AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Henry Corbin (18)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Autour de Jung : Le bouddhisme et la Sophia

Henry Corbin était un bon pote à Jung. Ils ont pas mal causé aux rencontres annuelles du cercle Eranos à Ascona, en Suisse, organisées par une friquée bien intentionnée, Olga Fröbe-Kapteyn, un genre de catalyseuse des avant-gardes spirituelles. Peut-être qu'elle s'ennuyait aussi.





Corbin nous fait bénéficier de sa connaissance des philosophies et spiritualités orientales pour comprendre la psychologie analytique jungienne sous un autre angle. Il se réfère notamment au bouddhisme tel qu'il fut justement présenté par D. T. Sukuzi aux réunions Eranos. On comprend mal ce bon vieux Jung en Occident mais en Orient, il aurait peut-être fait aussi peu d'étincelles qu'un BHL à la RATP. On retrouve dans l'enseignement du bouddhisme, comme dans la psychologie jungienne, l'appel adressé à l'individu en vue d'une expérience qui transforme son mode d'être et de comprendre, sans que ce ne soit une profession de foi dogmatique. Jung avait écrit :





« Je ne doute pas que l'expérience du satori se produise aussi en Occident, car il y a aussi chez nous des êtres humains qui ont le pressentiment de buts ultimes et ne reculent devant aucune fatigue, aucun effort pour s'en approcher. Cependant ils tairont ce qu'ils ont expérimenté […] parce qu'ils savent que toute tentative, tout essai pour la transmission est sans espoir. Car rien dans notre culture ne fait des avances, ne vient à la rencontre de cet effort […]. le seul mouvement de l(‘intérieur de notre culture qui en partie possède, en partie devrait posséder, une compréhension pour cet effort, est la psychothérapie. »





Un paradoxe se présente cependant : le Zen évacue les images tandis que la thérapie jungienne met en oeuvre l'Imagination active. Il se résout cependant facilement en comprenant que la thérapie jungienne demande à chaque conscience individuelle d'élaborer son univers symbolique. « La mise en oeuvre de l'Imagination active dans la thérapie jungienne, tend non pas à imposer un répertoire d'images préalablement fixé mais à mettre le fonds le plus intime et le plus secret de l'âme à même de se libérer par la configuration de ses propres symboles ». Dans les deux cas, il s'agit d'évacuer les images qui ne nous appartiennent pas.





Un danger se présente pour l'occidental engagé dans cette démarche. Les modèles manquent alors qu'ils abondent dans la tradition bouddhique. Gros risque d'inflation en vue, ou fascination pour des personnages qui se font passer pour les maîtres. L'individu peut aussi sombrer dans la « nuit de l'âme », la grande dépression, parce que ça fait trop d'un coup pour lui. Tout ceci, le Zen l'ignore. L'expérience bouddhique connaît le monde des kléias (passions) mais pas le conflit moral qu'il signifie pour nous, le dilemme éthique qui nous sépare de notre ombre, la connaissance de l'esprit contre la nature. « Pour trouver un parallèle oriental aux tourments et catastrophes qui menacent l'Occidental sur le chemin de son initiation à son être total, il faudra lire le Bardo Thödol à rebours ». L'initiation du vivant consiste alors à remonter depuis l'état où le défunt « était incapable d'accueillir l'enseignement jusqu'à l'état de parfait Eveil du Chikhai Bardo ». Il faut pour cela passer de Sidpa à Chönyid Bardo. C'est comme une psychose provoquée intentionnellement. Elle produit un renversement périlleux des efforts et des intuitions de l'état conscient, un sacrifice de la sécurité confortable, mais se présente ensuite le réconfort de la vision de divinités paisibles. C'est à ce moment-là qu'apparaît le fameux archétype.





Le taoïsme, étudié à travers le texte du « Mystère de la Fleur d'or », permet de comprendre le principe d'individuation qui suit cette prise de conscience. L'individuation correspond au Tao en tant que coïncidence avec la conscience non égotifiée, « connaissance fondamentale qui, ayant cessé de s'objectiver en de fictives réalités, est à elle-même son objet : elle sait que son objet ne diffère pas d'elle ». Elle permet d'échapper à la projection, source des conflits, des accusations, des méprises. Cette suppression de l'ego n'est pas complète annihilation mais disposition à accueillir un pouvoir supérieur.





