AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Ingar Johnsrud (58)


Le psychologue ne se donna pas la peine de le suivre des yeux et quand Fredrik tourna la tête, il aperçut seulement sa queue de cheval minable et son crâne dégarni brillant de sueur. Sous ce crâne logeait un cerveau qui avait mariné dans les secrets les plus sombres de la police. Ce type faisait office de chiottes extérieures pour les flics d'Oslo. S'il s'imaginait qu'il allait lui parler de son fils, et puis quoi encore ?

— Vous vivez avec vos enfants ?

Fredrik se frotta les yeux.

— Non, ils vivent à Tromsø. Avec leur mère, Alice. Et son nouveau conjoint. – Un craquement douloureux se fit entendre dans son genou gauche au moment où le policier se laissa retomber sur le canapé. – Je ne suis pas ici de mon plein gré. C'était ça ou un congé longue durée.

Le psychologue passa un doigt dans le pli de son double menton.

— Parce que vous ne pensez pas être malade ?

Son intonation ne laissait aucun doute quant au peu d'estime qu'il accordait à ceux qui posaient eux-mêmes leur diagnostic.

— Timbré, vous voulez dire ? lança Fredrik en le regardant droit dans les yeux.

— Non.
Commenter  J’apprécie          10
Le tireur enveloppa le fusil dans un grand bout de tissu. Tandis que la Baleine rangeait le télescope, il se releva et grimpa les trois marches jusqu'à l'homme, poings et pieds attachés, sur le palier juste au-dessus d'eux. Des mouches voletaient autour de son front et du sang séché. Avec le bandeau qu'il portait sur les yeux, on pouvait difficilement déterminer si le vieil imam était encore conscient. Sa respiration était saccadée, rauque. Le tireur sortit le pistolet automatique de son holster de cuisse. La Baleine esquissa un bref « non » de la tête.

— Ce n'est pas la peine.

À l'extérieur du minaret, ils prirent congé l'un de l'autre sur une poignée de main.

— L'Organisation te souhaite bonne chance en Norvège, dit la Baleine.

Il émit une sorte de sifflement.
Commenter  J’apprécie          10
Hassam se recroquevilla près des sandales du gouverneur. Faisait-il une prière ? Était-il gagné par la panique ? Jouait-il la comédie pour les gardes du corps qui accouraient ? Aucune importance. Le tireur corrigea en fonction de la dérive du vent et augmenta la pression du doigt sur la détente. L'instant d'après, le corps de Hassam bascula sur le côté. La matière grise, le sang, des restes de cheveux et de crâne formèrent une auréole vermillon sur le mur en terre.

Le meurtrier cligna des yeux. L'œil est un appareil photo, pensa-t-il. Il cligna encore des yeux et perçut cette petite obscurité à peine perceptible quand le miroir pivote et que le temps s'immobilise. Ce moment était le sien, refermé sur lui-même à tout jamais.

