LES HÉRITIERS DE LA TERRE Bande Annonce VF (2022)
Nous, les gitans nous avons toujours été libres. Les rois et les princes du monde entier ont prétendu nous faire plier, et ils n'y ont jamais réussi. Ils ne viendront jamais à bout de notre race; nous sommes meilleurs qu'eux tous, nous sommes plus intelligents. Nous avons besoin de peu de choses. Nous prenons ce qui nous convient : ce que le Créateur à mis ici-bas n'est la propriété de personne. Les fruits de la terre appartiennent à tous les hommes. Si un endroit ne nous plaît pas, nous le quittons pour un autre. Rien ni personne ne nous retient jamais. Le danger ne nous fait pas peur. Que peuvent bien nous faire les lois et les décrets ?
Ce n'est pas moi qui vous jugerai. Je vous apprécie, mais l'imagination des gens est aussi vaste que leur capacité de médisance.
Un esclave n’était pas considéré comme un homme, c’est pourquoi en son for intérieur, cet espace de liberté qui lui appartenait en propre, il avait appris à voir plus loin que bien des hommes dits libres.
- Où allez-vous père ? cria-t-il alors qu'il l'avait déjà perdu de vue.
- Chercher la liberté, répondit une femme qui observait la foule s'élancer à l'assaut des rues de la ville.
- nous sommes déjà libres osa, affirmer Arnau
- Il n'y a pas de liberté quand on a faim, mon garçon.
Qu'est-ce qui est écrit ici ? lui demanda-t-elle.
- La mort est une longue espérance, lut-il.
[...]
- J'ai souffert d'une mort, lui murmura-t-elle à l'oreille. Je préfèrerais trouver l'espérance dans la vie. Et tu as sauvé la mienne à deux reprises.

Après un mois d'angoisse, la peste arriva à Barcelone.
La première victime fut un calfat qui travaillait aux arsenaux. Les médecins qui se rendirent auprès de lui purent seulement constater ce qu'ils savaient par les livres et les traités.
- Ils ont la taille de petites mandarines, fit observer l'un en montrant les gros bubons que l'homme avait dans le cou.
- Noirs, durs et chauds, ajouta un autre après les avoir touchés.
- Serviettes d'eau froide pour la fièvre.
- Nous devrions le saigner pour faire disparaître les hémorragies autour des bubons.
- Il faut inciser les bubons, conseilla un troisième.
Les autres médecins regardèrent celui qui venait de parler.
- Les livres disent qu'ils ne s'incisent pas.
- Après tout, ce n'est qu'un calfat. Vérifions ses aisselles et l'aine.
Là aussi, de gros bubons noirs, durs et chauds, avaient surgi. Dans des hurlements de douleur, le malade fut saigné et le peu de vie qui lui restait s'échappa des incisions que les médecins avaient pratiquées sur son corps.
Au moment où personne ne semblait lui prêter attention, Bernat leva les yeux vers le ciel bleu limpide. Le soleil ténu de la fin septembre caressait le visage de ses invités. Il avait consacré tant d'heures et d'efforts à préparer la fête que seul un temps inclément aurait pu la gâcher. Bernat sourit au ciel d'automne. Son sourire s'accentua quand, baissant le regard, il vit l'allégresse qui régnait sur l'esplanade pavée devant la porte de la basse-cour, au rez-de-chaussée de la ferme.
Ils maintiendraient la flamme de l'espérance d'un peuple maltraité ; faible flamme, certes, mais les grands incendies ne naissent-ils pas d'une minuscule étincelle ?
Arnau se souvenait des harangues de Santa Maria del Mar : « La Catalogne a besoin de vous ! Le roi Pierre a besoin de vous ! Partez à la guerre ! » Il n’y avait eu que des massacres, des échauffourées où les seuls perdants avaient été les petites gens, les soldats loyaux…et les enfants, qui souffriraient de la faim l’hiver suivant par manque de grain. Quelle guerre ? Celle qu’avaient livrée évêques et cardinaux, entremetteurs de rois rusés ? Le prêtre poursuivait son homélie, amis Arnau ne l’écoutait toujours pas. Pourquoi avait-il dû tuer ?
Il n'y a pas de liberté quand on a faim, mon garçon.