Citations de Grégory Chevignon (46)
Il dégrafa précipitamment les boutons de son jean noir et ordonna à la Macédonienne de finir de le dévêtir. Partiellement. Sa lourde main la soumettait toujours – encore plus fortement désormais – et,d’un geste animal, il abaissa le visage de Lenka sur son sexe. Les gestes furent suivis d’insultes qu’elle ne comprenait pas. Au bout de quelques secondes, il lâcha totalement sa proie. Il étendit ses bras sur le dossier du sofa. L’air satisfait. L’humiliation était difficile à supporter pour la jeune femme. Elle n’en pouvait plus de ce genre de supplice. De toute cette brutalité. Cette soumission insoutenable.
Elle posa les mains sur ses cuisses. La fébrilité de son attitude, de chacun de ses gestes n’échappait pas à Uksan. Il en était ravi. Il aimait ce sentiment de puissance qu’il exerçait sur les filles qui travaillaient pour eux. Il caressa sa chevelure sans la moindre délicatesse. Vulgairement. Bestialement. Puis, il saisit avec force une large mèche courant sur sa nuque.
La tactique du gouvernement syrien était plus qu’efficace. Effrayer la population. Répandre la terreur. Traumatiser les Syriens. Les dissuader de grossir les rangs de la rébellion ou de déserter l’armée. Elle comprit désormais la longévité inattendue du régime alaouite. Celui que tout l’Occident imaginait balayé en quelques semaines tenait depuis plus de quinze mois.
La peur s’empara d’elle. La honte la déchira. Le visage de son père surgit en elle. Un instant désagréable comme une seringue loupant une veine à plusieurs reprises.
Alors qu’aucun médecin n’était autorisé à soigner les adversaires du régime. Quelques-uns, courageux et désinvoltes, prodiguaient des soins dans des dispensaires clandestins. Au péril de leur vie.
-Es-tu sûre d’avoir choisi le bon métier, la bonne vocation ?
La réponse s’apparentait plutôt à un « Non » ce soir. Demain, ce serait sans doute le contraire. Lisa comprenait l’inquiétude de ses proches. Elle comprenait également que son boulot tordait, vrillait une partie de sa vie. Une partie qui lui échappait et qu’elle aurait, un jour, envie de rattraper au vol. Mais quand ?
Les langues ne se délient pas beaucoup, encore aujourd’hui. Il est très difficile de déterminer le rôle de chacun dès lors que l’on a des noms de personnes ayant participé à une exaction. Je ne suis pas sûr de pouvoir récolter beaucoup d’infos sur votre Lazar. Ou Lazarevic…
Les plaintes injustifiées émanant de jeunes étudiantes en détresse envers les adultes, et notamment leurs enseignants, étaient trop fréquentes pour que Woehrer n’y songe pas un court instant. Serrino, lui, savait que le soulagement ressenti attendrirait son interlocuteur. Plus enclin à lui consentir quelques minutes, avant qu’elles ne se transforment en quelques heures.
Pas dur à vérifier vu qu’on a trois doigts et les empreintes lors de sa naturalisation. Les relevés ADN dans chaque pièce ne donnent rien. Il vivait seul depuis un moment. Même pas un cheveu de femme dans la chambre ni la salle de bains. Un vrai ermite. Pas de trace suspecte laissée par le kidnappeur.
La statue représentait une femme se tenant droit, la jambe gauche légèrement en avant. Elle portait un panier, coincé entre son épaule et son bras droit. Elle tournait le dos à la mairie du septième arrondissement. Elle semblait veiller sur les nombreux passants qui empruntaient quotidiennement cette place. Un majeur reposait sur le bord du panier. Délicatement déposé.
Un départ précipité dans différentes villes. Une solution de repli. Des ennuis semblaient s’accumuler autour de leurs sombres affaires. Lenka le savait de Vidal. L’homme qu’elle avait envie de voir. Celui qu’elle avait envie de serrer dans ses bras. Celui qui occupait ses pensées. Le seul avec qui elle voulait s’abandonner totalement. Librement. Paul Vidal. Devenu inaccessible.
Elle se leva de son lit et prit Lenka dans ses bras. La serra. Et lui transmit un message. La belle Macédonienne se raidit. Un frisson la parcourut de part en part. Elle posa son sac sur le sol et sortit de la chambre. Un furtif regard complice de Biljana l’accompagna dans le couloir puant. Mais il ne réussit pas à lui donner la force d’affronter l’un des deux frères. Sur lequel allait-elle tomber ? Les deux l’attendaient peut-être. Qu’avaient-ils à lui dire pour la convoquer si urgemment ?
Le pentagramme inversé symbolisait le diable, le mal, la destruction, la vengeance… Une tête de bouc – appelé Baphomet ou bouc de Mendès – insérée au centre des cinq branches d’un pentagramme servait de logo officiel à l’Église de Satan.
Le juge, à l’orgueil d’acier, n’avait pu formuler la moindre phrase. Un événement inattendu, autant qu’inhabituel, venait de se jouer devant ses yeux. Spectateur inactif d’une scène qui le concernait au plus haut point. Il lui avait promis deux jours de plus pour lancer l’enquête. Elle pourrait en bénéficier mais, désormais, il l’attendait au tournant. La pression allait changer de camp.
Elle était presque heureuse de ne pas avoir à lui parler. Même si cela ne faisait pas avancer ses affaires. Elle bénéficiait d’un délai supplémentaire avant de devoir argumenter sur ses motivations à conserver l’affaire Lazar.
Il la contempla quelques longues secondes. Il était temps de la laisser. Un crève-cœur. Il ne la reverrait que le lendemain. Après une nuit à traîner dans les rues et à vendre son corps pour enrichir les deux bâtards qu’il s’était promis de faire tomber. Comment allait-il la retrouver ? Dans quel état psychologique ? Quelle nuit allait-elle passer ? Il essayait de ne jamais imaginer ce qu’elle pouvait endurer, ce qu’elle devait faire avec ses clients. Ça le rendait malade. Il savait qu’il était le seul à connaître la « vraie Lenka » et que ses activités nocturnes n’étaient que mécaniques, afin de satisfaire des pervers ou des hommes désespérés. Il tenta de se rassurer. Une tâche difficile.
Pas facile car il a renié la paternité d’origine du scénar, vu ce qu’en avait fait Oliver Stone. Bon, son nom d’origine c’est Roman Lazarevic. Francisé en Romain Lazar. J’ai rien d’autre pour le moment, mais je vais essayer de creuser de mon côté avec des mecs du consulat...
Le flic avait un jour commis l’erreur de lui faire part de sa cinéphilie. Daverne l’avait alors considéré comme un partenaire de jeu à combattre coûte que coûte. Et il en avait élaboré lui-même les règles.
Il n’en revenait pas de pouvoir vivre de tels instants de bonheur, de grâce – si intenses – mais ne comprenait pas plus comment tout ça était arrivé. Ni où cette histoire allait le mener. Il connaissait les méthodes des Albanais. Un an auparavant, ils avaient été fortement suspectés d’un homicide violent.
Elle ne jouait pas avec lui. Il s’en voulut de penser qu’elle pouvait peut-être le manipuler, mais sa paranoïa latente ne lui laissait que trop peu de répit. Lenka était en train de devenir l’être qui comptait le plus pour lui. Sa solitude affective, le désert sentimental de ces dernières années étaient de bons alliés pour la belle Macédonienne.