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Citations de Hélie de Saint Marc (99)


Certains survivants ne sont jamais revenus des abîmes. Ils ne pouvaient pas supporter la part d'ombre qu'ils voyaient en transparence chez les autres et en eux-mêmes. Il faut du temps pour se détacher de l'image de soi, plantée dans le regard des kapos, disant : "Tu es ce trou du cul, cette loque, ce torturé, ce non-homme, ce squelette mi-charogne mi-vermine."
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Je dois à mon enfance la conscience de la nature. Il me suffit de fermer les yeux pour revoir ces images transparentes de pur bonheur qui n'ont pas été effacées par mes années de braises.
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La résistance m'a en tout cas appris très jeune la défiance vis-à-vis de ceux qui décrètent du bien et du mal à toute heure et en toute occasion, à la seule condition que ce soit les autres qui en supportent les conséquences.
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Je rêvais de pouvoir tout dire de nos angoisses pour l'Algérie à des hommes dont la tâche était justement de ne rien entendre, au nom de la raison d'Etat.
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Aujourd'hui encore, la femme reste un mystère. Des silhouettes m'accompagnent : femmes aimées, croisées ou admirées. L'énigme de leur beauté m'étonne encore. Dans la Résistance ou dans l'épreuve, je les ai vues capables d'un courage silencieux et tenace qui m'a ébloui. Elles m'apparaissent comme le reflet de la part invisible du monde.
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J'ai été conquis par cette ambiance, bien sûr virile et dure, parfois brutale, sans concessions, mais en même temps d'une grande affectivité. Les hommes n'avaient plus de familles, plus de patrie et - même si ce n'était pas des hommes à vomir leurs sentiments - on y sentait un très grand capital de dévouement. Affectivement, ils donnaient beaucoup. Et puis on voyait un garçon qui ne portait vraisemblablement pas son vrai nom, qui ne racontait jamais sa vie parce que ça ne se faisait pas à la Légion, avec une pudeur que personne ne transgresse jamais. On se disait : quel remords habite cet homme, quelle somme de souffrances, d'épreuves, de courage… ?
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Il était dit que Talung serait une simple parenthèse, dont la pureté ne pouvait pas durer. J'ai déjà raconté dans ''Les Champs de braises'' l'évacuation de Talung, cette colonne honteuse de camions qui s'enfuyaient dans la poussière, laissant derrière eux des centaines de villageois en pleurs, promis aux représailles du Vietminh. Je n'y reviendrai pas.
Mais, sachez-le, c'était un crime.
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Les soldats qui vous disent qu'ils n'ont jamais connu la peur vous mentent. Ou peut-être ont-ils traversé la guerre en zombies. C'est l'incandescence qui porte le soldat, et ce courage-là ressemble à un expérience mystique : pour que la lumière jaillisse, il faut bien qu'un peu de soi brûle et se consume. Teilhard de Chardin a écrit : "Tous les enchantements de l'Orient, toute la richesse spirituelle de Paris ne valent pas la boue de Douaumont." Il avait compris l'humilité déchirante de la guerre.
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J'ai tout de suite compris ce qui nous attendait à Buchenwald. Parmi les sentinelles qui nous encadraient, il y en avait une qui parlait le français, un Alsacien. Je ne lui ai rien dit mais il s'est approché de moi : « Marche vite, marche vite, autrement ils vont te tuer. » Je lui ai demandé : « C'est dur ? » Il m'a répondu : « Très, très dur... »
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Ce courage-là me sera sans doute nécessaire en approchant de la mort. J'ai suffisamment vécu pour savoir que mes victoires passées ne me garantissent pas contre l’affolement final. Chacun rejoue sa vie jusqu'à la dernière seconde.
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La vie n'est pas dans les livres. Elle s'inscrit douloureusement en chacun.
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Les démocraties n'ont jamais su combattre les ennemis de la démocratie.
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Le mensonge est un poison mortel pour le soldat.
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De cette proximité de l’enfance, je tire la leçon de l’éphémère. J’ai lu ces jours-ci une phrase d’Einstein qui m’a frappé : « Nulle beauté ne surpasse celle du mystère. Celui qui y reste insensible, qui ne sait pas contempler, qui ne connaît pas le frémissement profond de l’âme éveillée, celui-là pourrait aussi bien être mort, il a déjà les yeux fermés ». Certaines formes de beauté nous laissent croire à l’existence d’un ordre parallèle au monde habituel, étranger à la terreur, à la sottise, à la lâcheté des hommes.
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Ces êtres étranges portaient à la fois le chaos et la pureté, une grande brutalité et un mysticisme à fleur de peau. La guerre les habitait. Ils avaient des explosions de vitalité. Ils étaient rudes, indomptés, sauvages à l'occasion. Laissés sur le tapis de l'Histoire, ils se vivaient comme des reprouvés. Leur métier les conduisait à avoir des rapports avec les choses les plus simples : le courage, la peur, la sueur, le sang, la mort. Ils étaient fait de passions extrêmes. J'ai connu nombre de légionnaires de qualité qui refusaient toute promotion. Ils ne concevaient dans la vie que les positions absolues. Comme les grades élevés de la Légion leur étaient interdits, ils préféraient rester simples soldats, l'absolu de l'obéissance. Ils affrontaient la mort dans un silence hautain.
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Ils croyaient à un idéal à leur mesure. Ils voulaient simplement aller ensemble, jusqu'au bout de leur destin. En entrant à la Légion, j'ai voulu être digne de leur silence. Ils me faisaient penser à ces minerais dont seul la cassure trahit la nature intérieure.
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Alors commençait l'attente de l'aube. Bonaparte parlait de ses maréchaux qui rassemblaient leurs forces "deux heures après minuit, à l'heure du courage et de la peur". À la charnière de la nuit, aucun regard ne vient en aide au soldat, il est seul.
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Autour du même événement, les années ajoutent ou retranchent des émotions, des réflexions qui en changent la nature. Les lignes du passé bougent perpétuellement.
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Un livre entier ne suffirait pas à contenir tout ce que j'ai appris du Vietnam en général et des Thos en particulier. .../... Chaque événement était pour eux un enseignement et un signe de l'au-delà. Dans leur esprit la vérité était vivante, comme les courants du fleuve. Grâce à eux, j'ai toujours essayé depuis, de récupérer les débris de mon existence pour faire tenir debout mon être intérieur. Même en prison et réprouvé, j'ai cherché à être heureux.
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