Citations de Groupe Marcuse (13)
Google est essentiellement une entreprise de surveillance puisque sa raison sociale est d’accumuler des données sur tout et sur tous. Les compagnies de téléphonie mobile sont pratiquement des services auxiliaires de la police, chargés de la géolocalisation des individus tenus en laisse par leur portable.
Nous considérons qu’une vie sans Internet, sans appareil photo numérique, sans baladeurs musicaux, sans centrales nucléaires et sans TGV vaut plus la peine d’être vécue que celle que les humains endurent actuellement, et que tous ces artefacts sont incompatibles avec la liberté et la démocratie. Nous pensons qu’une société urbanisée à 95% est inhumaine.
L’ordinateur n’est pas un simple perfectionnement des machines à cartes perforées successives, sous l’effet d’une sophistication des besoins de la gestion de masse.
L'idée moderne de liberté s'est constituée contre le repoussoir des mondes fermés d'antan, de la vie de village ou dans les petits quartiers, avec leurs commérages et leur contrôle social de proximité. L'indépendance économique et le contact direct avec la nature ont été sacrifiés à ce désir d'anonymat. Or, en ce début de XXIe siècle, l'anonymat - qui a gagné bien des campagnes - n'a plus rien de protecteur. La liberté ne se conquiert pas en fuyant notre humanité mais en l'élaborant autrement.
En ce début de XXIe siècle, l'individu se trouve assiégé probablement comme jamais par l'État et les grandes entreprises, étouffé par le conformisme et dans la quasi-impossibilité pratique de vivre différemment de la majorité, quand bien même il aurait la force ou la chance d'en formuler le désir. Tout se passe comme si les fondements juridiques, idéologiques et anthropologiques de la modernité étaient littéralement écrasés par les évolutions économiques et technologiques qu'ils ont autorisées, et par une bureaucratisation de la vie sociale que nourrissent constamment les logiques marchande et technicienne.
Le sentiment de liberté intérieur ne suffit pas. La liberté comme autodétermination, doit s’éprouver dans la discussion et l’organisation collectives, dans la confrontation avec la nécessité et non dans son évacuation. C’est dans une telle confrontation que peuvent se ressourcer les cultures et les exigences d’égalité.
L'urgence n'est pas de défendre "les libertés", mais de réinventer la liberté. Le déclin programmé des libertés partielles n'est que l'autre face du triomphe d'une conception avilie de la liberté humaine, à peu près réduite à celle que demande le système marchand et technicien.
On fuit la dépersonnalisation de la société car ce n’est pas drôle de se promener dans une prison high-tech aux allures de supermarché, mais ce nouveau visage de la société, on l’accepte par ailleurs comme inéluctable.
Ce monde est une forme forme d’apogée du spectacle, si l’on entend par là la confiscation de l’expérience commune et sa restitution sous la forme d’une image marchande, à ce qui est devenu un public.
Pour rester efficace, la publicité doit donc transgresser les normes et dépasser perpétuellement les limites qu'elle avait atteintes. Seuls l'ignorent ceux qui ont l'impression de renaître chaque matin dans un monde nouveau. En 1952, l'"histoire choquante de la publicité" avait déjà été écrite. Et dès 1883, Zola dénonçait dans "Au Bonheur des dames" le matraquage des grands magasins, l'"envahissement définitif des journaux, des murs, des oreilles du public" par le "vacarme des grandes mises en ventes".
La liberté ne se conquiert pas en fuyant notre humanité mais en l’élaborant autrement.
L’urgence n’est pas de défendre « les libertés » mais de réinventer la liberté.
L’Occident a fait un choix de civilisation en plaçant sa confiance dans la logique formelle, coupée du réel et du langage ordinaire mais lourde de stupéfiantes retombées matérielles, alors qu’il se défiait de plus en plus de la quête de vérités morales et politiques, quête jugée trop complexe et dangereuse, incompatible avec le bonheur de l’individu et la prospérité de la société.