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Critiques de György Dragomán (30)
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Le choeur des lions

Les ombres des magies enfantines, la fugacité, toute musicale, que révèlent les fragiles enchantements capturés dans ces belles nouvelles d’une facture à l’évidence quasi classique. De ces dix-huit nouvelles, outre la musique qui les relie, se dégage une très fine relation de l’enfance, ses liens compliqués à la réalité adulte, celle sans doute dont, habilement, l’auteur dévoile la perte, sa souriante mélancolie surtout. Györgi Dragomán charme avec ce Chœur des lions d’une grande maîtrise dans l’évocation des sentiments, dans notre incapacité à les entendre, dans cette capacité que seule la musique aurait à communiquer leur heureuse dissipation.
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Le bûcher

Je suis assez dubitative face à ce roman, l'histoire d'une orpheline qui rencontre sa grand-mère pour la toute première fois, et qui part vivre avec elle dans une petite ville, peu de temps après la chute d'une dictature. La ville est principalement braquée contre elles, pensant que où la grand-mère ou feu son époux ont été des mouchards, et la grand-mère pratique une étrange magie, plus ou moins prise à un mage juif durant l'Holocauste, ce qui est d'assez mauvais goût. J'aime le thème de la transmission, la tension aussi qui se ressent dans ce livre, car tout du long, on attend l'explosion, qu'elle vienne des habitants, du passé de la grand-mère, de ses pratiques magiques, peu importe.

Mais le style....Le style m'a semblé indigeste, plat, et là où un peu de peps m'aurait été à me passionner pour l'histoire et à passer les quelques longueurs, ça n'a pas aidé du tout!

Reste des thèmes sympas, mais l'essai n'a pas été transformé.

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Le bûcher

Dragoman György – "Le bûcher" – Gallimard / du monde entier, 2018 (ISBN 978-2-07-014999-5) – Format 21x14cm, 527p.

– Traduit du hongrois par Joëlle Dufeuilly, titre original hongrois "Maglya" publié en 2014



L'auteur, issu de la communauté hongroise vivant en Roumanie, situe son récit dans la période qui a suivi l'effondrement de la dictature communiste dirigée par Ceaucescu, mais, par le personnage central de la grand-mère, il met en perspective l'histoire des soixante dernières années de ce pays, qui vécut l'occupation nazie, la "libération" par les troupes soviétiques, la mise en place d'un régime stalinien devenant un dictature communiste ubuesque, la chute de celle-ci, la mise en place d'un régime pseudo-démocratique corrompu jusqu'à la moelle, une "deuxième" révolution avortée réprimée dans le sang...



Le récit n'est pas du tout linéaire, les scènes remontent à la surface au fur et à mesure que la jeune héroïne se heurte à l'hostilité de ses congénères ou de ses enseignants. Surgissent alors les figures des parents assassinés, du grand-père liquidé, des amis juifs dissimulés, figures dont la mémoire de la grand-mère est désormais l'unique dépositaire puisque l'unique survivante. Et cette grand-mère est quelque peu sorcière...



Le texte est d'une qualité littéraire exceptionnelle : merci à la traductrice qui a su rendre toute la poésie inhérente à cette œuvre. L'épaisseur de ce roman ne doit pas rebuter : la plupart des chapitres sont de véritables petites nouvelles, qui pourraient fort bien être publiées séparément, de sorte que l'intrigue s'enchaîne avec légèreté.



La mise en perspective sur une période historique couvrant trois générations en Europe centrale post-communiste rappelle les romans de Sofi Oksanen ("Les vaches de Staline", "Purge", "Quand les colombes disparurent"), la figure de la jeune héroïne surnageant dans la période de déconstruction mafieuse d'un pays communiste évoque plutôt "Les cosmonautes ne font que passer" d'Elitza Gueorguieva, le personnage de la grand-mère n'est pas sans lien avec le mystérieux vieillard parcourant "Vilnius, Paris, Londres " d'Andreï Kourkov. Et je lis ce roman après "L'Evangile selon Yong Sheng" de Dai Sijie (cf recension du 19 août 2019)...



Les sommets de souffrances infligés aux populations des pays communistes engendrent aujourd'hui des textes littéraires d'une force peu commune, dont la profondeur suscite (exige) des prouesses stylistiques dépassant largement les farfeluteries des stars courtisées par nos cultureuses et cultureux (Houellebecq, Despentes and co) de salon.

De surcroît, ce roman se classe incontestablement parmi ces "Bildungsromane" (romans de formation) que l'on peut sans hésiter offrir à de jeunes esprits, car l'auteur n'a aucun besoin de recourir à la moindre scène scabreuse, bien au contraire, les découvertes de l'adolescence se font ici avec une grande poésie.



à lire, à offrir...

