Guillaume Musso

En me quittant elle avait emporté tout ce qu'il y avait de solaire en moi: mes espérances, ma confiance, ma foi en l'avenir. Elle avait asséché mon existence, la vidant de ses rires et de ses couleurs. Elle avait surtout étouffé mon cœur, lui enlevant toute possibilité d'aimer de nouveau. A présent, ma vie intérieure ressemblait à une terre brulée, sans arbres et sans oiseaux, à jamais figée dans le froid de janvier.

Il avait pris du poids et perdu ses cheveux, elle avait perdu sa blondeur et pris des rides. Mais avec le temps leur couple semblait mieux assorti. C’était l’effet normalisateur de la vieillesse : elle fanait les beautés trop éclatantes et donnait parfois de la patine et du lustre à des physiques plus banals

Je pense que vouloir rencontrer un écrivain parce qu'on aime son livre, c'est comme vouloir rencontrer un canard parce qu'on aime le foie gras.

Ecrire me plongeait dans un état étrange: la réalité laissait peu à peu place à la fiction, et mes héros devenaient parfois si réels qu'ils m'accopagnaient partout. Leurs souffrances, leurs doutes, leurs bonheurs devenaient miens, et continuaient à me hanter bien après le point final du roman. Mes personnages m'escortaient dans mes rêves, e je les retrouvai à la table du petit déjeuner. Ils étaient avec moi lorsque j'allai faire mes courses, lorsque je dînais au restaurant, lorsque j'allai pisseer et même lorsque je faisais l'amour. C'était à la fois grisant et pathétique, enivrant et perturbant, mais jusqu'à présent, j'avais su contenir ce doux délire dans les bornes de la raison. Tout compte fait, si mes égarements m'avaient souvent mis en danger, ils ne m'avaient jamais encore conduits aux frontières de la folie. Pourquoi l'auraient-ils fait aujourd'hui alors que je n'avais plus écrit une seule ligne depuis des mois?

Au milieu de l'hiver, j'apprenais enfin qu'il y avait en moi un été invisible

- Albert Camus

« Mais, comme la plupart des gens qui vivent leur premier amour, je pensais que jamais plus je n’éprouverais un sentiment si profond pour quelqu’un. Et sur ce point, l’avenir devait malheureusement me donner raison.
Mon autre circonstance atténuante était de croire que je connaissais l’amour parce que j’avais lu des romans. Or seuls les coups dans la gueule vous apprennent réellement la vie. En ce mois de décembre 1992, j’avais quitté depuis longtemps les rives du simple sentiment amoureux pour dériver vers le territoire de la passion. Et la passion n’a rien à voir avec l’amour. »

Le plus difficile ce n’est pas d’obtenir ce qu’on veut, mais de savoir le garder.

Écoute, je suis persuadé que l'on fait une erreur, une terrible erreur en cherchant à aller contre le destin et qu'on aura à la payer très cher un jour ou l'autre.

> Pour vivre heureux, vivons cachés.
> Mais n'est-il pas légitime d'éprouver l'envie d'interroger un écrivain sur le sens de son travail ? Non, ce n'est pas légitime. La seule raison valable avec l'écrivain, c'est de le lire.
> Il est écrit quelque part, dans l'une des pages du livre du destin, que les roses trop belles vivent avec la hantise de se faner. Et cette crainte leur fait parfois commettre des actes irréparables.
> L'essentiel, c'est la sève qui irrigue ton histoire.
> Parce que ce n'est pas un boulot pour les gens sains d'esprit. C'est un boulot pour les schizophrènes. Une activité qui requiert une dissociation mentale destructrice : pour écrire, tu dois être à la fois dans le monde et hors du monde.
> L'écriture structure ta vie et tes idées, elle finit souvent par mettre de l'ordre dans le chaos de l'existence.
> Les livres n'abattent pas seulement des murs, ils en construisent.
> Que tu le veuilles ou non, l'humanité n'est pas binaire. On évolue tous dans une zone grise et instable où le meilleur des hommes pourra toujours commettre le pire.

