AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Hadia Decharrière (46)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Arabe

Poétique ! Ce livre l'est du début à la fin.





L'histoire est déjà racontée dans le résumé. Se réveiller un beau matin parlant une autre langue avec laquelle Maya n'a aucun rapport ni de près ni de loin, est assez étrange.



Ce qui a commencé par une panique, doutant même de sa santé mentale et surtout poussée par ses proches à aller consulter, se termine par un merveilleux voyage oriental.



Arabe d'origine, je suis née dans cette ambiance, je connais les mots que Maya s'émerveille à répéter. Cependant, redécouvrir ma langue à travers les sensations ressenties par une étrangère m'a fait sourire tout au long des premiers chapitres. Maya est une femme authentique , d'une douceur touchante qui se pose beaucoup de questions.





200 pages c'est court, je suis restée sur ma faim. C'est bien dommage! J'ai eu l'impression d'une coupure. Comme si l'auteure a décidé de s'arrêter pour ne pas en dire plus. J'aurai aimé qu'elle s'étale , qu'elle décrive encore, qu'elle s'imprègne davantage de cette expérience extraordinaire.



Au fil des pages, Maya parlera d'une culture différente de la sienne mais aussi de la condition féminine dans les pays arabes. Elle traduit avec ses mots les souffrances et la frustration des femmes arabes.





Pour faire taire les femmes d'entre leurs lèvres, on sectionné leur langue, pas celle du langage, contrôlé et policé celle de l'orgasme, puissant et incontrôlable, celle qui transcende les conventions, celle qui rend vulnérable.



Plus qu'une invitation à un voyage exotique, ce petit roman est une véritable quête identitaire qui traite des sujets d'actualité : les mutilations sexuelles, l'exil, l'Islam (précisément les musulmans installés en France) ...





Être arabe dans un pays qui ne l’est pas doit-il s’accompagner de cette honte qui pousse à occulter ce que l’on est ? Oublier sa langue et ses coutumes pour ne pas gêner les Français ? Ne pourra-t-elle pas simplement arborer ravissement et fierté ? Qui sont-ils, ces arabes qui n’ont pas honte de l’être ?



Une plume poétique nourrie d'émotions, drôle et attendrissante. Maya décrit merveilleusement bien ce qu'elle voit et ressent.





Je ne cesse de répéter que le roman est trop court , l'auteure devrait penser à une suite avec une Maya engagée à traiter d'autres sujets dans un style aussi irisé et éclatant de couleurs que dans Arabe.








Lien : https://monboudoirdelivres.b..
Commenter  J’apprécie          30
Arabe

Arabe : Hadia Decharrière



Jolie blonde de vingt huit ans, Maya se réveille un beau matin.. s'exprimant en arabe !

Oui en arabe, elle dont les parents sont français pur souche, pharmaciens cannois, elle, habilleuse dans le cinéma et le théâtre dont la vie était tranquillement en train de se ranger avec son ami Max, acteur, rencontré lors d'un de ses spectacles et qu’elle avait habillé en adolescent des années 90 !!

elle parle arabe, avec un accent semble t'il syrien ou libanais et sa nouvelle arabitude la confronte à une vie diamétralement différente . Elle regarde son entourage d'un œil neuf, remarque ce qu'elle n'aurait jamais vu la veille, la secrétaire médicale qui ne parle pas arabe !! normal, elle est française !! Elle repense à son amie d'enfance Zina, qui disparut presque du jour au lendemain après l'arrivée de ses règles.

Elle revisite la vie des femmes occidentales et orientales, les compare et les met en balance ; elle bouleverse le restaurateur chez qui elle se rend habituellement par son accent pur et sa prononciation parfaite des R et des H

Cette nouvelle langue la remue, elle en parle à ses parents qui lui prennent un rendez vous chez un neurologue, mais qui réfléchissent également à leur vie aux rencontres qu'ils ont faites jusqu'au dénouement que bien sur je ne révélerai pas !!



