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Critiques de Iván Repila (117)
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Le Puits

Pour commencer je remercie David pour m'avoir incité à cette lecture qui a été une expérience intéressante.

Deux frères, deux enfants au fond d'un puits, seuls et livrés à eux mêmes, l'histoire ne le dit pas mais ils peuvent avoir 6 et 14 ans. Dès le début, le sordide s'installe, car s'ils ont un sac de provisions avec eux, il n'est pourtant pas question d'y toucher devraient-ils mourir de faim...

C'est un récit fascinant et dérangeant selon mes critères, fascinant car la survie des enfants s'organise et elle est compliquée et cruelle par bien des aspects, les privations et tout ce qu'ils vont devoir subir en terme d'inconfort (euphémisme).

Un récit dérangeant pour ce qui me concerne car j'ai peu d'affinité avec ce qui touche à la souffrance en général et celle des enfants en particulier.

Il y a des non-dits, pourquoi sont-ils au fond de ce puits luttant pour survivre ? Voire des fausses pistes, là je ne vous livrerai pas les déductions erronées qui m'étaient venues à l'esprit...

C'est un conte cruel, moderne et intemporel qui vous emmènera inexorablement au dernier chapitre pour justifier tout ce qui aura précédé.

Une histoire d'une belle profondeur, qui résonne tel un écho une fois la dernière page tournée, un livre idéal pour échanger des ressentis, mais seulement avec ceux qui l'auraient lu, car en dire plus et donc trop serait dommageable à cette expérience de lecture.
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Le Puits

Piégés, semble-t-il par leur mère, au fond d’un puits creusé dans la terre, deux enfants, simplement désignés le Grand et le Petit, doivent organiser leur survie jusqu’à trouver le moyen de regagner la surface. Confrontés à la faim, à la maladie et à la folie au cours des cent jours que va durer leur calvaire, les deux frères se partagent les vers de terre dont ils parviennent à se nourrir en fonction d’un objectif : muscler le Grand et alléger le Petit pour que l’un réussisse enfin à propulser l’autre hors du trou.





Pas de forêt ici où abandonner le Petit Poucet et ses frères, mais un puits dont il faudra tout autant sortir par ruse et contrarier ainsi la cruauté d’un monde qui a mené une mère, manifestement non sans remords et donc, on le suppose, malgré elle, à perdre ses enfants. Nous voici donc dans un conte cruel et métaphorique, qui, au-delà de son histoire très réalistement narrée - en vingt-six chapitres à la numérotation elliptique, correspondant chacun à un jour choisi de captivité pour couvrir en accéléré trois mois d’une terrible agonie décrite en détails et sans fard, avec pour seule lumière un irréductible amour fraternel -, nous projette dans un autre abîme : celui de notre perplexité quand, à peine guidés par quelques indices semés ça et là, il nous faut laisser libre court à notre imagination pour répondre au tumulte de nos interrogations.





Derrière ce puits, faut-il voir les prisons ou les camps opprimant une humanité victime de la folie et de la barbarie ? Est-ce une tombe, celle de nos illusions et de nos espoirs, dans une vie d’épreuves ne consistant qu’à retarder le plus longtemps possible son inéluctable issue ? Est-ce au contraire un utérus, creuset de nos douloureux apprentissages d’êtres humains, ou encore lieu de contention maternelle plus ou moins nocif dont il faut s’échapper pour devenir soi ? Cache-t-il une métaphore de notre vie psychique, prisonnière d’un inconscient pétri de peurs profondes ?





A la suite de Zoé Valdés lorsqu’elle évoque dans sa préface « un puits semblable à tous les puits : obscur, ténébreux, hostile… comme l’est parfois la vie elle-même », c’est finalement cette phrase : « La vie est merveilleuse mais vivre est insupportable » que l’on aura peut-être envie de retenir comme clef de lecture.





Ce livre, dont la brièveté ouvre pourtant sur des profondeurs aussi insondables que celles de son si mystérieux puits, est superbement écrit et parfaitement maîtrisé. Fable terrible sur la nature profonde de l’homme, capable du pire comme du meilleur pour sa survie, elle peut toutefois désarçonner suffisamment dans ses passages les plus hermétiques pour laisser persister une légère pointe de frustration. Un ouvrage interpellant, pas si accessible que cela…


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le Puits

En plein cœur de la forêt se trouve un puits de sept mètres de haut et de trois grands pas de large, à l’intérieur duquel sont tombés deux enfants, deux frères : le Grand et le Petit. Ils n’ont avec eux qu’un sac de provisions destiné à leur mère, qu’ils s’interdisent de toucher malgré la faim qui les tenaille au fur et à mesure que les jours passent sans espoir de secours…





Pourtant, la nuit, une ombre, qui n’est pas celle des loups affamés, vient les observer puis s’enfuit dans l’obscurité. Qui est-ce ? Pourquoi les laisse-t-on là ? Plus les jours défilent et plus les questions sont nombreuses. La faim et la soif s’intensifient en même temps que croissent la folie et le désespoir. Mais alors que le Petit semble lâcher prise, le Grand s’acharne à conserver chaque jour le même rituel pour entretenir sa force et fait montre d’une détermination à toute épreuve… Que cache donc cette surprenante fureur de vivre ?