Quelqu'un qui pense maitriser son existence n'a pas envie qu'on le bouscule dans ses certitudes.

"Rien n'étais immuable surtout pas le bonheur. Fragile comme le verre, il ne devait pas être considéré comme un acquis, lui qui pouvait ne durer qu'un instant."

"Qui était capable de dire avec certitude quel aurait été son comportement dans d'autres circonstances ? Personne..."

Après tout, s’il devait mourir aujourd’hui, autant que ce soit assis derrière une machine à écrire. C’était là qu’était sa place. Là où il s’était toujours senti le moins mal. Sauver sa peau en alignant des mots sur un clavier : c’était un défi qu’il était capable de relever.
Pour s’échauffer, il tapa la première chose qui lui passa par la tête. Une phrase de Georges Simenon, l’un de ses maîtres, qui lui semblait appropriée à la situation.
Combien la vie est différente quand on la vit et quand on l’épluche après coup.

J'étais accro à ces moments où la fiction contaminait la vie. C'était en partie pour cela que j'aimais autant lire. Pas pour fuir la vie réelle au profit d'un univers imaginaire, mais pour revenir vers le monde transformé par mes lectures. Plus riche de mes voyages et de mes rencontres dans la fiction et désireux de les réinvestir dans le réel.

Il n’était pas toujours évident de rentrer dans l'histoire,mais lorsqu'on avait trouvé le bon livre,celui qui était fait pour nous,celui dont on savourait les détails,les dialogues,les pensées des personnages,c'était la grande évasion.Oui,c'était mieux que tout,vraiment.

"Rien ni personne n'avait de prise sur Annabelle. Elle échappait à toute classification, à toutes les normes, à toutes les convenances. C'est cette liberté qui me fascinait. Après tout, n'aime-t-o, jamais en l'autre que son mystère ?"

Parce-que, sauver cet enfant, c'était se sauver lui-même. Il s'était accroché à cette quête parce-qu'il y avait vu un moyen commode de racheter à bon compte les ratés de son existence. Mais on ne rachète pas en quelques jours les erreurs de toute une vie.

"La Mini Cooper était là où je l'avais laissée, mais quelqu'un avait coincé une épaisse enveloppe kraft derrière l'un des essuie-glaces. Pas de nom, pas d'adresse pour prendre connaissance de son contenu. Mes crampes d'estomac se réveillèrent tandis que je décachetais le courrier. Les bonnes nouvelles arrivent rarement par lettre anonyme."

WAITING FOR YOUR NEXT VISIT

(Le narrateur parle de son père) : C'est lui qui m'emmenait à l'école tous les matins et, pendant le trajet, il m'apprenait toujours quelque chose. Ca pouvait être un épisode historique, une anecdote aristique, une règle de grammaire, une petite leçon de vie :
"Le participe passé des verbes pronominaux réfléchis s'accorde avec le complément d'objet direct si celui-ci est placé avant. / C'est en contemplant le ciel de la Côte d'Azur qu'Yves Klein a eu l'idée de créer une couleur de bleu la plus pure possible : l'International Klein Blue. / Le signe mathématique de la division s'appelle un obélus. / Au printemps 1792, Louis XVI avait suggéré de remplacer les lames droites des guillotines par des lames obliques pour améliorer leur efficacité. / La phrase la plus longue de la Recherhce compte 856 mots, la plus célèbre 8 mots (longtemps je me suis couché de bonne heure), la plus courte 2 mots (il regarda), la plus belle 12 mots (on n'aime que ce qu'on ne possède pas tout entier). / C'est Victor Hugo qui a fait passer le mot "pieuvre" dans la langue française en le mentionnant pour la première fois dans son roman les Travailleurs de la Mer. / La somme de 2 nombres entiers consécutifs est égale à la différence de leur carré (ex. 6+7 = 7²-6²)"