Henry Martin

L'art japonais doit beaucoup à l'art chinois ; et, pourtant, les races japonaise et chinoise ne se ressemblent nullement.
Le tempérament chinois est empreint de philosophie, de calme, de patience et de discipline ; le Japonais, au contraire, est vif, enjoué, spirituel et très raffiné.

On a souvent parlé de l'isolement de la Chine et, par suite, de l'originalité de l'art chinois. Cet isolement, à la vérité, a été très relatif : en effet, un siècle avant J.-C, des caravanes composées d'Arabes et de Parthes reliaient déjà la Chine à la Syrie et à la Perse. En 648, les Chinois s'emparaient du Turkestan et du nord de l'Inde. Au X^ siècle, l'empereur Mou -Wang conquérait la Chaldée et établissait un protectorat en Mésopotamie. Au XIIIe siècle, la dynastie mongole faisait des incursions en Arabie. Enfin, au XVII^ siècle, les Chinois envahissaient la Birmanie et la Cochinchine. Sans entamer l'originalité de l'art chinois, ces différentes conquêtes ont eu pour résultat de soumettre la Chine à des influences syriennes, perses et arabes, dont on peut constater notamment les effets dans les produits de la céramique et dans certains bronzes. L'art chinois est un art puissant, profond et assez
subtil.

L'art égyptien est imposant et majestueux. A aucune époque, on n'a employé des moyens aussi simples pour obtenir des effets aussi grandioses. Les édifices, qui sont d'énormes masses aux lignes horizontales, ont une mouluration très rudimentaire. L'architecture égyptienne est gigantesque. La salle hypostyle du temple de Karnak, qui n'a pas moins de 5.300 mètres superficiels, pourrait contenir Notre-Dame de Paris : elle n'est pourtant qu'une partie de ce temple immense. L'art égyptien est un art empreint de gravité. La gaieté et l'humour sont deux choses inconnues en Egypte, qu'on a souvent appelée la terre du silence : prononcer des paroles trop nombreuses y était considéré comme une impiété. C'est dans la sculpture que ce caractère de gravité est le plus frappant.

Le domaine de l'art égyptien comprend deux régions: la Basse-Egypte qui va de l'embouchure du Nil, le Delta, jusqu'à une ligne passant au sud de Memphis; la Haute-Egypte, qui part de cette ligne pour s'étendre jusqu'à la première cataracte. C'est Thèbes qui en est la ville principale. On estime que le nombre de ses habitants se montait à 700.000.

Le style Directoire marque une date malheureuse dans l'histoire de l'art. C'est en 1791 que furent supprimées les Académies et les Jurandes. Les Académies avaient été, depuis deux siècles, les animatrices du mouvement artistique et n'avaient nullement, quoi qu'on en ait dit, entravé l'effort individuel. Quant aux Jurandes, elles avaient été les gardiennes de la supériorité de la main-d'oeuvre artistique en France. On sait que, depuis le moyen âge, les métiers d'art industriel n'étaient point libres et que seuls pouvaient s'établir ceux qui, après un assez long apprentissage, avaient soumis aux Jurandes, qui étaient des syndicats de patrons, le chef-d'oeuvre prouvant la capacité de l'apprenti. La suppression des Jurandes eut des conséquences désastreuses.

On nourrissait alors une confiance aveugle et un peu naïve dans la pureté et l'austérité des moeurs de l'Antiquité. L'idéal était de copier en tout ces lointains ancêtres, de s'habiller à la romaine, d'habiter un temple sans fenêtres, de s'asseoir sur des chaises curules et de manger, sur des tables en forme de trépieds antiques, du brouet noir à la Spartiate, tandis qu'on s'éclairait avec des candélabres pompéiens. Cet amour pour tout ce qui était grec ou romain était tellement aveugle que le sens du ridicule s'en trouvait aboli et que certaines gens de qualité imposaient à leurs fils, et cela avec le plus grand sérieux, les noms d'Astyanax ou de Scaevola.

La fin de la Renaissance avait été une époque de stagnation pour l'art français. Pendant une trentaine d'années, les guerres de religion, les guerres civiles s'étaient succédé et toutes les industries d'art étaient tombées en décadence.
Avec Henri IV commence une ère de prospérité matérielle qui permet à l'art de s'engager dans une voie nouvelle. L'avènement de la dynastie des Bourbons amène un changement radical. Paris devient alors le centre artistique de la France en même temps que la résidence permanente des rois.

