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3.71/5 (sur 21 notes)

Nationalité : Russie
Né(e) à : Elizavetgrad, Empire russe, maintenant Kirovgrad , le 03/03/1899
Mort(e) à : Moscou, URSS , le 10/05/1960
Biographie :

Écrivain russe d'origine polonaise. Il passe sa jeunesse à Odessa. Il s'installe à Moscou en 1922. Auteur de romans, de nouvelles, d'un journal, de pièces de théâtre et d'un scénario.
Bibliographie:
Les trois gros, roman pour enfants, 1924, son plus grand succès avec L'envie, roman satirique, 1927, une des meilleures œuvres de la littérature soviétique
Le jeune homme sévère, scénario,1935 (film réalisé par Abram Room en 1936, interdit, sorti en 1974)
Pas un jour sans une ligne, journal posthume, 1965.

Source : wikipedia
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Bibliographie de Iouri Olécha   (7)Voir plus

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Il est absolument évident que je suis malade. Ma maladie date de longtemps déjà et se manifeste par des accès d'impatience, je ne consens à entreprendre quelque chose que si le résultat est acquis sur le champ.
De toute évidence, il s'agit, sur le fond, d'un désir de mourir au plus vite.
Il va de soi qu'avec une telle maladie, on ne peut écrire. Si je m'écoutais, j'écrirais deux ou trois mots. Un mot. Un demi-mot. C'est sans doute une scérose du cerveau. Je me contenterais d'écrire tout simplement "bou-bou-bou" ou "mle-mle-mle"...
Je peux rester assis, immobile, sans penser à rien. Fixer un point dans l'espace. Incapable de mener jusqu'à son terme le regard que j'ai tourné en direction d'un paon ou d'un arc-en-ciel.
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Iouri Olécha
Rien ne doit périr de ce qu'on écrit. Et moi j'écrivais au crayon noir sur la toile cirée à côté de l'encrier, qui plus est dans une maison étrangère, j'écrivais sur des feuillets que je froissais aussitôt, sur des boîtes de cigarettes, sur le mur. Je ne gribouillais pas, j'écrivais pour de bon, de manière parfaitement achevée, en travaillant le style. J'aimerais bien me rappeler ce que j'écrivais.
Je me souviens d'une page sur Edgar Poe : comment on emportait son corps ramassé dans un square tandis qu'un pan de son manteau traînait à terre. Je me souviens d'un passage traitant des lettres de Van Gogh : combien il était modeste et comment, dans sa modestie, il cherchait à persuader son frère que, tout compte fait, lui aussi pourrait faire de la peinture - vous imaginez ! Je me souviens que mon rêve le plus cher était d'arriver à faire le saut périlleux. Encore toute une série de pages. On retrouve quelque part dans mes dossiers Herschel montant avec son hôte à son observatoire, puis mon étonnement de lycéen d'apprendre que le latin n'était autre que la langue des Romains de l'Antiquité. Encore plus avant dans le temps : un fragment sur Volodia Dolgov mort de la scarlatine et nous qui nous rendions à son enterrement : nous marchions dans une ruelle et on aurait dit que l'église venait à notre rencontre. Au même endroit, un passage sur une fenêtre, grande ouverte en plein hiver, par laquelle s'échappe un rideau qui bat contre la croisée et qui, je ne sais pourquoi, me fait penser à un sanglot : c'est l'image de la mort. Et encore une foule de fragments, de tableaux, de croquis, de pensées et de couleurs.
Il faut tout conserver. C'est cela, un livre.
Il me vient parfois à l'esprit que peut-être la peur de la mort n'est rien d'autre que le souvenir de la peur de la naissance. Il y a bien eu en effet un instant où, déchirant ma bouche dans un cri, je me suis détaché de quelque strate pour glisser dans un milieu qui m'était inconnu, et tomber dans les mains de je ne sais qui... Croyez-vous que ce ne fut pas terrifiant ?

