AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Hadia Decharrière (46)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Formol

J'imagine que ce roman doit avoir un intérêt, mais lequel ? En fait, a-t-il vraiment un intérêt ?



Paul, médecin légiste cinquantenaire, se retrouve à suivre une thérapie avec Alma, jeune interne dans l'hôpital où ils exercent tous les deux. Lors de leurs rendez-vous hebdomadaires, ils essaient de se connaître l'un et l'autre, mais les informations extirpées à Paul sont plutôt rares et peu engageantes. Pourtant, on affirme au lecteur qu'il a un "problème", qu'il a tendance à s'enfuir à l'intérieur de lui-même... (un moindre mal que l'on peut probablement régler avec une bonne prescription d'ISRS, mais des comprimés de Zoloft auraient été moins glamour que des rendez-vous avec une jeune interne, j'imagine)



Entre le médecin et l'interne se nouent une relation ambiguë, amoureuse/obsessionnelle, etc, etc. (Pour obtenir plus de détails sur l'intrigue, je vous suggère de regarder la série Grey's Anatomy)



Propos plats, rythme interminable, personnages creux (Alma, figure de la jeune femme torturée et mystérieuse, est à peine traitée comme un réel personnage, en comparaison de l'importance donnée à ce bon gros Paul).



A lire, éventuellement, si vous désirez en apprendre un peu plus sur la dissection.
Commenter  J’apprécie          10
Formol

Hadia Decharrière semble être l’intermédiaire parfait pour dévoiler au monde cette intrigue psychologique étonnante, originale et travaillée. Avec elle, nous découvrons les limites de l’esprit grâce à un duo amoureux riche en couleur et en rebondissements.
Lien : https://actualitte.com/artic..
Commenter  J’apprécie          10
Formol

Transfert, contre-transfert, angoisse, névrose, psychose… Dans "Formol", le vocabulaire psychanalytique, de registre scientifique, n’entre pas en conflit avec la fiction, lui donne au contraire un charme trouble.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
Commenter  J’apprécie          00
Formol

°°° Rentrée littéraire 2023 # 25 °°°



Paul, médecin légiste reconnu, marié deux enfants, prend la voiture en pleine nuit pour l’autopsie d’un cœur de jeune femme trouvée dans un ravin. Dans quelques heures, il va avoir 50 ans, l’âge que sa mère n’a jamais atteint et qu’il pense ne jamais atteindre. Durant tout le trajet, son esprit divague dans le passé et se fixe plus particulièrement sur Alma, interne en psychiatrie, qui le fascine depuis leur rencontre quelques mois auparavant, ouvrant un gouffre dont il se croyait libéré.



Dès les premières pages, le lecteur est immergé dans l’imbroglio psychique de cet homme complexe, sombre, plein de névroses, cadenassé entre vulnérabilité dépressive et hypersensibilité ( il est atteint d’hyperosmie ), dans sa saisissante rencontre avec Alma, personnage tout aussi borderline que lui. Alma intervient en narratrice en quelques chapitres, voix en contre-temps qui n’éclaire pas plus le récit tellement les deux semblent être des narrateurs peu fiables par leur ambiguïté.



On a souvent l’impression d’être dans un film de David Lynch, particulièrement Inland Empire ( pour les flux de pensées, les obsessions, les visions qui traversent le cerveaux des deux protagonistes ), Lost Highway ( pour la conduite nocturne qui devient un dédale mental dont on ne sait s’il mène à un cul-de-sac, une épiphanie ou à une catabase ), on encore Mulholland Drive ( pour le jeu réalité / fantasme, ainsi que les mondes parallèles qui s’offrent à Paul, son épouse d’un côté et Alma ).



