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Critiques de Guillaume Dustan (24)
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Oeuvres, tome 2 : Nicolas Pages - Génie Divin..

Les éditions P.O.L. proposent le second volume des Oeuvres de Guillaume Dustan, rassemblées et publiées par Thomas Clerc, comme le premier. Un troisième tome devrait paraître. On trouve ici trois ouvrages de taille différente, le long "roman" intitulé Nicolas Pages, suivi de deux autres "romans", "Génie Divin", et enfin un court texte, LXir. Comme dans le premier volume, nous sommes loin du roman au sens courant du terme, mais c'est toute l'entreprise de Dustan et de son éditeur Thomas Clerc qui est concernée par cette appellation négligente.



Guillaume Dustan élabore dans ces trois ouvrages une politique fondée sur ses préférences sexuelles, dont il fait non seulement une identité, mais la base d'un programme politique, celui du "libéral-libertaire", le citoyen contemporain qui n'a que des droits sur une "société" perçue comme injuste a priori, persécutrice d'innocentes minorités et devant éternellement expier ses crimes en les "libérant". Ce contemporain est un individualiste extrémiste, que ne concernent en rien les devoirs sociaux qui entraveraient ses droits à la jouissance, comme on le voit dans la querelle du préservatif qui opposa l'auteur à l'association de lutte contre le sida Act Up. Ces textes datent des débuts des "années 2000", pour parler comme l'auteur, et nous voyons aujourd'hui dans la culture officielle le triomphe des idées (et parfois des personnes) qui commençaient à percer quand Dustan écrivait : lire ce volume, c'est voyager au sein du Wokisme naissant, et l'effet d'exotisme est garanti pour un lecteur de Philippe Muray. Dustan proclame : "Jamais je ne vieillirai". Peu de temps après, nous voyons ses vieilles idées triomphantes se pétrifier en catéchisme obligatoire de la classe dominante.



Dans ce foisonnement idéologique, on retiendra le refus de l'intellect, considéré comme "hétérosexuel et patriarcal blanc" et associé à la "musique" telle que tout le monde l'entend aujourd'hui : "Le beat binaire de la musique congédie l'intellect au profit de la seule perception" (p. 210). L'humain ainsi animalisé est donc délesté de ses facultés critiques au profit du bougisme, de la mode, de la drogue et d'une série d'injonctions commerciales (libérales) auxquelles il doit obéir pour avoir l'air cool : "Mort aux mots" (p. 565). Par l'effet des drogues, de la musique et de la consommation cool, l'être humain selon Dustan (qui appelle, à la suite des nazis, des fascistes et des communistes, à la création d'une nouvelle humanité modifiée) accepte d'être de son temps, de sa génération, de sa tribu, sous l'égide bienveillante des marques qui lui assurent contre argent sa dose de plaisir quotidien. Lire Dustan, c'est s'initier aux arcanes de la société contemporaine dans ce qu'elle a de plus libertaire, c'est-à-dire de plus tyrannique : le devenir-monstre du monde, pour reprendre la formule de Philippe Muray, se montre à visage découvert dans ces précieux volumes. L'individualiste extrémiste, jouisseur solitaire, s'invente des communautés imaginaires qui, au fond, ne sont que des marques et du marketing.



Alors, malgré le cri de "Mort aux mots", cet univers-monstre a sa littérature, pour quelque temps encore. Se comparant à Angot, l'auteur semble croire qu'on le hait, parce qu'il parle de lui, l'autobiographie (ou la littérature du moi) étant par nature subversive : "Il y a un silence autour de moi. On ne m'aime pas. C'est un peu comme Angot, je dois le dire. On ne nous aime pas. Parfois, si, mais bon, globalement, c'est plutôt la haine et le souhait de mort qui prédominent. Bon, pourquoi ? Parce qu'on parle de notre vie, je pense... Je me révèle. C'est la Révélation, quoi, je dis tout, je n'ai peur de rien, c'est le Christ, même s'il n'y a pas la croix, les gens ne supportent pas, ça." (Génie Divin, p. 501) Ces lignes révèlent, en effet, non seulement des éléments de langage devenus prétextes à oppression ("la haine", entendue extensive ment, puisque haïr c'est ne pas aimer ...), mais les modes de pensée et de raisonnement logique de l'auteur, et ce qu'ils trahissent.



