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Critiques de Giulia Caminito (154)
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Un jour viendra

Première excursion en dehors des États-Unis pour les éditions Gallmeister avec ce roman de Giulia Caminito, autrice italienne qui nous propose ici son second roman, Un jour viendra. Je dois dire que j’ai été un peu surpris par ce pas de côté de ma maison d’éditions préférée, j’ai même eu un peu peur qu’elle perde son identité. Et bien je peux dire que je suis rassuré, c’est pour le moment une réussite.



Un jour viendra, est un roman très fort, poignant et passionnant. Une histoire de famille, de deux frères… Une histoire de secret de famille et de non-dits. C’est également l’histoire de l’Italie et de la région des Marches. Alors en ce qui concerne ce dernier point, j’avoue que par moment j’ai été un peu perdu, je ne connaissais absolument pas l’histoire de l’Italie. J’ai donc appris pas mal de choses ce qui est génial. Bon forcément, vous connaissez mon aversion pour tout ce qui touche aux deux guerres mondiales, alors les passages décrivant celle de 14-18 ont été assez laborieux à lire pour moi.



J’ai été happé par la plume de Giulia Caminito que j’ai trouvé très directe, elle va droit au but et touche en plein coeur. J’ai adoré la relation entre les deux frères tellement à l’opposé l’un de l’autre. Le plus âgé, Lupo, mon personnage préféré, un rebelle épris de liberté et de justice, capable de laisser de côté ses rêves pour s’occuper de son petit frère. Il est comme emprisonné dans cette relation, ce qui l’attache à son village et lui fait taire ses ambitions révolutionnaires. Le petit, Nicola, lui est intelligent, il sait lire, mais il est une petite chose fragile qui est lui emprisonné dans son corps et par cette fusion qu’il a avec son frère. Ce roman parle d’eux et c’est une vrai réussite, ils m’ont touché ces deux là.



Il y a également dans ce roman, une histoire en parallèle qui vient s’entortillée avec l’intrigue principale, c’est l’histoire de Soeur Clara, une abbesse dure comme la pierre de son monastère, aux premiers abords, mais qui au final a un coeur énorme et qui veille sur tout son petit monde en étant discrète et pleine d’humilité. Cela rajoute un thème à ce roman, avec la religion et le rôle de l’église, j’ai trouvé cela vraiment captivant.



Voilà donc un roman captivant pour lequel j’ai même été déçu de tourner la dernière page, j’aurais aimé continuer ma route avec Lupo et Nicola. Merci beaucoup à Gallmeister pour avoir pris le risque de sortir de leur zone de confort pour nous faire découvrir une pépite comme celle-ci. J’ai maintenant hâte de voir ce que vos autres excursions vont donner.
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L'eau du lac n'est jamais douce

Giulia Caminito dresse le portrait en creux d'une femme, mère de famille nombreuse, vivant en dessous du seuil de pauvreté, qui lutte pour que ses enfants s'élèvent dans la société. L'intrigue se déroule sur une quinzaine d'années, fin des années 90, début des années 2000 et nous plonge dans l'existence quotidienne d'une adolescente et de sa mère Antonia.

Antonia se démène pour offrir le minimum vital à ses enfants et à son époux handicapé. Elle dirige son monde d'une main de fer, elle pousse sa fille à étudier. Celle-ci vit une enfance très difficile car elle est marquée par la pauvreté des siens. Gaia raconte sa vie, ses amours, ses amitiés, dans une petite ville au bord d'un lac. Ce lac, ses eaux tantôt claires, tantôt sombres, est la métaphore de la vie de la jeune fille où la joie peut-être étincelante mais où la violence et la tragédie peuvent surgir sans prévenir. C'est un roman sur la comédie, sur les masques qu'une adolescente s'oblige à porter pour sortir de sa condition et obéir à sa mère. La langue de Giulia Caminito oscille entre la crudité et l'expérimentation littéraire. On trouve dans ce livre l'expression d'émotions complexes et vives rendues avec une voix singulière.
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L'eau du lac n'est jamais douce

L’eau du lac n’est jamais douce de Giulia Caminito

Lu par Florine Orphelin

Durée 8h54

Une écoute intense grâce à la révolte des personnages comme à toute l’injustice de leur histoire.

