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Citations de Hans Jonas (45)


Il faut pourtant pas céder au fatalisme, la panique apocalyptique ne doit jamais nous faire oublier que la technique est l'oeuvre de notre liberté humaine et que ce sont les actions engendrées par cette liberté qui nous ont conduits au point où nous sommes actuellement.
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L'univers de Pascal, il est vrai, était encore un univers créé par Dieu, et l'homme solitaire, dénué de tous accessoires humains, pouvait encore élever son cœur vers le Dieu d’outre-monde. Or ce Dieu est par essence un Dieu inconnu, un agnôstos théos, et l'on ne saurait le discerner dans le témoignage de sa création. L'univers ne révèle pas le but du créateur par le modèle que propose son ordre, ni la bonté du créateur par l'abondance des choses créées, ni la sagesse du créateur par leur convenance, ni la perfection du créateur par la beauté de ce tout ; tout ce qu'il révèle, par sa magnitude, c'est la puissance du créateur, son immensité dans l'espace et dans le temps. Car l'extension, ou le quantitatif, est le seul attribut essentiel qui reste au monde ; il s'ensuit que si le monde a quelque chose à dire du créateur, c'est au moyen de cette propriété qu'il le dit : et ce dont la magnitude peut témoigner, c'est la puissance(1).

(1) Voir Pascal, au même passage : « Enfin, c'est le plus grand caractère sensible de la toute-puissance de Dieu, que notre imagination se perde dans cette pensée » (à savoir, la pensée de l'immensité des espaces cosmiques). (p. 422)
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Dans l'extase spirituelle se confondent anéantissement et divinisation de la personne, qui est censée éprouver la présence immédiate de l'essence acosmique.

Chez les gnostiques, cette transfiguration vécue dans le face-à-face, c'est la gnôsis au sens le plus élevé du terme, et aussi le plus paradoxal, puisqu'elle est connaissance de l'inconnaissable (...) la gnôsis théou, la connaissance mystique de Dieu ou contemplation immédiate de la réalité divine, est en elle-même un gage de la Consommation à venir. Elle est la transcendance devenue immanente ; et quoique l'homme s'y soit préparé par des actes qui le modifient et font naître en lui la disposition voulue, le résultat lui-même tient à l'activité et à la grâce divines. Il consiste autant à « être connu » par Dieu qu'à le « connaître », et dans cette réciprocité absolue, la « gnose » dépasse les conditions de la connaissance proprement dite. Comme acte de voir un objet suprême, on peut la dire théorique : « connaissance », « savoir », « cognition » ; comme état où le sujet est absorbé dans la présence de l'objet et transfiguré par elle, on peut la dire pratique : « apothéose », « renaissance ».

Or, ni la médiation du « savoir sur », ni celle de la praxis qui « contribue à », ne sauraient jouer quand l'être du connaissant se confond dans l'être de l'objet lequel « objet » signifie, au vrai, l'effacement de tout le domaine des objets.

L'« expérience » de l'infini dans le fini, quelles qu'en soient les conditions, ne peut être qu'un paradoxe. Selon le témoignage qu'elle nous donne d'elle-même dans toute la littérature mystique, elle unit la vacuité et la plénitude. Sa lumière illumine, et elle aveugle. Brièvement, dans une apparente suspension du temps, elle représente au sein de l'existence la fin de toute existence : « fin » au double sens du mot, négatif et positif, c'est-à-dire cessation de tout ce qui est du monde et but où s'accomplit la nature spirituelle. (pp. 370-372)
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L’Égypte, symbole du monde matériel, est d'usage courant dans le gnosticisme (et après lui). L'histoire biblique d'Israël asservi et libéré se prête admirablement au genre d'interprétation spirituelle que les gnostiques aimaient. Mais l'histoire biblique n'était pas seule à qualifier l’Égypte pour cette association allégorique. Dès les temps les plus anciens, on avait considéré l’Égypte comme la patrie du culte des morts, et, par voie de conséquence, comme le royaume de la Mort ; ce trait de la religion égyptienne, et d'autres propriétés encore, comme ses dieux à tête d'animaux et le grand rôle qu'y tenait la sorcellerie, inspirèrent aux Hébreux, et plus tard aux Perses, une horreur toute particulière, et leur firent apercevoir dans « l’Égypte » l'incarnation d'un principe démoniaque. Les gnostiques reprirent à leur compte cette appréciation de l'Egypte, dont ils firent un symbole de « ce monde-ci », c'est-à-dire du monde de la matière, de l'ignorance et de la religion perverse :

Tous les ignorants [ceux qui n'ont pas la gnose] sont des « Égyptiens »,

est-il affirmé dans une sentence des pérates, citée par Hippolyte (V, 16, 5). (pp. 159-160)
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« Au nom de la Vie grande, première, étrangère, venue du monde des lumières, la sublime qui se tient au-dessus de toutes œuvres » : c'est le début classique des compositions mandéennes ; « étranger » est l'attribut constant du nom « Vie », car la Vie, par essence, est étrangère à ce monde, et dans certaines conditions, elle est étrangère en ce monde. La formule citée parle de la « première » Vie « qui se tient au-dessus de toutes œuvres », ce qu'il faut compléter par les mots « de création » : c'est-à-dire qu'elle se tient au-dessus du monde.

Cette Vie étrangère, c'est un des grands mots-symboles qui font si vigoureux effet dans le langage gnostique, et c'est une nouveauté dans l'histoire du langage humain en général. On en trouve des équivalents dans toute la littérature gnostique, par exemple, chez Marcion, le « Dieu étranger » ou simplement « l’Étranger », « l'Autre », « l'Inconnu », « l'Innommé », « le Caché » ; ou le « Père inconnu » de bien des écrits gnostiques. Elle a son analogue philosophique dans la « transcendance absolue » des penseurs néo-platoniciens. (p. 72)
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