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Le bûcher

à lire si vous aimez l'univers de Guillermo des Toro au cinéma. On a ici un cadre historique réaliste, la Roumaine d'après la dictature, avec tous les souvenirs du nazisme, une narratrice de 13 ans ignorant tout le lourd passé historique et des événements surnaturels. Anna, orpheline que sa grand-mère, dont elle n'a jamais entendu parler, vient chercher pour la faire vivre chez elle, va découvrir que cette dernière est sorcière, et qu'elle a probablement hérité de ses dons. Mais pas une sorcière avec des gros effets, des formules magiques... plutôt une baba yaga comme dans les contes, dont chaque tâche quotidienne peut devenir une recette magique. Il y a aussi un grand-père dont le fantôme bienveillant se manifeste parfois des fourmis colaboratives, un homme d'argile serviteur et une poupée qui pleure... tout cela au service de la grand-mère, de son envie de vivre malgré les tragédie qui l'ont impactée. De belles descriptions qui laissent le temps à la magie de se manifester doucement...
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Le bûcher

C'est un livre à l'image des peuples de l'Europe de l'Est. du moins à l'idée que je m'en fais car leur culture m'est étrangère.



Aux antipodes des épanchements larmoyants de la littérature francophone, la distance et la pudeur dans l'expression des sentiments font de ce roman une expérience de lecture étrange. Je n'en mesure probablement pas toute la portée littéraire.



Par contre, je suis certaine d'une chose ... ce livre m'a touchée.

C'est beau, c'est émouvant. C'est l'histoire d'une grand-mère et de sa petite-fille Emma qui s'apprivoisent, la première n'ayant appris l'existence de la seconde qu'après la récente mort tragique des parents.

Et dans la Roumanie post Ceausescu, cette adolescente doit apprendre à se reconstruire dans un environnement qu'elle ne connaît pas. Elle doit se faire une place parmi les pestes de sa nouvelle école, passer le cap des premiers amours et faire face à la hargne incompréhensible des habitants du village envers son grand-père décédé et sa grand-mère un peu sorcière.



C'est un livre où il ne se passe rien de fracassant avant les 50 dernières pages. On a l'impression que ce sont des tranches de vie juxtaposées. Les gestes ancestraux se transmettent à nouveau à travers la tarte aux prunes et les beignets au paprika. Les anicroches quotidiennes sont l'occasion de parler des blessures, des joies et des peines, de tous ces moments qu'une famille est censée partager quand les liens ne sont pas rompus. .



L'écriture est sans fioriture, factuelle. Moi j'ai choisi d'y voir l'expression d'une mentalité , d'une culture, d'une manière d'exprimer les sentiments complètement différente de la nôtre.

Il y a dans le style de l'auteur (et de la traductrice) la retenue d'un peuple pour qui trop parler était synonyme de danger.

Sans doute, nous qui vivons dans un pays où la parole est libre, ne mesurons pas à quel point ce roman doit faire écho aux personnes qui ont vécu sous une dictature, à la merci permanente de la police secrète.

Ce livre m'a permis d'approcher ce que fut l'après-dictature de Ceausescu. Et ce n'est ni plus facile ni plus propre que ce que fut l'après-guerre chez nous. Les rancoeurs, les questions restées sans réponse, la difficile acquisition de la liberté sont malheureusement internationales.

L'auteur m'a emmenée au coeur de son peuple, là où les blessures de l'histoire saignent toujours avec l'espoir d'un avenir meilleur dans une société plus égalitaire.



Si vous arrivez à dépasser le dénuement apparent de l'écriture, si vous vous laissez porter par l'histoire lovée entre rêve, imagination et réalité, alors vous apprécierez.



Pour ma part, la dernière page refermée, je sais que je viens de terminer un livre particulier, situé hors de ma zone de confort littéraire, mais je sais aussi que je viens de refermer un grand livre.

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Le bûcher

Voici un livre assez étrange mais très intéressant. Emma, treize ans, a perdu ses parents dans un accident. Alors que la révolution de 1989 vient de s'achever en Roumanie, mettant fin à la dictature, elle rencontre pour la première fois sa grand-mère dont elle n'avait jamais entendu parler jusque-là. A travers les yeux d'Emma, nous découvrons un pays qui tente de se reconstruire et faisons connaissance avec la grand-mère d'Emma qui livrera peu à peu à sa petite-fille des pans de son histoire.



Ce livre aborde un certain nombre de thème : la dictature, les dénonciations, les mensonges, les conflits, les traumatismes vécus pendant la dictature mais aussi ceux de la seconde guerre mondiale. L'adolescence et ses difficultés, les questionnements qui y sont liées sont aussi finement évoqués à travers le personnage d'Emma. Avec le contexte historique en toile de fond, la magie et le mystère ne sont cependant jamais loin.



la construction peut être assez déroutante avec ses aller et retours permanents enter le passé et le présent d'Emma, entrecoupée par les passages sur la seconde guerre mondiale que lui raconte sa grand-mère sans compter la magie qui vient souvent se mêler sans prévenir à la réalité. Une construction un peu étrange donc mais qui pour ma part m'a bien plu !



