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Critiques de Heather O`Neill (88)
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La vie rêvée des grille-pain

Recueil de nouvelles de Heather O'Neill, autrice québécoise anglophone un peu inclassable. Ces histoires sont quelque part entre le réalisme magique, la fantasy, le surréalisme.



Les nouvelles se lisent comme des contes, ont y glissent dans des univers enchantés, saugrenus, mais d'où la vulgarité surgit toujours comme une claque au visage.



On y retrouvera des versions à peine camouflées de Pinocchio, Jésus et d'autres personnages dans le genre dans le dépaysement le plus complet.



J'enlève une étoile parce que, même si la plume est magnifique, même si les nouvelles sont intéressantes, on en vient à ce demander en cours de lecture : "Mais qu'est-ce que l'autrice avait à dire? Quel est le propos?"
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Les enfants de coeur

Partons en rêve un peu loin dans l'espace et le temps, à Montréal au début du 20 eme siècle. C'est le contexte de cette histoire assez fantasque qui évoque les feuilletons à faire pleurer dans les chaumières qui paraissaient dans les journaux du début de ce siècle.



La canadienne Heather O'Neill concocte quelque chose comme un étrange mélange de genres. Du roman social, plutôt coquin, un « opéra de quat'sous », parfois très sordide avec criminalité, parrains de mafias, prostituées, bouges infâmes et paradis artificiels. « Sans famille » ou « Oliver Twist » au Québec avec plus de sexe et de drogue.



On suit les aventures de Rose et Pierrot, deux orphelins maltraités dans une institution catholique. Ils ont un réel potentiel artistique et tombent amoureux au premier regard comme Roméo et Juliette. Séparés, ils n'auront de cesse de vouloir se retrouver après s'être croisés, frôlés pendant au moins trois cents pages, avant les grandes retrouvailles....et c'est loin d'être fini pour les montagnes russes émotionnelles.



Ce genre d'aventures au fil de la plume, avec coups de théâtre et revers de fortune en cascades, dans un registre tout en excès n'est pas du tout mon genre littéraire préféré, mais j'apprécie la performance .



J'ai, à vrai dire, cherché un sens à cette histoire, au delà de l'anecdote. Dénonciation sociale ? Féminisme assumé et décomplexé ?...éloge des artistes, du monde du spectacle et des moments de rêves qu'il procure? jeu intertextuel malicieux avec références culturelles multiples et universelles ? Peut-être un peu tout cela à la fois ou plus simplement , juste un divertissement sans prétention. A vous de voir !



Au passage, j'ai découvert avec la traduction pas très heureuse, hélas, qu'il y avait un anglais du Canada avec ses petites particularités . On en apprend tous les jours avec les opérations « masse critique », et je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour ce moment de lecture.







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Perdre la tête

Un roman fascinant qui commence par un duel au pistolet entre deux petites filles et la mort par balle d’une servante de la famille!



Dans le décor du Montréal de la fin du 19e siècle, deux fillettes, la riche et belle Marie Antoine aux boucles blondes qui habite une belle maison dans le Mile Doré et la méchante Sadie, à la chevelure sombre qui vient du quartier pauvre, le Mile Sordide.(des personnages symboliques qui me font un peu penser aux contes d’Amélie Nothomb).



C’est d’abord une histoire d’enfance avec ses amitiés, ses jalousies et ses trahisons. Mais c’est ensuite un éventail de thèmes : une fille en exil dans un pensionnat anglais pour apprendre les bonnes manières et une amie élevée dans un bordel.



Il y aura les droits des femmes, le sexe et le plaisir féminin, mais il sera aussi question de l’industrie du sucre, des classes sociales et du pouvoir de l’argent.



Et en bonus, des secrets de famille et des révélations inattendues.

Une lecture étonnante, un univers riche et un côté historico-fantastique dépaysant.

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Les enfants de coeur

"Les enfants de cœur", également publié en France avec le titre "Hôtel Lonely Hearts", m'a attirée dès que je l'ai aperçu sur l'un des rayons à la bibliothèque. La couverture est sublime.



Je souligne également la jolie calligraphie en début de chaque chapitre.