J’ai très vite accroché l’écoute grâce au personnage de la mère, Antonia qui tente désespérément de sortir sa famille d’un logement minuscule dans lequel ils vivent à 7 avec un mari handicapé sur fauteuil roulant, des bébés jumeaux, GaÏa, notre narratrice et son grand frère. Pour Antonia, la seule façon de ne pas reproduire ce qu’elle a fait, pour sa fille c’est de faire des études. Elle ne veut pas qu’elle évolue dans la pauvreté,qu’elle fasse des ménages comme elle. Alors elle la pousse, la menace mais il va falloir qu’elle y arrive. Et cette mère si impressionnante, devient pesante pour sa fille. Gaïa baigne dans l’injustice dès l’école primaire où elle est raillée par ses camarades. Mais en grandissant, elle prendra sa revanche.

Gaïa est un personnage en colère mais l’autrice a su mesurer sa rage, la nuancer, nous rendre sensible à la colère de Gaïa. D’ailleurs tous les personnages sont nuancés et c’est une des forces du livre, au delà de sa dimension sociale et féministe, le style est vif. Il dégage une incroyable énergie de l’écriture qui rend l’écoute saisissante notamment grâce à la place que prend le lac dans le décor..

Et cette force dans les personnages, dans le style comme dans l’histoire, la lectrice nous la transmet de manière implacable sans exagération. Tout est équilibre, un peu sur le fil du rasoir parfois dans l’histoire et le ton de la lectrice est impeccable.

Un très belle écoute saisissante et perturbante.

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Un jour viendra

Aux débuts du XXe siècle, dans le village montagneux de Serra de’Conti situé non loin de la ville d’Ancône à l’est de l’Italie au bord de la mer Adriatique, vit un jeune homme dans une famille peu aisée, Lupo Ceresa. Fils de boulanger, il sera l’un des héros de ce roman de la jeune autrice italienne Giulia CAMINITO. Lupo est fasciné par la figure de son grand-père Giuseppe, anarchiste pur et dur. Parallèlement nous suivons sœur Clara, religieuse au passé d’esclave quelque part au Soudan, retirée dans un couvent des montagnes italiennes.



Clara reçoit en son couvent la jeune Nella au passé mystérieux que nous allons découvrir tout au long de ce livre-épopée. Lupo ayant recueilli un loup qu’il a apprivoisé, s’engage dans les milieux révolutionnaires tout en protégeant son frère Nicola, fragile et peureux.



Ce roman d’une grande puissance fourmille de personnages forts et déterminés, tous ont un rôle à jouer, tous s’imbriquent afin de former une société. Les idéaux antinomiques – anarchistes d’un côté, religieuses folles de Dieu de l’autre – partagent pourtant des terrains d’entente, des valeurs communes. « Un jour viendra » n’est pas qu’un roman, c’est aussi une grande fresque familiale et historique qui parcourt plusieurs années d’une Italie en ébullition, entre les utopies libertaires, les velléités autoritaires et la recherche d’un absolu divin.



Surgit la première guerre mondiale et les dilemmes pour les hommes jeunes : pacifisme et résistance ou participation aux combats ? Revendiquer haut et fort ses convictions et ses appartenances politiques ou s’intégrer dans un système belliciste ? D’autant que cette guerre fait suite à la semaine rouge, mouvement de protestation né à Ancône en juin 1914 contre le militarisme d’État, pour ensuite se répandre dans toute l’Italie (notons que l’un des organisateurs alors socialiste révolutionnaire se nommait Benito MUSSOLINI…). D’un drame à l’autre, le pays et la famille Ceresa s’enfoncent dans le chaos avec l’arrivée de la grippe espagnole qui finit de mettre à genoux une population déjà meurtrie.



« Un jour viendra » est un livre ambitieux qui atteint pourtant sa cible avec brio : ces personnages sont fort bien construits, évolutifs, entre utopie et réalité, la période est judicieusement choisie car bouillonnante, instable et extraordinairement riche en réflexions. Giulia CAMINITO connaît les milieux anarchistes, est informée sur l’Histoire italienne et plus précisément celle de la région des Marches, elle en propose une version romanesque, dramatique, portant ses personnages avec une audace puissante et résolue.



