AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Guy Hocquenghem (9)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Le Désir homosexuel

Hocquenghem explique la hiérarchie, la politique et la verticalité de l'ordre capitaliste par l'oppression du désir dans la catégorisation des sexualités : le phallus est le centre de toute les attentions du monde social, l'outil de privatisation et d'appropriation puisque sa stature (oh !) met dans l'ombre son opposé, la vacuité, ou, chez l'être masculin, l'anus. L'anus est donc privatisé, il devient le fondement de l'individu, ce qui se cache et que l'on garde pour soi – et donc ce qui se donne, que l'on prend, que l'on domine -, tandis que le phallus s'érige (encore !) comme l'instrument que l'on brandit publiquement comme le sceptre du pouvoir. Plus que la femme, l'homosexuel est alors l'objet et l'emblème de la société capitaliste puisqu'il faut mettre en évidence son refus décrété d'affirmation de l'usage public de son phallus. Au contraire, il n'a rien compris, c'est de son anus qu'il prétendrait faire un usage public. Tout est inversé ; l'ordre social en premier.



Pour le maintenir, la société capitaliste invente donc au moment de son développement historique, à la fin du XIXème siècle, la catégorie de l'homosexuel, comme une antithèse de la voie royale à préconiser pour son bon fonctionnement : la publicité du phallus et la privatisation de l'anus. La catégorie de l'homosexualité n'est donc créée que pour servir de faire-valoir, de piédestal à la société dominatrice et concurrentielle dont la classe régnante, parce qu'elle s'est prétendument accaparé l'usage public du phallus, est dite hétérosexuelle.



L'homosexualité doit donc rester cachée, marginale, pour que l'on croie à son complot, à l'existence d'une menace à contenir, à la nécessaire rigidification (mais arrêtez, enfin !) de l'ordre public, à la pérennisation de la société brutale.



L'homosexualité prend le rôle d'une menace perpétuelle et d'une paranoïa dans le système des valeurs sociétales comme un élément indispensable de sa propre structuration. C'est donc à tort que l'on reproche à l'homosexuel d'être honteux, paranoïaque et pusillanime : il ne l'est qu'autant que la société a décrété qu'il le serait.



Comme on agite le crucifix devant l'Antéchrist pour affirmer la domination du Seigneur, on brandit donc l'hétérosexualité devant l'homosexuel pour asseoir la domination du phallus. C'est donc le fonctionnement dominateur de la société capitaliste qui trouve à se prolonger dans la caractérisation d'un groupe dont on reconnaît l'existence sans la légitimer, puisqu'on la fuit, comme on sait qu'existe le malin et les forces du mal, pour mieux affirmer la voie de la rédemption.



L'homosexuel, caractérisé comme rebut nécessaire de la société (comme, pourrait-on dire aujourd'hui, le déchet qui, par le recyclage, légitime la société de consommation dont l'écologie fait le story telling) est donc (comme le déchet valorise par contraste l'objet prêt à l'emploi) forcément criminel, malade et coupable – on a besoin qu'il en soit ainsi. Puisqu'elle a besoin de lui, elle ne doit plus l'éliminer : la modernité a donc remplacé le bûcher de l'enfer par la culpabilité de la psychanalyse, plus pratique pour prolonger l'existence d'un groupe dont l'existence n'est affirmée qu'aussi fortement que lui est retirée toute visibilité sociale.



La psychanalyse, complice du capitalisme, explique donc que l'homosexuel n'a pas dépassé le stade anal : il n'a pas privatisé son anus pour le cacher derrière son phallus. C'est qu'il refuse la segmentation humaine en dominants et dominés. le capitalisme ne pourrait bien fonctionner.



Quant au communisme, il ne fait pas mieux parce qu'il n'est pas moins répressif : structurer la société au nom des capitalistes ou au nom des prolétaires, refuser l'irruption du privé dans la sphère publique, réprime toujours et dans les deux cas le désir (privé) et structure donc, la domination. Ce qui manque au communisme, c'est, comme au capitalisme, le désir.