"Les enfants de cœur", ce sont Rose et Pierrot, qui ont grandi ensemble dans le même orphelinat, unis à jamais et ce même quand le destin va les séparer. Leur personnalité fantasque va les conduire chacun vers des chemins différents, pour se rejoindre sur la route du monde du spectacle et des organisations criminelles. Les événements se déroulent à Montréal, dans la première moitié du XXe siècle, notamment pendant la Grande Dépression (provoquée par le Krach de 1929).



Quand j'ai commencé ma lecture, c'était plutôt mal parti (la faute aux nombreuses scènes de sexe). Puis, finalement, le style de narration m'a séduite et je me suis laissée porter par cette histoire funambulesque.



Je vais d'abord évoquer ce qui ne m'a pas plu. À commencer par le contexte historique et socio-économique : il n'est en effet pas du tout développé et ne sert que de "support" pour le déroulement de l'histoire. Quand un livre est qualifié des termes "fiction historique" ou "romance historique", je m'attends justement à ce que la période de l'Histoire dans laquelle se déroule les événements soit un minimum approfondie, bien implantée.



Mais ce qui fait essentiellement défaut au récit, c'est le rapport à la sexualité, quasiment omniprésente dans la première moitié du livre. D'autant plus que l'autrice dépeint ces passages de manière très étrange, salace et quelquefois malaisante. Quand il s'agit de décrire le tournage d'un film porno, je peux comprendre l'emploi de certains termes crus. L'autrice n'y va pas avec des pincettes, décrit l'acte franchement, sans la moindre émotion. Alors quand il s'agit du viol d'un enfant, ça devient très très incommodant et malsain. Même quand il y a de l'amour dans l'air, il n'y a rien de romantique, rien de poétique. Elle dépeint des rapports à l'état brut, instinctifs (impulsifs ?), animaux. Elle ne lésine pas non plus sur les détails, dont j'aurais très bien pu me passer. De ne pas savoir, par exemple, que Pierrot en a une plus grosse que la moyenne et que sa copine prostituée (donc très expérimentée sur la chose) en reste abasourdie parce qu'elle n'en avait jamais vue une pareille, n'aurait pas du tout changé le cours de l'histoire...



Mais, paradoxalement, entre ces passages libidineux, la plume de l'autrice se révèle être très élégante, poétique, onirique. Elle reste en revanche détachée de ses personnages et de leurs ressentiments, et c'est certainement à cause de cet aspect que je n'ai moi-même rien ressenti, mais j'ai pu relever quand même de très nombreux beaux passages.



Le style de narration très fantaisiste, ainsi que la personnalité dilettante de nos deux amoureux, apportent à l'histoire une atmosphère qui se veut plutôt "théâtrale", biscornue, bohème, volage. C'est assez original, très particulier. J'avoue avoir eu quelques difficultés à m'y faire au début. L'histoire dans son ensemble est quand même tragique (maltraitance, viol, prostitution, toxicomanie, pauvreté et misère sociale, crime et trafic de drogue) mais je n'ai jamais réussi à le percevoir ainsi. J'ai fini par me dire que c'était voulu par l'autrice, qu'elle ne voulait pas tomber dans le dramatique. J'ai donc accepté et ai pu m'imprégner de cette ambiance particulière.



Dans l'ensemble, j'ai bien aimé. Mais je me rends compte en me relisant à l'instant que mon avis est quand même assez mitigé et je ne pensais pas qu'il le serait autant quand j'en ai commencé la rédaction... Je garde pourtant encore maintenant l'impression d'un bon moment, avec plus d'aspects positifs que négatifs. C'est très bizarre cette sensation d'avoir aimé un livre pour lequel j'ai finalement pas mal à lui reprocher...
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Perdre la tête

Suite à une gaffe majeure, un meurtre accidentel (annoncé dès les premières pages), deux jeunes amies sont séparées de force et connaîtront des destins bien différents. Au fil des ans, elles passeront par une gamme de relations : amitié, jalousie, complicité, rivalité, amour, jalousie, envie, haine, mais jamais par l’indifférence . . . L’époque n’est pas tendre pour les femmes. Qu’elles soient chefs d’entreprises, simples ouvrières, écrivaines, bonnes, prostituées ou avorteuses, qu’importe, les hommes ont le pouvoir et n’entendent pas leur céder. Conquérir son indépendance devient alors un combat quotidien, parfois ouvert, parfois souterrain.