Par sa forme et son fond en symbiose, la proposition est audacieuse, déstabilisante, sans concession. Une tension oppressante assaille le lecteur. La mort est omniprésente, avec ses conséquences physiques et organiques décrites de façon très crues sous l’angle de la pratique légiste de Paul. Il y flotte une atmosphère étrange et inquiétante, à l’image des dialogues entre Paul et Alma :



« D’où je me situe, assis en face de vous, j’ignore votre odeur. Un jour, peut-être allons-nous nous retrouver dans une situation différente, vous serez plus près de moi, et je saurai l’odeur de votre épiderme. Et ce qui me frappera sur le moment, c’est l’idée que cette odeur qui est la vôtre vous survivra dans ma mémoire. Le sang est d’une constance inégalable. Que votre fin soit brutale ou paisible, que le corps vidé de sa vie soit celui d’un enfant ou d’un vieillard, son contenu produira la même odeur dégueulasse. L’odeur de sang efface la hiérarchisation des morts. Mais l’odeur des vivants, celle qui permet l’identification les yeux fermés, parce qu’elle perdure rend intolérable l’instant qui suit la disparition. »



Le texte dérange, sortant le lecteur d’un certain confort mainstream. J'ai encore du mal à savoir si j'ai totalement apprécié cette proposition littéraire radicale, mais ce qui est sûr, c'est qu'on y repense, qu'elle hypnotise à défaut d'un plaisir immédiat.

Commenter  J’apprécie          10112
Formol

Merci à la FNAC et à Alma éditeur pour cette lecture pendant le prix Littéraire FNAC 2023.



Ce roman a été très intéressant à décortiquer.

C'est très psychologique et on est souvent en train de se demander, à quel moment peut-on basculer dans ses propres traumas et ses angoisses ? Comment peut-on résister à ceux-ci ?

Deux des personnages sont des intrigues à eux seuls et j'ai bien aimé suivre leur évolution, leur développement.



J'ai bien aimé cette intrigue qui se déroule lentement mais sûrement, mais je n'ai pas eu de grande surprise quant au dénouement.
Commenter  J’apprécie          70
Formol

Coup de coeur pour ce roman profond et élégant qui ne peut pas laisser indifférent !

J'ai beaucoup aimé ce roman construit comme un polar sans en être vraiment un, car il s'agit surtout d'une fine autopsie d’une rencontre entre deux êtres, Paul et Alma, qui ont en commun d’être des morts-vivants, lui dans son institut médico-légal, elle, dans son unité de psychiatrie. Ils se rencontrent à l’hôpital dans le cadre d’une thérapie pour Paul. Au fur et à mesure des séances, Alma et Paul vont entrouvrir leur carapace, se dévoiler l'un à l'autre. Chacun à son tour, ils revivent les étapes de leur rencontre et par là-même leurs choix de vie. Ce récit à deux voix est construit comme une fugue musicale car les deux voix, sans jamais dialoguer, se suivent, se superposent dans le mouvement de fuite caractéristique de la fugue.

A travers les personnages de Paul et Alma, l'autrice questionne notre rapport à la mort qui définit l’art de vivre de chacun de nous. Ce roman est loin d'être sombre et est servi par une belle écriture subtile et précise. Hadia Decharriere a l'art de rendre palpables les différentes sensations et émotions de ses personnages en privilégiant le domaine olfactif et en minimisant les descriptions visuelles.

Un poignant hymne à la vie à lire absolument et surtout à relire!
Commenter  J’apprécie          20
Formol

L’histoire en elle-même est banale : un médecin légiste tombe amoureux d’une interne en psychiatrie ! Dit comme ça, le sujet est vite refermé. Mais c’est sans compte sur le charisme des personnages et en partie du légiste qui-même, personnalité atypique, qui a choisi cette spécialité pour des raisons que l’on peut comprendre mais qui font partie du cortège de singularité de sa personnalité. Il est sombre, semble dénué d’affects, bien qu’il mène une vie rangée et ordinaire, marié, menant une vie sociale normale.