Tout se termine par l'accueil de la Sophia, dont Jung a parlé dans ses déclinaisons de l'Anima/Animus. Corbin interprète « Réponse à Job », le fameux commentaire de Jung sur l'épisode biblique, comme un hiérogamos entre le Soi et la Sophia. Cette histoire constitue le dénouement d'une dramaturgie humaine se répétant dans chaque individu : comment, en se dépouillant de l'ombre, Dieu naît à l'homme et l'homme à Dieu, comme Filius Sapientiae fils de Sophia ? Ce texte s'adresse à « l'homme capable de penser loyalement seul à seul devant soi-même » parce que ce livre est lui-même « une oeuvre des plus authentiquement individuelles », « confession de toute une vie ». Alors s'accomplit l'individuation, la naissance de l'Enfant divin dans l'homme créaturel, fruit de la hiérogamie céleste dans le plérôme à laquelle réfère l'Assomption de la Vierge Mère. Ce sont des mots à la con, je vous l'accorde, ce qui est bien dommage car ils désignent malgré tout des réalités accessibles à la vie.





Le texte des « 7 sermons aux morts », écrit par Jung en quelques jours dans un état d'exaltation, est ici présenté comme l'exemple du sort qui est échu à ceux qui ne prennent pas en compte l'appel lancé à l'individuation. « Les morts revenaient de Jérusalem, où ils n'avaient pas trouvé ce qu'ils cherchaient. Sans doute parce qu'ils ignoraient encore qu'ils étaient morts. le message qui réveille d'entre les morts est le message qui éveille à la conscience que la créature meurt dans la mesure où elle ne parvient pas à conquérir sa différenciation, parce que le principe d'individuation est le secret même de la Création. Un monde collectivisé qui refuse ce principe, un monde où l'individu personnel tremble de se différencier, est un monde maudit, parce qu'il condamne la créature à retomber au-dessous d'elle-même, dans l'abîme indifférencié ».





Jung et Corbin ne veulent pas nous convertir aux philosophies et spiritualités extrême-orientales. Pas la peine d'aller faire du reiki au-dessous d'une cascade en Ardèche. « Vouloir rejeter les prémisses de notre propre culture, assimiler l'Orient par une exégèse purement littérale, ce serait le plus sûr moyen de provoquer un nouveau déracinement de la conscience. C'est à partir de notre propre sol que nous avons à nous mettre en route vers cet Orient ». Alors, sur la route, surgirons les questions qui seront capables de provoquer le grand renversement : « qui donc vit la conscience vécue ? Qui est le donateur des données ? » Voilà de quoi faire chauffer le chaudron.


Lien : http://colimasson.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          210
L'homme et son ange

On a ici trois conférences données par Henry Corbin en 1970, 1971 et 1977. Elles sont regroupées en vertu de leur thématique commune : l'Ange. En fait, ce n'est pas aussi con qu'on pourrait le croire. Avec nos idées à raccourcis, à cause de mauvais traitements, ce terme de l'ange avait fini par signifier à la limite pédale, mais pas grand-chose de plus. Mais si on se réfère à la doctrine sohravardienne de l'Ishrâq, l'Ange serait le double céleste de la psyché terrestre, le principe transcendant de notre individualité.





Pour comprendre les subtilités de tout ce marasme, il faudra se plonger dans la gnose shî'ite duodécimaine. Pas forcément accessible, il faudra avoir quelques prérequis (Corbin ne se fait pas chier à en donner beaucoup) ou accepter de passer du temps sur chaque paragraphe. On peut aussi reconnaître que ce n'est la raison principale pour laquelle on a ouvert ce bouquin. Alors, pour quoi ? Par exemple pour découvrir les similitudes entre cette doctrine sohravardienne de l'Ange et les différents récits d'initiation qui peuplent la gnose, jusqu'à l'individuation dont parle C. G. Jung en rappelant la nécessité de retrouver le Puer aeternus qui marque « l'avènement céleste de la maturité spirituelle ».





La rencontre avec l'Ange doit se dérouler dans l'Orient moyen ou intermédiaire, qui correspond également au monde de l'Imaginal si cher à Corbin ou encore au monde de la Magia-Imaginatio de Jacob Boehme. Pour y accéder, la compréhension de la fonction transcendante décrite par Jung semble nécessaire comme lien un peu limite et approximatif proposé comme jonction moderniste entre l'Orient et l'Occident.





