Katherine Webb, author of The Legacy, discusses the inspiration behind the writing of her latest book.
J’ai décidé d’accepter de ne pas tout comprendre, de ne pouvoir combler tous les blancs. Le passé engloutit certaines choses, d’où la fascination qu’exerce son mystère.
- "Pourtant quand la maladie de l'âme nous désespère, les poètes sont de vieux médecins réputés, qui, à notre esprit tourmenté, offrent en remède les exemples du passé." Est-ce là ce que vous espérez? Que la maladie de mon âme soit guérie par la poésie?
- Peut-être pas guérie. Seulement soulagée. Qui a écrit les vers que vous venez de réciter?
- Sir William Davenant.
- Dans ce cas vous devez connaître un peu de poésie et y prendre plaisir. Ou vous y avez pris plaisir autrefois.
- Je connaissais quelqu'un qui aimait cela, dit Jonathan.
Il ferma les yeux avec lassitude, et Rachel recommença à lire.
Starling déglutit. Chaque fois qu'elle pensait aux mots que Jonathan avait écrits, elle éprouvait une bouffée de profond chagrin, furieuse et indignée que le monde se soit révélé aussi laid et aussi cruel, alors qu'Alice lui avait appris à penser qu'il était juste et beau. C'était un sentiment froid et écrasant.
Le rire de Meredith résonnait très rarement. Même à l'occasion du bal de l'été ou des dîners qu'elle donnait parfois - interdits aux enfants, aussi sortions-nous à pas de loup de nos lits pour écouter aux portes - je l'avais à peine entendu. Elle se bornait à sourire ou à émettre un bruit de gorge quand quelque chose lui plaisait. Comme la plupart des petites filles, le rire m'était aussi naturel que la respiration. J'en avais conclu, je me rappelle, que cette faculté s'atrophiait avec l'âge, comme si le rire était une bobine de rubans multicolores lovée en soi qui disparaissait une fois dévidée.
Cet endroit était comme un portail, un point d'entrée dans une myriade d'autres mondes, songea t-elle. Un endroit où le temps et le sens des mots et des évènements variaient d'une personne à l'autre, et où les mondes qu'elles habitaient, réels, passés ou imaginaires convergeaient.
A quel âge commence-t-on à prêter attention au froid, à l'humidité, à la gadoue ? Sans doute au même qu'à celui où on cesse de vagabonder.
"Vous voulez bien raconter une histoire pendant que je travaille ?" (...)
"Quelle genre d'histoire ?
- Ça n'a pas d'importance. Une histoire de votre peuple."
Ne sachant trop à quel peuple elle appartenait, Caroline lui raconta l'histoire d'Adam et Eve dans le jardin d'Éden. La traitise du serpent, la délicieuse pomme, la chute. À la fin, elle posa son ouvrage et décrivit la honte qui s'était emparée d'eux lorsqu'ils avaient pris conscience de leur nudité, leur quête fébrile pour trouver de quoi la dissimuler. Les yeux pétillants, Magpie pouffa, ce qui gonfla davantage ses joues.
" C'est une belle histoire, madame Massey. Un missionnaire à raconté la même à mon père, vous savez ce qu'il a dit mon père ?
- Qu'a-t-il dit ?
- Que c'était une réaction de Blanche. Une Indienne aurait ramassé un bâton, tué le serpent et tout serait redevenu merveilleux dans le jardin."
Je ne supporte pas l'idée que l'on jette à la poubelle les fragments de nos vies, comme autant de rebuts.
"Perdre un enfant... je suis incapable d'imaginer ce qu'on peut ressentir. Un enfant dont le destin est de grandir, de devenir un adulte accompli, tandis que l'amour qu'on éprouve pour lui a eu le temps de s'approfondir. Pour moi, c'est inimaginable.
[...] Ce n'est pas la force des coups qu'on peut balancer qui fait gagner, c'est la force de ceux qu'on peut encaisser.