La rencontre avec Alma constitue une sorte de catharsis, une révélation de lui-même autant par ce que leurs échanges fait parvenir à sa conscience que par le magnétisme de la jeune fille, qui fait écho à une autre Alma, célèbre dans le monde de la musique



Alma disparaît brutalement, Paul part sur ses traces …





Le mystère et le magnétisme de Paul exercent un pouvoir attractif important au coeur de cette histoire sans relief. Malheureusement, avec la progression de la lecture l’intérêt s’étiole et j’ai fini lassée par la platitude du propos.





206 pages Alma 25 Août 2023


Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          531
Formol

Découvrir l'autrice avec ce roman! Et je n'ai pas été déçue. C'est un roman très bien écrit, original et mystérieux, nostalgique et mélancolique.



Paul, qui a l'habitude de vivre sa vie millimétré au centimètre près, ou rien ne dépasse, où il contrôle, ou il ne veut pas être surpris car il déteste ça, va se retrouver confronter a lui même et à ses émotions.

Celles là même, qu'il n'a pas l'habitude de convoquer, qui sommeillent en lui, sans jamais le déranger.

Ironie du titre, quand on sait que Paul est médecin légiste, et que la fonction première du "formol" est de conserver.

Il aurait voulu certainement garder, conserver pour lui tout ce qui se joue dans son psychisme..



Entre désir, choix de vie, pulsions et Rencontre, Paul va pour la première fois devoir jauger un être des plus complexes: lui même. Sa rencontre avec Alma, va le bouleverser au plus haut point. Va le remuer a tel point qu'il en perd ses repères.



Un très beau roman avec une très belle plume !



Merci aux éditions Alma @almaediteur pour l'envoi ✨🙏

Commenter  J’apprécie          20
Formol

Un roman qui devrait se lire d'une traite pour s'imprégner de toute la tension et la mélancolie incarnées par Alma et Paul. Pour se laisser happer par la plume de Hadia DECHARRIERE. Une plume qui nous embarque dans cette course lente entre la vie et la mort. Une course où l'on voit la vie à travers la mort et la mort dans la vie. Une plume qui nous entraine sur la hauteur des crêtes qui donnent le tournis et dans les profondeurs marines qui coupent le souffle. Une plume qui nous fait fleurter avec la folie... avec la réalité... avec cet instant de bascule qui peut être imprévisible... une bascule qui peut être si fugace...



Un roman choral où Paul, un soir d'été roule vers une nouvelle rencontre avec la mort. Lui, le médecin légiste habitué à ces rencontres, ne sait pas à quoi s'attendre. un trouble l'étreint tout au long du trajet. Un trajet où réalité et fantasme vont cohabiter.

Et puis Alma, interne en psychiatrie qui a disparu. Du jour au lendemain, sans donner de nouvelles - ou presque. Alma qui était devenue la psychiatre de Paul.

Serait-ce vers elle que roule Paul ?



Un roman dans lequel on passe avec talent des hauteurs des sphères psychiques aux profondeurs des corps sans vie.

Commenter  J’apprécie          50
Formol

laborieux et trop bavard à mon goût ce qui m’a empêché la moindre empathie envers le héros, qui en même temps en suscite extrêmement peu à la base !

c'est le premier roman de cet auteur que je découvre et je n'ai pas vraiment envie d'en lire d'autres... dans l'immédiat.

Commenter  J’apprécie          20
Formol

In the mood for…mystère intime.

Paul est médecin légiste dans un grand hôpital de la Côte d'Azur. Il dîne entouré de sa femme et d'amis de longue date quand il reçoit un appel. Un accident, un corps à autopsier. Au volant de sa voiture qui file dans la nuit vers le lieu du drame, Paul s'anesthésie de souvenirs, depuis sa première autopsie jusqu'à son besoin de plonger pour respirer. Il suture son quotidien normé, sans joie, sa fascination pour la mort, sa rencontre bouleversante avec Alma.



La voix d'Alma, brillante psychanalyste qui travaille elle aussi à l'hôpital et qui a disparu depuis plusieurs semaines, est elle aussi présente, en contrepoint de celle de Paul.



