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Critiques de Hervé Prudon (30)
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La langue chienne

Tintin, la middle classe, poète dans l'âme

échoue à Marquebuse dans le Nord.

Il s'est ench'tiché de Gina,

coiffeuse au chômage biberonnée de TV non stop

qui en pince sévère pour Franck,

un ex champion de char à voile

de descente de chope de bières et de concours de rôts

qui finit aussi par élire domicile sans aucun complexe

dans leur nid... d'amour.

Tintin se fait gaiement repasser, va au boulot,

ramène les kro, fait la causette pour trois...

jusqu'où vont ils pousser le bouchon, la capsule ?

Hervé Prudon s'est inspiré d'un fait divers réel qui dépasse l'imagination.

L'histoire pourrait virer au noir total mais l'auteur dilue la couleur sombre,

en insufflant son style free jazz , en parsemant çà et là des citations poétique (Cendras, Aragon, Artaud, Saint-John Perse, Francis Jammes....)

et des dialogues décalés.

Sa façon de noyer le poisson pour repartir de plus belle dans l'histoire qui finira on s'en doute très mal

avec d'un coté l'attachant Tintin Bourvil flanqué de sa chienne Vilaine

qui n'en porte que le nom et de l'autre l'affligeant couple tuyau de poêle...noire de crasse.

Un roman noir poétique qui me fait penser à Pascal Garnier.

La langue chienne, de quoi devenir à crocs.

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Nadine Mouque

Quand c'est Hevé Prudon, le routard du polar qui tient la barre

et qui donne le ton, on sent qu'on va se faire un sang d'encre.

Sa Langue chienne m'a déja retourné le palais, Ze big slip, le caleçon

et Banquise, rendu complétement loup-phoque.

Alors qu'elle effet va me faire Nadine Mouque ?

Sans bouée de sauvetage, on atterrît en pleine banlieue,

dans la cité des Blattes, une sorte de gros cafard n'a hommes...

"où c'est rien qu'abrutis vulgaires et béton".

Là, dans la famille Piquette, on choisit Paul au physique ingrat,

le fils en fin de droits qui revient vivre chez sa maman

et qui n'a qu'une obsession, vivre avec Hélène,

celle de la série des années 90 mais bien sûr sans les garçons...

Tel Ulysse, Paul compte remonter le fil jusqu'à sa Pénélope,

quitte à retourner la moindre parcelle de la cité, mêmes les poubelles ...

Mais pour cela, il doit aussi affronter ses propres démons de la boisson

et toutes les racailles de bas et hauts étages,

Autant dire qu'il ya du monde qui l'attend aux balcons

et que l'heureuse élue est attendue...

Je ne vais pas faire durer le suspens, surtout en pleine Banquise,

et qu'en ce moment, il neige un beau tapis blanc qui vire bouillasse.

Nadine Mouque, elle m'a cloué le bec !

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Nadine Mouque

Voilà.

Hervé Prudon, par Nadine Mouque, vient d'entrer dans mon collectif d'auteurs du Noir français.

Ce numéro 2401 de la Série Noire, est arrivé dans ma bibliothèque, après que je l'acquit dans la librairie d'un de mes Emmaüs favoris. Hop! dans la caisse translucide des sombres Gallimard.

Me voilà parti en visite guidée aux Blattes, avec le fils Piquette qui en fait de belles: Maman tire sa révérence, et le fiston perd une partie de ses repères.

Le sauvetage en poubelle d'une accidentée en moto, va entraîner Paul Piquette dans la déglingue aggravée par l'abus des boissons alcoolisées.

Hervé Prudon, même s'il écrit sans concession, ne se départi pas d'un humour qui tient le langage.Ses descriptions de ces nouvelles savanes de béton et leurs catacombes labyrinthiques son savoureuses autant que le portraits des saints, des barbares et des populations blattiennes sont détaillées et pittoresques.

À défaut de religion catholique, le cathodique sert de toile de fond, avec cette irruption d' Hélène alias Nadine Mouque dans la savane sus nommée.

Cela vaudra même à Paul, une petite visite (mortelle) dans le Paris huppé si loin des Blattes... histoire de prendre un peu l'air.

Voilà.

