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Citations de Hubert Huertas (32)


L'exil ne se mesure pas au nombre de kilomètres, mais à l'absence que l'on porte en soi.
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Elle avait vingt-six ans en 1962, exaltée par la victoire des gueux, des sans-chaussures, des dents cariées, des bougnoules, des bicots, des ratons, ces mots infâmes renvoyés aux poubelles de l'Histoire, par la grâce d'une jeunesse qui se sentait portée par une force irrésistible. Ma grand-mère Henriette était plus circonspecte. Elle se méfiait des gens qui arrivaient au pouvoir à Alger en tenue camouflée, mitraillette en bandoulière, elle les trouvait sans pitié, pensait à Camus, n'aimait pas ce que l'on racontait sur les Européens massacrés à Oran ou les harkis épurés comme les collabos de France en 1945. Elle plaignait aussi les pauvres gens que l'on disait européens et qui fuyaient leur terre d'Afrique vers une France qu'ils ne connaissaient pas. Elle applaudissait quand même à la victoire des siens, oubliait ses réserves, contaminée par le bonheur de sa fille. Elle bâtirait l'Algérie nouvelle, Yasmine, elle en était certaine, elle faisait plaisir à voir.
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Sans le savoir, j'allais réveiller les morts. D'autres soleils et d'autres nuits dormaient d'un oeil, tendus comme des ressorts oubliés, qui se détendraient soudain. Je le disais en commençant : l'Histoire dure plus longtemps que les hommes.
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J'apprendrais un peu plus tard que cet homme sans méchanceté était prêt à tous les aplatissements pour obtenir le soutien des puissants. Dernier représentant d'une dynastie de cordonniers ayant chaussé le village depuis la nuit des temps, mais éteinte aujourd'hui, il continuait à cirer les pompes avec ardeur.
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Nous étions à quinze mois de l'an 2000, des Algériens massacraient d'autres Algériens avec encore plus d'ardeur que les Français pendant la guerre d'indépendance. Ils torturaient au nom du bien. Ils égorgeaient pour nous apprendre à vivre. Ils prétendaient agir au nom d'un Dieu qui me terrorisait avec ses promesses de paradis pour les commandos suicides, où les vierges étaient violées dans des tournantes, par groupes de soixante-dix.
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Être martyr ou bourreau est un moment, pas un état.
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Et ce qui me touchait le plus dans ce que je venais d'entendre, c'est que des hommes avaient infligé à mon ancêtre Henri, presque un siècle auparavant, ce que d'autres ont fait à ma mère, l'année dernière. Ils l'ont saignée au nom de Dieu. J'ai fui un fanatisme pour tomber dans un autre, identique dans sa nature, son jumeau messianique.
J'ignore lequel est le pire et je ne veux pas établir de palmarès entre le djihad ou les croisades, les fatwas ou l'Inquisition, mais je sais qu'une même ivresse métaphysique, une hystérie sacrée, a égorgé ma mère à Alger et suicidé mon aÏeul en Vendée.
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Dieu et le diable, c'était pareil dans ma tête, Dieu et les hommes surtout, et je savais que le malheur de mon ancêtre Henri, comme le mien presque cent ans plus tard, avait la même origine. La folie religieuse. Le fanatisme. Ces tyrans en costumes de prophète qui prétendent être des serviteurs mais se conduisent comme des maîtres. Comme s'ils avaient chassé Dieu de son ciel, s'étaient assis sur son trône, arrogé ses pouvoirs présumés, avaient conquis la terre et décrété les lois. Tu ne tueras point mais moi oui, car j'ai l'aval du Prophète, tu ne voleras pas mais moi je te ferai payer l'impôt, car je suis le percepteur céleste. Ils décidaient du bien et du mal, de ce que l'on peut faire ou ne pas faire, comment se vêtir, comment manger, comment aimer, laisser vivre ou faire mourir.
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L'exil ne se mesure pas au nombre de kilomètres, mais à l'absence que l'on porte en soi.
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Comme les enfants adoptés, je devais réconcilier ma famille adoptive, l'Algérie, et mon berceau génétique, la Vendée. Marier mes deux bourreaux, l'islam et la chrétienté, pour m'en débarrasser comme un sac, au fond de la Méditerranée.
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La presse ne se lassait pas de ma récente promotion, moi l’enfant des quartiers sud, Naïma Zidani, quarante ans, immigrée de la deuxième génération, devenue commissaire divisionnaire et revenue dans sa ville.
Non seulement je ne portais pas le voile, non seulement je n’adoptais pas le débit des rappeurs, non seulement je n’avais pas été tentée par le voyage en Syrie, mais j’avais dans la poche une licence d’histoire de l’art et un doctorat en droit.
La fliquette inattendue, quoi. L’incarnation de la République là même où mes copains d’enfance, selon la chronique et les discours habituels, imposent la loi des rues.
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L'espoir c'est comme les canards, décapité il court encore.
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Mais les chansons sont des chansons, et le fanatisme est le fanatisme.
Les premières vous consolent quand le second vous extermine.
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Il découvrait que l'Histoire est un soleil d'Icare. Elle est tragique. On se brûle les ailes en l'approchant.
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Jusqu’à son dernier souffle il a pris les champs de bataille pour ses terrains d’aventures, confondu ses ennemis avec des personnages de livres, et couvert le bruit des bombes dans les éclats de rire.
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Le voile je le haïssais. Ma grand-mère avait lutté contre cette prison de toile pendant toute son existence, et ma mère en était peut-être morte, à force d'avoir ostensiblement promené ses longs cheveux au vent marin d'Alger .....
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-Si, si monsieur le Comte ... Je suis musulmane, comme la plupart des Français sont catholiques mais ne vont pas à la messe.
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Benoukia n’était pas un épicier quelconque. Il était tout à la fois, le comptoir, les murs, la marchandise, le grand-oncle, et le papa gâteau, on n’allait pas « aux commissions », on allait « chez Benoukia ». Chez lui les patates avaient une âme, les pois chiche une éloquence, et les fèves une sensibilité.
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Le lendemain, devant les caméras et les micros, il signa sa démission à la manière de Donald Trump, avec cette énorme signature qui exprime à la fois la mégalomanie et l'angoisse d'être un nain.
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Il faut dire qu’il avait mis les petits plats politiques dans les grands de la truanderie.
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