On comprend en conclusion que l'abandon de l'inégalitarisme, de la société dominatrice et répressive, qu'elle soit capitaliste ou communiste, passe par la destitution publique du phallus et l'élection (avec un « l », cette fois) de l'anus à sa place : vive l'égalitarisme, l'homosexualité révolutionnaire et son instrument, le front homosexuel d'action révolutionnaire !







Bon, j'ai fait vite pour les dernières pages, assez confuses puisqu'il s'agit de prétendre que la société du désir est à ce point orientée vers la satisfaction du désir et le rejet de la culpabilité qu'elle devient inconsciente à elle-même, et tout autant les individus « désirants » à eux-mêmes : autant on comprend l'idée de perforation, si l'on peut dire, par la promotion du désir, d'une société figée qui opprime le désir dans le but de proroger l'ordre social qui lui convient – et de l'intérêt de promouvoir pour cela un « hétéroclisme » voire un « indéterminisme » de l'objet du désir qui peut bien s'exprimer comme il veut, au-delà des catégories que le pouvoir dominant, au travers du langage a prévu pour lui (les homos désirent ça et pas autre chose, les hétéro désirent ça et pas autre chose), - autant on peine à saisir ce que serait une société faites d'individus qui n'essaieraient pas de comprendre leur propre désir – quitte à devoir en surmonter la culpabilité : est-ce que le désir n'est pas coupable et que serait un désir non coupable, de l'anus ou du sexe jusqu'au carré de chocolat ou à reprendre deux fois du dessert ?...



De fait, c'est pourtant bien ce que préconise Hockenghem : le militantisme n'est pas homosexuel et le FAHR n'a pas pour objet d'imposer la société homosexuelle à la place de l'hétéro ni même de promouvoir les droits des homos : il prend seulement la voie de l'homosexualité pour exprimer le besoin d'une société désirante en général parce que le désir est le moyen de briser l'ordre, la structure, la politique en général, honnie parce que culpabilisante.



Donc pour Hockenghem, une fois que le désir est généralisé (dans la société qu'il nomme avec humour, annulaire, et même « anulaire » (anale quoi, où l'ambiguïté ne favorise pas l'élimination de la suspicion qu'il prêche tout de même pour sa paroisse)), il se suffit à lui-même, on n'est même plus dans l'anarchie, qui a encore besoin de l'ordre pour exister, on est dans le désir permanent et éternellement-là, qui, par refus de la hiérarchie et de la culpabilité, refuse même le jugement, donc la dénomination !



Le désir homosexuel est donc une voie de promotion du désir en général, antithèse et broyeur de la civilisation, détestable en ce qu'elle catégorise et culpabilise… on en vient donc à promouvoir une société sans langue, sans passé, sans avenir, bref… sans identité. Une société inconsciente à elle-même où le désir finalement… domine ! Bref à force de toujours vouloir anéantir la domination, on en vient toujours à la fin à en instituer une nouvelle. Et en l'occurrence, cette promotion d'une fin de la civilisation par ce qu'elle ne pourra plus nommer elle-même le désir tant elle sera inconsciente à elle-même mène à des extensions dérangeantes où le « désir » « déjà-là », qui n'est donc même plus réservé à qui en a conscience, à qui sait le nommer, n'est plus l'apanage des adultes… je m'arrête là et réfère simplement aux pages 166-167 auxquelles il me semble difficile d'accorder du crédit… hum hum : pense-t-on vraiment que supprimer le mot « culpabilité » va priver du ressenti coupant de sa lame ?... et que le désir qui nourrit la civilisation saurait se passer d'elle sans que l'on verse dans son contraire, la barbarie ?



Restons-en donc plus modérément à apprécier l'originalité et la pénétration (oh ça va !) d'une pensée qui a su, en son temps, prendre suffisamment de distance pour théoriser son positionnement en même temps qu'elle était en train de le prendre et dont l'innovation percutante ne peut qu'avoir joué un rôle dans la libération sexuelle de la fin du XXème siècle et la promotion de ce qui deviendra la théorie des genres... c'est mieux :-) si si



(du coup j'enlève quand même une étoile...)