Un roman bien noir du milieu des années 90 d'un siècle qui finissait. Une sorte d'hymne déjanté à cette banlieue, une ode à ces cités abandonnées mais foisonnantes de vie, de mort et d'un danger toujours présent.

Un livre qui vaut la visite et ces cinq étoiles.
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Banquise

Schmiz "Bonnes joues" a fait le grand saut :

une chute fatale du haut de son appart de Sainte-Mouise-sur Dèche.

Homicide ou Sucide ?

Pas de doute pour le dépressif commissaire Pojarki

qui vient d'écrire un livre sur le désespérando...

Pas de l'avis de Gribiche, un ex-pote de cellule du ratatiné

qui se rend sur les lieux du drame à la recherche de Lola,

la petite amie du joufflu.

Transi, il découvre la zoo zone, les tours igloo où crèchent Bébé la frime,

Méchouk le sombre, Kibour le pif rouge, bref la faune locale...

Ce polar d'Hervé Prudon sur la banlieue ne date pourtant pas de l'âge de glace mais fait froid dans le dos et fout le moral à zéro,

ambiance gris béton, ours mal léchés à tous les coins des tours iceberg.

Déboussolé j'ai failli perdre le nord mais j'ai enfilé mes moufles

pour terminer avec quelques engelures ce polar loup-phoque.

La Banquise de Prudon, de quoi vous refroidir....
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Ze big slip

En 2006, pendant le tournois des Cinq nations et les manifestations anti CPE, Philippe Marleau se réveille grise mine avec une big trique...

A son âge, c'est gênant

Comment la cacher ?

avec ze big slip !

mais la journée n'est pas finie

pour le retraité divorcé adepte du jardinet partagé,

qui ne jure que par les semis de poireaux et de salades.

Le voilà embarqué dans la chienlit ambiante

et se retrouve à devoir refourguer à son fils un flingue

un sac à bébé...

et à hurler à qui l'entend " Touchez pas aux grises bites !"

La Suite Noire dirigée par Jean Bernard Pouy est un hommage

à la série Noire

Elle est sobre et cartonnée comme la vraie

J'avais été scotché par l'humour chevalin de Nadada de Bartelt, clin d'oeil à Nada de Manchette.

Je récidive avec Ze Big Slip d' Hervé Prudon qui est une variation très libre de The big Sleep de Raymond Chandler.

C'est bourré de références, bouillonnant, bidonnant.

Je me suis perdu à maintes reprises à Sainte-Anne, dans les manifs et bistrots parigots

mais suis resté accroché à sa prose déjantée.

Ze big slip, à lire ou non, avant Le grand sommeil, à vous de voir !
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Ze big slip

Suite noire number six!

Je trouve ce Prudon - là un ton en dessous de Nadine Mouque.

Ze big slip, c'est Paris à la sauce mégapole US... Hommage à Chandler oblige...

Le bouquin est barré entre embrouilles, situations scabreuses, tendresse paternelle, humour, philosophie, j'en passe et je dis que cet opus mérite le détour entre manif et plan aussi glauque que presque opaque.

Les interludes potagères, surprenantes, sont assez bienvenues et donnent un tempo sympa. À chacun son petit jardin, n'est-il pas vrai?
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Tarzan malade

J'ai eu envie de tenter un "polar" des années 80 qu'on appelait alors "thriller à la française".

Alors pourquoi pas ce court roman de 180 pages.

Le style s'annonçait plutôt sympa avec ses expressions un peu façon San Antonio, "une écriture qui fuse " selon Télérama, un ton bien franchouillard avec le racisme à fleur d'époque quand on pouvait rouler à 180 km/h sur autoroute !



Pour l'histoire, c'est plus compliqué, Il faut lire ce roman d'une traite.

Prudon nous perd un peu dans sa narration et ne nous en facilite pas la lecture ; ainsi utilise-t-il un nom et un prénom pour nous faire comprendre ensuite que les deux ne faisaient qu'un.

Il ne fournit pas de résumé qui nous permettrait de reprendre le roman, fait des sautes du coq à l'âne et des changements de points de vue...



Moi qui voulait lire facile, c'est raté.