Un livre intéressant à bien des niveaux que ce soit pour le côté historique ou la manière dont se forment les préjugés. Je lirais volontiers un autre livre de cet auteur.
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Le bûcher

La première fois que j'ai ouvert le livre, c'est dans le train vers Paris ... ce qui, avouons-le, est le meilleur endroit pour ouvrir un livre pour la première fois ! Et j'ai commencé à lire, en prenant de temps en temps des notes pour mon journal ...



Pour vous donner une idée de l'ambiance du récit, je vous recopie intégralement la première page (page 9 du livre) :



"J'attends dans le couloir, devant la porte de la directrice. Je regarde les photos de classe des filles de terminale accrochées au mur. Moi, je passerai mon bac dans cinq ans. Toutes les filles portent un chemisier blanc et la plupart ont des nattes. J'attrape ma natte, et je prends une résolution : je demanderai à poser sur la photo avec les cheveux détachés. J'enlève l'élastique, je lisse mes cheveux avec les doigts. Je les laisse pousser depuis un moment, ils commencent à être longs.



J'attends. Je regarde le parc par la fenêtre. De chaque côté de l'allée, il y a des oiseaux perchés en haut des peupliers dénudés. Ce sont des corneilles.



J'observe les corneilles. J'attends.



Je me demande ce que la directrice me veut.



Cela fait presque six mois que je suis à l'internat. Tout le monde est gentil avec moi, les élèves, les profs, les surveillantes. Elles sont désolées de ce qui est arrivé à mes parents.



Je regarde l'arbre. Je ne veux pas penser à eux. J'attends."



Voilà ... premières impressions ? On est donc en présence d'un récit à la première personne (mené par une jeune fille) et au présent. Son nom ? J'en suis arrivé à la page 323 ( sur 527) et je ne le connais toujours pas ... Ce que l'on sait d'entrée, c'est que cette jeune fille a perdu ses parents, sûrement d'une manière dramatique, d'où la compassion qui l'entoure. Ce que l'on sait aussi, c'est qu'elle est du genre à prendre des décisions et qu'elle NE VEUT PAS penser ...



Très vite moi j'ai pensé à Sofi Oksanen, l'auteure finlandaise de "Purge", je ne sais pas si vous connaissez : même mise à distance de la narratrice et du récit, avec une évacuation quasi-totale de l'expression des sentiments. Une écriture "objective" donc, qui confine parfois à la schizophrénie, comme si la narratrice se regardait agir et vivre. Ou peut-on même parler d'une écriture "autistique", comme pourrait le laisser penser le passage où la narratrice quitte l'internat (Pages 21 à 24) ? On verra plus loin que c'est un peu plus compliqué que cela ...



De même, pour rapporter les paroles des personnages c'est presque toujours le style indirect qui est employé. Un exemple page 17 :



"Grand-mère me dit qu'elle va m'aider à l'attacher à mon poignet. Je remarque seulement maintenant, quand elle me la prend des mains, que le bracelet est en métal. Grand-mère l'écarte avec ses doigts, la fait glisser sur mon poignet mais de façon à ce que le cadran soit placé à l'intérieur du poignet. Elle me dit que c'est comme ça qu'on doit porter sa montre. Elle ferme l'attache, le bracelet en métal s'enroule autour de mon poignet, il est si froid qu'il me donne la chair de poule. Grand-mère me dit que j'ai un joli poignet, tout fin, la montre me va très bien, elle est faite pour moi, il n'y aura même pas besoin d'ajuster le fermoir, elle me dit de regarder comme elle me va bien."



Et ce style indirect, plus ou moins libre, donne une curieuse impression de "déréalisation", comme si les personnages n'étaient pas tout-à-fait vivants, ou comme s'ils n'avaient d'existence qu'à travers ce que la narratrice dit d'eux ...



Avez-vous remarqué comme certains livres sont hospitaliers ? Très vite ils forment comme des bulles que l'on est tout content de retrouver, au sein desquelles on se trouve fort aise de se glisser ... Eh bien ce n'est pas du tout le cas avec "Le bûcher" ! D'abord c'est un livre qui se révèle assez vite inquiétant, où planent des ombres et des menaces ... comme dans "la scène des bougies" par exemple (pages 59 à 62) au cours de laquelle la narratrice se voit rangée, sans qu'elle n'y comprenne rien, au rang des "coupables" ... Et puis c'est un livre dont la lecture n'est pas facile. Pourtant les phrases sont courtes, et le vocabulaire assez simple, on devrait donc pouvoir le dévorer ! Eh bien non, ça ne marche pas. Moi qui aime pourtant ça, dévorer des pages que je lis en trois coups d’œil, j'ai été régulièrement obligé d'arrêter, de poser le livre, au bord de l'étouffement, de la suffocation ... Mais il n'empêche ... faut-il le préciser ? je n'ai pas pu faire autrement que d'aller jusqu'au bout !