Souvent, c'est un appel qui nous pousse à effectuer cette rencontre, comme nous le dit si intimement Ostanès le marge perse dans le Livre des Douze Chapitres : « Cette pierre vous interpelle et vous ne l'entendez point ; elle vous appelle et vous ne lui répondez pas. O merveille ! Quelle surdité bouche vos oreilles ! Quelle extase étouffe vos coeurs ! ». On pense au Conte du Graal, on pense plus généralement au chevalier, au javânmard, membre de la chevalerie spirituelle qui, s'il semble livrer un combat contre le monde extérieur, est en fait plus profondément uni à ses semblables par la nécessité de faire advenir celui qu'on appelle le 12e Imâm, le Paraclet ou l'Homme Parfait, en redécouvrant le sens de la Parole perdue. Oui, tout cela ressemble à de la grosse soupe, aussi faut-il prendre le temps d'en extraire les morceaux de légumes les uns après les autres.





« Ces « Amis de Dieu » sont les yeux par lesquels Dieu regarde, c'est-à-dire « concerne » encore le monde, et tous nos spirituels sont d'accord sur ce point : c'est par eux, c'est grâce à leur communauté incognito, grâce à leur pôle mystique qui est l'Imâm, que le monde de l'homme continue de subsister. Il y a là une fonction de salut cosmique qui est infiniment plus grave et a infiniment plus de portée que toute fonction sociale. »





Si chacun d'entre nous a donc un Ange, « l'âme ainsi incarnée possède un « Pair-companion », un Double céleste qui lui vient en aide et qu'elle doit rejoindre, ou au contraire perdre à jamais, post mortem, selon que sa vie terrestre aura rendu possible, ou au contraire impossible, le retour à la condition « célestielle » de leur bi-unité ». Il n'y a donc pas de solitude fondamentale, simplement une dualitude ignorée, et notre comportement ici-bas, par ce qui ressemble à une loi des correspondances, trouverait son écho dans l'au-delà. L'âme et son Ange, comme deux particules imbriquées, peuvent ne pas se connaître sur l'espace de notre monde terrestre mais souffrir ou s'épanouir l'une de l'autre.





« Telle est l'Image enfantée ou l'extase vécue ici-bas par chacun, telle pour chacun sera sa mort. […] Nul ne peut espérer avoir dans l'autre monde la vision qu'il aura refusée ou profanée, livrée aux Ténèbres en cette vie. »





L'approche essentiellement orientalisante de ces réflexions est certainement bienvenue pour la constitution d'une sorte de transversalité soutenue par l'idée d'une religion pérenne mais je, qui dois réapprendre tout le langage de la religion de ma culture, ne pourrais rien retenir de ce pourtant brillant ouvrage prenant pour appui l'islam. Ainsi me contenterais-je (et serais-je ainsi comblée) de m'intéresser à l'Ange selon le christianisme.

Commenter  J’apprécie          150
L'imagination créatrice dans le soufisme d'Ib..

L’imagination créatrice, notion traditionnelle risquant d’épuiser son sens dans la modernité, reprise par exemple par Alexandre Koyré et Carl Gustav Jung que Corbin connaissait, s’est cherchée une seconde vie dans une mise en perspective permises par les traditions orientales. Henry en cherche donc des résonances dans la lecture des écrits du soufi Ibn Arabî qui lui permet d’affiner sa conception de l’imagination créatrice comme moyen de connaissance permettant d’appréhender immédiatement et instantanément des modalités de manifestation étrangères à celles de la seule manifestation humaine, l’imagination créatrice correspondant à la connaissance de l’imaginal, du mundus imaginalis, lieu de spiritualisation de la matière, lieu de matérialisation du spirituel, lieu des théophanies et des théopathies.





La lecture de cet ouvrage impose de connaître suffisamment le soufisme. Ce n’est pas mon cas. Imbibé de philosophie occidentale, de psychologie analytique et s’occupant de soufisme, Henry Corbin donne parfois l’impression de s’éparpiller. Le manque de la rigueur d’un René Guénon se fait sentir. Les plus sentimentaux y trouveront un surplus de passion esthétique, une inspiration mystique, les élans enthousiastes d’une âme en quête de transcendance.