Un très joli petit livre, plein d'entrain et vie, de bouleversements et de réflexions plus graves qu'il n'y paraît sur la féminité vécue individuellement dans le monde, sur la puissance et le pouvoir des hommes et la mainmise, au propre et au figuré des hommes sur les femmes, et.. sur les secrets de famille, tout au moins la vie cachée de nos parents avant qu'ils ne deviennent nos parents, de l’intérêt de leur poser des questions quand un petit détail nous tracasse, libre à eux ensuite de répondre ou non, mais le questionnement est capital pour tous !



Toutes ces raisons expliquent l’enthousiasme suscité par ce livre que j'ai dévoré en une nuit !!
Commenter  J’apprécie          30
Arabe

Vous souvenez-vous du film Chérie, j’ai rétréci les gosses ?



J’avais 6 ans quand ce film est sorti. Je l’ai tellement regardé au fil des années qu’il est resté pour moi comme un très beau souvenir d’enfance. Aujourd’hui, je le montre à mes propres enfants, comme je leur ferais découvrir un lieu qui a marqué ma jeunesse, une maison de famille dans laquelle j’aurais passé plusieurs étés.



Ce que j’aime dans ce film, c’est le pouvoir de la fiction, sa capacité à injecter une belle dose de merveilleux dans un monde tout à fait insipide. Une machine à rétrécir des gosses ? Incroyable ! La situation était invraisemblable au possible, et c’était cela qui me ravissait à l’extrême.



Connaissant mon goût pour les situations improbables, j’ai foncé sur Arabe, le livre de Hadia Decharrière. C’est l’histoire de Maya, une jeune femme de 28 ans, qui se réveille un matin en parlant l’arabe. Mais Maya n’est pas arabe, et elle n’a jamais appris cette langue. En attendant l’examen médical qui doit déterminer ce dont elle souffre, elle découvre en elle des sensations qu’elle n’a jamais eues, des souvenirs qu’elle n’a jamais vécu, toute une culture qui n’est pas la sienne.



Avec Hadia Decharrière, on voit alors le monde autrement. Comme dans Chérie j’ai rétréci les gosses, des transformations optiques sont à l’oeuvre. Dans ce film, les adultes devenaient des géants monstrueux, les enfants découvraient l’humanité des insectes et le monde de l'infiniment petit. Le livre de Hadia Decharrière bouleverse également notre vision du monde. Avec elle, le corps reste le même mais l’esprit change, l’étranger se fait proche, les certitudes s'effondrent.



En lisant Arabe, le merveilleux fait irruption dans votre vie. C’est un voyage des sens, une poésie de tous les instants, à vivre confortablement assis dans son canapé.













Commenter  J’apprécie          30
Formol

Coup de coeur pour ce roman profond et élégant qui ne peut pas laisser indifférent !

J'ai beaucoup aimé ce roman construit comme un polar sans en être vraiment un, car il s'agit surtout d'une fine autopsie d’une rencontre entre deux êtres, Paul et Alma, qui ont en commun d’être des morts-vivants, lui dans son institut médico-légal, elle, dans son unité de psychiatrie. Ils se rencontrent à l’hôpital dans le cadre d’une thérapie pour Paul. Au fur et à mesure des séances, Alma et Paul vont entrouvrir leur carapace, se dévoiler l'un à l'autre. Chacun à son tour, ils revivent les étapes de leur rencontre et par là-même leurs choix de vie. Ce récit à deux voix est construit comme une fugue musicale car les deux voix, sans jamais dialoguer, se suivent, se superposent dans le mouvement de fuite caractéristique de la fugue.

A travers les personnages de Paul et Alma, l'autrice questionne notre rapport à la mort qui définit l’art de vivre de chacun de nous. Ce roman est loin d'être sombre et est servi par une belle écriture subtile et précise. Hadia Decharriere a l'art de rendre palpables les différentes sensations et émotions de ses personnages en privilégiant le domaine olfactif et en minimisant les descriptions visuelles.