Intriguée par un résumé alléchant, il me tardait de découvrir ce court roman d’Ivan Repila. Une heure suffit pour venir à bout du calvaire et de l’horreur vécus par ces deux frères et c’est déjà plus qu’il n’en faut à tout lecteur un tant soit peu sensible ! Une heure durant laquelle on a l’impression de toucher le fond, de suffoquer dans ce puits profond et oppressant où l’on ne se nourrit que d’insectes et d’eau croupie. En seulement une heure, l’auteur repousse la nature humaine dans ses derniers retranchements, menaçant de céder au pire à tout moment. Une heure de plongée au cœur d’une torture innommable et incompréhensible dont on ressort meurtri et chamboulé.





Avec ces personnages sans nom et sans âge, son puits perdu au beau milieu d’une forêt et cette notion de l’interdit liée au sac, Ivan Repila utilise tous les éléments du conte et nous livre une interprétation cruelle et sombre bien éloignée des contes de fées à la sauce Disney et bien plus proche des versions de Charles Perrault ou des frères Grimm… L’écriture est concise et entraînante et les chapitres sont découpés en fonction du nombre de jours d’emprisonnement, instaurant ainsi une tension à mesure que les jours défilent…





« Le Puits » est une parabole qui prend la forme d’un huis-clos étouffant, faisant ressortir la nature profonde de l’homme et le poussant au-delà de ses capacités pour survivre. Une fable terrible et amère sur l’amour fraternel, la haine, la vengeance, mais aussi l’espoir et la persévérance. Une lecture prenante qui ne peut pas laisser indifférent…





Challenge Variétés : Un livre lu en une journée

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Le Puits

Perturbant ce Puits ! Petit de par les Pages, mais Puissant. Pratiquement toute l'action se passe au fond d'un puits dans la forêt où se trouve deux frères le Grand et le Petit. Pas de prénoms ? Comment survivre ? Qui les a poussé là-dedans ? Un conte d'aujourd'hui aux références des classiques sur l'abandon, l'enfermement, la solitude, la rage, l'amour et la haine entre frères, le besoin de protection, la faim et la soif de la vie, la vengeance. Pas évident de décrypter le message. Tout en le lisant, il m'est souvent venu à l'esprit le passage de Louis Sachar, je ne sais pas pourquoi. Des enfants aussi, mais eux creusaient des trous. J'aimerai tellement en dire plus sur ce puits. Difficile de mettre les mots sur ce qui se bouscule dans ma tête.
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Le Puits

J'ai remarqué ce livre sur une table du Furet du Nord, à Lille, parmi d'autres présentés comme des chefs d'oeuvre méconnus. La couverture et le titre m'ont tout de suite attirée.Ces loups hurlants, parmi les arbres, au bord d'un trou obscur étaient fascinants.Et la quatrième de couverture a confirmé mon intérêt pour ce roman espagnol.



Plongée immédiate et brutale dans les entrailles de la terre, dans l'antre maternel, avec deux frères, le Grand et le Petit. Ce court récit, que l'on peut voir comme une parabole (notamment par cet anonymat des prisonniers du puits et l'interdiction qu'ils ont de toucher au sac de nourriture destiné à leur mère) offre un huis-clos étouffant, horrible,mais hypnotique. On ne lâche plus le livre, une fois commencé,happé par cette spirale infernale de l'enfermement.



Le lecteur s'interroge sans cesse: vont-ils pouvoir sortir ? L'un d'eux sera-t-il sacrifié ? le sentiment fraternel va-t-il subsister ? Quelle est cette ombre qui les observe du haut ? Les loups vont-ils attaquer ?



Au fond du puits s'exacerbent, sous l'effet de la faim, de la soif et de la peur, les pulsions les plus viles, primitives: désirs de crime, de cannibalisme, de suicide aussi.



Au fond du puits s'enflamme l'imagination,brûlent les hallucinations, confinant à la folie.



Mais la tendresse ne disparaît pas complètement, c'est une lumière, fragile certes, qui adoucit les contours froids et tranchants de cet univers souterrain désespérant.J'ai aimé en particulier les soins affectueux que le Grand apporte au Petit, très malade et affaibli.



Le texte est beau, malgré l'horreur évoquée, dans son réalisme nu teinté de poésie fulgurante. Lorsque le Petit se perd dans ses délires, souffrant de la soif, " il voit des rivières, des lacs.Il imagine des déluges aux goûts variés, des nuages de citron, puis des torrents d'orange douce"...



La fin est déchirante, et prend une dimension symbolique pour tout un peuple témoin, elle est porteuse d'espoir.



Ce livre n'est peut-être pas pour moi un chef d'oeuvre mais sa singularité nous frappe, il éveille en nous des émotions fortes, il ouvre la boîte de Pandore de nos instincts cruels, primaires.



Un puits des origines, aux reflets terrifiants, où se noient nos illusions.
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Le Puits



Au fond du puits, deux frères s’interrogent... Qui ? Comment ? Pourquoi sont-ils là ?



Au fond du puits, c’est dans ce huis clos que tout se jouera, avec pour seul horizon cette paroi de terre se dressant autour d’eux, infranchissable mur vers le monde extérieur.