Dans l’air de son temps – air qui embaume plus que jamais le nôtre, de temps – Corbin invite son lecteur à s’ouvrir à des pratiques religieuses plus décontractées et moins unilatérales, autorisant une forme de réciprocité entre l’homme et Dieu. Les religions dogmatiques sont critiquées : l’avant-garde d’un temps devient la ringardise éprouvée d’un autre, la critique du dogmatisme apparaît alors pour ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : une envie d’être regardé comme le dynamiteur des conventions. Rien de religieux là-dedans, nous en conviendrons. Le kathénothéisme (chacun choisit une divinité mineure pour en faire SA divinité) est valorisé, chacun pouvant finalement bien s’arroger le droit de faire du lèche-vitrine et de choisir son article préféré sur l’étalage des articles religieux.





Bien que hautement documenté, fin et intelligent dans le détail, par ses conclusions progressistes, cet ouvrage me semble relativement dispensable. Ce n’est que mon avis de réac.

Commenter  J’apprécie          100
L'homme de lumière dans le soufisme iranien

Ce texte d'Henry Corbin, j'en ai remis la lecture au lendemain durant plusieurs années, et puis il y a deux semaines, j'ai décidé, malgré la difficulté du texte, de m'y plonger, avec une allégresse teintée d'appréhension.

Quel texte… Certaines expériences ne sont transmissibles qu'avec la réceptivité appropriée. Rien de secret pourtant, simplement un manque de portes pour permettre au texte d'entrer dans l'esprit de celui qui le lit.

"L'homme de lumière dans le soufisme iranien" est de ceux là. Que de poésie, que de subtilité dans cette étude de Corbin, un livre qu'il offre tardivement aux lecteurs francophones et dont Marie-Madeleine Davy disait qu'elle était très fière d'avoir pu l'accueillir dans sa collection "Le soleil dans le coeur".

Au-delà du rattachement évident à l'Islam, ce texte de Corbin tisse de multiples liens avec le christianisme et dans une certaine mesure avec le judaïsme, mais il est possible d'y voir également des liens avec les traditions dzogchen du Tibet. Un texte rare et précieux, qui loin d'être inaccessible, demande au lecteur une grande humilité et une immense réceptivité.

Et comme tous les livres profonds, une lecture ne l'épuise pas. L'inspiration dans laquelle son écriture plonge étant commune à de nombreuses traditions spirituelles, la lecture m'a conduit au silence, lieu de tous les possibles.
Commenter  J’apprécie          70
Avicenne et le récit visionnaire

Résumé très clair et lumineux même, de Corbin, sur les différentes positions, notamment celle d'Abû-l-Barakât en plus de celle d'Ibn Sîna, qui éclaire davantage l'opinion de Sohrawardî, sur l'union ou la relation de l'Âme céleste et son pendant terrestre. C'est que le Sheykh al-Ishraq a un style d'une concision qui frôle l'elliptique, le cher garçon, obligeant à se reporter à ses commentateurs (Ghiyat ad Dîn Shirazî et Mollah Sadra) mais qui eux-mêmes y ajoutent leur grain de sel. En fait on ne comprend bien Sohrawardî que lorsqu'on a saisi Ibn Sîna, c'est-à-dire d'où Sohrawardî reprend la route et d'où il s'éloigne du point de départ.


Lien : http://vitanova.blogspot.com..
Commenter  J’apprécie          60
L'homme et son ange

Dans sa première Épître aux Corinthiens, Paul aborde les grandes différences entre notre corps terrestre et notre corps ressuscité (voir 1 Corinthiens 15.35-57). Il met en opposition notre corps terrestre et la splendeur de notre corps céleste (ressuscité) : « Le corps est semé corruptible, il ressuscite incorruptible. Il est semé méprisable, il ressuscite glorieux. Il est semé faible, il ressuscite plein de force. Il est semé corps naturel, il ressuscite corps spirituel. » (1 Corinthiens 15.42-44, italiques ajoutés) Pour résumer, notre corps ressuscité sera spirituel, incorruptible, puissant et glorieux.