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Mardi-gris

Emile conclut sa lettre par cette formule de politesse singulière : «… veuillez croire, Monsieur le Commissaire, à l’expression de mon profond mépris. » Dans ce courrier, il nie toute implication dans l’assassinat du brigadier Gourdon. Ce policier raciste avec lequel il se querellait fréquemment a été abattu au pied de son immeuble. Il choisit de ne pas rentrer chez lui pour se soustraire à la pression des enquêteurs. Et puis il n’en peut plus de cette existence bloquée entre les quatre cloisons d’un HLM bien blême. Alors non, il ne regagnera pas l’appartement familial où il est attendu pour dîner avec son beau-frère raciste et sa sœur geignarde. Il trouve refuge dans le pavillon d’un ami où il rencontre René qui sort tout juste de prison. En voilà un drôle d’acolyte : petit, fluet et doté d’une drôle de tête pleine d’idées libidineuses. Après un accrochage avec des Hell’s Angels, les deux garçons prennent la route pour rejoindre une communauté implantée dans le Cantal. Mais le bon air du Massif central ne va pas apaiser la colère d’Emile. J’ai ressenti beaucoup d’empathie pour ce personnage. C’est un tendre, un rêveur, un poète, qui va rompre brutalement avec la médiocrité de sa condition de banlieusard. Mais il est saisi par une haine étouffante qu’il ne parvient plus à contrôler et qui le conduit vers la violence. Hervé Prudon se démarque par son style frénétique. Son écriture impétueuse est faite de fulgurances qui révèlent un désespoir qui ne pourra connaitre qu’une fin tragique. Après avoir terminé la lecture de ce roman, j’ai repris des passages pour mieux les apprécier. Une belle découverte.
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Le Poulpe : Ouarzazate et mourir

Le Poulpe d'Hervé Prudon n'est pas mon favori.

Dans Ouarzazate et mourir, Gabriel tergiverse, déprime, se pose des tas de questions, en oublie ses engagements bien qu'ils ne soient pas politiques, et son habituel cynisme de bon aloi.

Trois amis de lycée, Paul Navran, Léo Spitz et Gabriel Lecouvreur.

Paul Navran, alors maoïste surnommé Tchang, est devenu SDF. Léo Spitz connait le succès dans la com' et porte des manteaux à col de loutre, Gabriel est devenu le Poulpe.

Par quel miracle se retrouvent-ils des années plus tard ?

Embringué par Léo dans un traquenard imaginé par Samantah la femme sans fesses que le Poulpe n'a pas pu se faire, Gabriel se rebiffe mais suit la troupe. Il joue le rôle d'un Gourou chargé d'apporter la lumière à une convention d'entreprise au Maroc...

Premier symptome de déprime pour notre ami Gabriel, il ne veut plus y aller.

Ajoutez à tout cela qu'un associé de Léo, Gunther se fait dessouder et vous obtenez une intrigue tarabiscotée mais pas très convaincante.

Chéryl disparait et Gabriel se met à cracher sur tout ce qu'il vénère, le pied de porc à la Sainte Scolasse, son patron Gérard le chie Léon, Vlad, Maria et Chéryl. Même la lecture du Parisien et l'atmosphère surrannée du XIème, ne trouvent plus grâce à ses yeux. Pire encore, il doute de son ami Pedro et de son attachement au Polikarpov qu'il rénove pour Gaby. C'est dire.

Gabriel se dit qu'il est un salaud s'il ne devient pas SDF comme son ami Tchang qu'il a vu en rêve, et qu'au fond sa position de cul entre deux chaises fait de lui un salaud pas meilleur que Léo et Samantha.

Hervé Prudon abandonne l'ironie et l'humour à la grosse Bertha pour laisser Gabriel à son questionnement : "Je crois que si on ne voit pas le monde avec les yeux d'un pauvre, on ne voit rien. je n'ai de leçons à donner à personne, je ne me mêle plus de rien."

A lire pour les amateurs du Poulpe aux mille visages.
Lien : https://camalonga.wordpress...
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Nadine Mouque

Le style de Hervé Prudon n'est pas simple lorsqu'on entre dans son roman: très proche de l'écriture automatique, des mots, des phrases se suivent, parfois une idée en amène une autre et finalement le lecteur apprend à apprivoiser l'histoire. Paul vit avec sa mère " M'man" dans un appartement d'une banlieue sinistre . Il avance dans la vie une bouteille de " Côtes" à la main. La quarantaine, mal dans sa peau. Une description sans pitié de la vie quotidienne dans les " Blattes" ( c'est le nom du quartier). Il va sans dire que ni le voisinage, ni les rencontres qu'il va faire ne l'aideront sur le chemin qu'il ne choisit pas. La présentation de Sylvie Péju , en début d'ouvrage, est intéressante.
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Devant la mort

Avec un brin de poésie dans l'air, j'ai trouvé au hasard dans ma librairie préférée : " Devant la mort " de Hervé Prudon, publié aux éditions Gallimard.