Les habitudes, les certitudes, les apparences sont audacieusement disséquées par Hadia Decharrière. De son écriture tranchante, l'autrice nous propose une descente dans les abysses des paradoxes humains, sans jamais masquer la plaie d'une compresse. Comme les voix des deux protagonistes qui s'expriment en écho, la vie, le désir et la mort flirtent sur le fil. Les esprits et les corps tantôt saignent, tantôt sont engourdis, entre choix de vie et pulsions.



Ce texte intelligent et mystérieux, sur un thème rarement si bien passé au scalpel, est très bien écrit et vibre d'une atmosphère singulière.
Lien : https://www.instagram.com/in..
Commenter  J’apprécie          30
Grande section

La rentrée des classes voilà qui parle à tout le monde mais pour Hadia Decharrière, la rentrée des classes et plus précisément celle de sa fille, en grande section de maternelle, a eu une couleur et une saveur particulière: celles des souvenirs de sa propre enfance. Petite fille ballotée entre la Syrie, la France et les Etats-Unis au gré des affaires paternelles, l'année de ses 6 ans est l'année où sa vie bascule. Trente ans plus tard, la rentrée de sa fille agit sur elle comme le déclencheur d'une bombe à retardement, les souvenirs affluent, elle peut enfin dérouler les événements et mettre des mots sur ce qu'elle a ressenti et enfoui jusqu'à ce jour. Ce premier roman autobiographique écrit à la 1ère personne du singulier est magnifique. C'est un cri d'amour. Les mots coulent avec fluidité, servis par une langue simple et précise, et on est embarqué immédiatement dans l'histoire. J'avais entendu une interview de l'auteur à la radio et lu celle qu'elle avait donnée à @agathe.the.book sur Instagram, les deux avaient piqué ma curiosité. Le livre est à la hauteur de ce qui en a été dit. Un auteur à suivre ...
Commenter  J’apprécie          00
Grande section

Voici un livre plein de nostalgie. L'entrée de sa fille en grande section de maternelle ramène l'auteure à sa propre enfance, sa propre grande section.







Née à Koweil de père syrien et de mère libanaise, l'enfance de l'auteure a été marquée par les changements : ainsi, elle vivra à Cannes, à Damas, à San Diego, à Paris. Ayant perdu son père à six ans et ayant vu son enfance bouleversée par ce décès. Alors qu'elle a enchaîné les déménagements et rythmes de vie dans on enfance et s'est vue déracinée non par ces changements de lieu mais par la mort de son père, la dépression de sa mère, la trahison familiale, sa fille, elle, vit une toute autre enfance. Le livre entier est construit sur ce parallèle où se mêlent les souvenirs à l'instant présent, où le quotidien d'une enfant fait écho celui d'une autre.



Il y a beaucoup d'émotion et de sincérité dans ce livre teinté de la culture des années 80. Il est intéressant de découvrir ou re-découvrir celle-ci à travers les souvenirs d'une petite fille. Déroulant ses souvenirs, l'auteure ainsi, redonne un peu de vie à son père disparu et c'est là un bel hommage, ainsi qu'un très joli cri d'amour à sa fille. Il est intéressant aussi de constater à quel point certaines périodes de la vie de nos enfants font écho à la nôtre, plus que d'autres, et d'en chercher les raisons. Que transmet on de notre propre enfance ?



Un livre qui se lit avec émotion, avec nostalgie et que j'ai pris plaisir à découvrir.
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
Commenter  J’apprécie          00
Arabe

Comment réagissiez-vous si un matin, vous vous reveillez et que, d'un seul coup, vous vous mettez à parler une langue étrangère ? De plus de la parler, vous compreniez tout ce que vous dites. Et si c'était le cas, recherchiez-vous pourquoi celà arrive?

Ces questions sont la base du roman d'Hadia Decharriere "Arabe".

Maya se reveille un matin et se met à parler l'arabe. Comme si elle l'avait toujours parlé. Interloqué, son mari lui fait répéter ses premiers mots. mais maya ne sent rend pas compte tout de suite. Oui pour elle, c'est naturelle.

