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Critiques de Giulia Caminito (154)
L'eau du lac n'est jamais douce

L’eau du lac n’est jamais douce de Giulia Caminito fait partie des dix romans en lice pour le prix Audiolib 2023.



Comme l’autrice italienne a reçu plusieurs prix littéraires, je me doutais bien que l’écriture serait impeccable. Il ne me restait plus qu’à me pencher sur cette histoire de relation mère-fille qu’allait me raconter Florine Orphelin. J’avais déjà eu l’occasion de croiser sa voix dans sa lecture de Marie et Bronia de Natacha Henry.



L’histoire de L’eau du lac n’est jamais douce se déroule dans les années 2000 en Italie. La narratrice, s’appelle Gaïa. Et Gaïa est en colère. Contre sa mère Antonia surtout. Une mère de quatre enfants, pleine de principes et de règles qui font se révolter Gaïa. Antonia est une femme fière, courageuse et forte qui souhaite mieux pour sa fille. Elle la pousse à étudier, à être la meilleure à l’école afin qu’elle ait toutes les clés en main pour avancer dans la vie et sortir de leur vie modeste. Antonia porte seule sa famille à bout de bras, depuis que son mari est en fauteuil roulant. Le poids des règles est lourds pour Gaïa qui doit se montrer exemplaire, être la meilleure élève, ne pas faire de vagues, même quand les autres se moquent de ses origines modestes, de ses vêtements, de sa place de première.



On s’attache à Antonia, dès la première scène. On fait ainsi connaissance avec une femme qui ne se laisse pas faire et qui est prête à tout pour obtenir ce à quoi sa famille à droit. S’attacher à Gaïa, c’est beaucoup plus difficile. La jeune femme exprime sa colère, sa jalousie, sa rage, son envie de vengeance. Et si on peut la comprendre, on ne peut pas l’excuser. Non mais ça suffit à la fin Mademoiselle !



L’eau du lac n’est jamais douce est un roman d’apprentissage et j’aime plutôt ça. Et un personnage qui apprend et grandit peut évoluer, changer, s’apaiser, s’améliorer. J’avais donc bon espoir pour Gaïa. Je vous laisse en plein suspense, je sais c’est insupportable, mais je ne vais quand même pas tout vous raconter !



L’écoute de ce roman a sans doute été plus agréable pour moi que si j’avais dû le lire. Je ne vais pas vous dire que je me serais ennuyée, mais peut-être que je me serais ennuyée. Je me suis dit à un moment que j’aurais sans doute préféré que le personnage central soit Antonia, mais évidemment ça aurait été un autre roman – en tout cas, pas un roman d’apprentissage. Alors il aura fallu faire avec la colère de Gaïa. Et évidemment, je ne vous dirai pas si elle finit par décolérer et comprendre sa mère. Il faudra le lire ou – mieux – l’écouter pour ça. Si vous avez aimé L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante ou D’Acier de Silvia Avallone et que vous ne connaissez pas L’eau du lac n’est jamais douce, vous pourriez bien apprécier ce roman, Antonia et qui sait ? Gaïa…
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L'eau du lac n'est jamais douce

« L’eau du lac n’est jamais douce », la vie non plus. Direction l’Italie, autour de Rome, dans la région du lac de Bracciano qui reste le témoin principal de cette histoire. Ce récit poignant met en scène Antonia, la mère courage de la famille. Tellement courageuse qu’elle est en oublie d’aimer. Il n’y a pas de temps pour aimer puisqu’il faut toujours se battre pour sortir de sa condition, pour échapper à une vie de pauvreté. D’une main de fer, elle dirige sa famille. C’est elle qui inculque les vraies valeurs à coups de martelages incessants dans l’esprit de ses enfants. C’est encore elle qui fait rentrer l’argent qui sert à vivre, puisque le père, victime d’un accident du travail, ne peut plus travailler. Inflexible, insensible, dure, pas maternelle pour un sou, Antonia représente la lutte au quotidien. Une lutte contre les injustices, où sa hargne frôle le sublime, une lutte perpétuelle qui consiste à sauver à tout prix l’avenir de ses enfants.