Un poignant hymne à la vie à lire absolument et surtout à relire!
Commenter  J’apprécie          20
Formol

Découvrir l'autrice avec ce roman! Et je n'ai pas été déçue. C'est un roman très bien écrit, original et mystérieux, nostalgique et mélancolique.



Paul, qui a l'habitude de vivre sa vie millimétré au centimètre près, ou rien ne dépasse, où il contrôle, ou il ne veut pas être surpris car il déteste ça, va se retrouver confronter a lui même et à ses émotions.

Celles là même, qu'il n'a pas l'habitude de convoquer, qui sommeillent en lui, sans jamais le déranger.

Ironie du titre, quand on sait que Paul est médecin légiste, et que la fonction première du "formol" est de conserver.

Il aurait voulu certainement garder, conserver pour lui tout ce qui se joue dans son psychisme..



Entre désir, choix de vie, pulsions et Rencontre, Paul va pour la première fois devoir jauger un être des plus complexes: lui même. Sa rencontre avec Alma, va le bouleverser au plus haut point. Va le remuer a tel point qu'il en perd ses repères.



Un très beau roman avec une très belle plume !



Merci aux éditions Alma @almaediteur pour l'envoi ✨🙏

Commenter  J’apprécie          20
Formol

laborieux et trop bavard à mon goût ce qui m’a empêché la moindre empathie envers le héros, qui en même temps en suscite extrêmement peu à la base !

c'est le premier roman de cet auteur que je découvre et je n'ai pas vraiment envie d'en lire d'autres... dans l'immédiat.

Commenter  J’apprécie          20
Arabe

Un matin Maya découvre qu’elle peut, qu’elle sait parler arabe. D’où lui vient cette faculté linguistique, elle qui est née de parents français de souche et qui n’a jamais appris cette langue ? Est-ce physiologique ? Maya passe un test sanguin. Est-ce héréditaire ? Et dans ce cas-là, Maya est-elle la fille de son père ? Maya se promène alors dans ses pensées, ces mots nouveaux, ces consonances inconnues qu’elle prend plaisir à prononcer et dans Barbès, quartier de Paris qu’elle n’a jamais osé traverser jusqu’ici. Qui est-elle désormais ? Son père lui révélera son terrible secret.

Arabe est un joli petit roman, au style léger, aérien. Un loukoum littéraire qui questionne mine de rien des questions d’identité, d’altérité et de transmission familiale.
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
Commenter  J’apprécie          20
Arabe

Maya, jeune femme de vingt-huit ans, fille unique d'un couple de pharmaciens cannois, se réveille un matin, parlant couramment l'arabe.

Cet événement incompréhensible va bouleverser sa vie, ainsi que celle de son entourage. Recherchant tout d'abord une cause médicale pouvant éclaircir ce mystère, elle va progressivement s'interroger sur son identité et ses origines, ses aspirations et ses goûts.

"S'exprimer dans une langue qui n'est pas la sienne avec tant d'aisance, sans jamais l'avoir apprise, sans y avoir été baignée dès la plus tendre enfance, fait-il de son passé, de ses racines, une nouvelle ignorance ? Qui est-elle depuis ce matin ?".

Puis les rencontres lui permettent de s'immerger dans ce nouveau monde, d'évaluer dans quelle mesure elle aussi peut être arabe...



Bien que l'écriture soit belle et le style simple et alerte, la lecture de ce livre ne m'a pas passionnée. On pourrait dire que je l'ai dégusté tant mon temps de lecture fut long mais ce n'est pas le cas. En débutant la lecture de ce roman, j'ai cru entamer un conte métaphorique, d'où ma déception surement.

En effet, certains passages m'ont paru longs et peu construits. Seule la dernière partie du livre, plus sensible, rattrape le récit.

Les thèmes de l'exil, de la mémoire et de la transmission sont abordés de façon habile, pourtant je m'y suis ennuyée.

