Comment apprend-on à être en couple ? Quels rôles nos premières expériences de la vie sentimentale et sexuelle jouent-elles dans notre entrée dans la vie adulte ? le Book Club s'intéresse aux amours adolescentes avec la sociologue Isabelle Clair et la journaliste Lucie Mikaelian.
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Tous les textes qui composent cet ouvrage nous ont paru les plus pertinents pour éclairer l’itinéraire intellectuel d’Eleni Varikas. Ces textes ont structuré nos réflexions, ils les ont enrichies, et ils nourrissent nos engagements. Ils ont été choisis, en dialogue avec leur auteure, pour leur représentativité thématique et leur exhaustivité chronologique. Ils permettent de former un ensemble qui restitue sa pensée politique et ils témoignent de l’originalité et de la centralité de sa contribution théorique aux études féministes et aux études de genre, comme à l’histoire et à la science politique. Cet ouvrage tente de donner corps aux compagnonnages intellectuels et affectifs tissés par et autour d’Eleni Varikas : le choix des articles et des interventions, qui étaient pour une part devenues introuvables, celui des personnes qui ont eu la générosité d’introduire les textes, comme l’agencement général du livre incarnent le dialogue continué qu’elle a toujours su rendre possible entre les disciplines, les générations, les traditions critiques et les luttes sociales.
Pour ce qui est du discours sur l’avortement, on s’aperçoit qu’à Paris, les chiffres ne baissent pas ! On peut donc s’interroger sur la prévention réalisée en amont en direction des adolescents et sur les propos tenus par les professionnels de la santé, sur la sexualité, l’accès à la contraception…
Parce qu’il traîne immanquablement avec lui des morceaux d’autres vies, des bribes d’expérience et des réflexes d’ailleurs, de cet ailleurs où en théorie il peut retourner à tout moment, l’étranger porte au cœur du monde autochtone le type d’hétérogénéité et de diversité qu’on n’attend et qu’on ne tolère normalement qu’à distance. Même à son insu, son regard a un effet corrosif qui problématise ce que la proximité ou l’appartenance rendent évident, donc inaccessible à la pensée, et relativise les certitudes qui peuplent le monde où il s’installe et souvent, par un effet de retour, de celui qu’il a quitté.
Quand j’ai trouvé l’expression « rapports sociaux de sexe », en France, tout de suite ça a eu une résonance pour moi, et j’ai ressenti une sorte de soulagement d’avoir trouvé une issue aux cadres identitaires (par définition, figés) et psychologisants (individualisants même quand les causes sont attribuées au social) ; le concept de « rapports sociaux de sexe » permettant de saisir la dynamique, le sens et l’usage politique de la catégorisation par sexe
En refusant de retrancher certaines expériences du domaine politique pour les confiner dans l’individuel ou le privé ; en constituant des alliances permettant la réflexion, l’organisation et le partage collectifs d’expériences exclues et atomisées ; et en reconnaissant que de telles expériences ne vont pas de soi, elles peuvent précisément devenir des ressources disponibles pour une action et un savoir générateurs de changement

Comment expliquer, par exemple, que des auteures qui en France évitent systématiquement de s’autodéfinir comme féministes (quand elles ne définissent pas le féminisme comme une expression du « phallo-logo-centrisme occidental ») acceptent tacitement de se définir comme telles de l’autre côté de l’Océan ? Qu’est ce qui fait que les titres d’un même article effacent ou au contraire affirment la référence au féminisme selon qu’ils sont publiés en France ou aux États-Unis ? Et à l’inverse : pourquoi ce qui en France ne se définit pas (et souvent n’est pas perçu) comme féministe n’acquiert un droit de cité dans la communauté académique américaine qu’après avoir été rebaptisé dans la légitimité féministe ? Par quelles sélections et interprétations cette transformation devient-elle possible ? Enfin, pourquoi certaines approches théoriques américaines ont-elles besoin, pour s’affirmer, de souligner leur appartenance à la « théorie française » ?
Eleni Varikas dans « Féminisme, modernité, postmodernisme : pour un dialogue des deux côtés de l’Océan », p. 114.
Certaines pratiques sociales ne sont compréhensibles qu’en prenant en compte leur intersection