Ce recueil de poèmes témoigne du sentiment de peur et d'angoisse face à la mort, qui était omniprésent durant les deux derniers mois de la vie d'Hervé, et de l'urgence de coucher sur papier ses ultimes pensées (noires).



Atteint d'un cancer et se sachant condamné, Hervé livre sa dernière bataille à travers des poèmes fort sombres, dévoilant un combat bien difficile, même dans les plus banales de ses activités quotidiennes.



Une souffrance de ne rien pouvoir faire et une impuissance face à l'inévitable le pousseront à écrire jusqu'au dernier moment.

Bien qu'anéanti par l'idée de ne devenir bientôt plus rien, Hervé nous livre avec force et courage ses angoisses les plus profondes. Il évoque tout ce qu'il va laisser derrière lui, et tout particulièrement sa femme, mais aussi la tristesse dont il est empreint face à cet abandon trop soudain.

Au fil des pages, nous assistons à la décadence de l'auteur, de plus en plus fatigué et à bout de forces.



Il s'agit du premier livre que je lis de cet auteur et j'ai agréablement été surprise. Pensant qu'il allait s'agir d'un recueil ni plus ni moins lugubre, on y retrouve quand même une certaine douceur. Une douceur grandissante dans les derniers poèmes, comme si l'auteur se libérait enfin de son triste sort dont il était prisonnier et acceptait enfin ce funeste destin auquel nous sommes tous destinés …



Je recommande cette lecture à tout(e) passionné(e) de poésie mais pas uniquement. Nul besoin d'être fan de poésie pour ouvrir un tel livre qui touche par sa sincérité et la véracité de son écriture. Ce livre vous laissera une forte impression je n'en doute pas !


Lien : https://www.facebook.com/ros..
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Le Poulpe : Ouarzazate et mourir

une intrigue plutôt prenante même s'il y a un

peu trop de pathos par

moment.

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Nadine Mouque



"J'écris des romans noirs qui posent toujours la même question : "Est-ce ainsi que les hommes vivent ?" Mes personnages sont des pauvres types qui vivent dans un monde brutal, mais cherchent, avec un regard poétique, des traces de douceur et de bonté." Hervé Prudon.



Cette année, les Editions Gallimard ont décidé de relancer leur collection "La Noire" avec trois livres-étendards dont "Nadine Mouque" d'Hervé Prudon, décédé il y a peu. Ce livre a été publié en Série Noire en 1995.



C'est un bien bel et étrange ouvrage que ce livre-ci. La page de garde est imprimé de logos faits par l'auteur, et à la fin, une quinzaine de pages de dessins écrits, un genre d'"art brut".



Ça commence comme ça :



"Lundi ça commence, lundi matin, "je finis ça fissa, dit M'man, et j'y vais", elle finit son fourbi et elle sort, "et m'attrape pas du mal", que je lui lance encore sur le seuil, et je l'entends qui croise un voyou, qui lui dit "Nadine Mouque" et M'man répond "jour mon petit", M'man s'appelle pas Nadine Mouque, mais Madame Piquette, et ça n'écorcherait pas la bouche des voyous de dire "bonjour madame Piquette, comment vont vos jambes, votre dos, votre ulcère, votre paresse intestinale" mais ici, aux Blattes, Nadine Mouque ça va pour tout le monde et toutes les religions, c'est un mot de passe pour vous gâcher le jour, vous dire la haine et l'irrespect de la personne humaine, tout le monde s'appelle Nadine Mouque."