La figure du légendaire révolutionnaire anarchiste Errico MALATESTA vient pimenter un récit pourtant déjà solide et foisonnant, elle est l’une de ces silhouettes restées en recul mais cimentant l’histoire par la cohérence de ses propos et son esprit contestataire et militant.



Un anarchiste refusant de participer à l’effort de guerre tire sur un colonel, il est emprisonné : « Les années suivantes on l’avait interné et déclaré fou, déséquilibré, dangereux, on l’avait transféré, enfermé, parce qu’il serait toujours plus facile de punir un fou que sanctionner un anarchiste, en faire un martyr ». Tout le travail de Giulia CAMINITO est dans cette phrase, un texte fort et militant, passionné devant les volontés des dirigeants de détourner l’action, celle de la révolte malgré la guerre, les revendications malgré la grippe espagnole décimant un peuple déjà affaibli. Certains, épuisés, désillusionnés, choisissent l’exil aux U.S.A., la nouvelle Terre Promise.



Mais ce récit est surtout teinté d’humanisme, humanisme pour les anarchistes combattants, humanisme pour les religieuses terrées dans leur bâtisse à l’abri du chaos ambiant. Dans ce roman vole un esprit de liberté tolérant et salutaire. Car oui, derrière l’Histoire tragique, personnelle comme internationale, c’est pourtant la faim de vivre et de lutter qui l’emporte. Solidarité est l’un des maîtres mots de ce livre fascinant et difficile à lâcher, les femmes et les hommes navigant dans un même bateau percé et pourtant bien déterminés à atteindre le port en vue. « Elle voulait faire comme les anarchistes, Giuseppe lui avait bien expliqué que le mariage était un bâillon, une contrainte, un pas vers la captivité ». Or, l’une des clés de ce récit est le mot Liberté, c’est elle que les protagonistes de cet immense roman recherchent contre vents et marées.



Ce livre de 2019 est la première immersion hors sol Etats-Unien pour les éditions Gallmeister. Le choix est judicieux, le résultat convaincant. S’il vous plaît, ne vous laissez pas influencer par la couverture initiale qui pourrait laisser penser à une sorte de roman léger sur fond de mandolines. Mieux : préférez-lui – comme moi pour illustrer la présente chronique - la version poche à l’esthétique bien plus proche de la teneur du texte. En 2022 est sorti, toujours chez Gallmeister, « L’eau du lac n’est jamais douce » de la même Giulia CAMINITO, inutile de vous dire que je vais me précipiter dessus.



« Continuer à résister, ne pas vous laisser corrompre, rester vigilants, rejoindre vos semblables, vous informer, vous mettre en colère, être là, la guerre finira… »



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Un jour viendra

Oh. Tu sais minou je crois que j’aurais toujours de l’affection pour ces romans qui sont tellement fournis au début et, qui je sais pas par quelle foutue magie de mots, se mettent à tellement bien défricher à un moment que tu comprends exactement là où l’autrice veut t’embarquer...



Cette saga rurale italienne située à la veille de la première guerre mondiale reprend beaucoup de codes, tant dans les tragédies de terroir que dans les romans sociaux et ruraux de ce sud de l’Italie que j’aime beaucoup (les origines bb, je te raconterai un jour).



On y suit l’histoire d’une famille qui a du connaitre que le crachat du Tout Puissant dans la vie tellement ils ont jamais de chance ; entre l’aîné qui se prend une balle par un voisin pour avoir chipé une pomme, la cadette qu’on envoie au couvent pour une raison que je raconterai pas sinon je vais te niquer quasiment toute l’histoire, les enfants morts nés et les deux derniers frangins que tout oppose (mon préféré c’est Lupo mais je pense que pour qui me connais, c’est carrément pas le scoop de la décennie).



L’histoire est forte, le style brut, dense, la chronologie dans la narration toute emmêlée, on raccroche les wagons comme on peut au début en essayant de mettre des images sur les visages. Mais le mieux minou c’est l’enrichissement du texte par les faits historiques qui se sont déroulés pour vrai ; des soulèvements anarchistes à l’introduction d’une nonne noire - ancienne esclave devenue sainte, des lueurs de la première guerre mondiale jusqu’à la malédiction de la grippe espagnole, c’est l’avalanche à la reprise du souffle si tu veux mon avis.