A moins que je n'ai pas compris toutes les subtilités du texte !?!..
Commenter  J’apprécie          21
Arabe

Etrange est le mot qui me vient dès que j'ai lu les dernières lignes de ce texte. déjà le titre peut interpeller. De quoi va nous parler l'auteure. Etrange, surprenant comme cette "maladie" dont est atteinte Maya, la narratrice de ce roman. Un matin, elle parle couramment arabe, comme si c'était sa langue maternelle, qu'elle aurait enfoui dans son cerveau, son âme, ses souvenirs.. L'auteure va nous parler alors de l'Orient, du monde arabe à travers cette étrange journée : des évocations de tissus (Maya est costumière de théâtre et ciné), des plats libanais (car elle aime déjeuner avec son ami dans un restaurant libanais de quartier et a subitement le bon accent pour passer commande), des légendes, contes (joli moment avec un chauffeur de taxi) mais aussi une balade matinale dans le quartier de Barbés et de son marché aux épices ou un café turc pris en terrasse face au cinéma Le Louxor (orientaliste dans son décor). Ce livre est un ouvrage sur la tolérance, l'ouverture sur l'autre mais aussi les craintes, peurs que nous pouvons ressentir vers ce qui est "l'arabe", celui qui fait peur,celui qui est prêt à tuer popur sa religion, celui est ultra riche et vient dépenses ses pétro-dollars dans les boutiques de luxe parisiennes. Un livre qui avec tendresse, humour, nous parle de l'autre et de notre comportement face à ce que nous ne croyons pas connaître. Des passages sont durs mais on s'attache à certains épisodes et personnages de ce texte. j'ai beaucoup aimé les déambulations dans les rues parisiennes. Un livre dont je conseille la lecture. Peut être un bemol dans le choix du titre.
Commenter  J’apprécie          20
Arabe

Maya, jeune Cannoise, montée à Paris pour exercer son métier de comédienne, se réveille un matin en parlant et comprenant la langue arabe.

Dans l'attente d'un rendez-vous avec un neurologue, elle passe une journée en déambulant dans Paris en découvrant de nouvelles sensations, des odeurs orientales qui lui paraissent familières, et en portant un regard nouveau sur son entourage et notamment sur la féminité

Ce livre est une petite pépite, nous laissant entrevoir des sensations et des images d'un ?il nouveau, comme si nous aussi, le temps d'une journée, nous maîtrisions l'arabe.

Un livre que j'offrirai sans aucun doute à mon entourage.

Merci #nextgalley ! Merci aux éditions JC Lattes
Commenter  J’apprécie          20
Grande section

Comment les choses que l’on avait si bien enfouies nous reviennent-elles? Pour la narratrice, la rentrée de sa fille en grande section fait apparaître des réminiscences de son enfance. Un crayon HB acheté pour la rentrée et ses souvenirs des années 80 ressurgissent. Que s’est-il passé cette année là pour qu’elle ait autant envie de pleurer?

Nous voilà à ses côtés, à voyager dans sa mémoire et visionner les clichés Kodac de son enfance, le clip de Thriller en fond.

Née à Koweït de parents syriens, elle déménage trois fois en cinq ans. Koweït, Cannes, Damas, puis San Diego, près de Los Angeles. Puis elle rentrera en France, à Paris, où elle grandira.



Au départ, son père est dans « les affaires », fait construire une villa à Cannes, et sa famille fait ainsi partie des privilégiés du Proche Orient installés sur la côte s’azur.





Malheureusement les affaires en famille tournent mal, et son père se voit contraint de les faire déménager et de retourner en Syrie. Ils restent alors deux ans en Syrie, la narratrice découvre la culture arabe, elle entend les appels du minaret comme une musique car elle n’est ni croyante ni pratiquante. La nourriture est abondante, odorante, et les femmes sont très habillées.





A Damas, elle est heureuse, sa vie ne change pas trop de Cannes, « sa vie cathodique est riche » et l’école est française. Mais déjà il faut déménager. Son père projette de nouvelles affaires, croit au rêve américain et les emmène à San Diego. Ce sera la parenthèse américaine, celle qui emportera celui qui y croyait tant. Son père ne fera jamais affaire là bas puisqu’il y mourra.



Mon papa ne va pas mourir dans le pays qui l’a vu naitre, mais dans celui qui aurait dû être le témoin de son ascension.