Le narrateur c'est Paul, quarantenaire gros et vraiment pas beau, il est revenu habiter chez sa mère dans la cité des Blattes, c'est le début des années 90, il est en fin de droits, et une seule chose le passionne, Hélène. Oui, il regarde Hélène et les garçons, Hélène c'est son fantasme. Sa mère revient de courses, fatiguée, elle s'endort sur le canapé, elle a une blessure : elle a été prise au milieu d'un rêglement de comptes devant le Franprix, et s'est pris une balle. Paul est perdu, il ne sait que faire, il pense, il pense en racontant sa vie, ce qu'il est, et décide de boire. Un max. il avait arrêté. Et il garde M'man, faut qu'il s'habitue. Il la traine jusqu'à sa chambre, elle est installée dans son lit comme si elle dormait, et Paul va se coucher dans sa chambre à lui. Bourré. La nuit même il se retrouve en pyjama dehors, il a entendu des glapissements de renard, en fait dans la grande benne à ordures, il y a une fille tombée dedans. Et elle ressemble vraiment à Hélène. Comme il la cogne en la sortant de la benne, il la ramène chez lui. Et là, il est heureux. Il la couve des yeux, il l'adore, mais un nombre incalculable de gens sonnent pour un oui pour un non, et il ne peut pas cacher longtemps cette Hélène qui dit s'appeler Wanda et qui traine à moitié à poil. Et cette rencontre, le corps de sa mère qui commence à sentir, et les hommes qui rentrent ça fait un peu beaucoup....



Avec un style inédit pour moi, l'auteur enfile les mots comme des perles sur un collier, par assonnances, dissonnances, synonymes, les mots s'entrechoquent et rebondissent avec vitalité, des phrases longues comme des pages pour décrire ses sentiments égarés, sa vie sans vie à la Cité des Blattes, la violence, les accidents, les morts, les blattes, les vraies, accumulées partout dans l'appartement, les grossièretés en veux-tu en voilà, les familles de toutes nationnalités qui cohabitent avec plus ou moins de heurts, les cris, la saleté.. la vie dans les grandes barres de cités, sans clichés, la vie d'un pauvre type déjà foutu, emmêlé dans une galère bien plus grosse que lui.



Étonnant, noir, un peu glauque. Un style inoubliable, par contre.







Nadine Mouque - Hervé Prudon, ed Gallimard coll La Noire, 175 p, mars 2019, 18€
Lien : https://melieetleslivres.wor..
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La revanche de la colline

Siegfried Ziegler se rend à Saint-Quentin- en- Yvelines, ville nouvelle faite de bureaux et consacrée au "hi-tech", pour tuer un petit garçon, fruits des amours entre Ettore et Mara lors d'une tuerie entre gangs au "Marseille". Tout doit disparaître, et pour Ziegler "dit "Zig" ce n'est qu'un contrat comme les autres.

Or, il y a les amours contrariées : Zig aime sa cousine Nina qui elle aime Raymann qui lui est amoureux de Mara, veuve d'Ettore qu'il a tué au "Marseille". On nage en pleine tragédie shakespearienne.

Tout se joue dans un décor de ville nouvelle, non loin de Port-Royal-des-Champs, entre une humanité désincarnée où des terroristes –vus comme au loin- posent des bombes. La population de cette ville est décrite comme un fantôme avec sa vie trop réglée. Les truands et leurs égéries s'incarnent d'autant plus comme un monde ancien, peut-être plus proche de celui de Racine et de Blaise Pascal, anciens pensionnaires de Port Royal, dont des phrases entières reviennent dans le cerveau de Ziegler qui se perd et commence à lâcher prise dans cette ville entre ses meurtres, son contrat, sa cousine qui ne sait pas ce qu'elle veut et son meilleur ami, Pelo, homosexuel papa-poule qui s'occupe des enfants de Mara dont la petite fille -qu'on appelle "Petite Fille"- très agitée et qui se tord en convulsions comme si elle sentait la violence d'un monde qui n'est pas pour elle. Il y a aussi petit garçon qu'on nomme "Petit Garçon".

Entre les racines au sens propre d'un monde de pureté mystique incarné par Port -Royal et son abbaye de jésuites, et le monde hi-tech des cadres au plan de carrière tout tracé où rien ne dépasse, les "héros" même avec leurs multiples défauts, ont l'air -du moins c'est ainsi que le narrateur les présente- d'être les derniers vrais humains, un groupe de tontons flingueurs bonhommes.

