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Citations de Iain M. Banks (188)


Du geste, elle désigne les alentours.
— Et j’ai toujours eu un faible pour les châteaux. Vous pourrez me faire faire une visite guidée, si vous voulez. Enfin, soyons francs : si je veux. Et tel est le cas. Ça ne vous ennuie pas, Abel, n’est-ce pas ? Non, bien sûr que non. Ça vous fera le plus grand plaisir à vous aussi. Vous devez avoir des tas d’histoires merveilleuses à me raconter sur ces lieux : ancêtres fascinants, visiteurs de marque, anecdotes excitantes, legs exotiques de terres lointaines… Ah ! Et si ça se trouve, vous avez même un fantôme !
Elle se rassied ; la fourchette dans sa main virevolte, une baguette magique.
— Est-ce le cas, Abel ? Avez-vous un fantôme en ces murs ?
Je me rassieds.
— Pas encore.
Elle s’esclaffe.
— Ah, nous y voici. Ce qui vous est vraiment cher n’intéressait pas les pillards. Les lieux eux-mêmes, leur histoire, la bibliothèque, les tapisseries, les coffres anciens, les vieux costumes, les statues, les immenses et lugubres tableaux… rien de tout cela n’a été détruit, à quelques babioles près. Vous pourriez peut-être, tant que nous sommes au château, inculquer quelque éducation à mes hommes, leur donner le goût des belles choses. Rien qu’en vous parlant, j’ai déjà aiguisé ma perception esthétique, j’en suis sûre.
Elle repose la fourchette sur le plateau d’argent, avec bruit.
— Vous comprenez, le problème, il est là : les gens comme moi, on a tellement peu l’occasion de parler à des gens comme vous, de passer du temps dans des endroits comme celui-ci.
Je hoche lentement la tête.
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— Quoi qu’il en soit, nous resterons.
— Et si l’on nous attaque avec des blindés ?
— Dans ce cas nous partirions.
Elle boit un peu de champagne qu’elle fait tourner un moment dans sa bouche avant de l’avaler.
— Abel, sachez cependant que les blindés se font rares de nos jours par ici, de même que ce qui ressemble de près ou de loin à une armée organisée, rebelles ou autres. La situation est particulièrement instable, après toute cette mobilisation, ces mouvements de troupe, cette usure et (elle esquisse un geste de la main, aérien)…Cette déroute généralisée, j’imagine.
Elle penche la tête sur le côté.
— Abel, quand avez-vous vu un tank pour la dernière fois ? Ou un avion, ou un hélicoptère ?
Je réfléchis quelques secondes puis hoche la tête, acquiesçant.
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Le lieutenant donne aux soldats dans les camions des ordres que je n’entends pas puis prends place dans la jeep, au volant. Le type assis près d’elle tient un tube d’un mètre cinquante de long environ, couleur olive, gros comme un tuyau de canalisation. Un lance-roquettes, me dis-je. Je m’installe comme je peux à l’arrière, coincé entre le trépied de la mitrailleuse et un soldat pâle et gras qui sent le renard mort depuis une semaine. Derrière nous, sur le rebord arrière de la jeep, un quatrième soldat est accroupi, qui soutient la lourde mitrailleuse.
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Puis, au-delà de la fumée, des flammes et du toit incliné de la camionnette, là où la galerie s’est détachée, répandant sacs, fûts et caisses sur l’herbe rêche et les buissons faméliques, quelque chose remue.
C’est là que nous est apparue pour la première fois le lieutenant, se dressant par-delà les flammes amples et sanglantes de l’accident ; son visage tremblait dans la chaleur ascendante comme en une eau partagée : un roc qui trouble le courant.
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La fumée devant nous est maintenant plus proche et plus épaisse. Je songe qu’une âme plus possessive, moins protectrice que la mienne aurait, ce matin, incendié le château avant notre départ. Mais je n’ai pas pu. Sans doute, nous aurions eu quelque plaisir à priver ceux qui nous menacent de cette récompense mal acquise ; malgré tout, je n’ai pas pu.
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Autour de nous, nos compagnons de débâcle piétinent la route grasse de boue en marmonnant. Nous sommes, ou nous étions, un flot d’humanité, une hémorragie de bannis, artérielle et vive dans ce paysage paisible ; pourtant quelque chose désormais nous retient. Le vent retombe de nouveau et, lorsqu’il se retire, je flaire la sueur des corps sales et le fumet des deux chevaux qui tirent notre berline improvisée.
Tu lèves la main derrière moi et me prends le coude, que tes doigts serrent.
Je me retourne vers toi et chasse de ton front une mèche de cheveux d’un noir de jais. Autour de toi sont entassés les sacs et coffres que nous avons songé à emporter, remplis de tout ce qui, pensions-nous, pouvait nous servir sans induire d’autres en tentation. Quelques objets de prix sont cachés dans le chariot et sous son armature. Tu es restée assise, dos à moi dans cette voiture découverte, regardant vers l’arrière, t’efforçant peut-être de distinguer la maison que nous avons quittée ; à présent, cependant, tu pivotes sur le siège et essaies de voir au-delà de mon corps, un pli soucieux troublant l’expression de ton visage comme un défaut dans un front de marbre.
— Je ne sais pas pourquoi nous nous sommes arrêtés, te dis-je.
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... nous avons été bons parce que n'avons jamais eu à choisir entre cela et quoi que ce soit d'autre. L'altruisme nous a été imposé !

p. 246
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Au sein des infinités élevées à des puissances infinies que proposaient les règles métamathiques, les Mentaux avaient édifié leurs immenses dômes de plaisir consacrés à l'extase philosophique et rhapsodique.