P’tête si t’imagines la meilleure alliance possible entre Bouysse, Coulon et Gaudé et Silvia Avallone, t’en seras à un dixième du ressenti global de ce livre.



J’ai. Tellement (MAIS TELLEMENT !!!!) aimé que c’en est indécent.



Cours-y bordel c’est garanti qualité à vie foi de moi je le jure (sans croiser les doigts ni rien)


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L'eau du lac n'est jamais douce

Et soudain, « le bruit du lac ».

La rumeur rare, intermittente, presque imperceptible, qui se précise et qui grandit ; d’une eau dormante, stagnante quand elle se réveille et s’agite. Ce sont les remous d’une fureur soudain perceptible, d’une colère enfin exprimée, jusque-là tapies dans les profondeurs du lac. Engloutis avec elles sont les mensonges et les secrets. Et les différentes facettes d’une identité qui se cherche, celles d’une femme visible à moitié, partiellement immergée sous le flot d’émotions opaques. Dont les nombreux « moi » sont submergés par les eaux tumultueuses d’une adolescence absorbant l’enfance pour révéler la femme, engloutissant la mère pour dévoiler la fille. En vagues inégales de frustrations, d’agressivité, de privations et d’injustices. Dont les fondations érodées, corrodées par les eaux, menacent l’équilibre précaire d’une jeune fille en construction, ouvrant les vannes d’une violence tapie dans l’ombre. Car du lac, l’eau n’est pas si douce ; qui rouille le corps et le cœur, qui oxyde l’âme, qui ronge les sangs d’une nervosité calcaire ; quand les pierres tapissant le fond du lac nouent le ventre d’angoisses et de révoltes.

De celle qui se nourrit des frustrations pour grandir, de sa colère pour se construire.

Sous le lac, un récit. Niché dans ses profondeurs, qui se révèle à mesure que les larmes se tarissent, que les eaux s’assèchent dans l’évaporation des rêves de celle qui se décrit comme une « définition ratée » ; Gaïa, jeune fille grandissant près de Rome au début des années 2000. Dans un récit organique, intime, qui puise sa puissance des eaux sombres d’un lac, sa force des entrailles de Gaïa. La narratrice, qui nous conte son histoire de l’enfance à l’entrée de la vie d’adulte en interrogeant son rapport à sa mère, Antonia, figure de force, de justice et de revendication ; et à ceux qui ont accompagné la construction de son identité.

C’est un roman des colères et des violences, servie par un flot de mots déferlant en longues phrases rythmées par les accumulations, énumérations et répétitions, comme le cri sans fin d’une adolescente qui cherche sa voie. Ponctué des seules pauses indispensable à reprendre son souffle. Porté par la volonté féroce de trouver sa place au monde.
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Un jour viendra

Pour un challenge il m etait proposé la lecture d une autrice italienne

Une visite à la mediatheque ce livre était mis en-avant

J apprecie les livres sur fond historique sur l Italie je n en lis pas beaucoup

Un secret de famille j adore donc je me suis décidée

J ai été un peu déçue je me suis perdue dans les époques.

L évocation de la vie au couvent et le recours perpétuel à Dieu m ont lassé

A noter je n etais peut-être pas assez concentré
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La grande A

Ce roman débute en pleine guerre, en Italie, quand l'héroïne est encore une petite fille. De fait, c'est écrit comme un enfant pourrait raconter, et j' ai eu du mal à entrer dans le roman, je n' accrochais pas du tout. Et finalement, au fil du temps, de son évolution, de son départ pour l'Afrique, la plume devient plus adulte, poétique, piquante. Il y a des phrases vraiment très très belles. C'est toute la force de ce roman, selon moi.

L' histoire par ailleurs est intéressante dans la mesure où les petits travers de l' humain sont bien observés, ce qui compense les quelques -rares- longueurs que j' ai trouvées.