Au fond du puits, c’est aussi l’apprentissage de la résilience, au rythme du soleil et des étoiles, qui se succéderont inlassablement nuit et jour comme seule fenêtre d’espoir.



Au fond du puits, c’est encore un combat quotidien où il faudra survivre à la peur, à la colère et à la solitude et où leur lien fraternel sera mis à rude épreuve.



Au fond du puits, comment endurer l’isolement et la souffrance sans tomber dans la folie, comment conserver sa dignité quand la dégradation mentale et physique vous guette ?



Au fond du puits, matrice utérine ou cocon d’amour, c’est une descente dans les profondeurs de l’inhumanité qui attend ces deux frères. Leur renaissance sera-t-elle à ce prix ?





. . .



En un peu plus d’une centaine de pages et avec une plume simple mais efficace, Ivàn Repila parvient à instaurer dans son roman un climat oppressant et étouffant, où les parois de ce puits semblent se rétrécir sur nous au fil des pages. Il nous entraîne au plus intime vers cette dégradation humaine, dans cet espace clos et humide où il faut pouvoir survivre et où le basculement vers la folie ne tient qu’à un fil. Il y a du Stefan Zweig (Le joueur d’échecs) dans ce livre !



Une bien belle histoire d’amour fraternel, mais aussi un symbole d’insurrection qui démontre qu’il est possible de faire tomber les murs à force de sacrifices.
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Le Puits

Petit roman déroutant à l'impact très fort.



Deux frères, le Grand et le Petit, sont au fond d'un puits. On ne sait ni pourquoi ni comment ils se sont retrouvés dans cette situation. Ils vont y rester très longtemps, s'appliquant à survivre pour pouvoir sortir de ce trou.



L'histoire est sombre et déconcertante :



Sombre car le sort insupportable de ces deux enfants est constitué de souffrances et de peurs. La faim les creuse, la soif les assèche, les intempéries les assaillent, le désespoir les envahit, la folie les guette …

La mort les imprègne, lente et douloureuse, qui les affaiblit progressivement jusqu'à ne plus leur laisser qu'un corps étique habité d'un espoir infime pour lequel le Grand se bat jusqu'à son dernier souffle de vie.



Déconcertante car le récit est énigmatique et ambigu. Par différents aspects, il s'apparente à un conte. Non située dans le temps, l'action concerne des enfants «perdus», isolés au cœur d'une forêt peuplée de loups, observés par un « ogre », cette même « créature néfaste » qui est à l'origine de leur calvaire.



Les épreuves renforcent et délitent tour à tour l'attachement que se portent les deux frères. L'auteur décrit leurs sentiments, leurs réactions, et leurs natures si différentes l'une de l'autre.



L'amour, le rejet, l'admiration, l'agacement, l'incompréhension, la pudeur, la colère... alternent.



Les attitudes protectrices ou agressives, les révoltes et les alliances... se succèdent.



Chacun possède son propre univers.

Le Grand est fort, il s'attache à la réalité, dont il va extraire tout ce qui peut l'être. Et cette réalité se réduit concrètement à trois choses : lui-même, son frère et le puits (qui est quasiment présenté comme un organisme vivant).

Le Petit est faible, il se réfugie dans un imaginaire peuplé de rêves et de cauchemars, de poésie et de folie. Il introduit cependant dans le puits un peu de lumière et de rire.



L'issue est d'une grande cohérence.

Les symboles et analogies utilisées par l'auteur provoquent néanmoins chez le lecteur un grand nombre d'interrogations.



La fratrie représente-t-elle ici l'humanité? En intégrant les différences de chacun dans une large fraternité, les humains parviendraient-ils à sortir du trou dans lequel ils sont embourbés, à renaître plus libres? Qu'est-ce donc qui fait l'homme et qu'il faut absolument effacer car c'est cela qui le précipite au fond du puits ?



Ce conte cruel et onirique garde une part de son mystère, dont les réponses sont encore au fond du puits.

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Le Puits

Petit livre d'une rare dureté. On va vivre ou plutôt "survivre" avec le petit et le grand, deux frères au fond d'un puits qui vont chercher une solution pour chercher à s'en sortir. On ne connait rien d'eux, d'où viennent-ils , comment sont-ils arrivés là , comment s'appellent-ils ?

Les pulsions de vie vont alors leur permettre d'aller le plus loin possible dans leur lutte.

Au-delà de la première lecture, on sent bien qu'il faut aller chercher un deuxième degré. Certains parlent de fable, de comte, d'allégorie, de métaphore, oui, c'est tout à la fois. Le puits peut être assimilé à bien d'autres choses, les enfants, le grand et le petit peuvent aussi être assimilés aux forts, aux puissants et aux faibles, aux pauvres.