Alors s'engage pour maya un questionnement, des analyses médicales et de l'aide.

Mais pourquoi se met-elle à parler l'arabe alors qu'elle n'a aucune origine magrébine ? En effet, Maya à 28 ans, blanche et française. Aucun lien familiaux avec un membre de sa famille qui viendrait de l'orient.

Maya va donc partir à la recherche de ses origines afin de répondre à ce nouveau langage.

Ce roman qui à un petit air de petite fiction, se lit comme un récit d'une femme à la recherche de son identité.

Il se lt agréablement et rapidement. Avec une idée de départ originale et drôle, j'ai trouvé que ce récit manquait un peu de cocasserie. Car malheureusement, je me suis lassé très vite dans cette histoire.

Commenter  J’apprécie          40
Arabe

Hadia Decharrière signe un roman comme une quête de soi, comprendre ce que l’on est lorsque d’un coup notre identité semble être une autre. C’est ce qui arrive un matin à Maya, une jeune femme Française, parle et comprend une nouvelle langue : l’arabe.

C’est une plongée dans un monde nouveau, le temps d’une journée, un Orient que Maya tente de comprendre. Quelle relation peut-elle bien avoir avec cette langue étrangère, devenue pour elle maternelle alors que rien dans son entourage ni dans sa vie ne la prédisposait à cela ?

Elle cherche des réponses autour d’elle, auprès de ses parents, de son petit-ami, de la science – et se pose une question fondamentale : mais qui est-elle véritablement ?



Depuis que j’ai découvert Hadia Decharrière avec son livre, « Grande Section », je suis bouleversée par sa plume qui est intense et incisive, les mots justes et profonds. Une manière bien à elle de raconter cette mémoire humaine individuelle et collective, qui appelle à la transmission et qui conjugue présent et passé.



C’est un roman qui agit comme un éveilleur de conscience et qui dit des choses vraies, parfois de manière crue, dans ce style unique de l’auteure.

J’ai cependant été déçue car je n’ai pas su m’imprégner de l’histoire comme je l’aurais souhaité, le roman est original, les péripéties sont étonnantes et le dénouement inattendu, mais il y a un mais avec un sentiment désagréable d’être passée à côté de quelque chose.
Commenter  J’apprécie          30
Arabe

Un jour, mon amie Layla me dit que son prénom veut dire "la Nuit". Je me souviens de ma surprise et mon émerveillement, qu'une langue dont j'ignorais tout m'ouvrait un monde de références. Il était beau sur elle, ce clin d'oeil étoilé. C'était comme un bijou. Il la racontait déjà ce baptême. J'avais l'impression qu'elle m'avait dévoilé un mystère, la clé de sa beauté. De la poésie pure dans le simple fait de se nommer. Et un ailleurs qui s'ouvre.



C'est la première pensée qui m'a étreint en commençant le second roman de Hadia Decharrière, Arabe, paru chez J.C Lattès. Je voulais la découvrir depuis longtemps. Depuis son premier roman. Je croisais son regard parfois. Elle était pour moi fugitive comme une passante baudelairienne. J'aurais aimé lui parler. J'aurais aimé la rencontrer. Plusieurs fois on s'est manqués, comme si tout conspirait contre nous.



Et puis un matin, j'ai vu cette vidéo. Je l'ai trouvée magnifique. Elle y parlait d'un livre de Modiano, en équilibre sur une émotion intense, choisissant chaque mot pour être au plus proche de ce qu'elle éprouvait dans une sincérité concentrée, réfléchie, lucide et bouleversante. Totalement émouvante. La littérature était vitale quand elle vibrait dans sa voix et dans son regard. Elle la vivait de la même manière que moi. Elle lisait un extrait. Le finissait les larmes aux yeux. Moi aussi devant elle et par écran interposé.



Ce matin-là, j'ai décidé de la lire.