Toute une trame de fond pour ce roman qui met en scène deux femmes “de la haute”, mais aussi plusieurs autres de classe moins privilégiées. On passe d’une perspective à une autre, on saute des motivations individuelles à des considérations de classes sociales, on flirte avec l’ambiguïté de genre. En plus, l’auteure nous mène en bateau, s’amuse à détricoter ce qu’elle nous avait concocté, finit le tout avec un feu d’artifice. J’ai bien aimé cette lecture à multiples tiroirs, avec ses personnages pétillants, toujours animés par de fortes pulsions.

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Les enfants de coeur

La drogue, le sexe et la prostitution dans ce qu'ils ont d'abjectes, voilà ce que Rose et Pierrot doivent affronter, victimes d'une société qui a abandonné ses orphelins aux mains de personnes peu charitables voire déséquilibrées. Pourtant, une légèreté se dégage de ces personnages doués pour le spectacle, celui que l'on donne, en se donnant avec candeur et obstination.

L'auteure ose une poésie dans ce monde-là, avec des comparaisons truculentes, des digressions spontanées d'abord hors sujet puis qui nous y ramènent finalement, des passages où des coïncidences se tissent et des dialogues de sourds se répondent.



Une histoire dense, travaillée, sans concession, et pourtant qui avance avec grâce.
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Mademoiselle Samedi soir

“Personnages en quête d’une vie” pourrait bien convenir comme titre à ce roman. Désœuvrés sans en être tout à fait conscients, et surtout pas coupables de l’être, constamment réfugiés dans le délire et le fantasme, ils évoluent dans la vie comme on se laisse aller dans le courant, secoués à l’occasion d’un spasme de révolte. Pourtant jamais on ne s’ennuie, tellement leurs parcours sont atypiques, ponctués d’imprévus, virevoltant au gré des humeurs ou des prises de substances diverses. On a là une faune exotique, inadaptée, à la rancœur aussi tenace que justifiée, prise dans le filet de ses limites et contradictions. Il n’y a que Nouschka qui, malgré ses errements à gauche et à droite, a un but et tient, tant bien que mal, le cap.



J’ai adoré cette histoire où l’autrice, moins déjantée ici que dans “La vie rêvée des grille-pains”, aborde avec candeur des thèmes aussi variés que la parentalité, la cohabitation francos anglos, l’indépendance du Québec, le trauma des enfants vedettes, les motards, etc. Mais c’est surtout le personnage de Nouschka, torturée, pleine de questions pragmatiques, déterminée, audacieuse même, qui permet au lecteur d’appréhender ce monde de marginaux, d’en décoder les règles qui n’y existent peu ou pas. Définitivement une autrice que je vais suivre de très près.
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Les enfants de coeur

Voilà un conte, une fable, que dis-je : une métaphore littéraire ! Mais pas que. Car Les enfants de cœur d’Heather O’Neill – traduit par Dominique Fortier – nous emmène sur les pas (de danse) de Rose et de Pierrot, démarrant comme une belle histoire pour enfant avant de s’éloigner peu à peu de la romance attendue… Et c’est tant mieux !



Car ces enfants de cœur sont loin d’être des enfants du bon dieu : tous deux élevés dans le même orphelinat, Rose et Pierrot vont développer en parallèle leurs dons artistiques et poétiques, tomber amoureux, se quitter puis se retrouver en grandissant. Voilà pour le côté pile ; Côté face, c’est le vol, la rapine, le sexe sulfureux, la drogue et même le meurtre. Loin d’être des pauvres orphelins Baudelaire, Rose et Pierrot sont des conquérants opportunistes de la Grande Dépression, qui de Montréal à New-York vont appliquer avant l’heure le conseil du grand Charles et comprendre que « la misère serait moins pénible au soleil ».