Commenter  J’apprécie          50
L'amour en relief

Guy Hocquenghem, mort à 42 ans, était un militant homosexuel, qui participa activement aux évènements de mai 1968 . Il fut une des figures de proue du courant libertaire de la décennie 70. C'est un peu dans ce contexte et dans cet esprit que se situe ce roman.



Amar, est un très jeune éphèbe tunisien de l'île de Kerkenna. ( au large de Sfax.)

Désoeuvré, pauvre, homosexuel, Il vient à fréquenter une bande de français, hippies , composée de garçons, gays et d'une fille Andréa, à la dérive, qui a quitté ses quartiers habituels, ceux de l'hôpital psychiatrique. Ils ont loué une bicoque sur l'île.

Un soir, l'un d'entre eux le raccompagne en scooter et c'est l'accident fatal, le nerf optique est irrémédiablement perdu, il restera aveugle. Toute l'île se cotise pour qu'il puisse aller consulter un spécialiste en Italie. Là, il va rencontrer Mrs Halloween, très vieille et richissime américaine, qui le prend sous son aile et dans son lit, le ramène avec elle aux Etats Unis et lui donne, grâce à sa fortune, les moyens de s'adapter à son handicap.

Mais elle meurt et voilà Amar, qui n'est pas encore majeur, contraint de devenir pensionnaire dans un institut pour handicapés de la vue. Amar poursuivra sa « carrière » de gigolo.

Andréa revient sur le devant de la scène, et tout se complexifie un peu plus …

Beaucoup de choses à décrypter, à analyser, à voir aux côtés de celui qui a perdu la vue mais qui dans le noir de son existence a renforcé son intelligence, son sens du raisonnement, sa lucidité (de lucidus a um lumineux, clair, évident ) …

Ce roman est une boite à Pandore , un sac à malice- , une satire douloureuse , qui s'achève avec une pochette surprise dans laquelle on découvre un ticket gagnant ou perdant, selon les effets de la lecture pour retourner ou pas dans les chausse- trappes d'un hôpital psychiatrique !









Commenter  J’apprécie          51
La beauté du métis : Réflexion d'un francophobe

La France, sa grandeur, sa fierté! Guy Hocquenghem revoit la vision que nous avons de la cinquième république pour la réduire à un f minuscule.

Face à la montée en puissance du racisme et de l’extrême droite, La beauté du métis apporte une réponse à ces problèmes de notre société.



La beauté du métis rejette fermement la supériorité de la France. Culte de l'étranger, de l'autre et de sa richesse le métis est pour une fois placé au centre de toute attention.



Provocateur et audacieux, ce livre dynamite le culte de l'hexagone. Parfois un brin excessif dans ses théories Guy Hocquenghem offre une vision tout à fait troublante et véridique.

La beauté du métis dénonce ce que de nombreux lecteurs pensent tout bas. En effet, conservatrice et par moment archaïque, le pays du camembert prônant le made in France semble bloqué par de vieux principes!



Message d'espoir, Guy Hocquenghem encourage à la diversité et au partage.

La beauté du métis est un ouvrage très original de notre époque optimiste qui vaut la peine d'être lu!




Lien : http://beasaaa.blogspot.be/2..
Commenter  J’apprécie          20
La beauté du métis : Réflexion d'un francophobe

A l’heure où les déclinistes squattent les plateaux télé avec leurs discours profondément raciste, misogyne et homophobe, je trouve passionnant de pouvoir découvrir cet essai écrit en 1979 par Guy Hocquenghem et réédité en 2015 par Serge Safran. Un texte qui semble résonner comme une réponse d’outre-tombe de la part de cet auteur mort trop jeune du SIDA, en 1988.