Donc un roman qui, après des débuts difficiles, m'a finalement beaucoup plu. Merci babelio et la masse critique qui m'ont permis de le découvrir !
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L'eau du lac n'est jamais douce



Livre contemporain ... au gout de neo-réalisme d’après-guerre. Une mère courage , des enfants..ballottés entre les faubourgs de Rome et un demenagement.... bien commun , dans des appartements sociaux, loin de la grande ville. Un pere handicapé, inutile, et des enfants qui grandissent , sauvages,font ce qu'ils peuvent... pour echapper au destin tracé.

Ecrit à travers de regard de la fille ., à la forte personnalité,.. une analyse sans merci de la simple réalité....

Un roman .... sans action ,ou fort eu . Long ... auquel il m'a manqué quelque jour, ...l'etincelle de l'humour ... la saveur du style ..sans doute.
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L'eau du lac n'est jamais douce

Doux jesus comme j'ai aimé ce livre et surtout son personnage central. Ecrasé par la pauvreté et l'ostracisation , chacun membre de cette famille ( je mets de coté les jumeaux trop jeunes ) va réagir avec une violence qui lui sera propre : le père se refermera sur lui même dans une violence passive , la mère se battra telle une lionne pour sauver ses petits, le grand frère rejoindra le mouvement anticapitaliste et sa violence collective, et enfin l'héroïne principale se réfugiera dans les études philosophiques et dans une violence locale et intime. Cette dureté du personnage est pour moi ce qui la rend particulièrement attachante , L'écriture au scalpel frappe de même le lecteur. Connaissant cet endroit situé au nord ouest de Rome, cela m'a aidé il est vrai à m'immerger dans l'eau de ce lac. Et dire que j'ai encore plus préféré "un jour viendra " ...
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L'eau du lac n'est jamais douce

43/100 Giulia Caminito, « L’eau du lac n’est jamais douce » 350 pages

Prix Campiello 2021 – Finaliste du Prix Strega 2021

C’est mon mega mega mega coup de cœur 2023 ! Quelle force ! Quelle puissance d’écriture ! Je l’ai lu d’une traite ! Cette écriture est un souffle, un cri, un hurlement de toute beauté !

C’est le point de vue de Gaïa qui est adopté. Elle vit avec sa mère, Antonia, celle qui « ressemble à une héroïne de bande dessinée, à Anna Magnani au cinéma, elle braille, ne capitule jamais, cloue le bec à tout le monde », la matriarche qui tient à bout de bras la famille : le fils ainé Mariano, qui n’a pas connu son père, le nouveau mari, qui connait le même destin qu’un personnage de Zola : il chute du toit. Mais, il ne cèdera ni à l’alcool, ni à la violence : en revanche, il perd ses jambes et se retrouve coincé dans un fauteuil roulant. Et, il y a les jumeaux qui naissent après Gaïa. « Je pense que nous sommes du matériel de rebut, des cartes inutiles dans un jeu compliqué, des billes ébréchées qui ne roulent plus : nous sommes restés inertes par terre, comme mon père tombé d’un échafaudage inadapté sur un chantier illégal, sans contrat et sans mutuelle, et de là, de l’endroit où nous avons atterri, nous voyons les autres mettre des colliers de pierres précieuses à leur cou. »

Ils sont pauvres. Alors, Antonia se bat envers et contre tout/tous pour maintenir sa famille à flot. Elle travaille chez les autres, elle file de bureaux sociaux en bureaux sociaux, se heurte à la bureaucratie, mais continue le combat.

Car, la vie est un combat et Gaïa l’apprend très tôt : à l’école, où elle est harcelée, par les copines qui trahissent, par les petits copains qui trompent, par les voisines jalouses et méchantes avec les plus pauvres. Mais, Gaïa ne se laisse pas faire. Et on voit cette fillette deve,ir une adolescente rebelle, une jeune femme qui fait tout pour réaliser le vœu de sa mère : réussir ! «POUR GRANDIR, il faut travailler dur, l’enfance est de courte durée, on ne sera pas défendu, soigné, abreuvé, lavé, sauvé pour l’éternité, pour chacun vient le moment de prendre son existence en main, et le mien est arrivé. »

Sortir de cette misère. Alors, Gaia apprend : « à ne pas se plaindre, à lire des livres, à se défendre, toujours hors de propos, hors de la mode, hors du temps. Mais sa violence, tapie tel un serpent, ne cesse de grandir ».