« L’eau du lac n’est jamais douce » raconte réellement l’histoire de Gaia, la fille d’Antonia, mais il est difficile de parler de la fille sans évoquer la mère. Nous suivons Gaia de ces jeunes années sous le joug d’Antonia à son passage vers l’âge adulte. Elle est le réceptacle de tous les espoirs maternels, car c’est par elle que la famille peut espérer sortir de sa condition. Gaia doit être la meilleure à l’école, chaque année. Elle doit pouvoir choisir les meilleures écoles supérieures. Gaia porte le poids de sa condition sociale, et des espérances de sa mère avec laquelle elle a une relation très conflictuelle. Mais Antonia reste sa mère, elle tente donc par tous les moyens de la satisfaire. Gaia a une relation fusionnelle avec l’un de ses frères, Mariano, une relation de pitié envers son père, « l’handicapé », traité comme un moins que rien sous son propre toit puisqu’il ne sert à rien.



Alors, au plus profond de Gaia, ça gronde. Gaia est un volcan en menace constante d’éruption, un tsunami capable de tout arracher sur son passage. On pourrait donner son prénom à une tempête de force dix, tellement elle peut être dure, violente, sanguine, et explosive. Elle vomit son milieu, réprouve les actions et les ordres de sa mère, mais reste pour un temps, exactement ce qu’on attend d’elle : très bonne élève, disciplinée, dure à la tâche, capable de montrer une force de travail exceptionnelle. Sous les charges scolaires qui lui incombent, les exigences d’Antonia, les réprimandes quotidiennes, parce que ce n’est « jamais assez bien », le cœur de Gaia hurle silencieusement. Et plus elle grandit, plus la colère gronde, tant et si bien qu’elle finit par prendre totalement possession d’elle.



« L’eau du lac n’est jamais douce », car la fureur de Gaia, déesse de la terre nourricière s’abat sans prévenir sur celui qui la provoque d’un peu trop près. Après s’être construit une carapace où ses émotions ne peuvent plus être atteintes, Gaia peut laisser la rage être son moteur. Et cette colère devient de plus en plus forte, de moins en moins contrôlable. Gaia est une enragée, une révoltée, une jeune femme qui n’avance que grâce à cette violence intérieure qui cannibalise tout son être, une furie qui prend possession de son corps tout entier. Un moteur. La satisfaction perpétuelle des ambitions de sa mère la rend dure, cynique, et, croit-on, désémotionnalisée.



Florine Orphelin, la lectrice de la version audio, incarne à merveille ce personnage a priori peu aimable et parfois même très antipathique pour laquelle j’ai eu une affection et une empathie immense. Le récit à la première personne permet de se glisser sous sa peau. Florine est devenue Gaia. Je suis devenu Gaia. Je me suis tellement retrouvée en elle : remplir tous les contrats et toutes les attentes pour finalement décevoir, obtempérer à la seconde, s’effacer pour laisser apparaître quelqu’un de fondamentalement différent, et surtout être perpétuellement en colère. Une rage, qui, plus qu’un levier devient une raison de vivre, un gouvernail qui permet de naviguer même en pleine nuit. Un caractère irascible que peu de gens apprécient, mais qui pourtant a un cœur en or, cadenassé pour éviter qu’on le lui vole. Le passage vers l’âge adulte, magnifiquement interprété par Florine Orphelin met en lumière les difficultés adolescentes et les drames. Il offre aussi un regard dur, et, sans concession sur l’éducation reçue, réfute les choix, car sortir de son milieu demande beaucoup d’abnégation et de sacrifices.



J’ai trouvé que la voix de Florine Orphelin tempérait un peu cette fureur, et laissait entrevoir toute la beauté et la douceur de la vraie Gaia, celle qui se cache sous son armure. Même dans les passages où elle se venge, où elle explose, où plus rien ne peut l’arrêter, Florine Orphelin dit le texte avec une certaine compassion, cachée, comme si une petite voix cherchait à nous dire, « mais tu sais bien pourquoi elle est comme ça, tu sais bien qu’on peut finir par devenir ce que l’on déteste, tu sais bien qu’au fond, Gaia a les mêmes colères et le même besoin de justice que sa mère ». Alors, la narratrice fait appel à toute notre humanité envers ce personnage exalté et exaltant. La version audio apporte un peu de lumière dans ce récit assez sombre, et révèle la face cachée de Gaia, sa capacité à ressentir les choses de façon exponentielle, alors qu’on lui a toujours appris qu’éprouver c’est être faible, qu’éprouver c’est décevoir.