Maya se réveille un matin en parlant couramment arabe. Elle qui semble pourtant si loin de cet orient va passer sa journée à explorer cette nouvelle facette de son identité. D'une manière presque allègre d'abord, elle va observer son monde sous cette nouvelle lumière, cette nouvelle couleur. Elle va découvrir des mots, des saveurs, des convictions. Découvrir des pans entier de son histoire et de son intimité, découvrir d'autres dimensions de sa beauté, découvrir des indices disséminés dans son quotidien de cette autre partie du monde que bien souvent on tente d'étouffer dans une forme d'assimilation. Elle découvre des secrets également, révélés par son identité soudainement multiple qui interroge ses racines, ses origines.



L'unité de temps dans laquelle Hadia choisit d'inscrire son récit lui permet d'éviter la lourdeur d'un roman à thèse. On commence presque dans un univers de conte, comme un jeu d'enfant. Maya est costumière, vit avec un acteur. Il y aura toujours une dimension ludique et incrédule à sa découverte de l'arabe. Elle est toujours au bord du sourire et de l'incongru. Elle est résolument solaire. Elle découvre son don comme un pouvoir enfoui. Comme une part d'elle-même soudainement mise à jour, un trésor qu'elle s'approprie.



Ce roman linguistique s'enivre de ses nouveaux sons, de ses nouveaux horizons, de cette nouvelle tradition qui bouleverse tous les rapports qu'entretient cette héroïne avec sa réalité. Elle en découvre une nouvelle interprétation. Avec ce regard presque enfantin qui devient le vôtre quand vous êtes en voyage et que le présent devient un émerveillement permanent, une surprise, une exploration à chaque carrefour. On tombe dans la musique d'une langue comme on tombe amoureux d'un être que l'on n'a jamais vu sous cet angle auparavant. On apprend pas un nouveau langage. Il fait déjà partie de soi. On en connait instinctivement la pulsation, et cette autre voix que ces phonèmes lointains nous donne. On se découvre, on s'enrichit dans ce nouveau miroir.



On chemine avec l'énergie de Maya comme dans un film de la Nouvelle vague. On rit avec elle dans un sex-shop. On se révolte avec elle quand elle approche des problèmes qu'elle n'aurait sans doute jamais abordés (l'excision notamment). On se souvient de la magie proustienne qu'il y a dans les mots, juste à imaginer tous les univers qu'ils renferment, tous les silences qu'ils brisent et les vérités qu'ils permettent. On entend cette voix étrange de l'arabe qui, certains paragraphes, vient briser le monologue de Maya pour s'élever comme une conscience plus ancienne. La naissance, qu'elle finit par questionner, et la face cachée de ses parents insoupçonnables qu'elle finit par mettre au jour.



Découvrir une autre langue, c'est dévoiler différemment tout ce qu'on croyait connaitre. D'autres coutumes, d'autres costumes, d'autres signes, d'autres croyances et d'autres masques, se convertir à d'autres sensations. C'est découvrir en soi toute une part ignorée. Un rythme et une chorégraphie de mots qu'on ne pensait pas contenir.



Cela pourrait être une fable. Un film de Woody Allen. Ce joli film de Coppola, Peggy Sue s'est mariée, où l'impossible remet en cause toutes les vraisemblances qui président à nos vies. Ces légers décalages qui permettent au cinéma et à la littérature de nous aborder autrement avec une justesse élégante et gracieuse, de nous poser des questions profondes sans nous asséner de théories ou de dogmes. Ici on ressent tout avec raffinement. Hadia, en peu de pages, dit un état d'âme et un état du monde. Un engagement discret et humaniste, une manière d'entendre ce qui est rendu sourd. Tout finit par résonner dans la voix de son héroïne.



En décrivant la journée de Maya, Hadia finit par décrire une conscience de l'humain dans sa diversité. La complexité de son identité. L'ouverture en soi nécessaire pour en saisir encore toutes les richesses (quand le fracas et les éclats criards de nos écrans nous invitent chacun à se renfermer dans nos bulles où chacun est semblable). Elle suggère tout cela. Avec également cette part autobiographique que l'on sent, cette langue qu'elle comprend encore mais qu'elle ne sait plus parler, comme un hommage au pays d'où elle vient, la Syrie, et qu'elle a quitté à six ans.



