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Citations de James C. Scott (78)


On ne surestimera jamais assez l'importance de la sédentarité et de la concentration démographique qu'elle a entraînée.Cela signifie que presque toutes les maladies infectieuses dues à des micro-organismes adaptés à Homo Sapiens ne sont apparues qu'au cours des derniers dix millénaires et nombre d'entre elles seulement depuis cinq mille ans.Elles constituent un "effet civilisationnel" au sens fort du terme.
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On ne surestimera jamais assez l'importance de la sédentarité et de la concentration démographique qu'elle a entraînée. Cela signifie que presque toutes les maladies infectieuses dues à des micro-organismes spécifiquement adaptés à Homo sapiens ne sont apparues qu'au cours des derniers dix millénaires et nombre d'entre elles depuis seulement cinq mille ans. Elles constituent donc un " effet civilisationnel ", au sens fort du terme. Ces maladies historiquement inédites — choléra, variole, oreillons, rougeole, grippe, varicelle et peut-être paludisme — n'ont émergé qu'avec les débuts de l'urbanisation et, comme nous allons le voir, de l'agriculture. Jusqu'à très récemment, dans leur ensemble, elles constituaient la principale cause de mortalité humaine. Cela ne signifie pas que les populations d'avant la sédentarité ne possédaient pas leurs propres parasites et maladies ; simplement, il ne s'agissait pas de pathologies d'origine démographique, mais plutôt de maladies caractérisées par une longue période de latence et/ou par des réservoirs non humains : typhoïde, dysenterie amibienne, herpès, trachome, lèpre, schistosomiase et filariose.

Chapitre 3. Zoonoses : la tempête épidémiologique parfaite.
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À partir du moment où nous disposons d'archives écrites, les preuves de l'occurence d'épidémies mortelles se multiplient et l'on peut en déduire de façon prudente leur existence à des périodes antérieures. L'épopée de Gilgamesh en est peut-être le témoignage le plus parlant, avec le passage où son héros affirme que sa renommée survivra à la mort tout en décrivant le spectacle d'un flot de cadavres descendant l'Euphrate, probablement victimes d'une maladie infectieuse. Il semble bien que les Mésopotamiens aient constamment vécu sous la menace d'épidémies létales. C'est ce dont témoignent les amulettes, les prières, les poupées prophylactiques et l'existence de déesses et de temples aux vertus " curatives " — le plus célèbre étant celui de Nippur — destinés à protéger les humains contre ces maladies collectives. Ces phénomènes étaient, bien entendu, assez mal compris à l'époque, et souvent attribués à la colère meurtrière d'un dieu, ou bien perçus comme la punition d'une transgression qui exigeait un rituel compensatoire, tel le sacrifice de boucs émissaires.
Les premières sources écrites montrent toutefois que les peuples de la Mésopotamie antique comprenaient le principe de la contagion. Chaque fois que c'était possible, ils prenaient des mesures afin de mettre en quarantaine les premiers cas identifiables en les confinant à leurs domiciles sans laisser entrer ni sortir personne. Ils comprenaient que les voyageurs de longue distance, les commerçants et les soldats pouvaient être porteurs de maladies. Leurs pratiques d'isolement et de prévention préfigurent les mesures de quarantaine des lazarets des ports de la Renaissance. Et cette compréhension de la contagion se manifestait non seulement par l'évitement des personnes infectées, mais aussi par celui de leur vaisselle, de leurs vêtements ou de leur literie. Les soldats de retour d'une campagne militaire et soupçonnés d'être porteurs d'infection étaient contraints de brûler leurs vêtements et leurs boucliers avant de pénétrer dans la ville. Lorsque l'isolement et la quarantaine échouaient, ceux qui le pouvaient fuyaient la cité, laissant derrière eux les morts et les agonisants, et ne revenant chez eux, s'ils revenaient, que bien longtemps après la fin de l'épidémie. Ce faisant, il est probable qu'ils aient fréquemment transporté avec eux la maladie dans les régions voisines, engendrant ainsi un nouveau cycle de quarantaines et de fuites. De mon point de vue, il y a peu de doute qu'une bonne partie des abandons précoces et non chroniqués de régions fortement peuplées aient eu des causes épidémiologiques plutôt que politiques.