Que reste-t-il de l’enfance quand on a été arrachée à tout? A son pays d’origine, à ses frères et soeurs, à son père? Que reste t-il quand on a connu les trahisons familiales, la maladie paternelle, la dépression maternelle?



Sa fille ne vivra pas la même année de Grande Section. Ni la même vie. Elle veut la protéger des excès, des voyages, elle veut pour elle une enfance stable, pleine d’amour et de tendresse. Elle ne veut pas qu’elle grandisse trop vite, veut la porter jusqu’à la crampe, profiter de chaque instant avec elle.



Mon avis

Un premier roman a quelque de chose de commun au premier amour. Une émotion particulière, quelque part entre le frémissement et la sensation d’absolu.



Ce livre touchant à la plume impeccable nous parle du déracinement des êtres et des cicatrices que l’on maquille, de la tristesse que l’on cache et qui nous rattrape toujours. Ce roman est un voyage, le pèlerinage d’une enfance volée, une déclaration d’amour au père trop vite parti.




Lien : https://agathethebook.com/20..
Commenter  J’apprécie          20
Grande section

Un livre sympa idée originale que ce parallèle entre l l’enfance de l’auteur et de sa famille

L’amour d’une fille pour son père est bien exprimé

C’est avec beaucoup de sérénité qu’Hadia raconte ses pérégrinations de pays en pays

Comment vois t on la vie à 6 ans. ?

Commenter  J’apprécie          20
Formol

J'imagine que ce roman doit avoir un intérêt, mais lequel ? En fait, a-t-il vraiment un intérêt ?



Paul, médecin légiste cinquantenaire, se retrouve à suivre une thérapie avec Alma, jeune interne dans l'hôpital où ils exercent tous les deux. Lors de leurs rendez-vous hebdomadaires, ils essaient de se connaître l'un et l'autre, mais les informations extirpées à Paul sont plutôt rares et peu engageantes. Pourtant, on affirme au lecteur qu'il a un "problème", qu'il a tendance à s'enfuir à l'intérieur de lui-même... (un moindre mal que l'on peut probablement régler avec une bonne prescription d'ISRS, mais des comprimés de Zoloft auraient été moins glamour que des rendez-vous avec une jeune interne, j'imagine)



Entre le médecin et l'interne se nouent une relation ambiguë, amoureuse/obsessionnelle, etc, etc. (Pour obtenir plus de détails sur l'intrigue, je vous suggère de regarder la série Grey's Anatomy)



Propos plats, rythme interminable, personnages creux (Alma, figure de la jeune femme torturée et mystérieuse, est à peine traitée comme un réel personnage, en comparaison de l'importance donnée à ce bon gros Paul).



A lire, éventuellement, si vous désirez en apprendre un peu plus sur la dissection.
Commenter  J’apprécie          10
Formol

Hadia Decharrière semble être l’intermédiaire parfait pour dévoiler au monde cette intrigue psychologique étonnante, originale et travaillée. Avec elle, nous découvrons les limites de l’esprit grâce à un duo amoureux riche en couleur et en rebondissements.
Lien : https://actualitte.com/artic..
Commenter  J’apprécie          10
Arabe

Un jour, mon amie Layla me dit que son prénom veut dire "la Nuit". Je me souviens de ma surprise et mon émerveillement, qu'une langue dont j'ignorais tout m'ouvrait un monde de références. Il était beau sur elle, ce clin d'oeil étoilé. C'était comme un bijou. Il la racontait déjà ce baptême. J'avais l'impression qu'elle m'avait dévoilé un mystère, la clé de sa beauté. De la poésie pure dans le simple fait de se nommer. Et un ailleurs qui s'ouvre.



C'est la première pensée qui m'a étreint en commençant le second roman de Hadia Decharrière, Arabe, paru chez J.C Lattès. Je voulais la découvrir depuis longtemps. Depuis son premier roman. Je croisais son regard parfois. Elle était pour moi fugitive comme une passante baudelairienne. J'aurais aimé lui parler. J'aurais aimé la rencontrer. Plusieurs fois on s'est manqués, comme si tout conspirait contre nous.