C'est particulièrement vrai des longs passages (écrits en italiques) où c'est la grand-mère qui se remémore des scènes de son passé : son séjour à l'hôpital psychiatrique (pages 233 à 241) et la rencontre du grand-père, la nuit où elle a aidé sa meilleure amie, juive, à se cacher pour échapper aux poursuites (pages 275 à 282) ...



Et j'ai vraiment du mal à la saisir, cette narratrice qui grandit et qui devient peu à peu une jeune femme ... Je l'ai crue "autiste" mais voilà que je m'aperçois qu'elle peut ne faire qu'une avec ce qu'elle voit, comme si elle était douée d'une suprême empathie : c'est le cas d'un faucon (pages 307-309), ce qui lui donne une envie irrépressible de manger, elle aussi, une boîte de sardines, puis d'un sapin (pages 309-311) ...



Et c'est ainsi que souvent une autre réalité fait irruption dans le récit. cela peut venir des pratiques magiques de la grand-mère, du fantôme du grand-père, de tous ces morts qui sont là, quelque part, à portée de mémoire ...



Et bien sûr, comme pour la Hongrie, probablement comme pour tous les pays "ex-communistes", on pourrait parler du poids des ans, de toutes ces couches historiques successives empilées comme des couvertures et qui entravent (ô combien !) toute vision libre et dégagée du futur ... Mais curieusement ce n'est pas l'image qui m'est venue à la lecture du "Bûcher". En fait ces couches je les vois plutôt ici sous les pieds des personnages, et formant un empilement de tapis, parmi lesquels courent des forces obscures, souterraines, et pouvant déclencher à tout moment l'irruption d'un fait, d'un personnage, ou d'un souvenir ...



Voilà, le livre est fini ... C'est toujours un peu triste de quitter un livre avec qui on est resté quelques semaines. Il faut dire que j'ai fait le forcing ces derniers jours, comme si je n'avais pas envie de prolonger les adieux ...



"Les yeux de grand-mère s'ouvrent." Voilà les derniers mots du livre, mais est-ce pour vivre ou pour mourir ? Comme souvent une bonne part de liberté est laissée à l'interprétation du lecteur. Ceci est lié bien sûr au mode de narration choisi, entièrement confiné au point de vue la narratrice qui, de plus, se refuse catégoriquement à expliquer, et même d'une manière générale à penser, probablement pour ne pas donner prise à ces forces dont je parlais plus haut. Et c'est donc au lecteur de compléter les blancs du récit, de tenter de comprendre les non-dits.



Je n'ai pas encore parlé de la couverture de l'édition Gallimard, sur laquelle on voit une jeune fille dont le visage est entouré d'une couronne de fleurs des champs qu'elle soutient de ses deux mains. Maintenant que j'ai lu tout le livre, je trouve ce choix excellent ! On peut penser au "Printemps" de Botticelli, mais aussi à un rituel animiste dans lequel la jeune fille et les végétaux se confondent, ce qui fait précisément écho à plusieurs scènes du livre où la narratrice communie avec les forces de la nature. Et puis cette couronne végétale borne sa vision de chaque côté, et recouvre sa bouche, l'empêchant de parler. Là encore la correspondance avec la position de la narratrice et le style du récit me semble assez claire ...


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Le bûcher

Étrange, oui, c'est l'adjectif qui me vient quand je tente de définir ce long et lent roman de György Dragomán, grand écrivain hongrois encore peu connu en France. Oui, étrange et beau. Envoûtant même, si l'on accepte de s'y plonger, de prendre son temps, de s'habituer à cette prose toute simple et à cette quasi-absence d'événements, à ces mille petits gestes racontés avec beaucoup de précision et au présent.

Les drames ont eu lieu et l'on arrive après : le camarade-général Ceaucescu (devine-t-on, car son nom n'est jamais cité) vient de mourir et l'on brûle rapidement ce qui appartient à ce temps maudit, les yeux résolument tournés vers l'avenir.

Mais il faut se relever du communisme, panser les plaies de la dictature, se reconstruire après des années de totalitarisme, réapprendre à vivre dans un pays avide de liberté, d'ouverture. On met le feu aux portraits des généraux et l'on tente de construire du nouveau sur des cendres encore chaudes et de terribles souvenirs qui hantent encore les esprits. Il est impossible d'oublier, et le passé resurgit constamment à travers les voix des vivants, des témoins, des familles meurtries à jamais.

Emma, jeune narratrice âgée de treize ans, vit en pension depuis que ses parents sont morts dans un accident de voiture. Un jour, une vieille femme se présente : elle dit qu'elle est sa grand-mère et souhaite que sa petite-fille reparte avec elle. Emma suivra cette inconnue, une femme étrange qui s'adonne à des rituels mystérieux et semble avoir quelques pouvoirs magiques dont elle se sert régulièrement pour mettre à mal les importuns. Qui est cette femme ? Une sorcière, une déséquilibrée ? Ou bien une grand-mère folle d'amour pour le seul être qui lui reste au monde : sa petite-fille ?

