance, le docu, l'historique, les réflexions sur la technologie (SF), la critique du marché, la revendication des droits de l'homme ou les interrogations existentielles. Les deux tiers du livre sont donc consacrés exclusivement au cinéma. Le dernier tiers étant consacré à la télévision, la publicité et d'une manière générale aux écrans informationnels, de surveillance, ludiques et expressifs. La thèse du livre est que le cinéma, art de masse et populaire du 20e siècle est loin d'être mort, au contraire il influence tous les autres écrans et jusqu'à la vie même. Des gens se prennent pour des stars, filment des explosions comme au ciné, recherchent des sensations toujours plus fortes dans des villes, des attractions touristiques, des shows télé, mode ou même culture s'inspirant toujours plus de l'hyperspectacle né au cinéma.



J'ai beaucoup aimé cet essai de 2007 qui est d'une actualité brûlante. Dommage qu'il ne soit pas plus récent, j'aurais aimé avoir l'avis de l'auteur sur les tueries dans les salles de cinéma ayant eu lieu aux USA. Dommage également que ne soit pas cité David Cage, un créateur de jeux vidéo français qui réalise de véritables films interactifs avec des stars hollywoodiennes. Tout ça pour dire que l'analyse des auteurs est extrêmement pertinente, elle manque juste un peu d'exemples. Au final, ils dressent un tableau ni catastrophiste ni angélique de cette culture écranique qui est la nôtre. Je suis quand même étonné que le terme de soft-power ne soit pas cité. Moi qui voulait décrypter les idéologies ciné dominantes (transhumanisme, féminisme, jeunisme), je reste un peu sur ma faim. J'ai bien aimé mais j'en aurai voulu encore plus... c'est aussi ça l'hypermodernité.
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De la légèreté

Témoin avisé de notre temps, le philosophe et sociologue Gilles Lipovetsky (1944) décèle toujours assez pertinemment les lignes de fracture entre les époques, et les paradigmes nouveaux qui les caractérisent. Avec "De la légèreté", il traite, sans juger, de notre civilisation de la légèreté.
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..
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De la légèreté

L’auteur s’est amusé à décomposer ce qui fait de notre société actuelle, la société de la légèreté. Il a un style bien à lui et j’ai apprécié découvrir son univers. C’est un essai très intéressant où il est question de l’évolution de la légèreté et son évolution au cours des années. Plus les années passent plus les objets sont légers , plus les sentiments sont légers, plus les corps doivent être légers. C’est tout le contraire de ce qui se passait au début du siècle quand tout était lourd : les meubles , les corps, la conception de l’art en général.



Avec 8 chapitres l’auteur dissèque les travers de notre société du léger, du petit, du mobile, nous montrant que c’est clairement devenu une obsession. Mais cette obsession n’empêche pas la multiplication des dépressions, du manque de confiance en soi, de la solitude, des séparations, de la course à la compétence, du stress.



Cela m’a fait m’interroger sur certains coté de cette surenchère et je me demande vraiment si c’est vraiment une bonne chose que de courir après la légèreté si ce n’est pas pour être plus heureux, plus épanouis.



Un essai qui m’a plu et que je recommande chaudement



VERDICT



Un essai très actuel, qui se lit facilement et qui traite un sujet plus que jamais dans nos vies pour notre plus grand bien ? Rien n’est moins sûr , à vous de vous faire votre idée.
Lien : https://lilacgrace.wordpress..
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Le bonheur paradoxal : Essai sur la société d..

J'ai beaucoup aimé cet essai. Son sujet est passionnant et nous concerne directement : notre société. Sa lecture permet de mieux comprendre les comportements des gens, leur évolution, leurs contradictions et subtilités. C'est là la grande force de cet ouvrage, il est très nuancé. Au point qu'on a parfois du mal à cerner l'auteur, tantôt assez « réac » sur l'éducation, tantôt beaucoup plus « libéral » sur la sexualité par exemple. Le style est fluide, mais aussi bavard et redondant, manquant d'esprit de synthèse. Le pire c'est une espèce de pensée binaire et manichéenne. L'auteur oppose par exemple performance et plaisir, or il me semble qu'on peut éprouver davantage de plaisir à mesure qu'on devient meilleur dans une activité quelconque.

Un livre à lire rapidement avant qu'il ne devienne un peu dépassé (la révolution d'internet n'est pas assez abordée).
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L'ère du vide : Essais sur l'individualisme c..

La nervosité de l'écriture, l'ironie des titres, comme jetés sur le papier, et la longue litanie de coups d'oeil fragmentés sur la société du début des années 80 m'ont donné l'impression de lire un pamphlet. Difficile à mon sens de révéler des vérités éternelles sous cette forme en tant de pages - il m'a plutôt semblé avoir accès à un point de vue, un billet d'humeur circonscrit à son époque qui ne vise pas à projeter les réflexions qu'il contient au-delà de son moment d'écriture. Un peu de concentration m'aurait sans doute permis de retirer un enseignement de ce texte par une synthèse des millions de traits qu'il accumule mais je n'en ai pas eu le courage : j'ai pensé que c'était le travail de l'auteur.
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De la légèreté

Une analyse intéressante de notre société et de son choix délibéré de légèreté.

Ou attention de ne pas abuses des bonnes choses. Des passages passionnants appelant à une vrai réflexion. Et d'autres plus ennuyeux, étalage de connaissances (pourquoi ces pages interminables autour de la mode ?).

Donc bien mais trop long.
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La culture-monde : Réponse à une société désorientée

Grosse erreur: je croyais avoir acheté Littérature-monde, du coup celui-ci retourne dans ma pal même s'il paraît intéressant.

Mon avis sera différé.
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De la légèreté

Une évasion hypermoderne.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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L'ère du vide : Essais sur l'individualisme c..

Pour résumer, l'ouvrage démontre que nous sommes entrés dans une nouvelle période historique, caractérisée par la prédominance de l'individu, en tant qu'individu.



Il y a une légère redondance dans les idées principales qui donne l'impression de tourner en rond, mais c'est qu'elles sont plus un outil de compréhension des phénomènes actuels, qu'il passe en revue, chapitres par chapitres, plutôt que des notions à part entière qu'il faudrait expliciter.



Hormis le je-sais-mieux-que d'autres auteurs et écrivains (Tocqueville, Nietzsche, Elias, etc.) et ces retours-sur-notions, l'auteur a su y voir clair dans la société de son époque, et il y a même un côté visionnaire, pour la nôtre, là-dedans. Vous aurez des mots clairs et précis sur ce qu'il nous est déjà possible de voir et de constater mais que nous n'acceptons ni ne comprenons forcément. Peut-être que ça rassure.

C'est un livre plutôt bon, léger et complet à la fois, qui vous incitera probablement à approfondir certains sujets, comme l'émergence de cette nouvelle société, de l'individu, ou de l'Histoire passé et de ses systèmes révolus.
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