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Citations de Jacques Ancet (224)


Au même instant – n’importe où – , ce qui se
déchire. Sous le ronflement du tracteur
poussière et hurlements. Au bord du toit, le
trille du pinson. L’arrosoir près de la porte.
Tout ce qui rassure. L’ombre passe derrière la
vitre, le visage s’arrête. Dans la sandale, le pied
remue. Le soleil est une porte entr’ouverte.
Celui qui va parler ne parle pas. Seule sa main
bouge. Et ses cheveux, avec le vent. J’écoute.
Je n’entends rien et j’entends tout : la porte
qui grince, le chat, la mobylette, les mouches
le cœur posé sur la main, l’avion, la montagne
qui vibre et le silence par dessous. Fourmis et
pucerons rivalisent dans l’infime. Je suis
perdu en plein milieu du jour.
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Le cri de la corneille, je ne le comprends pas
non plus. Mais je l’écoute longtemps, insistant,
intermittent. Soudain il est plus fort, terrible
même, un croassement qui se rapproche.
Est-ce pour que je n’oublie pas, tout près,
le noir dans la lumière, ou que j’entende
le silence et sa rumeur vivante. Que je
m’enfonce mieux dans l’instant de chaleur et
de mouches ? Demain, hier n’ont plus de sens
face au chat immobile. La corneille crie
toujours, comme s’il ne l’entendait pas. Seule
frémit la point de ses oreilles. Couché dans
l’ombre, il est l’image du présent. Il vibre. Il vibre
entre deux éclats : on y est, on n’y est pas. On
y entre, on est perdu.
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la fatigue a des couleurs
comme les saisons. Elle a
ses douceurs et ses éclats,
ses silences. Mais surtout
ce qu’elle permet de voir :
d’une chose à son image,
imperceptible, une sorte
de distance sans distance.
L’incertitude du monde.
Comme un vacillement bref.
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Je cherche ce que je ne trouverai pas
je le sais mais je cherche
car dans chercher il y a trouver
comme un arbre sans son ciel
comme un chemin sans son terme
qui avance et chaque pas
le recommence
et il te mène vers ce qui vient
et recule et t’appelle et te
déchire comme le jour déchire la nuit
ou est-ce l’inverse
ou est-ce le temps
qui me coule des yeux
et c’est pourquoi je ne vis
rien devant rien derrière je marche
sur un fil au milieu du jour je
vacille je heurte
un morceau de lumière



25 juin 2002
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Et écrire, ce désir à chaque fois de réparer l’imperceptible accroc ? De recueillir dans un léger tissage des paroles ces figures éparses du devenir et les rendre un instant solidaires. De telle sorte que recouvert, effacé par l’afflux de mots, le monde finirait par venir y renaître, surgissant de ce mouvement même qui d’abord l’a annulé et qui, maintenant, lui offre cette vivacité dont jusque-là il paraissait privé. Oui, écrire ce serait d’abord cela : s’asseoir pour voir se lever le monde dans le jour du langage. Et, d’une voix presque muette — d’un souffle engendré par les mots et qui les porte —, ne cesser de célébrer cette beauté, répétant comme une prière muette cette phrase si simple de Beckett : « Je regarde passer le temps et c’est si beau.
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La lumière suffirait-elle ? Les ombres sont plus nettes, les couleurs plus vives, mais ce qui vient ressemble à la tempête. Peu importe. Je ne vois pas plus loin que le bout d’un instant qui sans cesse m’échappe, sans cesse m’appelle. C’est pourquoi je suis perdu. Entre la montagne et la tasse, le ronflement de la pelleteuse et le craquement du radiateur. Entre ce que je vais dire et ce que je dis. Entre le regard et les choses, le matin et le soir. Entre, toujours. Entre les mots comme entre les pierres du torrent. Entre ton corps et le mien, entre ma vie et ma mort.
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C’est un souffle dans les heures,

un instant comme arrêté,

on ne sait pas, presque rien.

Un vide sous les visages,

sous les gestes quelque chose

qui vacille : ombre ou mémoire.