Comment la jeune fille va-t-elle réussir à partager sa vie avec une sorcière et un grand-père fantôme ?

Nous découvrons le monde avec les yeux d'Emma, étrangère à tout ce qu'elle voit et entend, essayant comme elle peut de comprendre qui est cette grand-mère, pourquoi elle s'est fâchée avec sa fille, la mère d'Emma, au point de ne jamais la revoir.

La jeune fille tente de deviner ce que cette aïeule a vécu, ce qu'elle a fait pendant le régime de terreur et pourquoi son mari, le grand-père d'Emma, est mort. A-t-il été un mouchard comme certains le disent, s'est-il suicidé ? A-t-il vraiment connu les camps de travail, de rééducation, l'a-t-on obligé à balayer les rues et à oublier son métier de chirurgien ?A-t-il été tué par la police secrète comme certains le disent  ? Qui ment ? Qui dit la vérité ? Et d'ailleurs existe-t-il une vérité et si oui, qui la détient ?

Emma tentera de comprendre, de déchiffrer ce monde opaque, terni par des années de dictature, mais sa grand-mère parle peu. Il faudra à la jeune fille beaucoup de patience pour amener cette vieille femme à se libérer d'un poids trop lourd pour elle. Il faudra à Emma beaucoup de temps, de gestes, de silences pour que se dégèlent les mots de sa grand-mère et qu'ils sortent enfin...

Le bûcher est un roman d'initiation, d'apprentissage : Emma, en observant les gestes de sa grand-mère, va acquérir certains pouvoirs qui vont l'aider à modifier le réel s'il lui déplaît, à moins que cette magie dont elle use ne soit que le fruit de sa volonté, une volonté farouche, inébranlable, un désir puissant de vivre et de profiter de la vie.

Folie, poésie, sensualité se taillent la part belle dans ce roman, que ce soit quand Emma regarde sa grand-mère dessiner des cercles, des spirales dans de la farine ou bien lorsqu'elle assiste à la confection d'un strudel. Souvent, le merveilleux s'introduit dans le réel : les objets semblent avoir une vie propre… En effet, une cuillère en bois peut remuer toute seule une marmite de confiture de prunes ! L'évocation d'un fait sans importance de la vie quotidienne peut soudain basculer dans la fantaisie, le fantastique, le surnaturel et déboucher sur un univers onirique et halluciné. On a parfois l'impression d'être dans un conte : chaque chapitre nous raconte un petit moment de la vie des deux femmes autour d'un motif précis. Dans ce petit village loin de tout et où l'atmosphère est extrêmement pesante, on sent que chacun s'épie, se soupçonne du pire ou, au contraire, regarde l'autre avec bienveillance et amour.

Le bûcher est aussi et surtout l'histoire d'une renaissance : celle d'un pays, symbolisé ici par une jeune fille, Emma, qui va, grâce à sa grand-mère, grandir, mûrir, prendre de l'assurance, devenir une femme forte et volontaire, porteuse d'avenir. La façon dont l'une va éduquer l'autre (et réciproquement!), la complicité qui naîtra entre les deux femmes et l'amour qui les liera à jamais donneront à chacune d'elles une telle force qu'elles en sortiront l'une et l'autre grandies, plus libres et susceptibles d'être heureuses, enfin.

Emma devra tout apprendre. Le pays où elle vit aussi. De tâtonnement en tâtonnement, de douleur en douleur, Emma deviendra une femme et pansera ses plaies tandis que le pays s'ouvrira sur une ère nouvelle. Il faut du temps. Chaque geste compte, chaque parole aussi. C'est précisément ce que le livre nous montre : que tout se fait dans la douleur, la peur, le doute mais aussi l'amour, la complicité et la confiance.

Tout repousse, les cendres sont un très bon engrais, les jardiniers le savent. La grand-mère d'Emma le savait certainement, elle aussi.
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Le bûcher

j'ai eu du mal à me passionner pour cette histoire poignante. La forme sous d'une écriture qui se veut simpliste pour se mettre au niveau d'une fille de 13ans. Peut-être est-ce un défaut de traduction ?

Une première découverte décevante de cet auteur hongrois.
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Le bûcher

Depuis que sa grand-mère est venue la chercher aux portes de l’orphelinat, la vie d’Emma, treize ans, a basculé. Partie vivre dans son village rude et reculé, elle découvre peu à peu le quotidien de cette vieille dame aux airs de sorcière païenne, dépositaire de rites séculaires et victime des médisances de ses voisins, convaincus qu’elle et son mari entretenaient des liens troubles avec la dictature tout juste renversée… Évoluant dans un univers peuplé de fantômes et de golems, Emma devra comprendre par elle-même de quelles erreurs, de quelles blessures elle est bien malgré elle l’héritière. Décrivant magistralement un monde en proie à la suspicion généralisée et à l’angoisse de la transition, György Dragomán déploie un réalisme magique noir et enchanteur et exorcise à travers la bouleversante quête initiatique d’Emma le passé proche de la Roumanie. A la fois paranoïaque et féerique, Le Bûcher, deuxième roman de l’auteur traduit en français par Joëlle Dufeuilly, envoûtera celles et ceux qui aiment les expériences littéraires étranges et fortes !
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Le bûcher

