Guibert décrit avec beaucoup de lucidité le milieu hospitalier. Il décrit avec intelligence les pratiques des soignants aussi diverses que leur nombre avec pour conséquence, souvent, l'inconfort du malade.
Pour se rassurer, il suffit de dire que c'était il y a plus de vingt ans...
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Sans contexte évidemment, le texte n'est pas très exaltant (en dehors de cette écriture crue qui vaut de toute façon le détour) mais avec les infos sur l'intertextualité des œuvres de Guibert, ça devient vite très émouvant.
Ce journal d'hospitalisation annonce vraiment les événements qu suivront dans la vie de l'auteur, soit sa tentative de suicide et sa mort, environ deux mois après. Ce journal c'est celui d'un homme qui abandonne doucement, qui cède la place à la maladie.
Un point final présentit, d'une vie et d'une oeuvre.
Commenter  J’apprécie         10 ![Cytomégalovirus : Journal d'hospitalisation par Guibert Cytomégalovirus : Journal d'hospitalisation](/couv/sm_C_Cytomegalovirus-Journal-dhospitalisation_1235.jpg)
J'admire l'homme plus que ses oeuvres (sauf les dernières écrites en partie sur sa maladie), pour la lucidité dont il a fait preuve dès le début de la maladie et au travers des étapes de celle-ci.
Il écrit : "Jai peut être fait la connaissance aujourd'hui, de la chambre dans laquelle je vais mourir". Par delà ses souffrances physiques, il y a ce qui pour moi représente la plus grande : la souffrance morale. de voir non seulement son délabrement physique, mais de savoir ce qu'il adviendra plus tard, mais toujours à court terme : le délitement de ses facultés intellectuelles avant de sombrer dans la démence.
Sur son hospitalisation, il note tout, car tout lui parait important et nous constatons avec lui, l'indigence des services hospitaliers, l'indifférence des infirmières qui parlent aussi forts de jour comme de nuit, sans se rendre compte tellement elles sont habituées à la maladie et à la mort, que le patient aimerait bien lui aussi se reposer. Avec lui, nous entendons les cris de douleur de ceux pour lesquels il n'y a plus grand chose à faire. Et comme lui, J'aimerai avoir la volonté de conserver ma dignité envers et contre tout et tous si un jour j'étais atteint d'un mal incurable.
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Trois aveugles : la femme, le mari, l'amant. Comment ils se rencontrent, comment ils s'aiment, comment ils s'entre-tuent. Un récit d'épouvante, puisque c'est le mode de lecture préféré des aveugles.
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La cruauté d'Hervé Guibert est un régal, car sa langue est à nulle autre pareille et que son l'humour et sa méchanceté ne cherchent à cacher ni sa tendresse ni son désespoir.
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Lu étudiante. Je ne me rappelle pas exactement de l'intrigue (un triangle amoureux, il me semble) de ce roman, lu lycéenne.
Mais je me souviens d'avoir été touchée par la plume de l'auteur. Un peu moins "voyeur" et provocateur qu'à l'accoutumée, immergé au coeur du monde des non-voyants.
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Une histoire totalement déjantée dans le monde très peu connu des aveugles, voila ce que nous offre ce court roman qui est à la fois amusant, délirant et instructif.
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Josette et Robert, un couple marié, Taillegueur, l’amant de Josette.
Tous trois sont aveugles et vivent dans un institut destiné aux aveugles, ou tout le personnel est aveugle, sauf le directeur. Ils y vivent en autarcie, de l’enfance à la mort.
C’est un roman étrange, insolite, dérangeant. Le style est assez surréaliste, parfois très beau, parfois assez glauque, parfois humoristique.
Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris, je ne suis pas sûre d’avoir aimé et pourtant…. je pense que c’est un bon roman
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Josette et Roger sont en couple et vivent dans l'institut pour aveugles ou ils ont grandi.ils y travaillent également et vivent leur vie. Un jour , un nouveau masseur débarque à l'institut, étrange et bientôt amant de Josette. Entre eux du sexe et le désir de tuer Roger...mais est ce vraiment ce que désire Josette? aimes t elle encore Roger ou ce nouvel homme?
Un récit simple,un moment de vie de ce couple d'aveugle, entre fantasmagorie et réalité. Court et déconcertant.
la 4 éme de couverture de Folio est vraiment nulle, elle ne reflète pas du tout le contenu, heureusement que j'aime Guibert car avec ce résumé pourri j'y serais pas allé! Pas merci le rédacteur de cette 4 eme de couverture!