En fait dans ce livre il y a des tas de sujets qui bouillonnent et qui peuvent sortir de ce huis clos : la faim, l'amour fraternel, la trahison, les pulsions de vie, l'abandon, le sacrifice... Est-ce qu'ici les enfants vont arriver à sortir du puits ? en tout cas, nous, nous ne pouvons sortir de ce livre indemne , ce livre va nous poursuivre, c'est sûr !
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Le Puits

Un petit chef d’œuvre ! En disant petit, je ne me réfère qu’à la longueur du texte. Il démontre que, pour écrire une merveille absolue, il est inutile de rédiger un pavé. De toute façon, ce n’était pas l’intention d’Iván Repila qui a sorti son récit dans la douleur, dans l’exigence et l’urgence, avec une rage que je n’avais pas ressentie depuis le grand cahier d’Ágota Kristóf. Il a la même force, le même génie. Il ne cherche ni à plaire ni à convaincre. Il raconte avec son cœur et ses tripes, sans concession, sans artifices. Je suis restée littéralement scotchée par l’histoire de ces deux frères bloqués au fond d‘un puits. Je ne peux pas vous en dire plus car je risquerais de tout divulgacher. Ce n’est pas un hasard si des auteures telles que Zoé Valdès ou Cécile Coulon en ont fait leur livre de chevet. Je lisais, et je tremblais. Comme ces deux enfants, je me suis cramponnée aux parois du piège. Pas de facilité ni de « cliffhanger » chez Repila. Pas d’horreurs ni d’hémoglobine. Tout surgit de l’ombre avec une logique implacable, terrifiante parce qu’évidente. Relia a ce talent rare : décrire avec une économie de mots les peurs viscérales qui nous chahutent depuis l’enfance. J’ai été transportée dans l’esprit de ces deux frères. J’ai été confrontée moi aussi à leurs équations cruelles comme, par exemple, « de quoi serais-je capable pour survivre ? » Je n’ai pas su répondre. Le dénouement m’a laissé sans voix. Il me faudra plusieurs jours pour reprendre mon souffle, et envisager un autre livre. « Le puits » est entré au panthéon de mes lectures inoubliables.

Bilan : 🌹🌹🌹

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Le Puits

Le puits, il y fait sombre, humide et souvent froid…. Être au fond du puits, c'est être au plus bas, en pleine déprime. Et puis (sans t ici) c'est aussi un symbole des pulsions refoulées, de l'inconscient, de notre part la plus obscure et la plus inavouable, faite d'animalité et de folie.



Mais quelle drôle d'idée de décider d'y descendre pour y rejoindre le Grand et le Petit ! Les deux frères y sont tombés par accident, en traversant la forêt, après avoir fait des emplettes en ville pour leur mère. Ça sent le conte merveilleux …



Bon ce livre m'a agacée pour plusieurs raisons. D'abord c'est une histoire foncièrement sombre, sans joie, sans rire, sans lueur d'espoir. Aucune légèreté non plus. Les seuls moments où on respire un peu ce sont les rêves ou les hallucinations du Petit, jusqu'à ce qu'on comprenne que le pauvret est tout simplement en train de sombrer dans la folie. Pas le livre idéal donc pour vous changer les idées dans ces temps moroses, ces jours trop courts et ce ciel plombé … sauf si vous vous dites que vous n'êtes pas si mal tout compte fait, que d'autres, les deux frères par exemple, sont plus mal lotis.



Ce qui m'a passablement énervée c'est aussi l'obéissance absurde des deux frères à l'injonction de la mère qui leur a interdit de toucher aux victuailles ramenées de la ville. Quoi, des gosses se laisseraient crever de faim dans le puits pour ne pas désobéir à leur maman chérie ? Allons bon.



Et enfin, l'idée du sacrifice, idée ici aussi absurde qu'un seul des deux en réchapperait, au prix de la mort de l'autre, m'a tout simplement été insupportable.



Il faut bien l'avouer : je n'ai absolument rien compris à ce roman métaphorique. le puits préfigure-t-il la misère matérielle de la classe laborieuse dont il serait impossible de sortir ? Est-ce une critique sociale, ce que laissent penser les deux citations de Margaret Thatcher et de Bertolt Brecht reprises en épigraphe (et que j'ai reproduite sous le nom de ces auteurs) ? Alors le principe de sacrifice me révolte absolument : on ne pourrait sauver de la misère toute l'humanité, une partie d'entre elle est condamnée à rester au fond du puits, c'est ça ?



Autre interprétation possible : le Grand et le Petit seraient une seule et même personne, le Grand étant la part matérielle de l'individu et le Petit, sa part spirituelle. Et donc le message serait que même si on souffre matériellement on peut toujours s'en sortir grâce à l'esprit. Ou sauver son âme. Pas convaincue là non plus.



Et puis encore : pourquoi l'auteur insinue-t-il que la mère a voulu tuer ses enfants ? Pourquoi n'a-t-il pas attribué ce rôle au père ? Peut-on dès lors assimiler la mère à notre bonne et très chère vieille Terre, ce qui ferait de cette histoire un roman écologique ? Si l'auteur avait choisi le père, on aurait pu y voir Dieu, et cette histoire serait une parabole religieuse, alors. Ouais bof je suis larguée !



Bon je reconnais que c'est magnifiquement écrit. Les rêves, les hallucinations, les transes (qu'on peut considérer aussi comme des prophéties ?) sont de vrais petits bijoux de poésie. Et la fraternité entre les deux frères est remarquable et extraordinaire. Dommage que le message soit si embrouillé.

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Le Puits

Une histoire d'amour fraternel bien écrite, tout aussi belle qu'effrayante.