Il suffit de voir, à ce propos, combien l’irruption sur la scène politique et universitaire des femmes noires (mais aussi chicanas ou asiatiques) a marqué la méfiance des théories féministes américaines envers les abstractions universalistes. Il est significatif qu’en France (mais aussi dans d’autres pays européens comme l’Italie ou la Grèce), le point autour duquel se sont concentrées, dès le début, les polémiques sur la conceptualisation politique de la catégorie femmes (à l’intérieur et à l’extérieur du mouvement féministe), fut immédiatement les rapports de classe. À suivre les débats américains, on a l’impression que le facteur de classe, comme élément déstabilisateur d’une homogénéité présumée des femmes, n’acquiert une visibilité qu’à partir des débats sur le racisme, comme le suggère ce terme de classism qui déroute parfois le lecteur ou la lectrice européenne. Indépendamment de ce qu’on peut penser de cet écart1, ce qui nous intéresse ici c’est que les formes de la mise en cause de la conceptualisation homogénéisante sont chaque fois liées à la configuration précise de différents types de rapports sociaux, et aux rapports de force politiques et intellectuels auxquels ceux-ci donnent lieu.
1. On peut regretter la faible prise en considération, dans la théorie féministe en France, des expériences du sexisme par les femmes immigrées, comme on peut être sceptique face à certaines tendances du féminisme américain qui construisent des rapports sociaux d’ordre différent sur un même modèle (par exemple celui du racisme).
Eleni Varikas dans « Féminisme, modernité, postmodernisme : pour un dialogue des deux côtés de l’Océan », p. 125.

Sommaire
Introduction générale : Isabelle Clair et Elsa Dorlin : La République vue par une étrangère
Michelle Perrot : Révolte des dames et conscience de genre. Eleni Varikas, pionnière du genre
Eleni Varikas : Subjectivité et identité de genre. L’univers de l’éducation féminine dans la Grèce du XIXe siècle »
Antonio Negri : L’échafaud et la tribune
Eleni Varikas : « Pour avoir oublié les vertus de son sexe ». Olympe de Gouges et la critique de l’universalisme abstrait
Catherine Achin : Contre la parité, pour un universel multiple
Eleni Varikas : Une citoyenneté « en tant que femme » ? Éléments du débat européen : parité vs. égalité
Elsa Dorlin : Le pari d’Eleni. Les luttes aux marges de la modernité : une autre philosophie de l’histoire
Eleni Varikas : Féminisme, modernité, postmodernisme. Pour un dialogue des deux côtés de l’Océan
Martine Leibovici : L’art du déplacement et la singularité des expériences
Eleni Varikas, : « Le personnel est politique » : avatars d’une promesse subversive
Michaël Löwy : L’empire monstrueux des femmes
Eleni Varikas : Naturalisation de la domination et pouvoir légitime de la théorie politique classique
Keith McClelland, : Liberté et esclavage dans la pensée occidentale moderne
Eleni Varikas : « L’institution embarrassante ». Silence de l’esclavage dans la genèse de la liberté moderne
Sonia Dayan-Herzbrun : Pensée féministe et théorie critique
Eleni Varikas, « Choses importantes et accessoires ». Expérience singulière et historicité du genre
Continuer d’écarquiller les yeux en partant du principe qu’il est de nombreux aspects de la vie sociale qui, parce qu’ils ne semblent pas les concerner directement, sont spontanément imperceptibles ; être vigilant.e.s à ne pas se reposer sur la perception devenue évidente de certains clivages sociaux pour se rendre aveugle à d’autres ; et donc améliorer les lunettes existantes, voir en construire de nouvelles, quitte à ce qu’elles entrent en concurrence avec les modèles de départ qui ont contribuer à les faire advenir.