C'était là qu'ils vivaient. C'était leur demeure... Ils l'appelaient l'Irréalité, mais le désignaient plus souvent sous le nom de l'Amusement Sans Fin...

Il n'y avait qu'un problème avec le Pays de l'Amusement Sans Fin, c'était que, si jamais on s'y perdait complètement ... on risquait d'oublier l'existence de la réalité de base. D'un côté, cela n'avait pas trop d'importance, pourvu qu'il y ait quelqu'un, à l'endroit d'où l'on venait, pour entretenir la flamme. Le problème se posait quand il n'y avait plus personne ou que personne ne se donnait la peine d'entretenir le feu ... ou encore si quelqu'un ou quelque chose de l'extérieur ... décidait de modifier le feu dans l'âtre ... Si l'on passait tout son temps à s'amuser sans retourner dans la réalité, ou si l'on ne savait pas se protéger au retour, on était vulnérable, à coup sûr. En fait, on était déjà mort, ou asservi.

p. 221
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On avait alors torturé l’homme d’une manière à la fois sauvage et routinière
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A ce qu'on dit , la maison d'automne vue du ciel , ressemble à un flocon géant gris et rose à moitié enfoncé dans de vertes collines chiffonnées .
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Il tournoyait lentement et regardait les faisceaux clignotants qui sondaient les cailloux lointains , désolés et constellés de cratères .
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la lointaine face éclairée des brillantes Plates-formes de l'Orbital illuminait les nuages .
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Nimbé de la gloire triomphante de son sacrifice, irradiant de vertu martiale, il fila à travers de noires heures de distance qui, pour la lumière toute nue, représentaient des décennies de voyage.
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Il me revient en mémoire le cas d’une espèce qui s’opposa jadis à nous. Oh, c’était il y a bien longtemps ; nul n’avait encore ne serait-ce que songé à moi. Ils avaient la suffisance de prétendre que la galaxie leur appartenait, et justifiaient cette hérésie en arguant d’une croyance blasphématoire de nature morphologique. C’étaient des créatures aquatiques dont le cerveau et les organes majeurs étaient logés dans un gros tronc central, d’où rayonnaient plusieurs bras ou tentacules. Ces derniers étaient épais côté tronc, effilés aux extrémités, et bordés de ventouses. Et leur dieu aquatique était censé avoir créé la galaxie à leur image.
« Vous comprenez ? Cette conviction venait du fait que leur corps comportait une ressemblance grossière avec l’œil grandiose qui est notre demeure à tous – ils poussaient même l’analogie jusqu’à comparer leurs ventouses aux amas globulaires – et leur appartenait donc en propre. Malgré l’absurdité de cette superstition païenne, ces créatures étaient prospères et puissantes ; elles représentaient en fait de fort respectables adversaires.
— Hmm…, fit Aviger. (Sans relever les yeux, il demanda :) Comment s’appelaient-elles ?
— Euh…, répondit Xoxarle de sa voix grondante. Leur nom… (L’Idiran réfléchit.) Les Fanch, je crois.
— Jamais entendu parler.
— Ça ne m’étonne pas, ronronna Xoxarle. Nous les avons anéanties.
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Tout ça, c’était la faute de la Culture, qui se jugeait trop civilisée, trop raffinée pour vouer de la haine à ses ennemis, préférant s’efforcer de les comprendre, de saisir leurs motivations
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le tout dans le langage des Liseiden, qui consistait en une série de rots liquides non dénués d'une certaine harmonie.
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Comme disait le proverbe : tomber n’a jamais tué personne ; ce qu’il faudrait, c’est ne jamais s’arrêter de tomber.
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Avec nos petites existences si bien remplies, nous n’avons pas trouvé mieux, pour passer le temps, que de rivaliser de dédain
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Quand on fait preuve d’empathie envers un imbécile, on est bien près de penser comme un idiot
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— Ulver, je sais que tu es un peu ...
— Un peu imbibée d'alcool, oui, drone, je le sais, dit-elle. Mais j'ai toute ma lucidité.
— D'accord. Il me faut néanmoins m'assurer que tu es prête à prendre cette décision. Ce que tu vas voir maintenant est de nature à changer le cours de ton existence.
Elle soupira et posa le coude ganté de noir sur la table en se prenant le menton dans le creux de la main.
— Plusieurs jeunes hommes m'ont déjà dit ça, murmura-t-elle d'une voix traînante, et ça a toujours été une déception ou une plaisanterie du plus mauvais goût.
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