« L’eau du lac n’est jamais douce » est un roman d’apprentissage et un roman social qui se déroule dans la région de Rome, dans les années 2000. L’écriture saisissante, au scalpel de Giulia Caminito, est très largement valorisée par la version audio qui lui offre un bel écrin. Si le roman met en scène de beaux portraits de femmes, qu’on les aime ou non, il met aussi en lumière la perte des illusions de la jeunesse et le passage difficile dans la vie d’adulte. Fascinant !



En lice pour le prix Audiolib 2023.
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L'eau du lac n'est jamais douce

« Toutes les vies commencent avec une femme, la mienne aussi ». Ainsi Gaia la narratrice parle t-elle de sa mère Antonia. Une mère courage qui tient sa famille d’une main de fer, d’une poigne inflexible. Une mère omnipotente qui se bat comme une lionne pour ses 4 enfants et son mari, handicapé à la suite d’une accident de travail, qui compte chaque sou, recycle à l’infini, pour les porter vers le meilleur, leur offrir une vie digne et un avenir plus beau.

Mais loin de l’admirer , Gaia, enfant puis adolescente complexe, porte un regard plein d’ambiguïté sur celle qui régente leur vie et dont elle conteste les ordres. Agacement, dédain, honte, elle baigne dans le ressentiment, vis à vis d’Antonia mais aussi envers ses amies, ses camarades de classe qu’elle estime plus chanceux ou plus privilégiés et dont elle subit les brimades.

Roman d’apprentissage en forme de cri de rage. Roman social âpre et un brin dérangeant.

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Car voilà, j’ai été peu touchée par cette gamine que j’ai trouvée très vite ingrate et malsaine . Toute en ressentiment, en rancoeur et en acidité, elle m’a mise mal à l’aise et sa violence m’a dérangée. En dépit d’un premier chapitre époustouflant, je me suis rapidement ennuyée dans cette lecture et sa fin m’a déçue. Certes c’est le portrait réaliste d’une jeune fille en colère, la peinture d’une société italienne qui laisse pour compte les plus faibles mais la malignité de Gaia m’a finalement plus détournée que convaincue.

Il est rare que je sois déçue avec les romans Galmeister, mais il fallait bien une première fois. C’est dommage….
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L'eau du lac n'est jamais douce

Ce livre, qui retrace l’enfance et l’adolescence d’une italienne, est aussi sombre que les eaux du lac autour duquel se déroule l’histoire.

Gaia nous raconte son histoire d’enfant de famille pauvre à Rome. Tout n’est que violence dans son entourage. Sa mère, impitoyable, pour elle-même et les autres, « l’oblige » à l’être tout autant. A l’école elle doit se battre pour être reconnue mais elle souffre de la différence dans laquelle la pauvreté la relègue.

Portrait de la pauvreté ce livre nous entraine dans les quartiers d’une Italie de misère (mais je pense qu’il y a la même chose en France). L’auteur réussit ce tour de force de nous immerger complètement dans l’histoire alors que le personnage principal est tout sauf sympathique. Qui voudrait d’une copine en constante rébellion et méfiance ?

Giulia Caminito décrit parfaitement les tourments de l’adolescence. C’est à cette période que Gaia prend pleinement conscience des difficultés qui l’entourent. Elle devient alors cette ado si particulière, hérissant une coque hermétique autour d’elle.

Une écriture dure, incisive et véhémente qui en fait n’appelle aucune pitié. On a parfois l’impression d’un pilon qui martèle. Ce martèlement ne donne aucun espoir et Antonia, la mère, est constamment présente pour le rappeler.

Un roman sur la société et d’apprentissage ; je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir une certaine similitude avec l’Italie de « l’amie prodigieuse » d’Elena Ferrante.

Des longueurs dans le milieu du livre m’ont un peu déçue. Mais je voulais savoir ce qu’il adviendrait de Gaia. Comment allait-elle se sortir de l’emprise maternelle ? de sa condition ? Je vous laisse le découvrir !

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L'eau du lac n'est jamais douce

Dans ce récit à la première personne, la petite Gaia raconte à hauteur d'enfant sa vie de misère auprès de sa mère « courage », de son père handicapé après un accident de travail et de ses 3 frères. J'ai trouvé de l'intérêt au personnage de la mère qui se bat seule contre l'adversité sans jamais être amère ni revancharde et à celui de la fille, petite teigneuse qui cherche sa place dans sa famille mais aussi à l'école, avec ses amis.