Elle devient dure, parce qu’il le faut : « Moi j'ai été un cygne, on m'a implantée ici, j'ai voulu m'adapter de force, et puis j'ai agressé, je me suis débattue et bagarrée y compris avec ceux qui s'approchaient avec leur quignon de pain dur, leur aumône d'amour. »

Ce livre m’a bouleversée, emportée, émue tant sur le fond que sur la forme. J’espère vraiment que vous serez nombreux/nombreuses à le lire, parce que c’est un chef d’œuvre littéraire !

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Un jour viendra

"Un jour viendra", de Giulia Caminito, Éditions Gallmeister, traduit de l'italien par Laura Brignon. ❤️🇮🇹🥖🐺🍇

"On l’appelait l’enfant mie de pain parce qu’il était le fils du boulanger et qu’il était faible, il n’avait pas de croûte, laissé à l’air libre il moisirait, bon ni pour la soupe ou le pancotto, ni pour nourrir les poules".



Nous sommes au début du siècle dernier dans le petit village italien de Serra De' Conti dans la région des Marches. Nicola est un enfant chétif, craintif, il erre tel une ombre dans les recoins d'une maison où flottent tant et tant de mensonges.



Son frère Lupo, le rebelle de la fratrie, est le seul à s'occuper de lui et à le protéger, il s'en est fait la promesse. Les deux frères entretiennent une relation fusionnelle, Nicola ne peut pas vivre sans Lupo et son loup apprivoisé. Inapte au travail physique dans les champs qui régulent la vie de cette époque, il vit reclus dans sa chambre.



Alors que l'Italie s'apprête à basculer dans les affres de la Première Guerre Mondiale, un secret caché depuis trop longtemps derrière les murs du monastère dirigé par l'abbesse Clara va se révéler au grand jour.

Dès les premières lignes du prologue nous ressentons la puissance de ce roman et son essence romanesque rare, digne d'une grande saga mêlant les petites histoires à la Grande, celle qui dicte son rythme et transforme les êtres à jamais.



Le style est au rendez-vous, le roman est brillamment construit, narrant les péripéties de la vie de chacun des personnages à différentes époques de leurs vies, le tout s'imbriquant pour former un récit enivrant.



Giulia Caminito nous livre une histoire qui vient du cœur, et puisant dans sa mémoire familiale, elle nous parle de l'Histoire de l'Italie, de son unification pour lutter face à la présence autrichienne. Elle évoque les inégalités criantes au sein de la population, les conséquences de la guerre qui amène famine, disparitions et maladies. Avec sensibilité elle dépeint l'engagement de ces hommes et de ces femmes embarqués malgré eux dans la Der des Ders.



Du destin incroyable de Nicola à l'anarchisme de Lupo contre l'ordre établi en passant par l'engagement spirituel de sœur Clara, érigeant sa foi comme dernier rempart face à la folie des Hommes, "Un jour viendra" signe l'entrée en fanfare de Giulia Caminito au catalogue désormais international de Gallmeister !!! ❤️
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L'eau du lac n'est jamais douce

Antonia, une femme fière et têtue, s’occupe d’un mari handicapé et de quatre enfants. Pauvre et honnête, elle ne fait pas de compromis et croit au bien commun. Pourtant, elle inculque à sa fille Gaia, le seul principe qui vaille : ne compter que sur ses propres capacités. Et sa fille apprend : à ne pas se plaindre, à lire des livres, à se défendre, toujours hors de propos, hors de la mode, hors du temps. Mais sa violence, tapie tel un serpent, ne cesse de grandir



Dans ce roman, c'est surtout Gaia, à l'énergie débordante, que l'on suit de l'enfance à l'âge adulte avec parfois une telle rapidité qu'à un certain moment, j'ai perdu le fil de l'histoire mais également à cause de nombreuses descriptions, parfois inutiles et d'autres, parfois juste survolées.



L'écriture de Giulia Caminito est vive et réaliste. On ressent au travers des personnages cette rage de survivre malgré la pauvreté. On ne peut rester insensible à cette famille pour qui chaque jour, la vie est un combat.





