AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jacques Ancet (224)


La clarté entre par la fenêtre

on voit les choses comme arrêtées

dans leur évidence livre ouvert

table fauteuil on voudrait sauver

cette limpidité on regarde

mais le regard ne peut pas suffire

ni la volonté ni le savoir

l’écoute peut-être ou le passage

d’un souffle à peine comme l’oubli
Commenter  J’apprécie          00
je me demande encore ce qu’est l’amour

cette folie de faire tourner le monde

autour d’un même centre rose et mortel

je sais qu’il n’est pas de réponse je sais

que c’est se vouer à la perte et aux larmes

mais malgré tout j’ouvre les bras je dis oui.
Commenter  J’apprécie          00
je ne sais pas ce que veut dire le corps

c’est une force parfois qui nous soulève

comme elle est sans nom je dis c’est le désir.
Commenter  J’apprécie          00
Jacques Ancet
le désir du rien un voyage d’oubli

comme lorsque ton corps traverse le mien

je dis tu me brûles mais je pourrais dire

tu es une montagne de déchirure
Commenter  J’apprécie          00
Tu me dis dans l’amour c’est toujours l’enfance

ta main m’arrive de très loin quelle peau

quelle main cherche-t-elle quelle impossible

conjonction dans la mienne qui s’est tendue
Commenter  J’apprécie          00
Dix-neuf heures

On ne cherche plus, on est

là, on écoute le vent,

son bruit de mer dans les feuilles

ou dans l’enfance. Le corps

va rentrer dans la douceur

de ce qui trouve un nom.

Entre le jour, son envers

il y a comme une fissure,

aux vitres comme des flammes

qui ne brûlent plus. Les mains

reviennent vers les objets,

les visages vers leur image.

Le souffle de l’éphémère

à sept heures tisse les

ombres, les détisse. Un peu

de cendre se mêle au bleu,

au présent un peu d’oubli.

Le soir ressemble à de l’eau :

on l’attend, on ne le voit pas
Commenter  J’apprécie          00
Tu n’as pas de visage et sans doute est-ce pourquoi mes mots s’en vont vers toi cherchant à cerner l’ombre que tu es, un chien aboie, des voix parlent, le silence est toujours si fragile, cette solitude où pour la première fois tu viens au monde, où peut-être tu pourras aussi, je ne te connais pas, tu n’es rien que l’obscur de ma phrase, cet appel soudain, au volant, conduisant sur une route en pente, le soleil à gauche éclairait les collines et j’ai su que de quelque façon tu devais exister, ombres, visage négatif, tu étais là sans corps, sans nom en moi ce présent [...] Je regarde la femme que j’aime [...] mais c’est toi qui parles maintenant, le sang, la bouche d’ombre, intermittent tu clignotes entre les mots [...] je t’appelle dans l’obscure marée de la phrase comment continuer avec ce poids mort des heures qui te recouvrent et qu’il est dur de les repousser, tenter d’être ton rythme d’eau [...] combien de minutes pourrai-je encore tenir le fil, remonter peu à peu vers toi [...].je tends la main comme pour toucher la tienne, mais seuls mes mots peuvent encore t’approcher, un à un ils s’en vont vers toi, te halant imperceptiblement, je t’imagine un jour, ruisselant, sanglant, je te regarde invisible à travers des couches de temps...
Commenter  J’apprécie          00
...alors on s’enfonce, on traverse