Le récit progresse vite vers l'âge de l'adolescence, ses tourments d'amitiés et d'amour. En dépit de très beaux passages, j'ai perdu le fil du récit pourtant linéaire et chronologique. Trop de détails, de digressions et de longueurs à mon goût. Des faits anecdotiques sont narrés sur plusieurs pages tandis que d'autres, essentiels, sont zappés, pas du tout analysés.



Sur le plan psychologique, l'héroïne Gaia dégage une énergie folle mais sa personnalité reste finalement assez obscure en dépit de tout ce qu'elle nous raconte de sa vie et de son ressenti. Les autres personnages apparaissent puis disparaissent sans que l'on s'attache vraiment à eux, tous m'ont paru assez insaisissables, beaucoup trop vite campés sauf celui de Carlotta qui connait un destin tragique.



Ce livre a beaucoup d'atouts pour lui : le très beau style vif de la romancière, le ton réaliste avec lequel elle montre le désoeuvrement de la jeunesse mais surtout les beaux personnages de la mère et la fille.



Pourtant, du fait de ses défauts (construction aléatoire et personnages secondaires nombreux et mal appréhendés), j'ai eu du mal à terminer ce livre qui finit de façon déconcertante, en queue de poisson. Dommage car l'auteure de ce roman est indéniablement très douée.

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Un jour viendra

C'est un roman noir, mais pas au sens commun de la formule. Tout est âpre dans cette histoire, mais il y a aussi pas mal d'amour et d'espoirs révolutionnaires à travers ces militants anarchistes du début du 20e siècle disparus avec la grande guerre. L'auteure que j'ai découverte avec ce roman est exceptionnelle, la qualité de son écriture est remarquable, ses personnages taillés dans le bois, l'injustice, la misère et l'engagement.
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L'eau du lac n'est jamais douce

J’ai été scotché par l’écriture mais aussi par la colère froide qui traverse ce roman et qui peut se transformer à tout moment en une rage incandescente. Un roman social dans lequel Gaia raconte sa jeunesse et ses combats, entre Rome et Aguillera Sabazia au bord du Lac Bracciano. Giulia Caminito signe le voyage au bout de la nuit d’une jeune femme d’aujourd’hui, comme une plongée au fond des eaux sombres du lac. Et j’y ai trouvé de la lumière.
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L'eau du lac n'est jamais douce

Superbe ! C est le premier mot qui me vient en refermant ce livre.



Gaia vit avec sa mère, son père et ses trois frères dans un HLM en banlieue de Rome. Non loin de là, se trouve le lac de Bracciano, lieu de rencontres, de découvertes, de souvenirs.



Le personnage principal est encore enfant lorsque s ouvre les premieres pages de ce roman qui prend aux tripes. Au fil de ce récit émouvant et piquant, la petite fille devient adolescente. Comme toute personne passée par cette période, cela n est pas facile. D autant plus quand on a pas la possibilité de posséder ce que les autres ont : une raquette de tennis, un téléphone portable, de nouveaux vêtements...



Les personnages sont forts, attachants. On se glisse dans leur peau et on en ressort parfois un peu poisseux, comme l eau du lac qui est noire et dont on ne voit pas le fond.



C est un roman sur la vie, et les combats qu il faut parfois mener mais aussi sur les leçons qu on en tire. C est un beau récit sur l amitié, avec ses hauts et ses bas. Bref, c est un livre à ne pas rater. Un plongeon dans un passé pas si lointain car on se retrouve aux environs de Rome dans les années 2000.



À lire !
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Un jour viendra

Dans Un jour viendra, nous suivons la famille Ceresa pris dans les affres de l'Histoire, au début du XXe siècle, dans la région italienne des Marches.



L'écriture de Giulia Caminito est belle, voire poétique. Mais, j'ai eu quelques difficultés avec la forme, surtout avec les dialogues qui ne se présentent pas sous une forme classique.



Quant à l'histoire, le contexte historique est très intéressant. Cependant, je pense avoir manqué de repères pour tout comprendre et être totalement immergée dans l'histoire, en particulier dans les derniers chapitres qui prennent une tournure véritablement politique. Je n'ai également pas trouvé les personnages très attachants.



Restée à distance de ce roman, je ressors mitigée de ma lecture. Mais ce n'est pas le cas de la majorité des lecteurs de Un jour viendra. Peut-être ne l'ai-je pas lu au bon moment ? Quoiqu'il en soit, l'écriture de Giulia Caminito m'a interpellée.
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La grande A

Giulia Caminito, La Grande A, Éditions Gallmeister , 313 pages, 2024. Traduction de Laura Brignon, illustration Jeffrey Fisher.



