Citations de H.Y. Hanna (111)
Il avait quelque chose coincé dans sa bouche - un scone, réalisai-je - [...]. Je m'empressai de l'aider, alors même que mon cerveau donnait enfin un sens à ce que je voyais. Mes doigts effleurèrent la peau moite de son cou et j'eus un mouvement de recul. Il n'était pas en train de s'étouffer. Il était mort.
Vous êtes en vacances ? C'est tellement agréable de rencontrer une "anglaise" ! Ce n'est pas que les autres clients ne soient pas sympathiques. Il y a une famille chinoise avec une adorable petite fille et ce type tranquille qui est assis là en ce moment avec Mr Georges Clooney - il a quelque chose à voir avec les musées, n'est-ce pas ? Et cet américain qui est arrivé hier, là-bas, près du buffet. Il est assez discret aussi, n'est-ce pas ? ...Et bien sûr , Mrs Fritzel est une dame charmante et elle a elle-même grandi en Angleterre...Mais ce n'est pas pareil, n'est-ce pas ? Je disais hier à maman qu'il y a quelque chose de spécial à s'asseoir avec une bonne tasse de thé et quelqu'un de son pays...
- ...Quelqu'un a appelé la police ?
- .. Je lui ai parlé pas plus tard que cet après-midi !
- ...Oh mon Dieu, que s'est-il passé selon vous ...
- ...Je vais faire des cauchemars...
- ...Morritz...Mooritz...non, nooooon...
- UNE BONNE TASSE DE THÉ, C'EST CE DONT NOUS AVONS TOUS BESOIN ! lança soudain Mabel de sa voix tonitruante.
C'était typiquement anglais d'utiliser des euphémismes pour tout. Un meurtre brutal se retrouvait réduit à des "désagréments". Les journaux britanniques avaient dû faire état du naufrage du Titanic comme d'une "excursion regrettable".
La ferveur de ma mère "à purifier mon air" consistait à me faire livrer religieusement une nouvelle plante d'intérieur chaque semaine. J'avais des fougères dans ma douche, des bégonias dans ma cuisine et un groupe hétéroclite d'hévéas , de bromélias et de figuiers pleureurs qui occupaient la moitié de mon salon.
- Ohh, allez , Gemma... Je ne sais pas comment te dire autrement que je suis désolé. Je ferai tout pour me faire pardonner.
Une idée me frappa soudain.
- Tout ? demandai-je.
- Eh bien, dans la limite du raisonnable, répondit Devlin, soudainement méfiant. Je ne vais pas regarder une comédie romantique ou faire quoi que ce soit qui implique d'aller dans une jardinerie avec ta mère.
On dit qu’il faut être prêt à faire des sacrifices pour réaliser ses rêves. Je ne m’attendais pas à ce que ce sacrifice implique un touriste américain et un scone fatal.
Et d ailleurs, quel homme aurait voulu d une femme stérile comme moi? Demanda-t-elle d une voix étranglée.
Comme pour l'Anglais - ou l'Anglaise
-typique, une tasse de thé était la solution que ma mère trouvait pour tout, d'un cœur brisé au réchauffement climatique.
Peut être que si les humains étaient plus doués pour pardonner et oublier, comme les animaux, les ambulanciers n auraient pas eu à transporter le corps d une femme sauvagement assassinée…
- Devlin est un bon inspecteur ! dis-je avec la mine renfrognée.
- Oui, nous le savons, très chère, dit Ethel d'un ton apaisant. Mais il n'est pas très imaginatif parfois, n'est-ce pas ?
- C'est le manque de fibres, dit Mabel avec un hochement de tête emphatique. Le régime alimentaire des policiers est très malsain.
- Hum... Voulez-vous du lait dans votre thé ? demanda-t-elle vivement.
En vraie Britannique, elle se réfugiait dans une politesse excessive et faisait comme si rien ne s'était passé.
- Je suis convaincue qu'une femme ne peut pas se réaliser pleinement tant qu'elle n'offre pas un foyer décent à son mari et ses enfants, dit-elle d'un ton guindé.
Keeley éclata de rire.
- Coincée dans les années 50, chérie ?
Les gens ne changent jamais vraiment, Devlin - tu devrais le savoir. Ils sont ce qu'ils sont... et si on les aime, alors on les accepte tels qu'ils sont.
Je suis sûre qu' Helen et les autres seraient ravies de la rencontrer.
"Oh mon Dieu". Je frissonnai. Je ne pouvais pas imaginer pire idée que de lâcher Keeley O'Connor parmi les amies de ma mère au milieu des perles, des pulls et des gilets en cashemire.
- Il suffit de couper les scones en deux horizontalement et d'étaler la crème et la confiture sur le dessus, leur expliquai-je.
- La confiture d'abord ou la crème d'abord ? demanda le mari.
Je gloussai.
- Ah, ah... vous vous dirigez en terrain dangereux ! Cette question fait l'objet d'un débat national animé.
Mes années d'études à Oxford m'avaient habituée à l'atmosphère gothique effrayante de nombreux collèges la nuit.
Je pensai avec culpabilité au Chelsea Bun généreusement beurré que j'avais mangé la veille au soir - regorgeant de cannelle, de raisins secs et de cassonade, et recouvert d'un généreux glaçage - et au délicieux pudding, débordant de sauce au caramel, sans oublier la part de Victoria sponge cake, recouverte de confiture de fraises maison et de crème fouettée fraîche !
Le silence envahit le pavillon. Il n'eut pas besoin de le dire. Nous le savions tous. Elle était morte.
Malheureusement, je découvrais à mes dépends que ce qui était "amusant" pour une étudiante insouciante de 19 ans l'était bien moins lorsque vous approchiez la trentaine et que vous étiez debout toute la journée pour tenir un salon de thé.