des étendues où le seul futur est le cœur qui bat

comme cet appel auquel on voudrait répondre

et c’est pourquoi on avance, même si à chaque pas

rien ne bouge que le corps obstiné qui poursuit

l’ombre qu’il n’a pas, on aimerait pouvoir

s’arrêter, regarder simplement l’aube qui vient,

poser la main sur la pierre froide et saluer

la lumière, dire les premiers mots, écouter

le crissement du sable, le bruissement de l’eau,

la rumeur des choses qui commencent mais le jour

est déjà le soir, on n’a rien pu saisir, on reste

vacant à regarder ses mains dans l’éclat des lampes

ou sur la vitre l’attente du visage noir,

on se perd, on se retrouve, il y a des silences

remplis de voix, des matins tombés comme des soirs,

plus on avance et moins on sait, on cherche demain

entre des mots qui disent hier, ce qu’on a gagné

on l’a perdu, comparé à ce qu’on a été

on n’est rien, disait-il, mais un rien qui insiste,

on guette entre les signes du corps l’imperceptible

grignotement tandis que sur la fenêtre brille

une sorte de splendeur, on voudrait y entrer,

être le courant et à la fois se voir couler,

on cherche, les choses semblent n’avoir pas bougé

mais quand on veut les prendre, les toucher, simplement,

c’est comme si elles reculaient, s’effaçaient

ne laissant sur les doigts qu’un peu de poussière à peine,

quelque chose qui peut-être ressemble à l’oubli,

alors c’est dans cet oubli qu’on s’avance,

au moment où on croit ne plus rien tenir, c’est là,

un éblouissement minuscule, on est perdu...
Commenter  J’apprécie          00
J’écoute. Une route au soleil. Un espace plus vaste avec le bruit des feuilles poussées par le vent. De temps à autre, une voiture. Puis un silence relatif. Où se logent des prés, des maisons, des montagnes. Que chercher d’autre que ce présent ? Une touffe de lavandes sèches, un cerisier à peine jauni, un parking. Des cris d’enfants disent la vie. Je ferme les yeux. Sur la peau, une légère chaleur. Un souffle. Une attente qui n’attend rien.

*

Retrouver une vieille habitude empêche-t-il d’être perdu ? Assis à la même place -- mais il n’y a jamais de même place --, je laisse le paysage (couleurs, ombres et lumières, mouvements) me traverser les yeux. Les bruits du jour, les images s’éloignent. N’en reste qu’une trace mouvante, très longue à s’effacer. Ensuite, c’est un suspens. Entre quoi et quoi, comment le dire ? Ensuite, comme une entrée dans le sommeil. À ce moment précis, une vague étincelante me submerge et tout rentre dans l’ordre.

*

J’ai cessé d’être perdu et plus rien ne m’arrive...
Commenter  J’apprécie          00
le fil de la joie

Le voyage des corps est silencieux.

On dirait des oiseaux sans un bruit

qui glissent sur la vitre. Une main

les accompagne parfois, un geste.

La peau est bleue.

Le temps s’est arrêté. Le cœur bat:

il remplit la chambre. Le souffle

cherche le souffle, les visages

sont au bord de l’oubli.

Retiens-moi, dit la voix, garde-moi

dans ta soif, deviens l’instant qui brûle,

le vide qui me commence.

Fais tomber les images.

Elle parle. On n’entend pas.

Les corps n’ont plus de bouche.

Ils flottent, mais il n’y a pas d’eau.

De l’air, peut-être, une lueur

sur la vitre. On ne voit pas.

La chambre vide (1989-1995)

Le moment où la nuit pénètre le jour

est invisible

comme les deux corps qui s’aiment et s’oublient.

De longs silences les traversent

plus musique que la plus pure musique,

un espace pour disparaître et demeurer pourtant.

Ils ne savent que l’instant

qui n’en finit pas d’être l’autre,

ils ne savent que le sang dans la lenteur des mains,

dans la moiteur de l’impossible

le lent éclair qui trace et foudroie leur image.
Commenter  J’apprécie          00
J’écris des dates

le temps les traverse

ne laisse qu’un peu de poudre humide

parfois les feuilles remuent

le ciel n’est pas le ciel

le jour est un reste de regard
Commenter  J’apprécie          00
Jacques Ancet
Tweet ! Tweet ! fait-il en réponse au pinson. Il ne voit rien, mais il entend. Dans l’arbre d’à côté, qu’est-ce qui s’éveille ?

27 mai 2012

*

L’éveil dans le sommeil. Comme une image sans les mots. Les yeux ouverts, fermés. Ce qui finit, ce qui commence.
28 mai 2012

*

Ce que tu regardes te regarde, tu le sais. Tout est réversible. Tout n’est qu’un seul et multiple regard.
29 mai 2012

*

Midi, les doigts et les roses. Entre, un silence de voix. Au cadran, l’ombre arrêtée. Hors temps, dit-il – et en plein cœur.
3 juin 2012

*

Cherche bien. Mais quoi ? Ce que tu ne sais pas et qui, quand tu tournes le dos, te revient en pleine figure.
7 juin 2012

