Citations de Ira Ishida (121)
Quand une femme me racontait sa vie ou ses fantasmes et que quelque chose dans son récit n'entrait pas dans les modèles habituels ou heurtait la morale communément admise, je n'avais ni mouvement de recul, ni dégoût, au contraire, je tâchais de me concentrer sur ce qu'elle me disait. Parce que j'avais appris que les désirs secrets d'une personne s'enracinent dans ses failles et ses blessures.
Et beaucoup de ces marchandises possédaient un attrait fou avant l'achat, mais le perdaient totalement après.
Un mec qui n'a qu'un job d'intérimaire dans une branche de service instable, et qui peut se retrouver licencié du jour au lendemain, et alors ? Il mène la vie qu'il veut, comme il l'entend, dans Ikebukuro. Ceux qui veulent se moquer de lui en le traitant de loser, c'est leur problème.
Même quand ses mains ne s'activaient pas pour former des signes, elles me racontaient tout un tas de choses.
Tu devrais savoir que faire l'amour est toujours une transaction. Quelqu'un achète. Quelqu'un vend. Et en même temps, l'âme joue un grand rôle aussi. Il est difficile de distinguer les deux.
Ceux qui jouent d'un instrument sont très sensibles à la qualité de l'auditoire et prêtent une attention particulière à la manière dont ils sont écoutés.
La rue, c'est une scène fabuleuse et une école exigeante. C'est là que nous nous sommes bagarrés, que nous avons eu nos blessures, que nous avons appris et (sans doute) un tout petit peu grandi.
L'histoire de la rue de s'arrête jamais.
Alors je ne vous dis pas au revoir. On se reverra un jour.
La dioxine, la Bourse et les actions, les filles. Ce qu'il y avait de plus dangereux en ce bas monde était en libre circulation.
Avant, je considérais la mort comme quelque chose de lointain, avec lequel je n'avais pas le moindre rapport. La mort existait, certes. mais elle n'avait rien à faire dans ma vie. C'était le jour et la nuit. mais quand tu perds quelqu'un qui t'est cher, c'est comme si le monde de la mort te devenait d'un coup très familier.
Certains êtres humains n'arrivent pas à se dégager d'un truc une fois qu'ils y ont pris goût. Oh, pas que l'alcool, le tabac ou la drogue. Les jeux vidéo, gagner de l'argent, l'amour, tout ça c'est pareil. Les gens aujourd'hui sont tellement raffinés qu'il semble même bien vu de se garder une addiction. Pour avoir un sujet de conversation en société.
A n'importe quelle époque, les mômes vendraient leur âme pour ressembler aux autres.
Ne pas considérer les êtres humains en bloc, ne pas les réduire à des statistiques. Les règles de base étaient les mêmes, qu'il s'agisse de pondre une chronique, d'écouter des gens raconter leur histoire, ou même de traquer un criminel complètement taré.
On était tous différents. Il n'y avait aucune raison pour que nos douleurs ou nos pauvretés soient les mêmes.
Ses formes voluptueuses évoquaient les filles chatoyantes de Tahiti que Paul Gauguin aimer peindre et représenter au bain.
C'était débile. Accident de voiture, intoxication alimentaire, allergie aux pollens. L'amour, c'est comme la malchance. ça vous cueille toujours au dépourvu et aucune chance d'y échapper.
Je ne sais pas si tu es à même de le comprendre, mais la quarantaine est un âge plutôt joyeux de la vie.
Je ris intérieurement en pensant que je vivais encore un de ces moments particuliers. Un de ces moments de vie où les bruissements d'insectes enveloppaient le monde et me faisaient trembler d'émotion.
Quand nous sommes sortis du café, des cigales bruissaient dans le feuillage des arbres qui bordaient la rue, éclairées par les lumières de la ville.
Vingt ans. Existe-il un âge plus désastreux que celui-là ? Etre jeune, c'est n'être encore rien et traîner l'amertume d'une existence encore désespérément vide.
Histoire d'un môme qui souffre d'insomnie dans ses rêves parce qu'il n'arrête pas de rêver qu'il se réveille.
Le thérapeute des rêves le raisonne. L'insomnie n'est pas une maladie. Et il lui montre un cactus posé sur l'oreiller des rêves. D'ailleurs, les cactus aussi sont insomniaques de nos jours. Le môme tend la main vers le cactus rêvé et se pique méchamment. Des gouttes de sang perlent sur la face interne de ses doigts.
— Aïe ! Mais alors, ce n'est pas un rêve, tant mieux !
Et le cactus de répondre :
— Qui est-ce qui crie dans mon rêve ?
Je réfléchissais, l'esprit rendu étrangement clair par l'aube. Les religions étaient mortes, la pensée sociale de gauche était morte, les protestations postérieures aux années soixante-dix n'avaient rien donné. Nous vivions une époque où seule cette danse insensée permettait de partager une extase collective.
L'ivresse de la rave était certes intense, mais c'était une ivresse qui ne débouchait sur rien. En dansant au sommet de cette montagne, je repensais à ce qu'Eddy m'avait dit. Si on ne peut pas changer le monde, la seule solution c'est de se changer soi-même. J'ai eu l'impression de comprendre pourquoi la culture rave se laisse contaminer par les drogues sans opposer de résistance.