— Adieu, Hassam, conclut la Baleine.
Commenter  J’apprécie          10
Toujours en position de tir, le doigt sur la détente. Le bruit de la douille qui tombe dans l'escalier
Commenter  J’apprécie          10
Le recul fit qu'il perdit de vue la cible. Mais quand il abaissa le fusil, il constata que le.338 Lapua Magnum l'avait touchée en pleine poitrine, à environ cinq centimètres sur la droite. Le projectile aurait pu dévier encore davantage et tuer malgré tout. La contrariété lui fit battre les tempes. Au lieu de produire un trou rouge de la taille d'une orange dans la tunique blanche du gouverneur, sa poitrine fut comme déchirée en deux. Une fontaine de sang éclaboussa le balcon, Hassam et le mur derrière eux. Le gouverneur se tordit de douleur avant que son corps ne vienne heurter la porte et s'immobilise dans cette étrange position, légèrement courbé, que la boiserie fragile ne cède et qu'un nuage de poussière ne confirme la chute du cadavre sur le sol.
Commenter  J’apprécie          10
Hassam s'écarta et laissa un individu plus âgé choisir sa place sur le balcon en fer forgé : le gouverneur Osmal Abdullah Kamal. Le réticule glissa le long de son turban brun, descendit sur la barbe fournie et grisonnante. Les deux hommes gardaient apparemment le silence, le regard tourné vers les champs de pavot.
Commenter  J’apprécie          10
La Baleine lui tapota l'épaule. Sachant ce que cela signifiait, il cala l'arme dans le creux de celle-ci et approcha l'œil de la lunette. Le mur qu'il aperçut était d'un brun rougeâtre. Un homme tête nu, vêtu d'un gilet sombre et d'un perahan tunban clair – la tunique traditionnelle portée par de nombreux Afghans – avait ouvert la porte du balcon. C'était Hassam, l'informateur qui avait attiré le gouverneur ici.
Commenter  J’apprécie          10
Il prit le temps de reposer ses yeux. Cligna et fixa les nuages en contrebas, parfaitement conscient du fait que la Baleine surveillait la scène depuis son télescope. La rencontre avait duré presque quatre heures. Si le gouverneur voulait regagner sa maison fortifiée avant la tombée de la nuit, il ne fallait pas qu'il tarde trop à prendre congé.
Commenter  J’apprécie          10
Ils attendaient à plat ventre, sans bouger, dans l'escalier en pierre près d'une mince ouverture tout en haut de la tour du vieux minaret. La température extérieure avoisinait les quarante degrés. Il faisait meilleur ici à l'intérieur, même si la chaleur restait éprouvante.
Commenter  J’apprécie          10
Les particules de poussière avaient dansé avec nonchalance dans la douce brise, cet après-midi-là, sous un soleil brûlant, lové dans une couche pâle d'un gris bleuté. La steppe s'étendait à mille mètres d'altitude. La couche atmosphérique y était plus fine, la résistance à l'air plus faible. On ne pouvait rêver meilleures conditions.
Commenter  J’apprécie          10
DANS LA PÉNOMBRE, l'hôtesse de l'air débarrassa le plateau repas intact, avec saumon fumé, mérou du Bosphore et apfelstrudel viennois. Des gestes rapides. Si souvent répétés qu'elle aurait pu les faire les yeux fermés. Pendant que ses mains s'activaient, elle lui lança un coup d'œil et son visage changea d'expression. C'était ce qui arrivait à presque tous ceux qui observaient cet homme de près. Comme si l'image apparaissait soudain déformée, sans qu'on puisse se l'expliquer. Quand elle tendit le bras pour saisir la coupe de champagne, il posa sa main sur la sienne. Qu'elle retira aussitôt.
Prudemment, il releva le store devant son hublot. Les autres passagers de la rangée dormaient. Le clignotement du feu à l'extrémité de l'aile jetait des reflets pâles sur la vitre. En bas, loin en bas, défilaient des concentrations de lumières dorées. L'Europe. Ça faisait un bail. Il ferma les yeux, glissa la pointe de ses doigts sous son masque, et songea à ce qu'il laissait derrière lui.
Commenter  J’apprécie          10
Les Russes ont envie de jouer avec leurs armes nucléaires. Leurs avions de chasse frôlent nos frontières, leurs sous-marin cartographient nos eaux territoriales, et la guerre fait déjà rage dans le monde numérique. Leur agressivité ne fait qu'augmenter. Bien au delà de ce que vous pouvez imaginer. Comme aux beaux jours de la guerre froide, on n'est qu'à quelques minutes de minuit.
Commenter  J’apprécie          10
Un autre a raconté que son cœur avait comme hésité et pris son élan avant de battre un nouveau coup. La température de la pièce avait-elle soudain baissé, ou était-ce le pouls qui battait plus vite ? Ou les oreilles qui bourdonnaient ?
Commenter  J’apprécie          10
Parfois, ce qui compte n'est pas ce que les gens disent, mais ce qu'ils ne disent pas.
Commenter  J’apprécie          10
Ce genre de malheurs finit par vous faire oublier de vivre.
Commenter  J’apprécie          10
Comme lorsqu'un avion pique du nez et fonce vers le sol. Le ciel disparaît au-dessus des toits, un brouillard gris enveloppe la carlingue avant que la terre n'arrive à toute vitesse. Sombre, plate, morne. Voilà l'effet que ça faisait de se réveiller.
Commenter  J’apprécie          10
C'est difficile d'apprécier à sa juste valeur ce qu'on n'a pas eu besoin d'acquérir à la sueur de son front.
Commenter  J’apprécie          00
Pour schématiser, il y avait deux catégories de relations : celles qui fonctionnaient et celles qui ne fonctionnaient pas. Celles empreintes de respect et celles empreintes de méfiance. Les heureuses et les malheureuses.
Commenter  J’apprécie          00
On l'appelait Tore-le-Beurre, car il avait toujours une voix douce. Il avait essayé de faire sauter la cervelle de Caïn avec un Luger, et il y serait parvenu, si ce n'est que son pistolet n'avait pas servi depuis la guerre. Son intérêt pour les armes historiques lui fut fatal, car le Luger lui explosa dans la main. Caïn profita de l'occasion pour lui donner le coup de grâce avec son piolet à glace, qu'il était allé chercher dans le bar du bateau.
Commenter  J’apprécie          00
Caïn était costaud, mais soulever un cadavre, ce n'était jamais une mince affaire.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ingar Johnsrud (143)Voir plus

Quiz Voir plus

Jeu du vrai ou faux [44. Onomatopées animales]

1. Le son caractéristique des congénères réels de Woody Woodpecker est «pic! pic! pic!».

VRAI
FAUX

10 questions
54 lecteurs ont répondu
Thèmes : animaux , onomatopées , sons , bruitCréer un quiz sur cet auteur

{* *}