*

Laisse, laisse venir. Le jour casse. La lumière et le vent. Laisse. Laisse dire.
7 juin 2012
Commenter  J’apprécie          00
Jacques Ancet
Dès le début, mes livres ont été traversés par un dialogue entre poème long et poème bref. À L’autre pays et à Le Songe et la Blessure répondait Silence, Corps, Chemin et Courbe du temps ; Zone franche répondait à L’Heure de Cendre, De l’obstinée possibilité de la lumière et Sous la Montagne au cycle d’Obéissance au Vent, La Cour du Cœur à Image et Récit de l’Arbre et des Saisons. Ensuite, ces deux écritures se sont rejointes dans la pratique de la série où longueur et brièveté s’entrelaçaient étroitement : L’Imperceptible, La Dernière Phrase, Journal de l’air, Les Travaux de l’Infime. Enfin, les deux écritures se sont à nouveau séparées entre grands poèmes et suites brèves : à La Brûlure répondait Sur le Fil ; à L’Identité obscure, Comme si de rien ; à Ode au Recommencement et Huit fois le Jour, répond le présent recueil de fragments écrits sous la contrainte non pas métrique ou formelle des textes précédents mais sous celle, numérique (au double sens), du tweet : 140 signes. Le haïku informatique est né voici quelques années de la mutation technologique que nous vivons, et il n’a pas fini de porter ses fruits. Pour moi, il y avait là une autre manière de donner forme à ce qu’a toujours été mon écriture : la pratique du journal. Au sens où je n’ai cessé d’écrire le jour – le mystère du jour. » (J. A.)
Commenter  J’apprécie          00
quand le regard devient regard

la main s’arrête un peu

comme pour écouter

la lumière à quatre heures

est l’or déclinant d’un fruit

le ciel plus pur encore

que celui de l’enfance cachée

dans le vert tremblement des poires

sous l’arbre s’incline une tête

selon la courbe de sa vie

vivre vivre blessure lente comme neige
Commenter  J’apprécie          00
La beauté n’est pas une réponse : une blessure simplement comme une source inépuisable.
Commenter  J’apprécie          00
Ce souffle engendré au bord des portes de l’ailleurs est étrange et simple :

Là aussi devant le soir qui tombe

collines bleues brume et

les mots peu à peu deviennent sombres

on croit deviner que c’est à cause

de ce qui s’en va du noir qui vient

pourtant c’est autre chose la lampe

fait de l’ombre les murs se resserrent

on écoute le bruit de la voix

elle s’approche on la reconnaît.
Commenter  J’apprécie          00
Une haleine fraternelle se mélange aux buées de nos doutes.

Comme si

au verdict de chaque instant

répondait un signe invisible.

Ou qu’il suffisait d’un mot

pour que tout ne soit qu’un seul

éclat, la chambre, le monde.
Commenter  J’apprécie          00
J’écris, je n’écris pas, je crie en silence à travers ce silence.
Commenter  J’apprécie          00
Au matin, pourtant, tout ressemblerait au
bonheur. Si on savait ce qu’est le bonheur. La
lumière et la chaleur pourraient en donner
une idée sans cette sorte d’ombre qui glisse
entre objet et regard. C’est peut-être pour ça
qu’on est perdu. Parce qu’on ne coïncide pas.
Ou si peu. Et c’est ce peu qu’on cherche.
Entre deux gestes, deux mots, au milieu de
la foule, dans une pièce vide. Faute de
mieux, on dit : c’est un souffle, c’est de l’air.
Comme celui, léger, qui entre par la fenêtre
entr’ouverte. L’embrasure, oui mais sans la
beauté du mot. Alors on guette. Ça ne viendra
pas, mais on guette.
Commenter  J’apprécie          00
Chant 3