Nous avons hérité notre corps naturel, parfaitement adapté à notre environnement terrestre, du premier Adam, mais il est devenu périssable à cause du péché. Après avoir désobéi à Dieu, l'homme est devenu mortel. Le vieillissement, la détérioration physique et, enfin, la mort nous concernent tous à présent. Nous sommes poussière et retournerons à la poussière (Genèse 3.19, Ecclésiaste 3.20). Notre corps ressuscité, lui, sera « ressuscit[é] incorruptible ». Il ne connaîtra jamais la maladie, la détérioration, la corruption ni la mort. « Lorsque ce corps corruptible aura revêtu l'incorruptibilité […], alors s'accomplira cette parole de l'Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire. » (1 Corinthiens 15.54)



À cause de la chute, nous sommes « semé[s] méprisable[s] ». Alors qu'à l'origine, nous avions été créés parfaits, à l'image de Dieu (Genèse 1.27), le péché nous a déshonorés, mais les croyants ont reçu la promesse qu'un jour, notre corps imparfait et méprisable ressuscitera glorieux. Notre corps ressuscité, libéré des restrictions imposées par le péché, sera plein d'honneur et parfaitement adapté à la louange et au service éternel de notre Créateur.



Notre corps actuel se caractérise également par sa faiblesse et sa fragilité. Notre « temple » terrestre est fragile et exposé à une pléthore de maladies. Nous sommes également soumis au péché et à la tentation ; mais un jour, notre corps ressuscitera puissant et glorieux et nous ne serons plus soumis à la faiblesse et à la fragilité de notre vie actuelle.



Enfin, notre corps ressuscité sera un corps spirituel. Notre corps naturel est adapté à la vie sur terre, mais ne peut survivre ailleurs. « Notre nature actuelle ne peut pas hériter du royaume de Dieu. » (1 Corinthiens 15.50) Après la résurrection, nous recevrons un « corps spirituel », parfaitement adapté à la vie au ciel. Cela ne veut pas dire que nous serons pur esprit, car les esprits n'ont pas de corps, mais que notre corps ressuscité n'aura pas besoin de nourriture physique et ne dépendra d'aucun moyen de subsistance naturel.



Les apparitions de Jésus après sa résurrection nous donnent un aperçu de ce que sera notre corps ressuscité. Ses blessures étaient toujours visibles et ses disciples pouvaient le toucher physiquement, mais il pouvait se déplacer sans effort et apparaître et disparaître à volonté. Il mangeait, buvait, s'asseyait et parlait, mais il pouvait aussi traverser les portes et les murs. La Bible dit que notre « corps de misère » sera « conforme à son corps glorieux » (Philippiens 3.21). Les limites physiques dues au péché, qui nous empêchent de le servir pleinement sur terre, auront disparu pour toujours, si bien que nous serons libres de le louer, le servir et le glorifier pour l'éternité.


Lien : https://www.babelio.com/monp..
Commenter  J’apprécie          40
Corps Spirituel et Terre Céleste

C'est un livre complexe, où se concentre toute la connaissance acquise par l'auteur des grands mystiques persans, qu'il étudie sous l'angle de la géographie et de l'anthropologie mystiques : non pas la géographie et le corps physiques, mais leur représentation religieuse et poétique dans des textes qui ne sont ni scientifiques, ni poétiques, mais participent des deux. On voit que le shi'isme iranien entretient des relations profondes avec l'ancienne religion des mazdéens, et qu'en Iran l'islam a rencontré une culture et une civilisation qui l'ont fécondé et métamorphosé.
Commenter  J’apprécie          40
L'âme de l'Iran

Un essai écrit à plusieurs mains et paru en 1951.

Plusieurs thèmes sont abordés et chaque auteur a traité d'un sujet : Zoroastre, la poésie contemporaine, dans l'intimité d'un mystique iranien...

Douze chapitres vraiment très abordables et très plaisant à lire. J'ai préféré de loin les chapitres dédiés à la poésie, à Zoroastre, au mystique à ceux consacrés à l'archéologie
Commenter  J’apprécie          40
Avicenne et le récit visionnaire

Sur la méfiance de l'église catholique envers l'angélologie et le combat de l'avicennisme latin, qui de façon inattendue, trouve un renfort avec la révolution copernicienne, objection majeure de Corbin : le Ciel d'Occident en devient, du coup, mortellement emmerdant et dépeuplé :




Lien : http://vitanova.blogspot.com..
Commenter  J’apprécie          30
Le paradoxe du monothéisme