La vieille dame dit qu’elle est sa grand-mère et qu’elle est venue la chercher. Pour elle, Emma est un cadeau du destin, elle n’a plus personne, elle n’a plus que sa petite fille. Emma a perdu ses parents dans un accident de voiture, c’est pour cela qu’elle se trouve dans un orphelinat. Son grand-père s’est pendu, il n’était qu’un sale mouchard, une pourriture, un lâche jusque dans sa façon de mourir. Tout le monde sait que sa grand-mère a passé des années dans un asile de fous. Le camarade général Ceausescu est mort d’une balle dans la tête, mais la violence peut éclater à tout moment, car le passé inachevé est toujours très vivant. Pour Emma la seule chose qui compte c’est de savoir la vérité. Petit à petit, sa grand-mère va la lui raconter.



Un récit conçut comme un journal intime, un roman qui est à la fois une histoire de famille et un tableau historique des années de dictature, la police politique, les dénonciations, les fusillades et les corps qui disparaissent. L’auteur fait aussi référence à la Seconde Guerre mondiale et à l’Holocauste. L’auteur utilise une écriture dense, mais simple, tout est vu à travers les yeux d’une orpheline solitaire. Une jeune fille et sa grand-mère un peu sorcière nous raconte la Roumanie d’après Ceausescu et la difficulté d’oublier cette période noire. Un récit fait de courtes phrases avec des descriptions détaillées comme dans un scénario cinématographique.



Je dois reconnaître que je me suis parfois perdu un peu dans ce récit où la réalité se mélange aux rêves et à la magie, où passé et présent s’entremêlent.



« On ne peut raconter les choses douloureuses que si celui qui écoute a l'impression d'avoir lui aussi vécu la même chose, la même histoire. »

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Le bûcher

Roman d’apprentissage puissamment évocateur, campé dans un monde qui bascule et où règne le gris, mais dans lequel persistent le mensonge et la dissimulation, Le bûcher nous fait avancer à tâtons au fil d’une narration immersive et monologuée, où semblent s’incarner de manière crédible les premières heures complexes de liberté roumaine.
Lien : https://www.ledevoir.com/lir..
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Le bûcher

Comme une envie de continuer l'exploration de ce territoire à l'Histoire plus que chahutée. Entre Hongrie et Roumanie. Histoire plus que chahutée et dont les romanciers s'emparent avec leurs propres styles, connaissances intimes ou au contraire un recul historique. Originaire de Transylvanie, une région particulièrement ballotée au gré des conflits, György Dragomàn explore ici de façon obsédante l'ambiance singulière qui enveloppe les habitants, sorte de chape de plomb faite de mensonges, de secrets, de suspicion et de peurs après des années de régimes autoritaires.



Si je parle de "façon obsédante" c'est que c'est d'abord cette atmosphère opaque qui a imprégné ma lecture, au fil de la narration par la jeune héroïne, Emma, une récente orpheline de 13 ans. Nous sommes au lendemain de la révolution roumaine (1989) au cours de laquelle le peuple a renversé son tyran, Nicolae Ceaucescu après des années d'une terrible dictature qui a elle-même succédé à d'autres années de plomb, depuis la prise de pouvoir de la garde de fer à la fin des années 30 et l'engagement aux côtés de l'Allemagne nazie pendant la guerre, avant le joug soviétique, une autre forme de totalitarisme. Bref, la population a pris cher, comme on dit. Emma, donc a perdu ses parents dans un accident de la route lorsqu'une femme se présente à l'orphelinat où elle vient à peine d'arriver. Il s'agit de sa grand-mère, dont elle ignorait totalement l'existence. Et qui l'emmène avec elle, dans une région bien éloignée de la ville, une de ces campagnes où règne un esprit assez proche du Moyen-Âge. D'ailleurs, cette grand-mère est un peu magicienne, mystérieuse... et Emma découvre un environnement qu'elle va devoir apprendre à apprivoiser.



L'apprentissage de la jeune fille est double ; elle fait face aux problèmes classiques de l'adolescente qui doit se familiariser avec de nouveaux camarades de classe, un nouveau mode de vie, un nouveau corps aussi, etc. Mais ce parcours est rendu bien plus compliqué par les événements qui ont meurtri le village pendant des décennies. Les secrets sont partout, à commencer par l'esprit de sa grand-mère qui ne se résout à lui raconter son histoire tragique que par épisodes ; ils sont aussi à chercher dans l'actualité plus récente et les atrocités commises par un régime meurtrier. La jeune fille avance pas à pas, au milieu des fantômes et le lecteur avec elle, guidé par une narration extrêmement lente où chaque geste ou presque est décrit et qui contribue à asseoir ce climat très particulier.