Commenter  J’apprécie         00 ![Des aveugles par Guibert Des aveugles](/couv/cvt_Des-aveugles_1365.jpg)
Voilà un roman bien déroutant.
Ce qui frappe tout d'abord, c'est l'absence de situation spatio-temporelle. Cela pourrait se passer en 1930, en 1980, on ne sait pas vraiment où... J'ai finalement opté pour l'époque d'August Sander, comme le suggère la couverture du Folio (photo Enfants aveugles, de Sander)
Robert et Josette ne voient rien. Ils vivent reclus dans une sorte d'institution pour non-voyants (qui ressemble davantage à un internant à l'ancienne). Il y a effectivement un amant dans l'affaire, mais je ne suis pas tellement d'accord avec la plupart des commentateurs. Ce triangle amoureux n'est pas selon moi le centre du récit.
Le centre, c'est la description. Entre Zola et Céline, en y ajoutant une liberté de ton toute guibertienne, ainsi qu'un incipit qui m'a largement fait penser à celui du grand Meaulnes, la peinture (oserais-je dire la photographie) des personnages, de leur quotidien, de leur environnement est l'élément majeur.
Il y a quelque chose de la fable.
Avec ce roman, on pourrait en fait dire:"il y a quelque chose de çi ou de ça", sans pouvoir dire ce qu'il est vraiment.
C'est indéfinissable, il faut le lire et se laisser toucher, je ne vois rien d'autre à dire!
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Ce roman est absolument prodigieux ! L’auteur vacille entre le documentaire, le roman et la photographie pour dépeindre la vie dans un Institut spécialisé destiné aux aveugles et malvoyants. En une centaine de pages ce livre met en scène Josette, Robert et Taillegueur. Par ce triangle amoureux Guibert questionne la différence, la beauté, l’acceptation de soi. L’écriture est fine, tranchante, et hautement captivante !
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Depuis plusieurs années je souhaitais trouver et lire 𝑭𝒐𝒖 𝒅𝒆 𝑽𝒊𝒏𝒄𝒆𝒏𝒕 d’Hervé Guibert aux éditions de Minuit publié en 1989. Je ressors complètement remué, bouleversé, tourmenté, de cette autofiction sur la relation passionnelle entre l’auteur et Vincent. Dans une écriture érotique aux frontières de l’obscénité, Hervé Guibert interroge les notions d’attirance, de désir, de pulsion et d’obsession.
Le récit débute à la fin du mois de novembre 1989 avec la mort accidentelle de Vincent. Par suite, Guibert remonte le temps jusqu’au jour de leur rencontre en 1982. Le texte est fragmenté. L’histoire est inversée. L’auteur remonte le fil de cette relation ardente, exaltante, obsessionnelle. Une relation dans laquelle les corps des deux hommes s’échappent l’un à l’autre dans l’intensité des souffrances…
Commenter  J’apprécie         20 ![Fou de Vincent par Guibert Fou de Vincent](/couv/sm_cvt_Fou-de-Vincent_1312.jpg)
Difficile pour moi de juger du contenu de ce livre très bref, qui se présente comme une succession de courts épisodes datés, remontant le parcours tumultueux d'une relation entre un homme mourant et un adolescent qui lui file entre les doigts. Difficile en effet de le juger, parce qu'il représente une conception de l'amour que je ne partage pas du tout, mais que je comprends, en ce qu'elle est conditionnée par tout ce qui assaille le narrateur, en premier lieu la lente dégradation de sa santé, provoquée par les complications dues au SIDA, ses addictions ensuite, et enfin son attachement désespéré à ce jeune homme paumé qui va grandissant. On n'adhère ou pas au style fragmenté de l'auteur, qui ne m'a pas dérangé, mais ceux qui s'attendent à un récit construit autour d'une belle histoire d'amour (comme pourrait le suggérer le titre du livre) seront déçus. Je pense que Fou de Vincent est un texte important, tant pour la représentation littéraire des amours homosexuelles que comme témoignage des destinées brisées par le SIDA, mais il existe des oeuvres moins torturées, moins adolescentes dans l'esprit, qui mettent en scène des personnages gays, même dans ces années noires... Disons que l'auto flagellation et la course à l'abîme, c'est très intéressant a représenter en littérature, pensons cependant à nous ménager des incursions dans des horizons plus apaisés de temps en temps.