Le style de Prudon se référant à la tragédie grecque, consiste à mettre dans la bouche de ses personnages de longs monologues comme dans Sophocle ou Eschyle. Ambiance très étrange et souvent malsaine. On sent planer la mort mais quand elle vient, c'est en coulisses.

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Vinyle Rondelle ne fait pas le printemps

Quel est l’événement culturel incontournable du printemps ? Bien entendu le Printemps de Bourges qui voit pendant plusieurs jours les différentes mouvances musicales du moment débarquer ainsi que leur cohorte d’aficionados . En guise de fans et de musiciens nous avons le droit ici à une belle brochette de personnages hétéroclites et haut en couleur qui pour des motifs plus ou moins louables se retrouvent tous à Bourges : un gangster qui recherche sa valise de pognon accompagné d’une ex-star du porno , deux hommes de main qui viennent de descendre un prêtre noir , un jeune couple complètement défoncé en manque de sensations fortes , un ancien contrôleur de trains défroqué et aviné , un journaliste musical complètement sourd , l’organisateur du festival qui en a vu d’autres , un bourgeois local catholique intégriste qui veut faire disparaitre le Printemps de Bourges et un groupe de musicos qui grâce au système D doit jouer au Printemps .

Un roman barré , foutraque , incestueux, au style improbable et bien sûr complètement rock’n’ roll .

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Qui veut la peau du colonel ?

Un récit troublant qui met en scène des personnages qu'on pourrait penser au-dessus de tout soupçon. Une manière de chasse à l'homme, basée sur des faits dont on ne sait s'ils sont contestables, en tout ou en partie. Un livre actuel qui fait en tous cas un peu froid dans le dos.
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Nadine Mouque

Cette année, les éditions Gallimard ressuscitent « La Noire ». Un des premiers titres à renaître est Nadine Mouque d’Hervé Prudon.

Publié en 1995 dans la collection « La Noire », puis en 2004 à la « Série Noire », cette troisième édition permet à tous les amoureux de romans noirs de découvrir ou redécouvrir ce petit bijou.

Dans ce roman, on découvre avant tout une plume incroyable. Hervé Prudon a cet art de jongler avec les mots qu’on trouve rarement aussi abouti. Capable de faire des phrases de la taille d’un (gros) paragraphe pour décrire un lieu, un environnement ou un personnage, sans jamais être redondant, avec foison d’images et de métaphores, l’auteur manie les mots comme les épices d’une recette de cuisine gastronomique.

De la même façon, il joue avec ses personnages, mêlant en premier plan une guest star que, il faut l’avouer, les moins de 40 ans auront du mal à resituer.

Et ce personnage de Nadine Mouque apporte le côté amusant et léger à cette histoire très noire.

Dans ce roman, Paul, le narrateur, nous raconte sa banlieue parisienne, cette zone de non droit où règnent les petits malfrats, les dealers et où tente de survivre tous les laissés pour compte, ni parisiens, ni provinciaux, juste des âmes condamnées à vivre et mourir au milieu des tours d’immeubles.

La suite sur le blog
Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Devant la mort

Le grand auteur de la série-noire, sentant la mort approcher, jette sur le papier ses derniers poèmes, et c'est très beau !
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Mardi-gris

Dans un quartier de banlieue, un flic se fait assassiner. Rochette, un petit zonard fiché, vaguement anar, se sauve et se cache car il sait que les soupçons de la police se tourneront vers lui. Il se terre dans une villa délabrée où il rencontre, chez un ami de Nadia, sa copine occasionnelle, René, un pauvre petit bougre qui l’admire. Ensemble, ils vont partir et se retrouver au cœur de la France profonde dans une communauté de babas-cools abandonnée où seule reste "Nana-Cool".

Jusqu’à la boucherie finale, Rochette restera une énigme, René se retrouvera sur la côte et Nana-Cool ira rejoindre la société.

L’originalité de ce polar de facture très classique, au style efficace, vient du fait que d’emblée, Rochette apparaît sympathique dans sa haine du système et des flics mais il est aussi très ambigu. C’est un inadapté pardonnable vu son milieu (banlieue, famille beauf, mère éplorée…)mais c’est aussi un maniaque du crime si l’on considère la description très réaliste de l’assassinat des deux gendarmes. René a des désirs d’employé et Nana-Cool se fait embaucher, rampante et mielleuse mais Rochette reste une espèce d’Hamlet moderne, bouffon noué à une éternelle tragédie.