Quel plaisir de retrouver la plume de Giulia Caminito après ma découverte de Un jour viendra ! Son point fort est de nous immerger dans des histoires où l’intime s’imbrique à la grande histoire d’un pays. Ici, pour son premier roman, elle nous embarque de la Lombardie à l’époque de la seconde guerre mondiale jusqu’en Érythrée, terre de colonisation italienne.



Nous suivons Giada, 13 ans, confiée à sa tante pendant que sa mère est partie en Afrique tenter de faire fortune. La vie est dure, la misère tenace en Italie fasciste, et la petite Giada rêve de sa mère et d’Afrique comme on rêve d’Amérique. Mais quand sa mère revient et l’emmène enfin là-bas, sa perplexité n’a d’égale que sa déception. Pourtant Giada et sa mère construisent leur vie tant bien que mal, Giada s’adapte et trouve de beaux moments à vivre dans cette colonie italienne qui vit dans une bulle.



Giulia Caminito nous propose ici des portraits de femmes puissants, travaillés de bout en bout de volonté de vivre et de quête de liberté. D’arracher à cette terre riche de récits grandioses, à défaut d’idéal, des bouchées de joie et des éclats de rire.

Récit magistral d’une Afrique colonisée, fantasmée, la Grande A est tout à la fois une saga familiale ardente et une saga africaine éblouissante de faste.

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L'eau du lac n'est jamais douce

Roman âpre sur l'enfance et l'adolescence, L'eau du lac n'est jamais douce nous raconte l'histoire de Gaia, jeune fille italienne issue d'une famille pauvre, famille portée à bout de bras par la mère. Dans ce roman nous sommes très loin de ce qu'on appelle communément la « Dolce Vitae », ici pas de place à l'oisiveté et au plaisir, il faut se battre pour réussir, tout faire pour s'en sortir. Gaia essaye tant bien que mal de trouver sa place dans cette famille, sa vie avec ses camarades de classe riches et sa place dans la société. La pauvreté de sa famille, la vétusté de leur habitation, l’handicape de son père et les relents révolutionnaires de son frère vont la faire évoluer d'une toute autre manière, une violence enfouie en elle ressortira par n'importe quel moyen. À travers divers portraits et divers personnages, nous grandissons en même temps que Gaia, nous permettant de comprendre et de voir surgir la douleur et la violence dans sa vie.



Roman suintant le mal-être, L'eau du lac n'est jamais douce est un superbe roman d'apprentissage mêlant drame et critique sociale. J'ai été hypnotisée par le style de l'auteure dès les premières lignes, j'ai de suite été embarquée dans la vie de cette famille aux préceptes particuliers, et instantanément, je me suis prise d'affection et de compréhension pour Gaia, cette jeune fille qui serait prête à tuer pour une trahison.
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La grande A

Premier roman de Giulia Caminito, première lecture de cette autrice pour ma part. J’ai mis un peu de temps à plonger dans l’histoire de Giada, du fait, je pense, du style de G.Caminito. Mais une fois familiarisée avec cette écriture directe et très rythmée , j’ai aimé accompagner Giada dans sa vie en Érythrée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Des personnages de femmes fortes et indépendantes, une page d’histoire qui m’était complètement inconnue : les ingrédients étaient en place pour m’embarquer ! Je suis maintenant curieuse de découvrir d’autres titres de cette autrice.

Merci à babelio et aux éditions Gallmeister pour le voyage !
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L'eau du lac n'est jamais douce

Si l'eau du lac n'est jamais douce, c'est que la vie ne l'est pas plus.



Le ton de ce récit m'a fait penser à la série " L'amie prodigieuse ", il cassant et brut tout comme la vie de l'héroïne du roman.



Les rares moments de bonheur sont rapidement assombrie par le caractère impulsif de l'héroïne. Sa mère, quant à elle, possède un caractère de guerrière, quasi imperturbable.



Le père invalide est prisonnier de leur petit appartement, il est revêche et incapable de démontrer son affection.



Bref c'est l'histoire d'une famille très peu sympathique qui a une existence dépourvue de beauté.

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L'eau du lac n'est jamais douce

Coup de cœur !

Une fois n’est pas coutume, je vais d’abord parler des dernières pages, qui contiennent la « note de l’autrice ». Elle explique la genèse de ce roman et de quelles femmes elle s’est inspirée pour écrire. C’est non seulement intéressant mais édifiant pour cerner tout ce qu’elle a voulu exprimer.