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Lu en 2020. Difficile pour moi de critiquer les écrits de Hervé Guibert, un auteur que j'ai découvert vers 17-18 ans, en pleines "années Sida".
Si j'avais été immédiatement sous le charme de sa plume, son côté "torturé" et autodestructeur a toujours créé en moi un malaise certain. Ici, c'est en partie le cas : j'admire autant la plume et sa véracité (souvent extrêmement crue), à travers la passion dévastatrice qu'il raconte, mais le malaise persiste...
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Une relation devastatrice entre le héro du livre et l'auteur , écrit sous forme de journal. C'est la première fois que je lis du hervé Guibert , son style se rapproche de cyril Collard très cru ce qui ma un peu décu.
Commenter  J’apprécie         30 ![Fou de Vincent par Guibert Fou de Vincent](/couv/sm_cvt_Fou-de-Vincent_1312.jpg)
Au début, Vincent meurt.
A la fin, Hervé rencontre Vincent.
En apprenant la mort de celui dont il fut dévoré d'amour, Hervé Guibert dans une de ses autofictions habituelles nous livre, à rebours, des fragments de son journal pour nous raconter qui était son Vincent. Et à travers les mots on découvre un jeune homme qui aurait pu paraître excessif si Guibert ne l'était encore plus, toujours plus. Et puis Vincent il aime surtout les femmes, la drogue et l'alcool alors pour le détourner de ses démons, il faut toute l'imagination débridée de l'écrivain pour le retenir, le revoir, l'attendre des nuits durant, l'espérer, l'aimer lui et encore plus son absence, prêt à n'importe quoi pour cet amour qui est si peu payé de retour. Parce que Vincent l'a bien compris, Guibert est fou de lui, alors selon ses humeurs et ses aspirations il choisit d'en faire ce qu'il veut. Un jour câlineur, le lendemain bourreau. Et puis des exigences, d'argent, de drogue, de temps... Guibert amoureux accepte tout, se soumet, oublie sa dignité, s'oublie lui-même, qu'importe du moment qu'il revoit Vincent le lendemain.
♪ You took your life, as lovers often do
But I could have told you, Vincent ♪
♫ This world was never meant for one
As beautiful as you ♫
Journal d'une passion à sens unique, Fou de Vincent nous dévoile un Hervé Guibert dont on ne sait plus si c'est d'amour qu'il se transit ou d'attente et d'espoir forcenés car bien entendu, moins Vincent lui cède, plus il en est dingue et s'il avait semblé ne pas prendre autant de plaisir à ce tourbillon masochiste que sans aucun doute il se délecte à entretenir, on souffrirait avec lui. Mais finalement puisque chacun paraît y trouver son compte...
On retrouve dans Fou de Vincent l'exacte recette dont sont cuistancés les textes les plus admirables de Guibert quand sans retenue ni fausse pudeur celui-ci, entre érotisme poétique et obscénité débridée, laisse s'exprimer tout son mal être et nous enseigne que l'amour, loin d'épanouir son homme, se doit d'en faire baver des ronds de chapeaux pour qu'on accepte, un jour, d'y prêter attention.
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Une autopsie du rapport amoureux. L’écriture de H. Guibert est débridée, provocante, sulfureuse. Elle n’est que le résultat d’une passion dévorante qui coupe le souffle. C’est impudique, érotique, poétique. Ça sent le stupre et la dévotion. Fascinant.
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Un livre très touchant, généreux, dégusté d'une traite. Les notes du journal de Guibert à propos de son amour pour Vincent sont franches, parfois tristes, la plupart du temps magnifiques.
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Hervé Guibert m'apporte régulièrement des moments de bonheur, dans mes lectures.
Après un passage à la librairie "Les mots à bouche", à Paris, je me suis laissé tenté par ce court texte "Fou de Vincent".
Bien m'en a pris. Ce fut un court mais pur moment de bonheur de retrouver cette écriture pleine de sensibilité et d'émotion.
Ce texte continue de m'accompagner et est sans doute un des meilleurs d'Hervé Guibert, lus à ce jour.
J'attends de prendre un peu de recul pour le relire en partant de la fin, puisque l'originalité de ce livre est de commencer par la fin de l'histoire pour ensuite remonter le temps, à la rencontre de Vincent.
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