J'ai surtout retrouvé cette flamme, cette intensité dans son regard, comme ce matin-là dans cette belle vidéo, cette sincérité, cette sensibilité qui transcendait chacun de ses mots.



La prochaine fois qu'on se verra, j'espère qu'on se dira quelques mots.

En arabe.
Lien : http://www.nicolashouguet.co..
Commenter  J’apprécie          10
Arabe

Ce roman est très original. C'est une très bonne manière d'aborder une sensation d'étrangeté. La façon dont la perception des choses change en même temps que la langue est très bien décrite.
Commenter  J’apprécie          00
Arabe

Un matin Maya découvre qu’elle peut, qu’elle sait parler arabe. D’où lui vient cette faculté linguistique, elle qui est née de parents français de souche et qui n’a jamais appris cette langue ? Est-ce physiologique ? Maya passe un test sanguin. Est-ce héréditaire ? Et dans ce cas-là, Maya est-elle la fille de son père ? Maya se promène alors dans ses pensées, ces mots nouveaux, ces consonances inconnues qu’elle prend plaisir à prononcer et dans Barbès, quartier de Paris qu’elle n’a jamais osé traverser jusqu’ici. Qui est-elle désormais ? Son père lui révélera son terrible secret.

Arabe est un joli petit roman, au style léger, aérien. Un loukoum littéraire qui questionne mine de rien des questions d’identité, d’altérité et de transmission familiale.
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
Commenter  J’apprécie          20
Arabe

Maya, jeune femme de vingt-huit ans, fille unique d'un couple de pharmaciens cannois, se réveille un matin, parlant couramment l'arabe.

Cet événement incompréhensible va bouleverser sa vie, ainsi que celle de son entourage. Recherchant tout d'abord une cause médicale pouvant éclaircir ce mystère, elle va progressivement s'interroger sur son identité et ses origines, ses aspirations et ses goûts.

"S'exprimer dans une langue qui n'est pas la sienne avec tant d'aisance, sans jamais l'avoir apprise, sans y avoir été baignée dès la plus tendre enfance, fait-il de son passé, de ses racines, une nouvelle ignorance ? Qui est-elle depuis ce matin ?".

Puis les rencontres lui permettent de s'immerger dans ce nouveau monde, d'évaluer dans quelle mesure elle aussi peut être arabe...



Bien que l'écriture soit belle et le style simple et alerte, la lecture de ce livre ne m'a pas passionnée. On pourrait dire que je l'ai dégusté tant mon temps de lecture fut long mais ce n'est pas le cas. En débutant la lecture de ce roman, j'ai cru entamer un conte métaphorique, d'où ma déception surement.

En effet, certains passages m'ont paru longs et peu construits. Seule la dernière partie du livre, plus sensible, rattrape le récit.

Les thèmes de l'exil, de la mémoire et de la transmission sont abordés de façon habile, pourtant je m'y suis ennuyée.

A moins que je n'ai pas compris toutes les subtilités du texte !?!..
Commenter  J’apprécie          21
Grande section

Je n'ai malheureusement pas tellement apprécié ce livre, alors que le thème et l'écriture me plaisaient... Je m'ennuyais, je suis restée à côté, parfois un peu agacée par les changements d'époque brutaux.

La fin quand même m'a plus intéressée, plus touchées que le reste du roman.
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Hadia Decharrière (99)Voir plus

Quiz Voir plus

Céleste ma planète

De quelle forme sont les tâches qu'à Céleste sur le corps ?

en forme triangulaire
en forme de pays ou de continents
ce sont des points
ces tâches n'ont pas de forme

10 questions
988 lecteurs ont répondu
Thème : Céleste, ma planète de Timothée de FombelleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}