Et puis un matin, j'ai vu cette vidéo. Je l'ai trouvée magnifique. Elle y parlait d'un livre de Modiano, en équilibre sur une émotion intense, choisissant chaque mot pour être au plus proche de ce qu'elle éprouvait dans une sincérité concentrée, réfléchie, lucide et bouleversante. Totalement émouvante. La littérature était vitale quand elle vibrait dans sa voix et dans son regard. Elle la vivait de la même manière que moi. Elle lisait un extrait. Le finissait les larmes aux yeux. Moi aussi devant elle et par écran interposé.



Ce matin-là, j'ai décidé de la lire.









Maya se réveille un matin en parlant couramment arabe. Elle qui semble pourtant si loin de cet orient va passer sa journée à explorer cette nouvelle facette de son identité. D'une manière presque allègre d'abord, elle va observer son monde sous cette nouvelle lumière, cette nouvelle couleur. Elle va découvrir des mots, des saveurs, des convictions. Découvrir des pans entier de son histoire et de son intimité, découvrir d'autres dimensions de sa beauté, découvrir des indices disséminés dans son quotidien de cette autre partie du monde que bien souvent on tente d'étouffer dans une forme d'assimilation. Elle découvre des secrets également, révélés par son identité soudainement multiple qui interroge ses racines, ses origines.



L'unité de temps dans laquelle Hadia choisit d'inscrire son récit lui permet d'éviter la lourdeur d'un roman à thèse. On commence presque dans un univers de conte, comme un jeu d'enfant. Maya est costumière, vit avec un acteur. Il y aura toujours une dimension ludique et incrédule à sa découverte de l'arabe. Elle est toujours au bord du sourire et de l'incongru. Elle est résolument solaire. Elle découvre son don comme un pouvoir enfoui. Comme une part d'elle-même soudainement mise à jour, un trésor qu'elle s'approprie.



Ce roman linguistique s'enivre de ses nouveaux sons, de ses nouveaux horizons, de cette nouvelle tradition qui bouleverse tous les rapports qu'entretient cette héroïne avec sa réalité. Elle en découvre une nouvelle interprétation. Avec ce regard presque enfantin qui devient le vôtre quand vous êtes en voyage et que le présent devient un émerveillement permanent, une surprise, une exploration à chaque carrefour. On tombe dans la musique d'une langue comme on tombe amoureux d'un être que l'on n'a jamais vu sous cet angle auparavant. On apprend pas un nouveau langage. Il fait déjà partie de soi. On en connait instinctivement la pulsation, et cette autre voix que ces phonèmes lointains nous donne. On se découvre, on s'enrichit dans ce nouveau miroir.



On chemine avec l'énergie de Maya comme dans un film de la Nouvelle vague. On rit avec elle dans un sex-shop. On se révolte avec elle quand elle approche des problèmes qu'elle n'aurait sans doute jamais abordés (l'excision notamment). On se souvient de la magie proustienne qu'il y a dans les mots, juste à imaginer tous les univers qu'ils renferment, tous les silences qu'ils brisent et les vérités qu'ils permettent. On entend cette voix étrange de l'arabe qui, certains paragraphes, vient briser le monologue de Maya pour s'élever comme une conscience plus ancienne. La naissance, qu'elle finit par questionner, et la face cachée de ses parents insoupçonnables qu'elle finit par mettre au jour.



Découvrir une autre langue, c'est dévoiler différemment tout ce qu'on croyait connaitre. D'autres coutumes, d'autres costumes, d'autres signes, d'autres croyances et d'autres masques, se convertir à d'autres sensations. C'est découvrir en soi toute une part ignorée. Un rythme et une chorégraphie de mots qu'on ne pensait pas contenir.