Au cours des années vingt de ce siècle, paraissait en France, à Paris, la traduction d'une double trilogie qui était l'œuvre d'un éminent philosophe et romancier russe, Dimitri Merejkowski. La première de ces trilogies racontait le drame religieux de l'empereur Julien et portait comme titre La Mort des Dieux. Totalement opposé dans son esprit au grand drame de Henrik Ibsen, intitulé Empereur et Galiléen, elle laissait le lecteur dans l'attente d'un répons qui serait la résurrection des Dieux. De fait, tel était le thème de la seconde trilogie de Dimitri Merejkowski. Cette fois c'était l'épopée simultanément spirituelle, artistique et scientifique de Léonard de Vinci qui justifiait le titre de Renaissance des Dieux. Mais en définitive que fallait-il entendre par là et que fallait-il attendre de cette Renaissance au passé ? Avait-elle seulement le pouvoir de démentir une célèbre prière sur l'Acropole évoquant les Dieux morts, dormant ensevelis dans leur linceul de pourpre ? Si un tel pouvoir existait, il fallait que cette pourpre fût non pas la pourpre d'un crépuscule mais la pourpre d'une aurore. En lisant, l'an dernier, le vigoureux livre de James Hillman nous proposant le programme d'une psychologie "re-visionnaire" dont je traduirais volontiers le titre en français par "psychologie d'une résurgence de Dieux", je me dis qu'il pouvait bien s'agir de la pourpre d'une aurore, et que peut-être même elle était déjà là à notre insu, depuis toujours, car sans la clarté de cette aurore comment pourrions-nous déchiffrer le message de son héraut ? C'est en quelque sorte le phénomène du Soleil de minuit au Grand Nord, le phénomène d'un crépuscule s'inversant en une aurore levante, que nous présente ce que je voudrais signifier en parlant du "paradoxe du monothéisme". "Le Dieu-Un et les Dieux-multiples", I.1, Le Paradoxe du monothéisme, Henry Corbin.



La langue de Corbin, cette écriture qui a si bien rendu Sohrawardî et tous les Ismaéliens, montre aussi combien son intelligence était poétique, c'est-à-dire intuitive, apte à capter dans une image tout une théorie de reflets chatoyants. Ainsi la pourpre du crépuscule qui se fait pourpre aurorale évoque aussi, bien sûr, le Gabriel de Sohrawardî, dont il faut "reblanchir" l'aile assombrie, c'est-à-dire la rendre au matin :

(…)
Lien : http://sohrawardi.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          20
Avicenne et le récit visionnaire

Ibn Hazm disait que derrière la prétendue objectivité des "rationnalistes" se cachait en vérité beaucoup de motifs psychologiques, subjectifs, circonstantiels inavoués. Ibn Sîna, lui, par sa philisophie illuministe, résoud la question, en quelque sorte : c'est par la raison et ses chemins détournée qu'il est mené à son moi profond :


Lien : http://vitanova.blogspot.com..
Commenter  J’apprécie          20
Temple et contemplation

Ouvrage dense de sens comme Henry Corbin sait les produire, dans cette pléthore de sujets abordés, on a, par exemple, le rapport "phénoménologique" entre lumière et couleur qui est un parallèle de celle entre Seigneur et serviteur (rabb et marbûb), c'est-à-dire que comme la lumière manifeste la couleur, la couleur aussi existencie la lumière ; de même, comme la créature ne peut être sans Dieu, Dieu ne peut Se connaître sans la créature - c'est une dialectique d'existenciation mutuelle, selon un hadîth, Dieu était un Trésor caché "qui voulu Se connaître", et la création perpétuelle n'est qu'un dialogue de Lui à Lui-même et nous, êtres, sommes des reflets de Ses attributs, des miroirs où Il épanche Ses opérations divines.



Puis, dans une étude de l’œuvre de l'akbarien Hayder Amôli, nous avons une intéressante étude sur la Science des lettres et nombres en Islam, et comme "l'alphabet arithmosophique" connecte le Livre divin avec un autre Livre de Dieu - celui du cosmos, des correspondances spirituelles entre le microcosme et macrocosme que les mystiques des grandes traditions spirituelles n'ont que trop rarement manquées.



La suite de l'ouvrage tourne autour de la thématique du Temple, qui serait trop long à synthétiser ici, mais des discussions sur les Sabéens (on comprend alors le "fétichisme" pour les astres qu'on leur prête traditionnellement, les étoiles étant, comme chez Platon, les corbillards des âmes béatifiques) jusqu'à celle sur le St Graal, c'est une géographie de la théosophie universelle qui nous est déployée ici.
Commenter  J’apprécie          10
Art et littérature en Iran - Aspects d'hier e..