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Un jour viendra

Les premières pages donnent le ton : nous arrivons dans une famille de guingois. Une famille démunie, désemparée, oublieuse de toute richesse. Les enfants y meurent un à un : maladie, balle perdue, tout est prétexte au deuil. Dans cette maison où le bois et la farine semblent ne faire qu'un seul et même bâti, Nicola et Lupo font figure de rescapés... et d'indésirables. Ces deux frères que tout oppose sont unis par une fraternité à toute épreuve. La nuit, serrés l'un contre l'autre dans le même lit, ils avisent les couches vides de leurs frères et soeurs partis trop tôt. le silence est lourd et le quotidien englué dans le pétrin. Nicola est un jeune garçon savant, réservé à outrance ; Lupo est un jeune homme parfaitement animal, en rébellion. Il ne tarde par à s'engager auprès des anarchistes italiens.

Non loin de là, le couvent grouille d'une vie souterraine, cadenassée mais à la profondeur vertigineuse. Soeur Clara et soeur Nella y mènent des existences mystiques ou énigmatiques, c'est selon.

En ce début de XXe siècle, c'est toute un pays fraichement unifié qui peine à se définir ; c'est tout un peuple qui ne sait comment se positionner entre traditions et progrès. Quand soudain arrive la guerre, quand soudain arrive la grippe, quand soudain... on ne sait pas trop mais on regarde au loin car un jour viendra...

Giulia Caminito signe une oeuvre magistrale à l'écriture rude et élégante. Un jour viendra a tout d'un grand classique en devenir.

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L'eau du lac n'est jamais douce

Ce livre raconte la vie d’une petite fille jusqu’à sa vie adulte dans un climat de précarité dans une Italie présente à tout moment partout. on rentre dans l’histoire, et dans cette colère qui pourrait un jour nous animer aussi, dans ses possibilités et ses choix restreints par la vie.

De l’amour et de la haine, de la carence, de l’humanité , sur un fond de description d’une petite ville italienne

j’adore
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Un jour viendra

J’ai acheté ce livre tout de suite après avoir terminé «  l’eau du lac n’est jamais douce » son précédent livre parce que j’avais été impressionnée par son talent. «  un jour viendra » nous transporte avant la première guerre mondiale dans un village des marches en Italie. Nicola et Lupo sont deux frères liés par une relation fusionnelle au sein d’une famille dure sans amour. Le reste du livre reste difficile à résumer tant son contenu est dense et riche. L’ecriture tout comme dans le précédent ouvrage demeure puissante , fournie et le contenu du livre lui même très émotionnellement prenant.

Que d’émotions pour le lecteur face à un tel talent….
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L'eau du lac n'est jamais douce

Gros coup de cœur pour ce roman intense et émouvant !

J'avais dans ma PAL depuis un moment "Un jour viendra" de Giulia Caminito (il l'est toujours d'ailleurs) et voilà que je tombe sur celui-ci à la médiathèque.

Vite convaincue par la lecture de la quatrième, je l'emprunte et grand bien m'en a pris !



J'ai tout aimé dans ce livre.

L'immersion en Italie au coeur des années 2000, les portraits de femmes travaillés avec précision, l'écriture à la fois précise et percutante, et l'histoire tout simplement.

Une histoire à la fois riche et banale, l'histoire d'une famille modeste et de ses difficultés pour s'en sortir, une histoire comme tant d'autres, de celles qui parlent de la vraie vie, des combats, des batailles gagnées ou perdues.



Un livre marquant qui fait beaucoup réfléchir et qui aborde un grand nombre de thèmes tels que la famille, l'amitié, la maladie... Un livre sur la volonté, la fragilité, la méchanceté entre adolescents, le pardon...



On pourrait encore en trouver d'autres, tant ce livre est dense.



J'ai hâte de découvrir "Un jour viendra" !















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L'eau du lac n'est jamais douce

Prix Grenette 1er ex aequo: L’EAU DU LAC N’EST JAMAIS DOUCE- Giulia CAMINITO  ITALIE



Antonia est une maîtresse femme qui mène son monde à la baguette.



Bien obligée ! Cette mama porte sa famille à bout de bras. Quatre enfants et un mari, handicapé et cloué dans un fauteuil roulant à la suite d’un accident de chantier. Non déclaré, Il ne touche aucune pension.



