Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv :
https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
L'un des derniers vrais tabous de nos sociétés, c'est l'héritage. Une très grosse somme d'argent vous tombe soudain dessus. Tant mieux. Mais que feriez-vous si vous appreniez que cet argent n'est pas vraiment propre ?
« Richesse oblige » d'Hannelore Cayre, c'est aux éditions Métailié.
+ Lire la suite
- Ecoutez : ma mère va mourir dans les jours qui viennent. On l’a amenée dans un service soins palliatifs, il y a deux heures, pour une sédation profonde. Je pense que ça vous parle, vous qui aimez les bêtes. J’en ai amené deux à piquer alors je sais ce que c’est. Ils vous regardent quand on les endort et luttent pour que leurs yeux ne se ferment pas. Et vous savez pourquoi ? pour emmener avec eux une image de vous parce qu’ils vous chérissent et savent qu’ils ne vous verront plus. C’est intelligent un chien, c’est pas comme les gens… Ma mère n’aura même pas la chance d’un chien.
Il suffisait d’avoir lu Balzac, Zola ou Maupassant pour ressentir dans sa chair que ce début de XXIe siècle prenait des airs de XIXe. Il y avait bien sûr la disparition progressive des services publics, mais pas seulement. Après un XXe siècle qui avait connu deux conflits mondiaux et glorifié l’aventure entrepreneuriale et les diplômes, la part des revenus du travail dans les ressources dont une personne disposait au cours de sa vie s’était mise à reculer pour arriver exactement au même niveau qu’à l’époque de mon ancêtre Auguste.
A moins d'être un total détraqué, on pénètre dans un EPHAD avec l'obsession d'en ressortir au plus vite.
PDG, un mot qui ne s'emploie plus aujourd'hui pour désigner un métier , comme dans "Il fait quoi ton papa? Il est PDG..., mais dans les années 70, ça se disait. Ça allait avec le canard à l'orange, les cols roulés en nylon jaune sur les jupes-culottes et les protège-téléphones en tissu galonné.
On pouvait même dire sans exagérer que ça débordait de toute ma personne comme un égout après l'orage. Je m'observais en détail. Mes seins, mes cuisses, mes bras … tout était devenu une cause perdue. Mon corps entier appelait au secours. Je devais me rendre à l'évidence : je devenais vieille.
Il faut dire qu’ils avaient tout perdu, y compris leur pays. Il ne restait plus rien de la Tunisie française de mon père, rien de la Vienne juive de ma mère. Personne avec qui parler le pataouète ou le yiddish. Pas même des morts dans le cimetière. Rien. Gommé de la carte, comme l’Atlantide. Ainsi avaient-ils uni leur solitude pour aller s’enraciner dans un espace interstitiel entre une autoroute et une forêt afin d’y bâtir la maison dans laquelle j’ai grandi, nommée pompeusement « La propriété ». Un nom qui conférait à ce bout de terre sinistre le caractère inviolable et sacré du Droit ; une sorte de réassurance constitutionnelle qu’on ne les foutrait plus jamais dehors. Leur Israël.
L'actrice [...] s'est spontanément assise à mes côtés pour me demander ce que je voulais faire quand je serais plus grande.
- Collectionneuse de feux d'artifices .
A l'époque, on parlait beaucoup du créationnisme aux Etats-Unis et on pouvait lire des conneries du genre: les dinosaures ont disparu parce qu'ils étaient trop lourds pour monter sur l' arche de Noé.
Racistes de tout bord, sachez que la première et la dernière personne qui vous nourrira à la cuillère et qui lavera vos parties intimes est une femme que vous méprisez !
Des filles naïves qui se faisaient mener par le bout du nez.
...leurs salauds de maris leur parlaient comme à des chiens...
A celles-là, je racontais ce que j'avais entendu dans mes écoutes. A quel point elles étaient prises pour des connes, afin qu'elles cessent d'aller deux fois par semaine au parloir chargées comme des mules de sacs de linge.