Il y a dans Les enfants de cœur une constante confrontation entre une histoire poétiquement romancée, et des twists néfastes qui viennent la percuter, le tout parsemé de passages délicieusement subversifs. Cela fonctionne, même si cela tire parfois un peu à la ligne et si les réflexions de fond que distille ci-et-là Heather O’Neill (sur la place des femmes, la nécessaire émancipation des enfants, la religion ou la réussite) sont peut-être un peu trop nombreuses. Mais l’histoire est atypique et les personnages délicieusement attachants, prenant de plus en plus d’épaisseur au fil des pages. Une jolie découverte donc.
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Perdre la tête

Remerciements à Babelio et aux éditions Alto pour l’envoi de ce livre lors d’une masse critique québécoise.

Perdre la tête d’Heather O’Neill est un roman abouti, très inspiré et fascinant.



Mile doré, mile sordide.

Mile doré est un quartier de bourgeois anglophones qui migrent à l'intérieur de Montréal sur une pente du mont Royal dans cette partie de la ville qui présentait un habitat plus sain, en amont des vents dominants.

Mile sordide, quartier pauvre de la ville, où l’air est saturé des odeurs des usines, où les filles survivent comme prostituées ou comme travailleuses industrielles à très petit salaire, dans des conditions exécrables.



Ce quatrième roman d’Heather O’Neill, sous la magnifique traduction de Dominique Fortier, aborde la rencontre de deux jeunes aristocrates du Golden Mile de Montréal, Marie Antoine et Sadie Arnett, aux personnalités complexes, qui ont l’impression chacune de trouver l’âme sœur.



« Une fillette aux boucles blondes et aux joues bien reconnaissable, rondes comme des pommes. Une seconde était une petite fille aux yeux noirs avec une tignasse noire. »



Cette rencontre est déterminante car en naîtra une amitié particulière et intense qui changera le cours de leurs vies.

Après un de leur jeu dangereux qui virera au drame, les deux jeunes filles seront séparées.

Sadie ira étudier en Angleterre et verra sa vie complètement bouleversée et Marie commencera à prendre compte de son statut de riche héritière de l’empire de son père Louis dans les usines de sucre.



L’œuvre est prétexte à la description de l’industrialisation de la ville, aux soulèvements populaires liés aux mauvaises conditions de travail mais surtout à la force des femmes qui peut soulever des montagnes. L’amorce en 1873 et les années suivantes nous en dit beaucoup sur la transmission du savoir féminin avec les pamphlets, les rencontres secrètes et le début d’émancipation par la parole.



Il y a beaucoup de matière dans ce roman, les classes sociales, l’action révolutionnaire, l’amour maternel mais aussi et surtout, la folie, celle qui fait aimer et celle qui fait haïr.

Marie, Mary, Sadie, George, ces femmes ont un lien fort qui est complexe et imparfait, destructeur même. L’auteure refait à sa façon la Révolution française.

Roman féministe, qui oscille entre amour et haine, entre opulence et pauvreté, m’a tenu en haleine jusqu’à la toute fin. La forme est classique mais le fond, ludique et d’une imagination sans bornes en fait un roman des plus captivant.



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Perdre la tête

Montréal. Marie Antoine et Sadie Arnett ont douze ans lorsqu’elles se rencontrent dans un parc, en 1873. La première est blonde, aux yeux bleus et a un teint de porcelaine. La seconde est brune, aux yeux sombres et a des lèvres d’un rouge vermillon. L’une est qualifiée de charmante, l’autre de diabolique. Malgré les apparences, elles se ressemblent, énormément, dans le secret de leur cœur. Aussi, elles nouent une amitié fusionnelle et multiplient les jeux dangereux, jusqu’au drame évoqué dans le premier chapitre. Seule Sadie est sacrifiée : elle est envoyée en exil, dans un pensionnat, en Angleterre. La vie de Marie ne subit aucune transformation ; elle traverse l’adolescence dans le luxe et les voyages. Éloignées l’une de l’autre, aucune n’oublie son amie, son alter égo.



Plusieurs années plus tard, Marie dirige la raffinerie familiale. Elle a refusé de subir le joug du mariage, aussi, elle détient tous les pouvoirs. Quant à Sadie, elle évolue dans le milieu interlope et écrit un roman érotique. Leurs actes et leurs décisions influent, de manière différente, sur la révolution ouvrière féminine.