Maintenant, parlons des premiers mots « Toutes les vies commencent avec une femme » …. Le ton est donné, il sera question de femmes, mère, épouse, fille, collégienne, lycéenne, étudiante, volontaire, rebelle, têtue, fougueuse, belle et ensorcelante. La première scène racontée par la narratrice est presque violente, bienvenue dans « son monde ». Sa Maman, Antonia, s’est introduit par ruse auprès des responsables de logements car elle en attend un pour sa famille (un mari, un fils d’une première union, deux jumeaux plus jeunes et Gaïa) et elle a fait un scandale. Gaïa « sait » ce qui s’est passé, elle connaît sa génitrice, aussi entêtée qu’imprévisible. Elle a sans doute le sentiment qu’elle s’est « donnée en spectacle », que ça va se savoir et elle a honte….

Et puis, elle nous entraîne à sa suite et on reste scotchée. Actions, émotions, tout est décrit avec une force et une finesse inégalées, on est au cœur du quotidien de cette famille où la mamma porte tout à bouts de bras. Elle veut le meilleur pour tous, mais ce n’est pas forcément possible. Alors Gaïa, seule fille de la fratrie, est en colère, ça la ronge et parfois, c’est le tsunami, ça explose. Elle se sent exclus car elle n’a pas les mêmes moyens que ses camarades, elle lutte, elle ne veut pas être jalouse. Elle s’isole, refuse de se confier, décide de ce qu’elle veut faire, même si elle sait qu’elle a tort.

Parfois, il y a un « répit », on se dit que tout va être plus calme, plus « normal », plus rangé, plus « normé » mais Gaïa a souffert, souffre encore et son insurrection ressort, comme une marque de fabrique, une obligation. Elle ne sait pas, ne peut pas, subir et se taire. Pour elle c’est impossible. Sa carapace la protège comme une armure mais elle se fendille aussi et une vague l’emporte vers d’autres souhaits…. Elle se protège en permanence car elle ne veut pas faire confiance, la trahison, elle a connu, elle n’en veut plus.

Ce récit parle de pauvreté, une pauvreté de notre époque, quand l’absence de télévision ou/ et de téléphones portables vous fait passer pour un zombi. Les autres thèmes évoqués et magnifiquement présentés sont l’amitié, l’amour, les relations familiales…. Et puis, il y a ce lac, intimement lié à la vie de cet enfant que l’on voit grandir au fil des pages…. Il tient de la place lui aussi, enivrant, dangereux Gaïa est avide de liberté, elle veut être maîtresse de son destin, mais toujours quelque chose se met en travers de son chemin….

Les personnages sont bien étudiés, ils ne sont pas « lisses » et les relations ne sont pas évidentes. Le regard et l’opinion des autres sont lourds et difficiles à accepter….

L’écriture est fluide, presque « parlée », pas de tirets ni de guillemets pour les dialogues, seulement le flux des mots ininterrompu, qui se bousculent parfois lorsqu’il y a trop à exprimer. Une atmosphère se détache des pages, on est présent dans le récit, on assiste impuissant à certains dérapages, on voudrait tant qu’une esquisse de calme et de bonheur arrive dans cette « maison »….

Je ne connaissais pas Giulia Caminito et je suis ravie de ma découverte ! Je vais me pencher sur son œuvre.


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L'eau du lac n'est jamais douce

Féroce, voilà le mot qui me vient à l'esprit quand je repense à cette lecture. Comme pour le premier roman de l'auteure, c'est très bien écrit, même si j'ai eu du mal à terminer lisant en biais les dernières pages, ça ne finissait pas. Enfance, adolescence, et jeune âge adulte sans le sou, mais pas sans relations ni ressources. Une mère vaillante et toxique, et un destin qui devait s'imaginer autrement. C'est une histoire triste, pour une adolescente triste qui devient une adulte à tendance féroce. J'aime beaucoup l'écriture de Guilia Caminito, c'est une écrivaine talentueuse pour la qualité de ses histoires et de sa narration.
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Un jour viendra

Une histoire terrible et belle à la fois, dans l'Italie du début du siècle dernier. Et tout y passe, la colonisation, le nationalisme et l'anarchisme, l'église et la soif de liberté, la guerre et la grippe espagnole... Dans ces temps tourmentés, deux frères que tout semble opposer, un loup domestiqué, une religieuse noire et d'autres personnages finement dépeints. On se laisse happer par leurs histoires, véritable fresque historique et sociale. Coup de cœur !
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L'eau du lac n'est jamais douce

« C’est grâce à moi que vous mangez, sans moi vous êtes rien ». Cette phrase, ils l’entendent souvent



Antonia est seule à faire avancer la barque. Son mari, victime d’un accident alors qu’il travaillait au noir, est cloué dans un fauteuil roulant. Elle doit donc nourrir quatre enfants en trimant dans les maisons des autres, sans jamais se plaindre. Alors, ce qu’elle veut, c’est que ses enfants ne connaissent pas le même sort. Ils doivent faire des études.