Celui-ci désigne la Grande Ancêtre de cette littérature, dans un hommage (Nicolas Pages, p. 282) : "Duras pour la première personne et le mauvais français, le mal écrit des livres des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, quand elle s'est libérée". La théorie littéraire qui suit associe le "bien écrire" à la droite hétérosexuelle, ce qui conduit Dustan moins à la liberté créatrice qu'au slogan communautaire et publicitaire : "Consommer pédé c'est bien, faire de la valeur ajoutée pédé c'est mieux" (page suivante, 283). Voilà le libertaire, qui milite pour soi et pour sa minorité, rejoignant ici le libéral, dans une simplicité d'épure.



Ces trois "textes" sont dont très instructifs, symptomatiques à défaut d'être agréables à lire. Il est curieux de lire un gros livre de sept-cent quatre-vingt dix pages sur l'hédonisme, sans que la question du plaisir du lecteur soit jamais abordée.



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Plus fort que moi

Alors celui-ci, je l'avais lu à sa sortie (en 2000), et 20 ans plus tard il me fait exactement le même effet. Il est "utile" si l'on veut découvrir (pardon pour la vulgarité) comment baisent les homos garçons (enfin, certains hein !!! Je ne fais pas de généralités !), on apprend tout sur le poppers, le fist, les gadgets en tout genre... Mais sur le reste rien. Le style n'est pas désagréable, mais je me demande comment ça se fait que ce roman soit paru chez P.O.L., il y est juste question des errances sexuelles du narrateur, c'est souvent grossier, et toujours sans intérêt (je veux dire sans sentiment, sans amour...). Bof quoi ;-)
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Plus fort que moi

Une littérature crue, directe comme un manifeste pour une sexualité sans entraves, sans principes, alors que l'on baigne dans les années SIDA. Dustan hurle sa colère et sa révolte et l'exorcise par un suicide glacial dans la jouissance sans plaisir ! Il faut aller tête baissée sans juger en essayant de comprendre la souffrance d'une génération perdue qui hurle pour qu'on la regarde et qu'on l'envisage comme faisant vraiment partie de cette société injuste et égoïste qui détourne la tête pour laisser certains crever en silence !
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Plus fort que moi

"Plus fort que moi" est le troisième "roman" de Guillaume Dustan. En fait de roman, il s'agit comme pour ses deux premiers livres d'un récit autobiographique, centré sur l'homosexualité de l'auteur.



Celui-ci est construit en 36 chapitres, qui sont autant d'épisodes sexuels, souvent sado-masochistes, survenus entre l'année 1981 et l'année 1995. L'écriture est crue, la pornographie y est clairement assumée, revendiquée, loin du culturellement et politiquement correct. Certains passages sont durs, voire très durs. Et face à une littérature aussi radicale, il n'est pas aisé d'émettre un jugement éclairé.



Faut-il voir une simple provocation outrancière, prolongée par les apparitions grand-guignolesques de l'auteur en perruque sur les plateaux de télévision?



Faut-il voir une littérature nombriliste et exhibitionniste, sans grande valeur d'un point de vue de l'histoire littéraire?



Est-ce au contraire un objet littéraire particulièrement révélateur de son époque (les années 90) et des débats qui traversent alors la communauté homosexuelle marquée par les ravages du sida? Annonciateur aussi d'un anti élitisme et d'un plaidoyer en faveur d' une "culture" de masse centrée sur le plaisir et le corps, au delà de la question de l'orientation sexuelle?



Ne faut-il pas voir ce livre comme un hymne émouvant au vitalisme et à l'hédonisme chanté par un jeune homme qui se sait porteur du virus et qui est, avant de se mettre à écrire, plongé dans la dépression ?
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