Oubliez tout ce que vous savez sur les romans féministes. En effet, même si les femmes tentent de prendre le pouvoir dans ce roman, seule une est attachante (elle s’appelle George). Elles sont fascinantes, hypnotisantes, elles mettent, parfois, mal à l’aise, mais leurs desseins ne sont pas toujours louables. La révolution féministe est en marche, mais elle s’oppose à la lutte des classes. Ces deux grandes thématiques montrent les limites de chacune, en fonction des intérêts. Elles questionnent, également, sur la part d’inné et d’acquis dans la constitution des personnalités. La majorité des femmes de l’histoire veut garder ou acquérir des privilèges. Leurs combats semblent justes, pourtant, il leur manque l’union. Leurs actes possèdent une grande part d’ambiguïté alors que les objectifs et les aspects négatifs du patriarcat sont affirmés. L’intrigue possède une aura diabolique, qui se lit dans les détails et bouscule nos attentes. Perdre la tête est un roman surprenant, magnétique, décrivant des combats justes mais maculés de perversité morale. Il est enivrant de machiavélisme et de nuances.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Les enfants de coeur

Un magnifique roman qui nous plonge dans les bas-fonds de Montréal au moment de la Grande Dépression, une période terrible avec son lot de misère, de drogue, de prostitution...malgré ce contexte sombre le livre est lumineux, une histoire, je devrais dire un conte (pour adulte) dont la tragédie n'est pas que tristesse, beaucoup de joie et d'innocence des deux personnages principaux, Rose et Pierrot, enfants abandonnés et maltraités dans un orphelinat.

Tous deux trouvent la force de rêver, de rire, d'apporter de la joie aux personnes qu'ils rencontrent, sans oublier de s'aimer, cette innocence, cette féerie qu'ils produisent leurs attirent aussi la cruauté de certaines personnes.

Tout tient dans l'écriture un peu magique de l'auteur, son regard naïf parfois tendre souvent cru. J'ai eu de l'empathie pour Rose avec sa volonté, son insolence, son féminisme mais j'ai surtout aimé la candeur de Pierrot.

C'est un roman magnifique, empli de poésie, de passion et aussi de sexe d'où le conte pour adulte.
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Les enfants de coeur

J'ai dévoré ce roman qui réussit le pari d'alterner entre poésie et dureté avec brio !

L'histoire débute dans un orphelinat de Montréal où les enfants sont punis pour les fautes de leurs mères adolescentes qui ont cédé aux péchés de la chair par crédulité ou pour mettre fin aux harcèlements des garçons...

Rose et Pierrot sont deux enfants solaires et fantasques, elle illumine une pièce par ses danses et ses pantomimes et il peut enivrer un public en jouant un air de piano inégalable. Ces deux petits prodigues sont attirés d’emblée l'un par l'autre sans rien connaître de l'amour, puisqu'ils n'en n'ont jamais reçu de la part des sœurs de l'orphelinat et n'ont aucune famille. Leurs beautés et leurs tempéraments rêveurs ont tendance à attirer la cruauté des autres qui veulent les garder sous leurs coupes...

On s'attache follement à ses deux personnages qui vont devoir affronter la pauvreté, l'injustice, la violence, la prostitution, la drogue et essayer de survivre et de réaliser leur projet fou ! Rose est une héroïne résolument féministe, elle en a marre d'être traité comme un objet et veut s'imposer dans un monde dominé par les hommes, même si elle devra s'endurcir pour gagner son indépendance.

Le récit n'est jamais convenu ou prévisible, on oscille entre conte et tragédie. Un brin lubrique, poétique, romantique, cynique pour un résultat magnifique et original !
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La vie rêvée des grille-pain

Ce recueil de conte étonne et dépayse pour le plus grand bonheur du lecteur, du moins ce fut le cas pour moi. Les idées sont souvent farfelues, brillamment développées et généralement moins innocentes qu'elles semblent au départ. Chose certaines l'autrice ne manque pas d'imagination, a une plume alerte et nuancée, tout en restant simple et accessible. Notons d'ailleurs, qu'à ses propres dire, elle dispose en Dominique Fortier d'une traductrice hors-pair, ce qui ne nuit surement pas. Le conte est un genre qui semble susciter de nos jours plus de réécritures que de productions originales et, à cet égard, c'est un vent de fraicheur que nous propose ici O'neill, une autrice qui m'a vraiment impressionné; parfait il y a d'autres romans d'elle à explorer !
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Perdre la tête

Deux petites filles nées fin du XIXème siècle à Montréal, l'une bien née de parents dépourvus de richesse, l'autre fille d'un industriel fortuné, magnat du sucre.