(« Pas de jour sans une ligne », traduit du russe par Paul Lequesne, Éditions de l'Âge d'homme, Classiques slaves, 1995)
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Est-ce que je suis jaloux de Cholokhov? Pas le moins du monde. Je me souviens de la cuisante humiliation que m'ont infligée Tolstoi (Alexis), Korneitchouk, Fadeiev. Quelle élévation sans gloire a été la leur ! Comme ils se sont poussés les uns les autres vers les hauteurs !
Tout celà est, pour finir, l'attente dépourvue de sens d'un laissez-passer ou d'un passeport pour un pays qui existe, non point dans l'espace, mais dans le temps, dans le passé, dans ma jeunesse. On ne saurait obtenir un tel passeport et l'attente, je le répète, est vaine, elle coûte toutefois des morceaux de vie vivants dont tu te défais, comme tu le faisais autrefois avant quelque voyage dans l'espace
Mais voyons, aujourd'hui, je n'irai plus nulle part !
A quoi bon gaspiller sa vie ?
Mais voilà le hic, il est dur de renoncer à attendre, dur de se persuader que le pays où l'on veut partir est déjà passé de l'espace dans le temps.
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Au lieu d'une immense foule de vieux musiciens, aux gilets pendants souillés de cendre, au lieu d'un tas de partitions, d'une forêt de contrebasses, d'une furie d'archets et de tant, de tant de choses, depuis le fracas des pupitres et la toux dans la salle jusqu'au couinement des instruments qu'on accorde, à la place de tout celà, vous tenez un disque qui émet un élégant sifflotement lorsqu'on l'effleure, noir avec une couronne de brillance qui s'en échappe à tout instant... C'est à la fois le chaos de l'orchestre dont il vient d'être question, le disque et la piano de Beethoven lui-même et, précédant tout celà, le vent, tout simplement, ou bien le cri du coucou et Napoléon traversant les Alpes.
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Le matin, il chante dans les cabinets. Ceci pour faire comprendre quelle est la santé et l'épanouissement de vie de cet homme. Le besoin de chanter le saisit comme un réflexe. Ce sont des modulations sans paroles, (...) et qui peuvent se traduire ainsi :
"Que je suis à l'aise dans la vie !... ta-ra, ta-ra... Mon estomac marche bien... ra-ta-ta, ta-ra-ri...Mon sang circule... ra-ti-ta-dou-da-ta... Evacue, boyeau, évacue, ta-ba-ba-boum !"
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"J'aimerais bien me rappeler quand pour la première fois mon attention s'est arrêtée sur ce nom... Non, ce n'est pas au moment de la visite des futuristes à Odessa ! À cette époque je n'étais pas encore poète, je vivais encore des sensations du sport, du football qui commençait juste à naître dans notre pays. Oh, on était loin de la littérature, avec ces jeux sur terrains de sport verdoyants avec fanions pointus aux quatre coins ! Il ne s'agissant même pas tant d'éloignement que d'hostilité ! Nous étions des sportsmen, des coureurs de fond, nous sautions à la perche, nous jouions à la perche, qu'avions-nous à faire de la littérature ! C'est vrai, j'avais en ce temps-là traduit le prologue des Métamorphoses d'Ovide et reçu pour la peine un "cinq" en latin... Mais j'étais encore sourd au prodige qui se déroulait à côté de moi : à la naissance de la métaphore chez Maïakovski. Je n'entendais pas encore que le cœur ressemblât à une chapelle et que l'on pût tenter de sauter hors de soi-même en prenant appui sur ses côtes*.
Manifestement, c'est peu pour un grand poète d'être seulement poète. Pouchkine, ne l'oublions pas, se désole que les décembristes, bien qu'ils sachent par coeur ses vers, se refusent à l'initier de leurs plans ; l'auteur de la Divine Comédie peuple l'enfer de ses ennemis politiques ; lord Byron aide les insurgés grecs dans leur lutte contre les Turcs.
Il en est de même de Maïakovski : lui non plus n'était pas satisfait d'être seulement poète. Il s'était engagé dans la voie de l'agitation, proche parente de celle de la tribune politique. Rappelons-nous : c'est d'abord un jeune homme qui porte une blouse en velours extravagante, c'est un peintre qui nourrit un penchant pour l'art d'avant-garde, qui écrit des vers clairement inspirés par la peinture française dont il cite explicitement les maîtres :

Une automobile vient de peindre les lèvres
D'une femme flétrie d'un tableau de Carrière**

Et rappelons-nous aussi qu'en même temps c'est un jeune homme qui a beaucoup réfléchi à la révolution, un jeune homme qui a connu la prison, et qui figure dans les fichiers de la police, de face et de profil.
On envisageait à un moment donné de porter à l'écran Pères et fils***.
le réalisateur devait en être V.E. Meyerhold. Je lui demandai à qui il pensait confier le rôle de Bazarov. Il me répondit :
- Maïakovski.


* Voir le poème de Maïakovski, Le Nuage en pantalon (1914)
** Extrait d'un poème de Maïakovski intitulé Théâtres (1913)
*** Il s'agit du célèbre roman d'Ivan Tourgueniev. La réalisation du film en question était prévue pour 1929"
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Sur l'aérodrome étaient rassemblées des quantités de merveilles. Là, à ras de terre, fleurissaient des pâquerettes.Tout près de moi, contre la barrière, elles soufflaient leur poudre jaune. Très bas, sur la ligne de l'horizon, des nuages ronds couraient, semblables à des flocons de fumée. Peintes au minium, des flèches de bois indiquaient les directions. Haut dans le ciel, se balançant, se gonflant, se raccourcissant, un ballon de soie indiquait la portée du vent. Et ici même, dans l'herbe, dans l'herbe verte des combats antiques, des biches et du romantisme, reposaient des machines volantes. Je savourais ce mélange, cette contradiction, cette réunion extraordinaire. Le ryhtme du ballon de soie qui s'applatissait et se renflait poussait à la réflexion.
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Quelles étaient les raisons qui avaient poussé une personnalité de son importance à porter les yeux si bas, à arrêter son regard sur un jeune homme inconnu et d'allure suspecte?
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Ainsi tout peut se résumer à ce paradoxe que le plus difficile dans la vie, c’est la vie elle-même — attendez un peu que je meure et alors vous verrez comment je vivrai.
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C’est le soir. Il travaille. Moi, je suis sur le divan. Nous sommes séparés par la lampe. L’abat-jour (c’est ainsi que les choses m’apparaissent) anéantit la partie supérieure de son visage, elle n’existe plus. La seconde moitié est accrochée en l’air. Sa tête dans son entier ressemble à une tirelire.
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