Un silence qu’on écoute

avec toujours ce qui parle

sans un mot, ce qui se tait.
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Écrire c’est être traversé .
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Il est la neige, brutal et léger à la fois. Un tremblement inattendu. Il aveugle, il éblouit. On n'y voit rien - on y voit mieux. L'espace s'ouvre. La main se ferme sur une poignée d'air.
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Sur la fenêtre



Extrait 5

Le nouveau texte qui vient. Quelque chose comme un élan
ou une force obscure qui pousse. Dans les mots, le plus sou-
vent insatisfaisants, quelque chose pourtant se fait, je le sais
d'un savoir trouble. Il y a là, également, une sorte de forme
qui s'impose — une suite de vagues, une force horizontale
qui draine avec elle les visions les plus diverses. Ça ressem-
ble un peu à l'écriture d'Obéissance au vent, mais en beau-
coup plus lent, plus têtu, plus sourd. J'ai d'ailleurs du mal à
m'y retrouver ou à continuer. Souvent la tension baisse et il
faut un effort d'oubli pour qu'elle se rétablisse. Mes textes
longs se font toujours ainsi : par une alternance de tension
et de relâchement, d'enthousiasme et de découragement,
de hauts et  de bas.  Et j'attends patiemment  ce qui doit
émerger ou non de tout cela.
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Sur la fenêtre



Extrait 4

Que signifie cette incapacité toujours marquée à écrire
autre chose que ce que je vis à l'instant même ? Comme
s'il me fallait me raccrocher à ces bribes concrètes de la
vie pour ne pas me dissoudre. Et, en même temps, para-
doxalement,  en avoir besoin pour m'effacer et laisser
être ce qui est.  Peut-être la bonne expression est-elle
celle-là. Écrire ce serait tenter par le langage de rompre
les digues, les blocages psychologiques, logiques ou au-
tres pour, oui, laisser être. Ce qui réclame de passer et
de s'ouvrir. Ce qui ne peut se faire qu'ici et maintenant.
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Sur la fenêtre



Extrait 3

Les gouttes noires et blanches sur la vitre, la cime des arbres
d'un vert sombre, touffu, la fumée des collines, leur découpe
à peine sur le ciel plus pâle, un semis de cris d'oiseaux comme
une légende sous l'image...
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2006
Sur la fenêtre



Extrait 2

Pour les Pythagoriciens, le temps était infernal.
Le nombre le réduisait, le rationalisait.
Compter apaise l’angoisse du temps. C’est une
sorte de rite qui apaise  l’horreur qu’il suscite
dans la monotonie.
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2006
Sur la fenêtre



Extrait 1

 On croirait, au fond, par-delà les collines, voir s’étendre
un lac dont les rives seraient les montagnes. Au lever des
yeux, c’est d’abord ce qui saisit le regard, dans la surprise
de ne pas reconnaître le paysage familier. L’espace paraît
s’être élargi, approfondi, et Saint Martin être devenu, pour
un matin, une station balnéaire toute tournée vers les eaux
gis perle. Pour un moment, l’acte de perception se montre
à découvert : une construction du donné à travers des ima-
ges, des schémas mentaux qui lui donnent forme et le font
entrer dans la catégorie du nommable : ici un lac et ses rives.
On a beau savoir que ce qu’on voit  n’est pas ce qu’on voit,
la vision persiste jusqu’à ce  qu’une légère variation atmos-
phérique vienne comme un rideau  doucement tiré peu à
peu gommer l’illusion et rendre au paysage sa rassurante
physionomie.
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Il n’y a ni drame ni déchirure…


Il n’y a ni drame ni déchirure.
On dirait dans le jour un infime
vertige. Rien ne change mais tout
vacille. ce qu’on voit, on le voit
comme s’il venait de s’absenter
et que chaque objet portait encore
une trace de ce qui s’éloigne.
Un peu de chaleur avant le froid.
Une attente qui n’attend plus rien.
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Jacques Ancet
J’attends


– Qu’est-ce que tu fais ?
– J’attends.
– Quoi ?
– Si je savais.
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Le vent revient. La lumière tremble, les ombres. Il me semble que quelque chose passe, mais quoi ? Je ferme les yeux, je les ouvre. Tout est mortel. Et pourquoi cet amour si violent de ce qui passe ? Dans le vertige des branches, la montagne s'avance. Je perds ce que je vois - je me perds. La main hésite. Ce qu'elle trace est illisible. La bouche voudrait jouer : ba bi bo bu comme alors - mais elle a oublié. Je dis adieu. Pour dire dire quelque chose. La lumière tremble, le vent revient toujours.
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ET MAINTENANT…


Et maintenant, refaire maintenant : la
main, le ciel, le buisson et la lampe. Les
mots sont des doigts. Ce qui parle ne
dit pas mais montre.

12 novembre 2012
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ENSUITE…


Ensuite — ensuite ? — une clarté tombée
du haut parmi ailes et feuilles. La terre
pèse un peu plus, dit la voix.

11 novembre 2012
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UNE FOIS ENCORE…


Une fois encore — la même — le pouce
blessé, la brume qui refait les couleurs
et le coq aveugle dans le silence de midi.

11 novembre 2012
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