On passe par beaucoup de sentiments différents lors de l'histoire de ces deux frères au fond d'un puits, incompréhension, peur, espoir, solitude, haine mais aussi rire, à un moment donné (ceux qui l'ont lu sauront où) je n'ai pas pu m'empêcher de pouffer de rire tout seul malgré la tristesse de la situation.

Je ne m'attendais pas du tout à cette fin qui nous prend par surprise et cela agréablement.



Iván Repila nous montre ici une nouvelle digne d'une histoire d'Horacio Quiroga, il serait dommage de passer à côté, à lire !
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Le Puits

Je n’ai pas l’habitude de le faire, mais pour une fois je vais spolier à mort. Difficile de comprendre ce que j’ai ressenti en lisant cet OVNI si on ne connait pas l’ensemble de l’histoire. Je m’en excuse par avance mais je suis incapable de procéder autrement. Je précise d’emblée que ce livre, on me l’a prêté. Je n’en avais jusqu’alors jamais entendu parler. C’est un tout petit fascicule d’une centaine de pages. Dans la préface, Zoé Valdes s’extasie devant cette œuvre qu’elle place « au panthéon des Jules Verne, Alain Fournier et autres Antoine de Saint-Exupéry ». Franchement, je n’ai rien vu de tout ça.



Dès la première page, nous sommes avec deux frères prisonniers d’un puits. On ne sait pas où ils sont, on ne sait pas quand l’histoire se déroule, on ne sait pas comment ils s’appellent ni comment ils sont arrivés là. Il y a juste « le grand » et « le petit », coincés dans un trou sans aucune possibilité de s'en échapper. J’ai compris que les numéros des chapitres, s’enchaînant sans suite logique (2-3-5-7-11-13-17-19-23…), devaient correspondre aux jours qui passent. Pour info, le dernier chapitre est le 97…



Les jours passent, donc, et les enfants se nourrissent de vers et de racines. Ils s’occupent comme ils peuvent, dorment affreusement mal, dépérissent peu à peu. Dans ce huis clos irrespirable, le petit sombre peu à peu dans la folie. Tous deux pensent au meurtre, au cannibalisme, à cette faim qui les ronge, à cette liberté semblant à jamais perdue. Et pendant ce temps, personne ne leur vient en aide, personne ne semble même les chercher. A la fin, le petit s’en sort. Mais pas le grand. A la fin, le petit se venge. Mais je ne vous dirais pas comment. A la fin, j’ai refermé le livre en me demandant à quoi cela pouvait bien rimer.



Le puits, premier roman d’un auteur espagnol né en 1978, est pour moi un texte archi-dérangeant. Parce que je n’ai pas vu le sens, et j’aime trouver du sens quand je lis. Parabole, allégorie, fable sans morale ? Démonstration de ce que peut être la fraternité au sens le plus noble du terme ? Je cherche encore. J’accepte tout à fait de reconnaître que je n’ai rien compris mais alors qu’on m’explique ! Et puis pour un gars claustrophobe comme moi, cette lecture a été une véritable épreuve, à la limite de la souffrance physique. En tout état de cause, je ne suis pas près de l’oublier.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Le Puits

Deux enfants sont au fond d’un puits de terre, profond… Personne ne les entend crier, personne ne s’inquiète de leur disparition, personne ne les cherche.



Comment ils sont arrivés en bas de cet énorme trou creusé dans la terre ? Nous ne le saurons pas. En tout cas, aucun des deux n’est blessé et une chute accidentelle aurait cassé des membres.



Huis-clos oppressant, ce court roman m’aura mise fort mal à l’aise devant ces deux gamins qui tentent de survivre avec quasi rien, devenant des squelettes sur jambes au fur et à mesure que le temps passer.



Le sac de provisions qu’ils rapportaient pour leur mère, le Grand a interdit au Petit d’y toucher, ils ne peuvent pas manger ce qu’il y a dedans parce qu’il faut le rapporter.



Là, j’ai pas compris… Qu’au départ, les enfants pensent qu’on va venir les sauver, je peux comprendre, mais au fil du temps qui passe, des jours, des nuits, le Grand aurait pu laisser le Petit manger le pain, les figues et me morceau de fromage, nom de Zeus !



Ce qui m’a le plus gêné, c’est qu’ensuite, ils n’en reparlent plus, même quand ils crèvent de faim à se nourrir d’insectes, de ver de terre et de boire de l’eau au fond du trou.



Sombrant dans le folie et le désespoir, les enfants essaient de tenir bon, mais l’esprit a besoin de nourriture aussi, sinon, il sombre dans le néant.



Âmes sensibles, s’abstenir ! Ma lecture fut un calvaire, non pas à cause du style de l’auteur mais bien entendu à cause des souffrances des gamins qui vont durer des jours et des semaines et que c’est éprouvant à lire un récit avec deux gamins qui s’étiolent à vue d’oeil au fond d’un trou.



L’écriture est concise, elle va droit au but, sans donner d’indication de lieu, d’époque, de noms. Même le mobile restera opaque, sauf à être d’une cruauté sans nom, pire que le pire des Méchants dans les contes de notre enfance.



Un roman court par le nombre de ses pages mais grand par les émotions horribles qu’il nous fera traverser, même si, dans ce trou inhumain où deux frères tentent de survivre, le Grand apportera de la lumière au Petit et le soignera avec dévouement.



