Justine repensa à tous ces hommes qui avaient partagé leur petit déjeuner quand elle était enfant. Pour elle, ils n'avaient été que des silhouettes sans relief, tantôt petites, tantôt élancées, tantôt grande gueule, tantôt taciturnes ; des silhouettes dotées d'étiquettes : Paul le Pompier, Steven le Parolier, Joe le Dingo.
Maurie ne revenait jamais deux fois au même endroit. Quand elles quittaient une ville, elle ne laissait même pas Justine regarder derrière elle. " Secoue cette poussière, disait-elle. Secoue la poussière de cette ville de tes chaussures."
Ces jeux étaient plus exubérants que ceux auxquels j'étais habituée. Avec Lilith, nous nous imaginions en fées ou en princesses au sein de forêts enchantées ; avec Matthew, tout était plus physique : il fallait courir, grimper, sauter, chasser, construire, détruire.
Toutes les histoires ont besoin d’un public. Sinon, c’est comme si elles ne s’étaient jamais déroulées. Jusqu’à présent, il n’avait jamais tenté d’expliquer cette idée – comment, dans son esprit, une histoire sans audience était comme un arbre qui chute dans une forêt sans que personne ne l’entende – et il avait l’impression qu’il s’y prenait mal…
Il régnait un tel calme ici... Un calme si épais qu'il compressait les tympans. Elle regarda par la fenêtre les branches dénudées qui ployaient sous la neige et le lac qui semblait couvert d'une fine couche de feutrine. Il ne neigeait pas mais le ciel était opalescent et cette monochromie lui a brièvement donné le vertige.
Les choses que nous faisons par amour sont celles que nous sommes le moins susceptibles de regretter.
Au centre de la place se dressait un kiosque. On aurait pu se croire dans un tableau de Norman Rockwell.
Elle choisit un titre d'Elizabeth George - elle adorait le personnage de Barbara Havers , l'adjointe maladroite et sans charme de l'élégant détective - s'assit dans un fauteuil et entama sa lecture. Lorsqu'elle leva la tête un peu plus tard, il était midi passé et la bibliothèque s'était animée ; elle n'avait pas vu l'heure tourner.
Sauvée. Quel mot! Si puissant et, dans le même temps, si passif. Il évoque une force qui nous dépasse, une énergie assez vigoureuse pour détourner le cours de notre vie quand nous sommes incapables de le faire nous-même. Dieu, l'amour d'un homme ou d'une femme, la naissance d'un enfant, le simple fait de grandir: autant de choses qui peuvent, pensons-nous, nous sauver.
Pi est défini par le cercle, et le cercle est la forme la plus parfaite de la création. Il est aussi au cœur des cycles, qui sont au temps ce que le cercle est à l’espace. Sans pi, impossible de définir un processus cyclique. On le retrouve partout où il y a des ondes, des orbites ou des motifs. Dans le rythme des océans et celui de la musique, dans le battement cardiaque et la rotation des planètes autour du soleil. D’une certaine manière, c’est bien plus qu’un nombre. C’est l’un des fils du tissu de l’univers.