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Le Poulpe : Ouarzazate et mourir

Le poulpe... un poulpe le numéro 288 en librio noir ...ou historiquement le numéro 20 publié en 1999 (1).

Saviez vous qu'il y a des règles pour cette collection hors norme, tout d'abord des personnages récurrents que l'on peut rencontrer dans chaque histoire (2).

La structure des livres obéit à certaines règles (3).

Dernières précisions, la plupart des titres sont des jeux de mots tirés d'expressions classiques, de titres de films ou de livres, des palindromes (Une valse de slave nu de Vladimir Bodiansky)...

Qu'est ce qui change dans cet épisode ...

Il n'y a pas eu de meurtre même si, il y a un cadavre.

La connaissance du "meurtre" ne vient pas d'un fait divers mais d'un rêve.

Il n'y a pas d'arme ni d'histoire de vrais ou de faux papiers.

Le livre choisi est "La vie de Jetsün Milarepa", moine tibétain du XIe siècle après JC ... le moins qu'on puisse dire que c'est roboratif (voir le résumé de ce bouquin sur Babelio (4).

Et Gabriel boit des bières et encore des bières mais toujours des demi !

Un regret ... pas vraiment adhéré à ce livre ... déçue ... car ennuyeux et casse pied ... le poids du livre de philosophie est lourd ... très lourd.



(1)

« Le Poulpe » collection de romans policiers publiée aux éditions Baleine, inaugurée en 1995 avec La petite écuyère a cafté de Jean Bernard Pouy. Chacun des épisodes est écrit par un auteur différent, on y suit les aventures d'un même personnage, Gabriel Lecouvreur, jeune détective libertaire surnommé « Le Poulpe » à cause de ses longs bras semblables aux tentacules d'un poulpe.



(2)

Les personnages récurrents :

* Gabriel Lecouvreur dit « Le Poulpe ». Sans domicile fixe : il oscille entre le salon de coiffure de sa compagne Chéryl, les hôtels, les pensions... Il essaie de restaurer un vieux Polikarpov. Amateur de bière, il déteste le vin. Il a eu « 40 ans en l'an 2000 », ce qui suppose qu'il est né en 1960.

* Chéryl. Coiffeuse, dont la couleur favorite est le rose. Compagne du Poulpe.

* Gérard. Patron du bar restaurant « le Pied de Porc à la Sainte-Scolasse ».

* Maria. Femme de Gérard. D'origine espagnole.

* Vlad. Aide cuisinier roumain.

* Léon. Le chien du propriétaire du restaurant.

* Pédro. D'origine catalane. Il a pris part dans la lutte contre Franco lors de la guerre d'Espagne. C'est un anarchiste, ancien imprimeur. Il fournit à Gabriel faux papiers et armes.

* Vergeat. Membre des renseignements généraux. Ennemi intime de Gabriel, bien qu'il lui rende quelques services à l'occasion. Son nom correspond à Javert en verlan.



(3)

La structure des livres :

* Chapitre 1 : le meurtre, identité de la victime, mais pas celle du meurtrier.

* Chapitre 2 : en lisant les faits divers au Pied de Porc, Gabriel prend connaissance du meurtre (parfois déguisé en suicide) et décide d'aller enquêter.

* Passage obligé chez Chéryl, puis chez Pédro pour récupérer armes et papiers.

* Durant l'histoire le Poulpe doit lire un livre de philosophie, poésie... et boire une bière si possible autre qu'un simple demi.

* Si Gabriel et Chéryl sont en couple, chacun peut avoir des aventures.

* Comme l'animal du même nom, Le Poulpe prend souvent des coups (« Pour l'attendrir, faut taper dessus »), et sait les rendre.

* Dernier chapitre : retour au Pied de Porc, l'affaire est résolue et le pauvre Gérard ne comprend toujours pas que Gabriel ait pu résoudre l'affaire.



(4)

Cet ouvrage que nous présentons aux lecteurs de langue française, est la traduction complète d'un texte tibétain relatant la vie, au XIe siècle de l'ère chrétienne, d'un des grands mystiques du Tibet, Jetsün Milarepa. Cette biographie est un ouvrage classique de la littérature religieuse tibétaine.
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