Du promontoire, ils dominaient l’ample plaine, solitaire et inhabitée, qui se prolongeait de l’autre côté des monts. C’était un moutonnement tentaculaire de terres noires, durcies par les premiers froids, qui formaient des vagues, ondoyaient, gondolaient, roulaient jusqu’à perte d’horizon.
(Éditeurs réunis, p.137)
Rien de plus facile que de les apprendre par cœur et de les débiter sans en comprendre le contenu, les mots ou les expressions. Surtout, et cela est très important, veillez à ne pas leur imposer ou leur inculquer des connaissances, mais à ce que celles-ci découlent de l’observation et de la recherche. En d’autres termes, au lieu de leur bourrer le crâne, un exercice par définition stérile, stimulez chez eux la réflexion, le travail personnel, et aidez-les à acquérir des techniques qui leur seront utiles toute la vie. Enfin, soyez toujours créatives, mesdemoiselles, ainsi vous éviterez d’ennuyer vos élèves… et de vous ennuyer vous-mêmes !
Croyez-vous que le rôle d’une institutrice soit celui d’une bonne d’enfants ? Et que c’est en prenant des garçons sur vos genoux que vous en ferez un jour des hommes ? Je gage que vous allez plutôt en faire des mauviettes !
L’amitié n’est-elle pas le fondement essentiel de l’amour et du mariage ?
Il faut bien qu’il y ait une première fois…
Et pour continuer à vivre cet amour, je me rendrais au bout du monde s’il le fallait, Béatrice. Je partirai un jour, soyez-en certaine, je ne sais pas encore exactement quand, mais je partirai… je partirai.
En réformant les enfants, nous croyons en la capacité de l’école à réformer leurs parents et peut-être un jour, la société elle-même.
Les langues ont été créées pour communiquer avec nos semblables, mais elles sont, hélas !, souvent source de malentendus.
L’institutrice sentit une onde de chaleur inconnue lui parcourir tout le corps : elle était bien plus agréable que celle qu’elle éprouvait lorsque l’inspiration la poussait à se jeter sur son porte-plume pour écrire le récit de ses journées dans son journal intime ou l’histoire de ses ancêtres pionniers dans son cahier rouge. Jamais encore elle n’avait ressenti quelque chose d’aussi extraordinaire et mystérieux, qui semblait surgir du plus profond d’elle-même.
Aussi surpris qu’émerveillés, les deux amoureux se regardèrent en souriant, puis échangèrent un autre baiser, plus long et plus profond cette fois-ci. Gabrielle se sentait fondre de plaisir. Elle ne pensait plus à rien. Elle avait l’impression de se dissoudre dans une mer d’or et de délices, de n’être plus qu’une pure sensation.
Gabrielle, je vous imagine mal demeurer une petite maîtresse d’école toute votre vie, condamnée à ânonner les mêmes choses à des écoliers plus ou moins motivés par leurs études. Vous êtes jeune, belle, intelligente, beaucoup plus cultivée que la plupart des femmes d’ici, et toujours avide d’apprendre et de vous perfectionner. Il faut que vous continuiez à acquérir des connaissances, à développer vos dons, à vous enrichir sur les plans culturel et artistique. Vous méritez de rencontrer d’autres gens que ces curés, ces bonnes sœurs et ces dames des bonnes œuvres avec leurs prêchi-prêcha poussiéreux et ronronnants, d’évoluer dans des cercles de qualité, de voyager et de vous faire connaître