Une belle histoire d’amour fraternel dans un roman qui mettra les lecteurs mal à l’aise et leur donnera envie de grimper ses murs oppressants puis fuir très loin. Pas de bol, une fois le roman ouvert, on ne le referme pas avant le mot final.



Violent et sombre, inhumain, horrible, cruel et juste une petite loupiote fragile pour illuminer ce tableau sordide. "Une chandelle dans le vent", comme le chantait celui qui jouait du piano debout.


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Le Puits

Je ne sais pas encore si je serai un jour capable de mettre une note à cette lecture.



Elle m'a tenue en haleine du début à la fin, et j'ai eu du mal à interrompre ma lecture.



J'aime beaucoup les livres qui donnent naissance à des théories de la part des lecteurs et des lectrices, et j'ai émis les miennes après l'avoir terminé, tout en cherchant sur internet ce qu'en avaient pensé les autres personnes l'ayant lu, car je ne savais pas si mon ressenti était positif ou négatif.



Après réflexion, je pense qu'il est en majorité positif, puisque le roman est passionnant, il vous emporte, vous fait vous poser des questions, et beaucoup réfléchir pendant et après votre lecture.



Je pense toutefois que les lecteurs et les lectrices aimant les fins pleines d'explications et n'aimant pas les fins ouvertes risquent d'avoir du mal à apprécier pleinement ce livre.
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Le Puits

Au fond (une expression qui prend tout son sens ici), Le Puits ressemble à ces cauchemars réalistes que nous faisons parfois. Une situation inextricable, confuse et suffocante que seul le réveil permet de dissoudre. Le livre d'Ivan Repila se présente sous la forme d'un conte cruel dont nombre de questions, et des plus essentielles- qui sont ces deux frères tombés dans le puits, comment en sont-ils arrivés là, où vivent-ils et à quelle époque ?- ne seront jamais résolues. Une histoire de survie et de fratrie qui ne nous épargne aucun détail (sordide ?). Ivan Repila a un vrai savoir-faire et il ne tombe pas dans le piège de la répétition, pourtant difficile à éviter dans un huis-clos à espace aussi réduit. De là à comparer Le puits à Jules Verne, Alain-Fournier ou Saint-Exupéry comme le fait Zoé Valdès dans sa préface, il y a un pas ou plutôt un gouffre. Parce que malgré le réalisme des descriptions, le roman reste une sorte d'abstraction intellectuelle, un exercice de style qui n'est pas loin de tourner à vide. Mais la plume de Repila, plutôt que d'en rajouter dans le tragique, reste (relativement) légère. C'est toujours cela car sinon ce conte, déjà éprouvant, aurait été épouvantable et insupportable.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Le Puits

Critique à chaud sur ce tout petit livre ( 121 pages) et heureusement ,j'ai perdu deux heures de mon temps ,je n'ai pas du tout ,mais pas du tout aimé.

Sur un autre site littéraire, j'avais lu le retour d' un lecteur qui encensait ce livre.Je le commande ( heureusement pas trop cher).je le recois ce matin ,et tantôt confortablement installée, me voici" barrée " dans cette histoire plus qu'étrange .J'aime les ovnis ,ce qui sort de l'ordinaire ,alors là croyez-moi,j'ai été servie!!!!.

Deux enfants ,dont on ne connaît pas les prénoms : nommés le grand et le petit sont au fond d'un puits de sept mètres de hauteur.Ils possèdent un sac rempli de nourriture que leur mère leur à laisséMAIS AVEC INTERDICTION D'Y TOUCHER.

Ils n'y toucheront pas ,se nourrissant de racines ,de terre,d'asticots, de vers de terre,de mouches ,déjà la pour moi ça coince,et le plus ce sont les dialogues du petit lorsqu'il," entre en transes".Comment un petit enfant peut dire des phrases si élaborées digne d'un adulte déjà très cultivé .Au travers les mots de l'enfant ,c'est l'auteur qui parle et nous révèle une vision où une conception du monde très très " barrée " .Je ne sais pas dans quel genre classer ce roman,je ne peux parler de fiction, ,il paraît que c'est un conte,c'est dérangeant et terriblement angoissant, et je ne vois pas quel message ,si il y a message ,l'auteur a voulu nous envoyer???.

Je n'ai pas aimé,mais si vous le lisez ,peut-être aurez-vous, un autre ressenti que le mien? ⭐

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Le Puits

Voici un conte moderne que j'étais dans l'obligation de lire. Il s'agissait de deux phénomènes rares: la lecture d'un conte et la contrainte de lecture.



Le livre est très fin (au sens propre), je me suis donc dit que si supplice à lire il y avait ( le titre agissait déjà comme rebutoir), alors ce serait bref. J' ai du m'y prendre à trois reprises pour l'entamer. Cette affaire là était donc mal partie.

La préface est encourageante mais je n'ai pas du tout vérifié par la lecture la promesse faite d'un livre extra-ordinaire. Le style, tout d'abord, est on ne peut plus simple. Le scénario simple aussi et fantastique (ce n'est pas mon genre de prédilection)... Bref on se doute qu'il y aura plusieurs lectures possibles.D'un côté l'histoire terre à terre de deux gamins (frères) jetés dans un puits par leur mère est absolument glauque... ils mangent des racines, de la terre pour survivre et au bout de leur épreuve l'un arrive à s'extraire de cet enfer grâce à l'autre. Bref c'est l'histoire d'une agonie.