Marie Antoine, dont l'effigie est présente sur les sacs de sucre des raffineries de son cher papa, s'ennuie profondément et s'ingénie à se créer une petite cour. Curieuse de ce monde industriel en développement, elle va obtenir de son père d'aller visiter la concurrence. Dévorée d'ambition, elle se voit succéder à son père à une époque où les maris prennent les rennes de la fortune de leur riche épouse.



Sadie, gamine rebelle, est née dans une famille bien déterminée à reconquérir la fortune par tous les moyens. Particulièrement celui de mettre les deux gamines en relation dans l'espoir de se voir accorder les faveurs du richissime veuf qui est le père de Marie Antoine.



Funeste rencontre en vérité que celle de deux gamines admiratives l'une de l'autre. de surenchère en surenchère, un drame les sépare, Marie reste à Mile Doré quand Sadie est exilée à Londres pour couper court à des poursuites. Elles ont tué la bonne.



En 1873, quelle punition infligée à deux petites meurtrières ? Un accident malheureux qui va déstabiliser bien plus que leur vie. Pour l'une, l'exil et le rejet de sa mère, pour l'autre les voyages et l'ennui.



Ce roman ne vous laisse aucun répit. Il vous faudra savoir ce qu'il advient de cet amour-amitié passionné. Quels seront les dommages collatéraux dans cette société où il vaut mieux être bien né. Sadie investit le Mile Sordide, s'y fait une place dans le coeur de George Danton orpheline née dans une maison close.



Dans cette société où le destin des femmes semble tout tracé, Marie Antoine, Mary Robespierre, Sadie et George vont se jouer de leurs conditions en grandissant entre amour et haine.



L'autrice dans cette ode aux femmes puissantes à une époque où on les juge fragiles, combattantes quitte à sacrifier un morceau d'elles-mêmes, nous propose un regard féministe sur le monde du Mile doré ou sordide, où il est question d'inégalités sociales, de genre, de la destinée qui s'impose mais que l'on culbute parfois pour arriver à ses fins.



Heather O'neill tisse patiemment sa toile révolutionnaire, dans un monde fantasmé où l'émancipation des femmes, se livre comme un conte. Il vous sera certainement difficile de les quitter avant l'épilogue.

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La vie rêvée des grille-pain

Enfin un recueil de nouvelles consistant! Un bouquet de petits bijoux littéraires peuplés de personnages oxymoriques, comme des anges lubriques, des robots sentimentaux, des poupées pensantes et des clones rebelles! Des fables urbaines, très dickensiennes, qui dépeignent la beauté et la dureté du monde avec poésie. Il y est question de pauvreté et de marginalisation, mais aussi des années folles, de Pinocchio, du débarquement de Normandie et de Jésus!



L'auteure a une façon vraiment charmante de créer des comparaisons surprenantes et de faire naître des images mentales amusantes. Elle saupoudre un peu de magie dans ses histoires étranges et sombres. Il en résulte une espèce d'ambiance de fête foraine magique! Amusants, absurdes, mignons, tristes, troublants... Ces contes de fées pour adultes désenchantés sont vraiment uniques! 