Antonia est pauvre mais débrouillarde, elle fait des ménages dans son quartier. Digne, elle ne supporte pas le mépris affiché par l'Administration publique qui lui ferme ses portes. Antonia se saigne aux quatre veines pour ses enfants.



Elle espère et plutôt exige que Gaïa, sa fille fasse de hautes études, le fils aîné s’est dérobé. Les punitions disproportionnées ancrent un esprit de révolte et de dureté en cette jeune fille.



 Gaïa se forge un caractère exigeant qui engendre la violence.



Ses amies et  les garçons amoureux ou pas, en seront victimes, Gaïa retournera également  cette agressivité contre elle.



Nous sommes dans les années 2000, l’individualisme se met en place. C’est le grand chacun pour soi, tous ces jeunes adolescents en sont victimes, malgré les étés passés ensemble au bord du lac où par moments néanmoins, ils redeviennent  d'insouciants adolescents.



Mais l’implacabilité de leur destin ne les lâche pas, et ce mal être fera des dégâts irréversibles.



Un roman âpre mais très beau sur une Italie encore enserrée dans ses certitudes et injustices
Lien : https://annemariequintard.fr
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L'eau du lac n'est jamais douce

Eh ragazzo ! Je t’y prends à te demander quoi lire et tout ces prochains jours..!



J’te répondrais qu’ça dépend de quoi t’as envie. Mais en c’qui me concerne si tu me permets, y’a pas si longtemps, j’ai découvert cette fabuleuse autrice qu’est Giulia Caminito dans son roman paru en poche - Un jour viendra ; écriture distante, âpre, l’italie rurale époque Grande guerre, un coup de coeur énorme (genre je l’ai offert à ma mère pour son anniv, c’est pour dire).

Alors forcément tu vois ça lui pendait au nez à L’eau du lac n’est jamais douce, que je décide de l’avaler comme son petit frère et pourtant…

Ben la surprise ! Décor et ambiance contemporains, quoique plutôt dans les années 2000 minou. À l’âge où la narratrice quitte l’enfance pour rentrer dans l’adolescence et l’univers jeune adulte. Mais exit la campagne !

C’est ouf, c’est comme si j’avais retrouvé tout ce qui me plaisait dans les personnages de Silvia Avallone quand je la lisais ; laisse direct béton le côté rural bicause là t’es dans la bétonville, celle qui avale les gosses qui croient en elle, s’amusent de tout alors qu’elle prend sans jamais donner grand chose en retour.



Et Gaia … Gaia… j’mettrais pas ma main à couper que y’a pas mal de Giulia dans Gaia mais pour écrire aussi vrai sur la génération de mes petits frères et soeurs faut être vraiment vraiment doué dans la vie, et Giulia Caminito elle est douée tu vois ?



Alors c’est certes différent du précédent roman à cause de son urbanité mais la thématique de la détermination, de la volonté, du sacrifice. Pfiou. T’es en plein dedans. J’me suis laissé anesthésié au début en me demandant si j’aimais vraiment. Mais j’ai tracé 150 pages sans m’en rendre compte. Comme réussir un test sans avoir cherché à le passer tu vois ?



C’est un grand oui, pour le côté social, pour les désillusions, les comètes qui se désintègrent en plein vol, la fragilité de l’humain et tutti frutti !


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L'eau du lac n'est jamais douce

Rome années 2000.



Antonia se bat pour obtenir un logement digne de ce nom pour elle, son mari et leurs 4 enfants.



Ayant été victime d'un accident son mari Massimo se retrouve en chaise roulante, Antonia est donc seule à gérer la famille et à rapporter de l'argent. Elle apparaît dans ce livre comme une femme obstinée et pleine de courage.





Gaia la seule fille du couple va être un des personnages principal du livre.



Elle est tous les espoirs de sa mère et cela est bien compliqué à porter sur ses épaules.



Alors elle va étudier pour pouvoir faire quelque chose de bien dans la vie, mais elle n'en reste pas moins une jeune fille et elle va faire de multiples expériences.





Elle va connaître l'amour et l'amitié après des années de harcèlement à l'école.



Elle va s'imposer et prouver qu'il ne faut pas lui marcher sur les pieds.





Un récit très fort, très prenant et qui est tout simplement magnifique,je classifierai ce livre dans mes coups de cœur.



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