Cela pourrait être une fable. Un film de Woody Allen. Ce joli film de Coppola, Peggy Sue s'est mariée, où l'impossible remet en cause toutes les vraisemblances qui président à nos vies. Ces légers décalages qui permettent au cinéma et à la littérature de nous aborder autrement avec une justesse élégante et gracieuse, de nous poser des questions profondes sans nous asséner de théories ou de dogmes. Ici on ressent tout avec raffinement. Hadia, en peu de pages, dit un état d'âme et un état du monde. Un engagement discret et humaniste, une manière d'entendre ce qui est rendu sourd. Tout finit par résonner dans la voix de son héroïne.



En décrivant la journée de Maya, Hadia finit par décrire une conscience de l'humain dans sa diversité. La complexité de son identité. L'ouverture en soi nécessaire pour en saisir encore toutes les richesses (quand le fracas et les éclats criards de nos écrans nous invitent chacun à se renfermer dans nos bulles où chacun est semblable). Elle suggère tout cela. Avec également cette part autobiographique que l'on sent, cette langue qu'elle comprend encore mais qu'elle ne sait plus parler, comme un hommage au pays d'où elle vient, la Syrie, et qu'elle a quitté à six ans.



J'ai surtout retrouvé cette flamme, cette intensité dans son regard, comme ce matin-là dans cette belle vidéo, cette sincérité, cette sensibilité qui transcendait chacun de ses mots.



La prochaine fois qu'on se verra, j'espère qu'on se dira quelques mots.

En arabe.
Lien : http://www.nicolashouguet.co..
Commenter  J’apprécie          10
Arabe

"Arabe" de Hadia Decharriere

Éditions JC Lattès

Coup de coeur des lectrices Femina Avril 2019

Parution le 06/02/19



C'est étrange n'est ce pas ? Un réveil hors du commun pendant lequel une nouvelle langue fait irruption dans une vie ! Quelle fut la surprise de Maya qui decouvre soudainement qu'elle parle l'arabe. L'étrangeté de ce phénomène soudain et mystérieux la fragilise. L'interloque.



Lorsqu'elle sort ou se rend dans un magasin, ces mots lui viennent tout naturellement. Comme une évidence. Comme une langue maternelle courante, qu'elle connaîtrait depuis toujours.



"Ce jour-là, c'est une orientale qui est venue s'attabler à la 12, une méditerranéenne comme il y en a tant dans son restaurant, une française qui, le temps d'un instant, ne semble plus l'être."



Maya se pose alors beaucoup de questions. Se regardant dans un miroir, à la recherche de traits et de signes qui pourraient faire d'elle cette personne orientale qu'elle ne soupçonnait pas être. Une nouvelle femme.



"Bataclan. La pièce ne pouvait pas s'appeler autrement. Dans la salle il faisait noir, le métal des aigles s'apprêtait à devenir la bande originale d'une centaine de mises à mort."



Un retour sur des événements tragiques, qui ont bousculé tant de vies, d'êtres, provoquant tant de ruptures et de souffrances. Un souvenir ?



"Parler une nouvelle langue, comme ça, comme par magie, depuis ce matin Maya s'émerveille de ses nouvelles capacités..."



Et puis finalement, Maya s'y fait, à cette situation, à son nouvel état, et si cela s'avérait utile ? En faire bon usage.

Mais les interrogations trop nombreuses l'emportent et c'est ainsi que Maya se lance dans une quête sur son identité. Qui est-elle ? Que lui arrive-t-il ? Est ce d'ordre médical ?



"Une vieille nourrice algérienne, qui aurait aimé Maya comme sa propre fille et que l'on aurait renvoyée pour une raison obscure..."



"La petite princesse du désert. La gazelle. Avec ses yeux bleus, elle sort forcément d'un conte de légendes qui dure une nuit de plus que mille."



J'ai été troublée par cette histoire captivante. Je me suis identifiée à Maya, me suis mise à sa place pour vivre ce phénomène comme elle, avec elle. Se sentir différente, attachée à une autre culture, un autre soi. Une lecture extraordinaire, Hadia Decharriere est une vraie conteuse d'histoire. Coup de coeur incontournable !!



https://littelecture.wordpress.com/2019/04/07/arabe-de-hadia-decharriere/
Commenter  J’apprécie          10
Arabe

Je viens de finir ce curieux petit roman de Hadia Decharriere et il m’est difficile de m’en faire un avis tant celui-ci sort de l’ordinaire.