Ce que l'on perçoit très bien c'est le désastre causé par des décennies de dictature sur des populations acculées, où chacun est suspect et l'autre forcément un espion à la solde des autorités. Un désastre renforcé par la relative inculture des populations rurales volontairement maintenues hors des progrès de la civilisation, et encore influencées par des croyances ancestrales. Chaque famille est ainsi fortement meurtrie, souvent détruite même par la suspicion ; et renverser un tyran n'est qu'une toute petite étape avant l'immense travail de reconstruction. Qui commence par la libération de la parole et la recherche de la vérité, chemin sur lequel se lance la jeune Emma, auparavant enfant choyée à l'écart des horreurs du monde et désormais confrontée aux fantasmes qui masquent encore trop souvent la réalité, comme des voiles qu'il faut écarter les uns après les autres, ou des couches de crasse qu'il faut gratter avant de retrouver le sujet original.



Une lecture entêtante, obsédante, que j'ai parfois trouvée longue à cause de cette forme particulière de narration extra lente. Mais qui au final parvient parfaitement à faire ressentir cette terrible atmosphère au point peut-être de mesurer le défi qui attend ce peuple engagé dans une transformation aussi douloureuse que salutaire.
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Le bûcher

Dans le filon surexploité des secrets de famille, le Bûcher est une belle pépite.

Une jeune fille devenue orpheline part vivre avec sa grand mère qu'elle ne connaît pas. Dans la Roumanie à peine sortie du communisme les coeurs ne sont pas apaisés et les rancunes sont tenaces. Auprès de cette grand-mère un peu sorcière à ses heures Emma va tirer les fils familiaux sans savoir s'ils seront honorables.

Mais surtout ces deux femmes vont se découvrir dans une relation rude et tendre à la fois.

L'écriture est oppressante et envoûtante, les sensations de l'adolescence sont finement rendues avec ce qu'il faut de crainte, d'imagination , d'exaltation, d'émois, le tout dans la sourde angoisse d'une tragédie à venir.
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Le bûcher

Je suis déçue. Je pourrais même m'arrêter là mais je suis sympa je vais détailler. Je croyais ce livre très réussi, je pensais plonger dans la voix d'une ado, maîtrisée, surtout que je venais de finir la vraie vie dans lequel j'ai vraiment apprécié la narration. Je croyais vivre ces moments d'âpres dictature en comprenant un peu mieux ce qu'il s'était passé.
Alors oui, on plonge dans cette Roumanie des années 90, qui nous semble à mille lieux de ce que l'on vivait nous a l'époque (Oui désolée les jeunes, Je commence à devenir vieille et à compter en dizaine d'années...). Par exemple quand l'auteur nous décrit un magasin. Un vrai, une sorte de supermarché, pas comme leurs anciennes épicerie toujours en rupture de tout. On plonge aussi dans l'adolescence, les questionnements du corps, de l'amour, de la filiation. Et ça j'ai vraiment apprécié, j'aurai pu lire ces 400 et quelques pages d'une traite.
Malheureusement il y a le reste : l'écriture inégal, le rythme inégal, la dimension "magique", ou supersitieuse, enfin on ne sait pas trop, et surtout, cette façon de dire les choses à demi-mots. Je déteste ça. Je sais que c'est un parti pris créatif, mais alors refermer un livre sans être sûre d'avoir compris, ou avoir l'impression d'être passée à côté? J'ai l'impression d'être stupide (je ne crois pas l'être, mais bon, qui peut le mesurer hein...)
Et comme je disais, l'écriture et le rythme inégal m'a beaucoup ennuyée. Au début du livre c'était les phrases courtes. Les poncifs inutiles. Les "j'enfile mes bas. J'enfile ma jupe. Je met mes chaussures. J'ouvre la porte. Je sors". A croire qu'il y avait plein de pages à remplir. Mais je m'y suis fait peu à peu. En revanche, se lancer dans des chapitres, les avaler rapidement parce que très intéressant, et tout à coup, pouf, le soufflé retombe, et on se retrouve stoppé en pleine course...
Je dirais donc que je ne le conseille pas particulièrement si vous êtes sensible au rythme. Pour tout le reste, ce livre n'est pas mauvais, et surtout il m'amène à m'interroger sur la construction de la littérature roumaine que je ne connais pas du tout.
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Le bûcher

Dans le contexte historique très particulier de l'immédiate après-révolution roumaine de 1989, une adolescente prénommée Emma raconte sa vie presque ordinaire auprès de son étrange grand-mère. Dans son village on dit que la vieille femme est folle. Elle pratique en effet de curieux rituels qu'elle enseigne avec bienveillance à sa petite fille. Toutes deux sont endeuillées et hantées par un passé (récent pour l'une et beaucoup plus ancien pour l'autre) qu'elles n'arrivent pas à balayer. Au contact l'une de l'autre, la parole va se libérer pour les aider à surmonter la douleur.