Le titre, comme le contenu, sont volontiers provocateurs. Sa thèse est de dire que cette "france" qui voue depuis toujours un culte à son histoire, sa grandeur passée, ses principes, sa culture, sa cuisine, sa langue, etc., n’a jamais été un grand pays et que ses heures de gloire passées ne sont en réalité qu’une vue de l’esprit.



Si certains passages sont excessifs, tirés par les cheveux, voire franchement de mauvaises foi, si d’autres passages comme sur la littérature jeunesse ont un peu vieilli (la France giscardienne n’est plus la France de 2015), force est de constater qu’un certain nombre de réflexions restent cruellement d’actualité plus de 35 ans après. L’ensemble est particulièrement troublant et l’on pourrait multiplier les parallèles entre ces deux périodes. On se dit que le portrait de cette France profondément réactionnaire est peu flatteur mais malheureusement loin d’être totalement faux.



Cette France telle qu’elle est décrite en 1979 par Hocquenghem n’est-elle pas un peu celle de 2015 ?



Malgré tout, l'auteur, à travers cet éloge du métissage nous donne aussi matière à espérer. En dépit d'un style un peu difficile d’accès, cet essai est utile et mérite d’être (re)découvert de toute urgence. Merci aux éditions Serge Safran d'avoir tiré ce texte de l'oubli. Merci à cet éditeur et à Babelio pour cette opération Masse Critique. Une lecture complexe mais passionnante que je vous recommande vivement.
Lien : https://lionelfour.wordpress..
Commenter  J’apprécie          20
Une visite inopportune

C'est très perché ! J'ai bien aimé cette dimension métathéatral (théâtre dans le théâtre). Il y aussi pas mal d'humour et les personnages sont plutôt cools ! En fait tout, est dit dans le résumé : c'est burlesque, il y a un peu de drama, cela amène une réflexion sur le théâtre... Bref, une bonne pièce dans son genre.
Commenter  J’apprécie          10
Eve

Adam est un romancier connu, homosexuel souffrant alors déjà du terrible Vih. Lorsqu'il voit Ève, sa jeune nièce de 20 ans qu'il ne connaît pas, il y a soudainement une attraction, une liaison sulfureuse qui fera le mécontentement notamment d'Anne, sœur d’Adam et mère d’Ève, qui vit éloignée dans le Berry avec son amie Judith. Rejetés, les amants qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau, vont fuir, errer aux Antilles, en Argentine, en Afrique, où leur ressemblance frappera quiconque les croisera, et leur amour sulfureux intriguera, jusqu'à ce que la maladie d'Adam le condamne a rester hospitalisé à la Pitié Salpêtrière.



Ce roman reste, près de 35 ans après sa parution, sulfureux en ayant planté le récit dans une époque et un milieu aux mœurs libérés, et en frôlant les problématiques pédophiles pour lesquelles les écrivains sont longtemps restés impunis. Mais Ève n'est pas seulement cela. C'est un roman remarquablement bien écrit, où l'intelligence de l'auteur paraît à chaque page, où la lucidité et la dénégation côtoient l'assurance fière du narrateur. L'histoire est plus que cela, elle bouscule effectivement les codes de l'inceste, en révélant peu à peu des liens qui ne sont pas ceux de simples oncle-nièce, en mettant en lumière des origines que l'on doit aussi aux premiers progrès et recherche en génétique.



[...................]
Lien : https://chezlorraine.blogspo..
Commenter  J’apprécie          10
Lettre ouverte à ceux qui sont passé du col Mao..

critique féroce des figures connues de la gauche et de leur évolution
Commenter  J’apprécie          00
Les voyages et aventures extraordinaires du..

1338
Commenter  J’apprécie          00
Eve

1339
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Guy Hocquenghem (167)Voir plus

Quiz Voir plus

Quand les aliments portent des noms insolites ou pas...

Les cheveux d'ange se mangent-ils ?

Oui
Non

10 questions
157 lecteurs ont répondu
Thèmes : nourriture , fruits et légumes , fromages , manger , bizarreCréer un quiz sur cet auteur

{* *}