L’histoire commence un beau matin, alors que Maya se réveille aux côtés de l’homme qu’elle aime. Mais alors qu’elle veut simplement lui dire bonjour, heureuse de retrouver sa chaleur, elle est surprise par les mots qu’elle prononce. En arabe. Dans une langue claire et limpide, dénuée du moindre accent français. La jeune femme n’a pourtant aucune origine orientale, n’a même jamais mis les pieds au Liban, en Syrie ni même au Maroc. Comment peut-elle alors maîtriser si soudainement cette langue, sans jamais avoir fait l’effort de l’apprendre ? Passées les premières minutes où le langage se fait jeu et dévoile tous ses secrets, Maya s’interroge. Et si cette capacité soudaine était le signe d’un dysfonctionnement physique ?



Le lecteur est alors invité à suivre Maya durant cette longue journée si particulière. Comme un cadeau inespéré, la maîtrise de l’arabe lui permet d’observer son existence avec un tout autre point de vue. Entre déambulations parisiennes et vagabondage à travers ses souvenirs, la jeune femme nous offre sa réflexion sur la place de l’arabe dans la société occidentale. Je crois que ce n’est pas un roman qu’il faut lire pour son histoire, car après la surprise des premières pages, la vie quotidienne reprend son cours. Attention, ne vous méprenez pas, je ne nie pas la richesse de la banalité de nos existences, mais là n’est pas l’intérêt du roman. Ce qui compte le plus dans ce récit, c’est bien la réflexion du personnage de Maya qui se sent subitement une femme arabe : sexualité, rapport au corps, exclusion ou sentiment d’appartenance, voilà quelques-uns des thèmes abordés dans ce roman. J’aurais même aimé que ces observations, d’une richesse infinie, soient davantage développées, la fin arrivant un peu trop rapidement à mon goût. Je vous laisse sur ces derniers mots. N’hésitez pas à me donner votre retour sur ce surprenant objet littéraire.
Commenter  J’apprécie          10
Grande section

Une mère s'autorise pour les 6 ans de sa fille à libérer ses propres souvenirs d'enfance quand elle avait entre 5 et 6 ans et en particulier la mort de son père. Le sujet est difficile bien sûr mais il est servi par une écriture si énergique, et drôle aussi que l'on passe du rire aux larmes en permanence. Les souvenirs de cet enfant sont précis quand ils passent par les sens : l'ouïe, la vue et surtout l'odorat : la description des aliments qui sont délicieux et qui pourtant sentent mauvais est géniale.
Commenter  J’apprécie          10
Grande section

Il faut suivre cette auteure : elle a du talent !

Elle nous raconte avec émotion et finesse son enfance mouvementée et bouleversée par la mort de son papa lorsqu'elle avait 6 ans. C'est une véritable déclaration d'amour qu'elle lui adresse ici, en évoquant également la nostalgie, la quête identitaire et le déracinement.

Il y a dans ce livre libérateur beaucoup de clins d'oeil à la culture populaire des années 70-80, cela m'a parlé.

Son écriture est fluide, elle sait trouver les mots justes.

Commenter  J’apprécie          10
Grande section

Un premier Roman bouleversant et extrêmement bien écrit. La très jeune auteure nous plonge dans l'émotion et nous fait lire d'une traite ce témoignage bien vu des années 80. On passe du rire aux larmes. Talent à découvrir absolument.
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Hadia Decharrière (99)Voir plus

Quiz Voir plus

Des mots français venus d'ailleurs avec des indices

Amour, jouvence, longue vie... Une vraie potion magique ! On cherche un mot d'origine arabe.

élixir
essence
huile
liqueur

12 questions
84 lecteurs ont répondu
Thèmes : vocabulaire , origine des motsCréer un quiz sur cet auteur

{* *}