J'ai particulièrement apprécié "L'ours et le Tzigane", "Les poupées", "D'où viennent les bébés" et "L'homme sans coeur".
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La vie rêvée des grille-pain

« Elle aurait voulu faire éclore du merveilleux en ce monde. » En ce qui concerne ce recueil de nouvelles, Heather O’Neill a réussi, en tout cas. On entend sa voix forte, dissonante, étonnante, qui crée ou revisite des histoires archi connues en leur rendant discrètement hommage tout en les détournant, les écorchant ou les enveloppant d’atours disparates et toujours inattendus. Comme avec Marie-Madeleine qui raconte son pote Jésus, un gars sympa et tout mais un peu simplet quand même. Ou ce scientifique russe qui, ayant décidé de cloner Noureev, construit une fausse ville russe au Canada et assiste, impuissant, au pouvoir de l’acquis contre l’inné. « Et puis, pour être tout à fait honnête, j’ai toujours aimé les bizarroïdes portés sur l’occulte. Je suis faite comme ça. » Moi aussi, et j’ai été gâtée par l’enchaînement d’univers tous différents, mais aussi tous familiers. Des nouvelles courtes, des plus longues, des joyeuses, des virevoltantes qui semblent dire « on dirait que » et « et après » en saisissant les plus improbables élucubrations que l’on puisse imaginer, mais aussi une jolie forme de poésie, d’innocence même, le tout formant un ensemble un peu discordant mais toujours fascinant. Je n’ai pas tout aimé mais quand j’ai aimé, c’est énormément (comme ce texte très tendre : « L’homme sans coeur », où un junkie traverse à la fois brièvement et très durablement l’existence d’un petit garçon différent. magnifique.) Une autrice que je découvre et qui m’évoque Véronique Ovaldé, pour son imaginaire riche teinté de Fantastique.

.« En réalisant que quelqu’un est amoureux de nous, on peut se voir de l’extérieur, pour une minute seulement. On peut enfin avoir la preuve de notre existence. »
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Hôtel Lonely Heart

Montréal, ville ouverte : les années noires de la Grande Dépression hantent ce conte moderne entremêlant l'histoire d'amour entre deux orphelins, Pierrot et Rose, aux sombres trafics de drogue et à la prostitution sévissant dans le quartier du Red Light.

Heather O'Neill a le chic des jolies métaphores mais nombreuses d'entre elles sont aussi moins heureuses à la lecture, de même que la plupart des dialogues qui sonnent faux. Ce qui n'enlève rien à sa prodigieuse imagination. J'ai été souvent déroutée par sa prose un peu simpliste, la mettant sur le compte d'une traduction infidèle, mais avec Dominique Fortier aux commandes, ce ne pouvait être le cas. C'est plutôt la puissance de son récit qui m'a incité à poursuivre. Bref, une lecture en dents de scie pour laquelle j'accorde trois étoiles.
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Les enfants de coeur

Les enfants de cœur de Heather O’Neill est une immersion dans les bas-fonds du Montréal du début du XXème siècle avec les rêves comme seules armes face à la misère et à la violence du monde. J’ai beaucoup aimé ce roman.



Pierrot et Rose ont grandi côte à côte dans un orphelinat de Montréal. Brutalisés et humiliés, les deux enfants se réfugient dans leur monde imaginaire, un monde où il est possible de valser avec un ours. La vie va les séparer, l’un adopté pour animer la vie d’un vieil homme très riche et affreusement seul du nom d’Irving et l’autre, employée comme gouvernante dans une famille de la petite bourgeoisie, les McMahon. Pierrot ne cessera de penser à Rose et Rose ne cessera de penser à Pierrot, comme si leurs destins étaient liés à tout jamais. Chacun d’eux traversera bien des épreuves sans jamais se départir pour autant de leurs rêveries jusqu’à en faire une réalité…



