Et quelles autres qualités sont, à votre avis, nécessaires pour devenir écrivain ?
- Eh bien, vous devez comprendre que les mots ne sont que des mots, un peu de vent, c'est tout
"J'étais orpheline, révélait-elle pour la énième fois. Je n'ai jamais connu ni mon père ni ma mère. Ni mon vrai nom. Si tant est que j'en aie jamais eu un. Cela m'a toujours paru la condition idéale pour devenir écrivain - surtout romancière. N'avoir aucune référence. Partir avec une feuille vierge ou, plutôt, être soi-même une feuille vierge. N'être personne. Comment peut-on devenir quelqu'un si l'on a pas d'abord été personne?"
A l’époque,elle avait compris que les livres étaient une nécessité,le rocher sur lequel était fondée sa vie
Être une bonne,c’était un peu comme être une orpheline:vous viviez dans la maison d'autrui,vous n'aviez pas de chez vous.
Mis à part le secret, la prise de risques, la ruse, et une aptitude mutuelle à exceller dans l’art de la dissimulation.
Elle le connaissait, tout en ne le connaissant pas. Sous certains aspects, elle le connaissait mieux que quiconque - ça, elle en serait toujours certaine - tout en sachant que personne ne devait jamais savoir jusqu'à quel point elle le connaissait. Cependant, elle le connaissait assez bien pour savoir sous quels aspects il était difficile à connaître.
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En fait, on aurait dit parfois que faire rire l’autre était le véritable but — un but dangereux, vu qu’il ne fallait surtout pas qu’on les découvre.
Le plus curieux était que même en ce jour, malgré ses manières affables, ses airs supérieurs, son étui à cigarettes en argent, il retenait un petit rire. Même maintenant qu’ils étaient devenus des amants accomplis, dégourdis, appliqués, accros à leurs ébats. Ce rire pouvait encore jaillir, à l’improviste, de sa façade policée, un rire explosif, cacophonique, comme si un moule avait volé en éclats.