Antonia fait tout pour qu’il ne perde pas leur logement ou qu’ils aient toujours un toit au-dessus de la tête. Sa vie n’est faite que de débrouillardises légales (elle est très, très honnête, c’est sa seule fierté) , d’ingéniosité. Elle n’a pas son pareil pour faire d’une caisse à orange,un meuble sympathique. Le premier appartement, dans un quartier de drogués, Antonia en nettoie la petite cour cimentée, la débarrasse de toutes les seringues qui y ont été jetées. Là, petite, Gaïa et son grand frère étaient heureux« Dans notre appartement, cinq mètres de large sur quatre de long, j’aime la cour en béton et les plates-bandes où il n’y a que de l’herbe, personne n’a jamais pensé à y planter des fleurs et ma mère a refusé, planter signifie rester. » Antonia veut changer de quartier pour ses enfants. Antonia se saigne les veines pour que ses enfants aient une meilleure vie qu’elle et leur serine qu’ils ne doivent compter que sur eux-mêmes, la dignité des gens pauvres



Grâce à sa ténacité, elle y arrive.



Il n’y a pas de place pour des démonstrations de tendresse, pas de câlins, mais des injonctions de réussite pour Gaïa qui est douée à l’école, alors, Antonia la pousse et Gaïa ne peut rien faire d’autre qu’obéir. Elle se noie dans les études, acharnée à réussir, à plaire à sa mère.



Pourtant tout en elle n’est que colère. Colère contre les camarades de classe qui se moquent d’elle. Alessandro, le meneur en fera les frais lorsqu’il a coupé les cordes de la raquette de tennis qu’elle avait obtenue au prix d’une grosse dispute familiale. « Je m’empare du manche de ma raquette à deux mais, je la brandis et l’abats sur son genou, une fois, deux fois, trois fois, cinq fois, à la septième il tombe par terre en hurlant. » et la conclusion lucide et dure de cette journée « c’est ainsi, en réalité que l’on devient une femme méchante ». Constat terrible, amer et véridique.



Gaïa est enfermée dans son mode de pensées, son mode de vie et ne voit que le négatif chez elle. Lorsqu’une de ses amies vient lui rendre visite et qu’elle trouve l’appartement charmant, gai avec les meubles repeints, elle ne voit que le rafistolage. Elle aurait tant voulu une vie dans la norme avec de vrais meubles, des parents qui ne se haïssent pas, une chambre qu’elle ne partagerait pas avec son frère, avec juste un drap tendu entre les deux lits comme séparation.



Le grand frère et les jumeaux pâtissent de cet état d‘esprit, favoriser les études de Gaïa. L’été, elle pourrait travailler, aider sa mère en ramenant une paie supplémentaire, non, elle va retrouver sa bande de copains au bord du lac de Bracciano.



D’ailleurs, le lac est témoin plus que paysage. Côté sombre, côté lumière comme Gaïa



Le comportement de Gaïa, bien que je comprenne son cheminement (elle ne peut pas avoir d’empathie car elle est vraiment mal dans sa peau de petite fille pauvre), m’interpelle, sa violence peut aller très loin, voire aurait pu aller encore plus loin. Gaïa prend mais ne donne pas, elle ne le peut pas



L’écriture est sans fioriture, nette, dure, précise, âpre. Une colère froide, déterminée sourd de toutes les pages de ce roman social



Superbe lecture et merci Wilfrid de me l'avoir prêté
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L'eau du lac n'est jamais douce