Le moyen âge a été la plus grande époque de l'architecture religieuse. Pendant la période de la Renaissance, c'est l'architecture civile qui domine. Aux cathédrales et aux églises succèdent les palais et les châteaux. Si on le compare à l'art gothique, l'art de la Renaissance donne une impression de jeunesse et surtout de gaieté exubérante, toutes choses inconnues au moyen âge.
La Renaissance française s'inspire, à coup sûr, de la Renaissance italienne; mais elle ne fait que s'en inspirer et ne la copie pas.

A la fin du XVe siècle, l'art gothique est en pleine décadence. Toutes les ressources du système de construction ont été épuisées et la décoration se complique inutilement. Sans doute l'art français n'est pas mort, mais il languit; et c'est en s'engageant dans une voie nouvelle qu'il va renaître.

C'est dans l'art de Michel-Ange et de Palladio qu'il faut chercher l'origine de la décadence de la Renaissance italienne au XVIIe siècle. Michel-Ange affectionnait le colossal et le bizarre. Palladio, lui-même, malgré son immense talent, avait osé bien des incorrections. Dans sa Loggia del Bernardo, il décroche l'entablement au-dessus de chaque colonne et fait pénétrer les fenêtres dans les architraves.

La deuxième période de la Renaissance italienne a Rome pour siège principal. Cette ville qui, durant le séjour des papes à Avignon, s'était dépeuplée et amoindrie, connaît avec leur retour une prospérité nouvelle.
Le nom du pape Jules II est inséparable de cette grande époque. Ce pontife sut discerner et s'attacher les meilleurs artistes. Bien qu'il soit mort en 1515, on doit le considérer comme l'instigateur de tous les grands travaux de Rome. Cette Renaissance romaine est bien différente de la Renaissance florentine de la première période ; toute classique, elle s'inspire plus directement des fragments d'architecture antique si nombreux à Rome et dans toute l'Italie.

On a dit avec raison qu'au moyen âge le genre humain n'a rien pensé qu'il ne l'ait écrit en pierre. La cathédrale gothique est un véritable livre de pierre. en effet. Sur les portails se développent non seulement les thèmes sacrés de l'Ancien et du Nouveau Testament, de la Légende dorée, mais encore la représentation des Vertus et des Vices, et aussi une abondante illustration, donnant l'image des saisons, du zodiaque, etc.

Appellation. — C'est Raphaël qui, le premier sans doute, employa le mot gothique dans un rapport adressé à Léon X. Cette expression était pour le
génial artiste un synonyme de barbare, un terme de mépris, par opposition à l'art antique, pour lequel il professait une admiration sans bornes.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, on considérait l'art gothique comme un art inventé par les Goths qui l'auraient importé en France. Depuis longtemps, on a fait justice de cette erreur et il est prouvé aujourd'hui que l'art gothique est né en France et dans l'Île-de-France. Nous devrions dire le style français ; mais, quoi qu'il en soit, c'est l'appellation gothique qui a prévalu.

Si l'architecture romane est tributaire de l'architecture romaine et de l'architecture byzantine dans l'emploi des voûtes, elle fait preuve, en revanche, d'originalité en introduisant dans l'art de bâtir une conception toute nouvelle, qui est l'équilibre. La construction romaine était une masse inerte ; dans l'art roman, les poussées des voûtes s'opposent entre elles, comme on le verra plus loin. Enfin, l'art roman montre une originalité absolue dans l'édification des clochers qui n'existaient ni dans l'art antique ni dans l'art byzantin.

Appellation. — C'est en 1825 que l'archéologue de Caumont employa, semble -t -il, pour la première fois l'appellation : Art roman.
Cette appellation est assez exacte, l'art roman étant tributaire de l'art romain et lui succédant, comme la langue romane a succédé à la langue latine ou romaine.
Durée. — L'art roman commence à la fin du Xe siècle ; il embrasse le XIe siècle tout entier et les deux premiers quarts du XIIe .Cependant, l'art roman a persisté jusqu'au milieu du XIIIe siècle dans certaines régions, notamment en Rhénanie et dans l'Agenais.

L'Art Grec
Origine. — Trente siècles avant J.-C, la Grèce était habitée par un peuple d'origine asiatique, qu'on a désigné sous le nom d'Achéens; on connaît assez mal l'art de cette population qui occupait non seulement la Grèce, mais la Crète.
Vers l'an 1100, les Doriens venus du Nord envahissent la Grèce ; une partie de la population se réfugie en Asie Mineure, entre les fleuves Hermès et Méandre : c'est à ces émigrés qu'on a donné le nom d'Ioniens. Peu à peu les Doriens au tempérament rude et sévère s'assimilent à la population autochtone qui est plus raffinée.
De cette alliance de deux races est né l'art grec.