De l'autre, un conte engagé. Le dernier chapitre et quelques passages dans ceux qui précédent m'ont donné envie d'interpréter autrement le conte et j'y ai trouvé un menu plaisir : la mère ne serait-elle pas nos États et les gamins jetées au fond du trou les citoyens pauvres, abandonnés, méprisés par les dieux Capital, Libéralisme, Rendement, Réussite etc etc... ? Peut être me suis je égarée mais si cette piste est la bonne alors ce conte frise le pamphlet anarchiste, ce qui ne serait pas pour me déplaire.

Chacun en lisant se fera finalement sa propre idée, c'est certainement la seule chose qui vaille dans ce billet: lisez et frayez vous un chemin dans ce conte. Dans le pire des cas vous aurez perdu une petite heure de votre temps, dans le meilleur vous aurez découvert un texte sur la misère du monde qui vous donnera probablement envie d'agir contre de multiples injustices.
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Le Puits

La Feuille Volante n°1011– Février 2016



LE PUITS – Ivàn REPILA – Denoel.



Dès la première page, on a l'impression d'être dans une fable. Dans une forêt, deux enfants, le Grand et le Petit sont tombés au fond d'une sorte d'excavation souterraine d'où ils voient seulement le jour sans pouvoir, malgré leurs efforts, atteindre l'orifice. On sent bien qu'ils sont coincés là pour longtemps. Comme dans tous les groupes, les personnalités se révèlent, surtout en cas de danger : il y a ceux naturellement qui commandent, ici c'est le Grand parce qu'il est l'aîné, et ceux qui obéissent, ici c'est le Petit. C'est effectivement le grand qui prend les initiatives, qui compose les repas, des vers et des racines, que collecte le petit mais c'est aussi lui mange le plus, le plus jeune se contentant de ses restes. C'est lui aussi qui donne les ordres. Avec eux ils ont un sac plein de nourriture destinée à leur mère et auquel le grand a interdit de toucher malgré les sollicitations du plus jeune. Une forme apparaît même par l'orifice que reconnaît le Grand mais il garde cela pour lui. Cette personne ne tentera jamais rien pour les tirer de leur prison, au contraire peut-être, elle vient vérifier qu'ils n'ont aucune chance d'en extraire.



Le temps passe dans la solitude et les tentatives de sortir qui se révèlent vaines. Comme nous sommes dans une forêt, dans un endroit clos et dans une quasi obscurité les fantasmes humains traditionnels s'invitent et avec eux les loups qui incarnent les peurs ancestrales de l'inconscient collectif. Les hallucinations, la folie, le délire s'emparent du plus jeune alors que le Grand tente de se maintenir. La faim aussi y est pour quelque chose qui l'affecte jusqu'à sa manière de parler, mais qui révèle aussi les pulsions meurtrières qu'il porte en lui. Mais il est toujours interdit de toucher aux victuailles du sac, même si le Petit dépérit à vue d'oeil. Cela matérialise une forme de tabou, de non-dit qui ici se manifeste autour de la famille, porte en lui des interdits qu'il ne faut transgresser sous aucun prétexte. C'est le corollaire de la forme penchée en silence sur l'orifice du trou qu'a aperçu le Grand. C'est lui  le chef, qui a édicté la règle et il n'est pas question d'y déroger, même si la nourriture se raréfie et si d'aventure un oiseau vient s'égarer dans leur antre et constitue ainsi un met de choix, c'est toujours le Grand, malgré les lazzis du Petit, qui a la décision. Puis vient l'inévitable peur de la mort qui, dans ce contexte est davantage d'actualité même si nous sommes tous morte . le Petit est dès lors en proie à un délire beaucoup plus grand que précédemment. Il sent la mort sur lui, veut laisser une trace de son passage dans ce monde mais vit ce moment comme une délivrance prochaine. le Grand lui emboîte le pas, gagné lui aussi par cette idée de la mort salvatrice dont il souhaite peut-être hâter la survenance. Puis, peut-être bizarrement, se manifeste une sorte de pulsion de vie qui s'accompagne d'ailleurs d'un sentiment d'amour fraternel avec, au bout, la vengeance dont le Grand charge son frère, lui confie quelque chose comme un destin.



Ce texte pourtant court, seulement une centaine de pages qui se lisent d'un trait, laisse, au-delà de l'histoire, forcément allégorique, un sentiment assez bizarre mais aussi précis pour moi. J'y ai lu l' image de notre vie à tous avec les trahisons que nous subissons, d'autant plus inattendues qu'elles sont le fait de nos proches dont, évidemment nous ne nous méfions pas. Quand une traîtrise est dirigée contre des enfants sans défense, est le fait de leurs parents ou de leurs proches, cela prend une dimension injuste encore plus grande. Ceux qui en sont les auteurs trouveront toujours de bonnes raisons pour justifier leur félonie ou pour s'en dédouaner. le sentiment de vengeance qui en découle est légitime et ne laisse aucune place au pardon, trop souvent sollicité comme quelque chose d'automatique et qui serait même dû, à cause du temps qui a passé, des choses qui ont évolué..