Derrière le portrait d'Emma, se profile celui d'une société marquée par les violences d'un régime totalitaire. Les séquelles sont profondes mais la mutation est en cours. Pour la jeune fille et son aïeule, tout comme pour le pays, il est temps de se reconstruire sur les cendres du passé.



J'ai trouvé ce roman aussi singulier que captivant. Singulier par la façon dont Emma s'exprime; simple et directe, presque plate, convenant parfaitement à son jeune âge mais qui devient riche et très précise quand son imagination l'emporte au-delà du visible. Et captivant par l'introduction de la magie, encore très vivace en Roumanie, le seul pays d'Europe à reconnaître officiellement la profession de sorcière.



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Le bûcher

Le désastre roumain éclate à travers le récit fantastique et réaliste d’une jeune fille au sortir du communisme. Un grand roman juste, puissant, envoûtant.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
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Le bûcher



Une adolescente de 13 ans vient vivre chez sa grand-mère après le décès de ses parents.



La Roumanie vient de se débarrasser de son triste dictateur et l’heure est aux cruels souvenirs des exactions et des disparus du communisme. Comme après toute libération, on stigmatise les individus, les vengeances et rancœurs macèrent et la petite orpheline devra comprendre, guérir, grandir et se dégager de cet héritage nauséabond.



Si le parcours d’Emma est assez touchant, l’écriture a été pour ma part un vrai chemin de croix: des phrases méticuleusement descriptives dans leur banalité, un excès de pronoms personnels pour une narration au présent (je fais ci, je fais ça, il fait, il fait ça, ...). La lecture en est très alourdie.

Est-ce une manière de se mettre à hauteur d’enfant pour raconter? Pour appuyer le sentiment d’une ambiance lourde où la mort est souvent présente?



Un roman d’apprentissage adolescent et de résilience. Un roman à clés qui désarçonne par ses interprétations d’une réalité historique à peine suggérée.



La magie participe à cette étrangeté, y apportant la seule note de fantaisie, mais je suis hermétique (aussi ;-) à cette thématique.

Je reconnais être complètement passée au large...

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Le bûcher

Le bûcher est un livre magnifique sur la famille, la résilience, ainsi que sur l’impact dévastateur d’une dictature bien méconnue chez nous. Et tout cela avec ce qu’il faut de magie pour ne pas qu'on le lâche!



Grâce à une écriture recherchée, mais efficace, Le bûcher est un roman fascinant… Peut-être est-ce cette sorcellerie qui traverse la vie d’Emma? Peut-être sont-ce ses magnifiques yeux verts que l’on imagine et qui nous charment?… Peu importe la raison, le fait est que l’on dévore ce livre du début à la fin.

Après la mort de Ceausescu (dictateur roumain), Emma découvre l’existence d’une parente: sa grand-mère. Elle quitte l’orphelinat, et retourne dans sa ville natale. Mais malheureusement une dictature ne s’efface pas aussi vite, et l’ombre de Ceasescu continue de planer et d’influencer encore les comportements et les relations sociales…

Je ne sais pas si l’on peut vraiment parler de roman polyphonique. Cependant les récits de la grand-mère, entrecoupant l’histoire principale, sont aussi terribles qu’ensorcelant (pour une supposée sorcière, quoi de plus normal)!

Le personnage d’Emma est très attachant. Elle a une manière d’accepter son sort avec cette placidité et cette froideur qui lui confèrent un caractère soit flegmatique, soit rebelle. Au fur et à mesure, elle va s’ouvrir aux autres, mais surtout à sa grand-mère dont, je l’ai déjà dit, on va découvrir l’histoire au fil des pages…




Lien : https://vouslisezquoicesoir...
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Le bûcher

Deuxième roman de Dragoman traduit et publié en France, "Le bûcher" est une oeuvre littéraire qui mérite d'être lue.

Nous sommes en Roumanie au lendemain de l'exécution du dictateur roumain. Emma, orpheline à treize ans, est recueillie par sa grand-mère après la mort de ses parents mais les habitants de la ville lui réservent un accueil hostile. Il lui faudra alors découvrir les secrets familiaux intimement mêlés à l'histoire du pays.

Une histoire passionnante qui relate les traumatismes vécus au lendemain de l'assassinat de Caucescu. Dans ce roman habile, on ne nomme jamais le nom du dictateur. Le style de l'écriture semble simple au premier abord avec ses phrases courtes et incisives, mais il est bien plus complexe qu'il n'y paraît. Le texte est en effet empreint d'une certaine musicalité et poésie. La menace fantôme du communisme n'est jamais très loin, et l'élément magique, personnifié par une grand-mère férue de magie et superstitieuse, nous entraîne dans un monde toujours réinventé. C'est un roman qui raconte également avec brio les difficultés de l'adolescence. Si la mort est omniprésente dans ces 500 pages, elle reste évoquée avec pudeur. Une belle découverte de la littérature hongroise
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