Une belle découverte que l'écriture acérée de Giulia Caminito, un retour sur l'enfance, sur les années passées, les espoirs et les déceptions. C'est à la fois poétique et acerbe. Gaïa est la narratrice, elle nous présente sa famille formidablement italienne. Sa mère Antonia honnête, féroce et déterminée qui porte le foyer sur ses épaules depuis que son mari a perdu l'usage de ses jambes après un accident de travail. Il y a aussi le grand frère et les jumeaux, tout ce petit monde ne dépend que de la débrouillardise et de l'ingéniosité d’Antonia pour ne pas sombrer dans la précarité et a garder la tête haute peu importe les circonstances. Antonia place tous ses espoirs en Gaïa, elle fera des études et lui rendra leur honneur. Quand aux enfants, ils doivent apprendre à survivre en alimentant une rage sourde. Je n'ai pu m'empêcher de penser aux livres et aux personnages d'Elena Ferrante et cela m'a aidée à m'immerger. Le personnage de GaÏa m'a fait osciller entre pitié et antipathie, ce n'est pas une fille comme les autres et sa façon de gérer les coups durs en répondant par la violence est assez dévastatrice. La grande partie du récit se passe près du Lac de Bracciano, il y a un côté sombre dans ces eaux calmes qui cache une cité disparue. Les fantômes ne sont pas loin. Une histoire de femmes, de mère, de fille, et d'amitié pour un roman profondément ancré dans la réalité. On se demande jusqu'où va l'identification de l'auteure dans l'adolescence et plus tard la vie d'adulte de Gaïa. Sans sombrer dans le mélodrame, elle parvient à nous emporter dans une analyse sociétale des années 2000 comme je ne l'avais jamais imaginée. Un final qui vient boucler la boucle nous ôtant tout espoir d'une méritocratie sur fond de grande précarité. Bonne lecture.
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Un jour viendra

Si j'osais je résumerais ce livre par : Marches et crève. Toute la tragédie des régions pauvres de l'Italie au début du 20 siècle où le peuple doit subir la guerre , la grippe espagnole , les luttes sociales le tout dans un contexte de misère agricole. La grande histoire de l'Italie côtoie donc dans ce roman la petite histoire des Ceresa et en particulier celle de Lupo et Nicola deux des frères et soeurs de la famille nombreuse d'un père boulanger médiocre et d'une mère devenant aveugle. Nicola le petit dernier chétif , faible, mais sachant lire ! est complètement inadapté à ce monde dur et cruel. Heureusement son frère veille sur lui avec tout l'amour fraternel possible... pourtant un jour "Nicola qui n'avait jamais tué de lapin, il tira quand même" page 8 ( sur son frère ). Pourquoi ? quels sont les secrets de cette famille ? Qui est soeur Clara , pourquoi soeur Nella est entrée dans le monastère du village ? Passionnant de la première page à la dernière, éclairant sur l'histoire de l'Italie ( les mouvements anarchistes , les prémisses du fascisme, le rêve américain ..., le tout servi par une écriture qui sait appuyer la où ça fait mal.Un grand oui.



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Un jour viendra

Quelle âpreté ! Cette lecture a été très rude tant les faits relatés le sont : la pauvreté, les mauvais traitements dans la famille des héros, les mauvais traitements dans les institutions religieuses, la guerre. J'ai dû arrêté à plusieurs reprises, c'était suffocant de violence. On peut supposer que c'est à mettre au crédit de son autrice qui a su rendre la dureté de l'époque en Italie.

À cette rudesse factuelle s'est ajoutée en ce qui me concerne une désorientation due à la narration. Dans la plupart des chapitres (tous, je crois), il y a un brusque changement de narrateur et de point de vue qui n'est pas signalé. idem pour l'attribution de certains dialogues. Il m'est donc arrivé d'être perdu dans l'histoire. À tel point que je ne sais pas à la fin de cette lecture qui est — SPOIL — la vraie mère de Nicola (une autre famille de la région ?).

L'ambition historique de ce roman est forte et grande, et plutôt très réussie, pour rendre l'Italie de l'époque, que je ne connaissais pas !, et encore une fois sa grande misère.

Les personnages sont forts et c'est aussi une autre vraie réussite de ce roman, entre Nicola qui se révèle à la guerre, Lupo atteint dans son corps et sa rage par ses blessures et ses pertes, Nella littéralement cloîtrée, leur mère, leur père Luigi, la religieuse noire Clara. Quel incroyable tableau et quelle dureté, pas étonnant qu'un si grand nombre d'Italiens aient dû choisir l'exil. À cet égard, la France a été un pays bien moins défavorisé semble-t-il, même si la misère a grandement existé, en témoignent nombre de récits familiaux remontant au début du 20e siècle.

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