Je suis entré dans ce livre sans doute d'une manière autre que celle que le préfacier mentionne. Ce roman est certes une oeuvre de l'imagination et le décor planté est là pour exciter la nôtre et individuellement nous faire réagir sous couvert de l'émotion. Il n'est cependant pas besoin, si on veut bien y réfléchir, de faire acte d'imagination pour, à partir de notre vécu, comprendre simplement ce texte ou l'interpréter. Au-delà de la création littéraire, de la mise en scène inévitables dans le cadre d'un roman, nous pouvons parfaitement nous y retrouver et dépasser la fiction. Un autre sentiment me vient, celui de la vengeance d'autant plus nécessaire que la trahison a été injuste et imméritée. Il faut parfois attendre longtemps pour en obtenir réparation ou à tout le moins en avoir l'impression, l'illusion, parce que le mal qui est fait l'est définitivement sans que rien ne puisse l'effacer. Il en reste toujours des traces indélébiles dans la mémoire de celui qui a été la victime mais les évènements ne le servent pas toujours parce que la vie elle-même est une injustice. Je ne connais pas cet auteur ni évidemment son parcours mais le préfacier voit dans l'écriture une forme de châtiment. On dit que la parole libère, parler (ou écrire) aide sans doute à gommer les traces pourries que la vie a laissées en nous , à exorciser nos souffrances. J'ai longtemps cru au pouvoir cathartique de l'écriture. J'en suis beaucoup moins sûr maintenant.



© Hervé GAUTIER – Février 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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Le Puits

«-Impossible de sortir on dirait, dit-il. Puis il ajoute : Mais on sortira.»



Deux frères, le Grand et le Petit, sont prisonniers, tombés on ne sait comment dans un puits de sept mètres de profondeur au cœur de la forêt. Ils ont avec eux un sac contenant une miche de pain, des tomates séchées et des figues. Mais c’est la nourriture de leur maman et le Grand a décrété qu’ils n’y toucheraient jamais. Alors les deux frères raclent les asticots sur les parois du puits et boivent l’eau de pluie, ils dépérissent peu à peu dans ce trou, au bord duquel les loups viennent rôder la nuit.



«- Je ne veux pas dormir tout de suite. Ça me fait peur.

- Pourquoi ?

- Parce que je fais des rêves… des rêves bizarres. Je rêve que je mange des choses que je ne devrais pas manger. Je rêve de maman. Mes rêves sont horribles…

- N’aie pas peur des rêves, ils ne sont pas réels. Ce sont des pensées qui se mélangent dans nos têtes, des souvenirs qu’on ne peut pas exprimer avec des mots. Si tu rêves que tu manges, ca veut dire que tu as faim, c’est tout. Si tu rêves que tu voles, ça veut dire que tu veux rentrer à la maison… D’accord ?

Le Petit fait oui du menton. Les mots de son frère le tranquillisent ; il ferme les yeux. Avant de s’endormir, il lui demande dans un filet de voix :

- Et rêver que je mange maman, ça veut dire quoi ?»



Le Grand et le Petit s’entraident et s’insupportent. Et la folie peu à peu emporte le Petit, qui réinvente un monde fait d’hallucinations à l’intérieur du puits.



«-Si je voulais, dit le Petit, couché sur le dos, les bras écartés comme un crucifié, je pourrais changer l’ordre des choses. Je pourrais déplacer le soleil pour qu’il nous réchauffe en fin d’après-midi et qu’on n’ait plus froid après la sieste. Je pourrais rapporter jusqu’ici les odeurs du village : nos narines s’empliraient de pain encore chaud, de gâteaux aux pommes, de chocolat. Je pourrai construire un escalier en colimaçon qui irait du puits jusqu’aux arbres, puis se transformerait en rampe pour qu’on puisse redescendre d’un petit saut, sans se faire mal. Je pourrais transformer l’eau en lait, les insectes en poule et les racines en réglisse. Mais je n‘en ai pas envie. Je veux rester là. Ne rien faire. Ça me suffit si l’univers tourne autour de moi. C’est notre sort à nous, les morts.»



S’entraider, survivre, se venger.

Ce premier roman, conte saisissant de l’espagnol Iván Repila, paru en 2013 (traduction Margot Nguyen Béraud chez Denoël en 2014), est un puits d’où les métaphores qu’on puise semblent ne pas se tarir.
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Un bon féministe

Écœuré par l’inefficacité de la non-violence du mouvement féministe, le bon féministe décide de devenir activiste sur les réseaux sociaux.



Mais comme cela ne suffit pas, il recrute quelques bons gros sales machos bien épais puants pour monter un groupuscule qui, à force de provocations, va faire monter la tension et faire passer les féministes à une lutte plus musclée…



Un livre remarquable tant il est difficile de saisir les réelles motivations au fil de cette escalade de la violence organisée à la manière de services secrets utilisant des groupuscules chargés de s’auto-discréditer. Un jeu où il est facile de perdre la tête… comme dans toutes les révolutions
Lien : https://www.noid.ch/un-bon-f..
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