C’est comme un feu mais sans feu, sans futur ni passé,
le corps est si léger qu’il semble flotter sur les
heures arrêtées, dans l’étincellement du matin,
je l’appelle le présent, ce feu, il est partout,
il est insaisissable, la main se tend, ne touche
qu’un vide qui lui ressemble, une sorte d’ombre claire,
l’envers des choses qui s’effacent et qui jaillissent,
dessinent sur les yeux le leurre de leur présence,
je sais qu’elles ne sont pas et pourtant je prononce
leur nom, ce souffle d’air qui les fait durer un peu
le temps de croire que plus que moi elles demeurent
peuplant l’espace que je traverse et que je laisse,
table, dis-je, voilier, pins, genoux, eucalyptus,
terrasse où parlent deux filles assises, avec l’avion,
le chien qui passe langue pendante, l’horizon
qui s’approche, on ne sait pas pourquoi, est-ce l’orage,
la guerre là-bas tout près, le fracas des bombes
et la lagune aux flamands roses, tout ce qui vient,
s’éloigne, ne laisse pas de trace, et je dis j’aime
cet éphémère, je le touche, je le respire,
il m’enveloppe, il est ma peau, il est ma vie,
la pluie vient sans qu’on l’attende, on écoute les gouttes
elles font trembler les feuilles, on ne les entend plus,
on les voit, elles sont l’image de chaque instant,
elles brillent et s’éteignent, brillent s’éteignent, brillent,
elles font une seule lumière où tout s’efface,
d’où tout renaît, lessive, couleurs, verger, montagne,
c’est encore la première fois, les mouches grincent,
une porte claque, le vent fait tourner les pages
d’un livre, elle disait sois juste envers le moment,
regarde toute chose sous l’aspect du moment,
aie du respect pour tous les moments et ne fais pas
de liaisons entre les choses, le ciel ou la mer
savent-ils qu’ils sont bleus, s’en souviennent-ils, ils n’ont
pas de couleur, c’est la mémoire qui leur en donne,
le monde est un instant multiplié, on n’y entre
qu’en oubliant, volet qui crie, le jour, son éclat
sur tes yeux blessés, quelqu’un m’appelle par mon nom,
ce que j’entends ça n’est pas ce que je vois, je dis,
ce que je veux, nous le voulons tous, est impossible,
entrer dans cet instant, l’habiter mais sans y penser,
être autre chose que ce départ recommencé
qui me fait l’ombre de moi-même, être le diamant
scintillant aux infinies facettes, et le savoir,
n’être rien que ce grain de feu où tout se reflète,
wishfull thinking, disait-il, et il avait raison,
quant à voir vraiment, c’est une autre histoire, je ne vois
que ce que je sais, je pose des noms, des images,
je m’y prends, je n’en sors pas, et comment sinon se
comprendre, la traversée des heures est insensible,
je me retrouve un autre jour sans l’avoir voulu,
mais veut-on jamais ce qu’on veut, le temps recommence
ailleurs, pour d’autres yeux, d’autres mains se cherchent, d’autres
images, je n’y vois rien, je ne sais plus où je
vais, il faudrait raconter ma vie, je l’ai perdue
je ne comprends plus ce que je dis ce que j’entends
parce que, soudain, tout est là, l’étoile et la tasse,
toutes les mains dans la main qui se tend, un silence
de bout du monde dans une montée d’escalier
qui sent la soupe et l’urine, l’oubli plus profond
que la mémoire, sans cesse quelque chose y bouge
et m’appelle, façon de parler car je n’entends
rien, ni voix, ni son, simplement c’est comme un élan
dont je ne sais où il m’emporte, mais je le suis
sans savoir, tout en sachant très bien, et puis quoi, dis-je,
c’est tout cet inconnu qui me prend comme une mer,
souffle sur moi, et c’est l’orage, son désordre noir,
l’aveuglement, mes yeux fermés et mes mains qui voient,
j’avance, pourtant c’est comme si je reculais,
aide-moi, dis-je, je n’ai pour voix que le silence,
l’absence pour présence même si je suis là
avec mon poids de chair, mes pieds, mes jambes, mes bras
et ma bouche qui dit, c’est moi, mais moi qui, moi quoi,
si je me couche c’est déjà l’autre, si je mange,
un autre encore, et là dis-je c’est qui, je m’approche,
du bout des doigts je donne une forme à ton visage,
tu me fais moi puisque tu es toi, tu me fais être
entre mon regard et le tien, c’est comme un fil,
tendu où pas à pas nous marchons en équilibre,
il faudrait pouvoir ne pas tomber, rester sans fin
dans cet instant, ce répit, un cadeau de la vie
disait-il, ce qu’elle t’offre toujours entre deux gestes,
dans l’interstice, salle d’attente, quai de gare,
une affiche au mur, le bruit des voitures au passage,
les champs comme suspendus, arrêtés, dans un temps
que m’empêche d’atteindre le feu luisant des voies
en partance, toujours, en partance, j’en oublie
que l’ailleurs est ici, je m’éloigne, je m’en vais,
je quitte la belle de nuit, ses clochettes mauves
autour de la grille, je quitte les filles, le petit vieux
sur un banc qui me regarde, je quitte la ville
entrevue, ses maisons blanches, je quitte un ciel pour
un autre que je ne verrai pas puisque jamais
on ne voit ce qu’on voit , toujours ce qu’on ne voit pas
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jacques Ancet (62)Voir plus

Quiz Voir plus

Dragon ball

Comment s'appelle le personnage principal ?

Sengoku
Sankogu
Sangoku
Senkogu

11 questions
299 lecteurs ont répondu
Thème : Dragon Ball, tome 1 : Sangoku de Akira ToriyamaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}