Essai écrit à plusieurs mains et traitant de sujets différents tels que la philosophie et la spiritualité en Iran, les missions archéologiques françaises en Iran, l'art, l'architecture, la poésie, la musique...L'ouvrage se conclut par des souvenirs d'Iran (1940-1960) relatés par Henri Goblot.



Il est toujours intéressant de lire des essais bien des années après qu'ils aient été écrits car l'Iran ayant fortement évolué depuis cette période là, certains faits sembleraient ne plus trouver leur place de nos jours. Et finalement, l'image que l'on en a en 2014 est éloignée de celle que l'on perçoit en 1960 alors que finalement peu d'années les séparent. J'ai encore appris beaucoup sur ce pays, notamment l'influence de la deuxième guerre mondiale sur ce pays et la présence/influence/régence de certains pays en Iran ; pour le dernier cas, j'ai envie de dire que certains sont toujours prompts à aller s'incruster là où ils peuvent (je pense aux anglais en particulier).
Commenter  J’apprécie          10
Trilogie ismaélienne

Ou le Saint Matthieu arabo-persan... Les mystiques musulmans s'abreuvèrent beaucoup aux sources évangéliques, via les traductions des Syriens. Les néoplatoniciens aimèrent particulièrement l'évangile de Jean, Ibn Arabî voyait le Christ comme le Sceau de la walayat (sainteté) en pendant à Muhammad Sceau de la nobowat (prophétie), les Isaméliens, comme les chiites, développèrent une christologie très poussée. Mais les textes cités diffèrent parfois curieusement des écrits canoniques chrétiens. Mauvaise traduction ? Les chrétiens qui manipulaient couramment le syriaque et l'arabe n'auraient pas fait de telles erreurs.


Lien : http://vitanova.blogspot.com..
Commenter  J’apprécie          10
Trilogie ismaélienne

Intéressant développement, qui met en avant la nécessité de répondre au comment avant le pourquoi. Façon, bien sûr, d'éluder les questions embarrassantes... Mais l'on retombe aussi sur l'éternel problème soit l'impossibilité d'être l'enquêteur et l'objet de l'enquête, l'observé et l'observateur, la vérité et l'énigme à la fois. Bien sûr, concernant le dernier cas, un exemple s'impose tout de suite, et c'était aussi une fois où la vérité était si aveuglante, qu'elle lui creva les yeux.


Lien : http://vitanova.blogspot.com..
Commenter  J’apprécie          10
Corps Spirituel et Terre Céleste

Henry Corbin a travaillé la continuité de la mystique de l'ancien Iran (avant l'islam) et de l'Iran shi'ite. De belles considérations sur la géographie spirituelle et le "monde imaginal".
Commenter  J’apprécie          00
L'homme de lumière dans le soufisme iranien

La mystique de l'Iran musulman médiéval.
Commenter  J’apprécie          00
Trilogie ismaélienne

Décidément, les Ismaéliens aimaient beaucoup les pluies d'anges. Quelques trois cents ans avant Nasir od-Dîn Tusî, Sejestanî glose déjà sur les gouttes de pluie angéliques, pour démontrer qu'il est inutile de se fatiguer à compter les anges dans le ciel, même en cas d'insomnies, non parce qu'ils sont innombrables, mais indénombrables, car "en ce qui concerne les réalités spirituelles, on peut mettre l'une à la place de plusieurs, ou inversement en mettre plusieurs à la place d'une seule, sans qu'il soit question qu'elles augmentent ou diminuent du fait de nombres qui y pénétreraient.


Lien : http://vitanova.blogspot.com..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Henry Corbin (131)Voir plus

Quiz Voir plus

Les patronymes et autres joyeusetés cachées dans le texte (2)

...Sous l'influence coupable du Malaga, Mogrhabine et Gastibelza s'assoupirent devant le feu moribond, la braise virait à la cendre et la cendre volait au vent, la nuit était silencieuse des cigales de l'après-midi...lorsqu'il vit le pain et le Niolo tombés de la besace de l'homme à la carabine, Victor Hugo songea avec nostalgie à Esmeralda et Quasimodo prisonniers du cri des gargouilles de Notre Dame de Paris...une larme se forma sous la paupière de son oeil gauche...

Jules César
Charlemagne
Napoléon Bonaparte
Alexandre le Grand

1 questions
26 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}