Heather O’Neill nous livre un texte d’une extrême dureté dans des atours poétiques incroyables. De bout en bout du roman, Pierrot et Rose luttent contre la misère, une misère sociale accentuée par la Grande Dépression et par la guerre. Ils nous entraînent dans les bas-fonds de Montréal, dans les milieux de la prostitution et de la drogue, malgré la violence qu’ils subissent, ils n’oublieront cependant jamais de rêver. Pierrot qui est un pianiste hors pair, envoûtera le public d’un petit cinéma de quartier et Rose, quant à elle, deviendra la maîtresse d’un puissant patron de boîtes de nuit Monsieur McMahon. Tous les deux sont des personnages fantasques et c’est cette fantaisie que les sauve, qui les maintient en vie. Le récit est poétique et assez mélancolique, tout en nuances de gris et de noir avec quelques petites étincelles dans le brouillard comme les étoiles et les rêves auxquels nos héros se raccrochent. La plume de l’auteure est belle dans l’ensemble même si elle surprend par ses embardées lubriques à plusieurs reprises, j’ai trouvé d’ailleurs que ça détonait par rapport à l’atmosphère générale du roman. Pierrot et Rose sont des enfants du désamour, nés de relations qui sont tout sauf sentimentales, abandonnés par leurs mères respectives et placés auprès de religieuses rigides voire cruelles. Tous les deux subissent des maltraitances sexuelles et ne parviennent pas à voir l’amour autrement que comme des étreintes brutales bien souvent dénuées de désir. Ils ont une image complètement faussée de l’amour qu’ils perçoivent comme un traumatisme. A travers le personnage de Rose, l’auteure évoque le statut des femmes dans la société du début du XXème siècle. Rose est traitée comme un objet, elle ne doit pas avoir d’opinions ni même poser la moindre question sur les affaires des collaborateurs de son amant lors des dîners. La façon dont elle se comporte gêne bien souvent la gente masculine et impressionne les personnes avec qui elle se lie d’amitié. Rose est brillante et intrépide, elle élabore des plans surréalistes, elle parvient à époustoufler son monde en donnant vie à ses mondes imaginaires. Rose est un personnage puissamment féministe qui se joue des hommes pour gagner sa liberté, c’est une incarnation fougueuse de la volonté d’émancipation des femmes.



Les enfants de cœur a la saveur d’un conte par l’imaginaire qu’il déploie et la force dramatique d’une tragédie par la fatalité qui semble peser sur ses personnages. L’auteure nous ballade entre rêve mélancolique et réalité crue dans les destinées foudroyantes de Rose et Pierrot. J’ai beaucoup aimé ce roman saisissant, à la fois lugubre et poétique.
Lien : https://thebookcarnival.blog..
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Tu redeviendras poussière

Le second petit livre de la collection "Ectoplasme" que je lis, des nouvelles effrayantes publiées en éditions limitées et reliées à la main. Le meilleur : la couverture s'illumine dans le noir!



Cette fois-ci, on revisite le mythe du zombie, récupéré pour illustrer de façon métaphorique le mal-être qui ronge la protagoniste de l'intérieur et l'indifférence de son entourage. Peut-on dire qu'on est en vie quand on se sent mort en dedans et qu'on a l'impression d'être un fantôme aux yeux des autres? À la fois gore et poétique, c'est un texte touchant et bien d'actualité.



J'en veux d'autres!
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Perdre la tête

Marie Antoine et Sadie Arnett sont deux jeunes filles de la classe sociale la plus élevée de Montréal. Elles habitent le même quartier, le Mile doré. Elles ont toutes les deux une personnalité hors du commun, qui envoûtent ceux qu'elles croisent. Si elles sont très amies, il y a aussi entre elles une certaine rivalité. Cette rivalité les mènent à un drame, la mort d'une bonne, qui aura des répercussions importantes. Marie étant la plus riche, c'est elle qu'on épargnera. Sadie, elle, est envoyée en Angleterre dans un pensionnat. Quand elle revient cinq ans plus tard, l'amitié entre Marie et Sadie a disparu. Tandis que Marie se perd dans le Mile Doré, obsédée par la prospérité de son entreprise, Sadie explore le Mile sordide, un quartier pauvre et miné de bordels.

J'ai bien aimé ce livre. L'histoire d'amitié entre les deux filles est très bien écrite, avec à la fois cette attirance et cette rivalité. La différence entre les deux mondes est également très bien restituée et on découvre avec fascination le Mile Sordide. J'ai trouvé la deuxième partie du livre, avec l'arrivée des personnages secondaires comme George et Marie, beaucoup plus rythmée et plus prenante.

Ce livre me faisait penser à une de mes anciennes lectures dans son atmosphère, Les enfants de coeur, et je me suis rendue compte que c'était tout à fait normal car c'est la même autrice. Et effectivement, on y retrouve bien ce côté conte gothique assez marqué.

Merci à Netgalley et aux éditions Les Escales pour cette lecture.
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