Chapitre 3. Zoonoses : la tempête épidémiologique parfaite.
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l’usage du feu explique en bonne part notre succès en tant qu’espèce “envahissante” la plus performante du monde. Tout comme certains arbres, plantes, champignons, nous sommes des pyrophytes, une espèce adaptée au feu. Nos habitudes, notre régime et notre corps sont ajustés aux caractéristiques du feu, et, de ce fait, nous sommes en quelque sorte captifs des soins que nous devons lui prodiguer afin de l’alimenter et le préserver. Si le test décisif de la domestication d’une plante ou d’un animal est le fait qu’elle ou il ne puisse pas se propager sans notre assistance, alors, de la même manière, nous nous sommes tellement adaptés à l’usage du feu que notre espèce n’aurait aucun avenir sans lui
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On observe clairement un souci de " gestion " des populations assujetties, y compris des femmes, en tant que forme de richesse, à l'instar du bétail, avec un encouragement à la fécondité et à des taux élevés de reproduction. Le monde antique partageait clairement le point de vue d'Aristote selon lequel l'esclavage était un " outil de travail " au même titre qu'un animal ou une charrue.

Introduction.
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Une fois créée, une entité institutionnelle produit sa propre histoire. Et plus cette histoire est longue et plonge ses racines loin dans le passé, plus elle s’apparentera à la mythologie et à l’oubli sélectif qui définisse le nationalisme. Au fil du temps, et aussi artificielles que soient ses origines, une telle identité développera des traits essentialistes et pourrait fort bien devenir l’objet d’allégeances passionnées.
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La plupart des épidémies contemporaines – la petite vérole, la grippe, la tuberculose, la peste, la rubéole et le choléra – sont des pathologies zoologiques qui se sont développées à partir d’animaux domestiqués.
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Loin d’être des données sociologiques et culturelles, les pratiques en matière de lignage, la manipulation généalogique, les formes de pouvoir locales, les structures de parenté, et peut-être même les degrés de littératie ont été « calibrés » pour empêcher (et dans de rares cas faciliter) l’incorporation à l’intérieur de l’État.
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Partout où ils le purent, les États ont obligé les cultivateurs mobiles pratiquant l’agriculture su abattis-brûlais à se sédentariser dans des villages permanents. Ils ont tenté de remplacer la propriété collective et l’exploitation commune ouverte des terres par une copropriété fermée – les fermes collectives mais surtout la propriété privée inaliénable de l’économie libérale. Ils se sont emparés des ressources en bois et minerais au nom du patrimoine national.
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Les notions de tribu ou de peuple sont des « fictions administratives » inventées en tant qu’instrument de domination, pour désigner des réfugiés politiques ou économiques ayant fui vers la périphérie.
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Jusqu’en 1600 de notre ère, en dehors de quelques centres étatiques, la population mondiale occupaient en majorité des territoires non gouvernés, constituant soit des « barbares », c’est-à-dire des « populations pastorales hostiles qui constituaient une menace militaire » pour l’État, soit des « sauvages », impropres à servir de matière première à la civilisation.
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L’appétit dévorant de bois des États archaïques pour le chauffage, la cuisson et la construction est responsable de la déforestation et de la salinisation des sols. Des conflits incessants et la rivalité autour du contrôle de la main-d’œuvre locale ont également contribué à la fragilité des premiers États.
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L’apparition des premiers systèmes scripturaux coïncide avec l’émergence des premiers États. Comme l’expliquait Proudhon, « être gouverné, c’est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé ».
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Les populations sédentaires cultivant des céréales domestiquées, pratiquant le commerce par voie fluviale ou maritime, organisées en « complexe proto-urbain », étaient en place au néolithique, deux millénaires avant l’apparition des premiers États. Cette « plate-forme » pouvait alors être « capturée », « parasitée » pour constituer une solide base de pouvoir et de privilèges politiques.
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On peut dire que l’espèce humaine elle-même a été domestiquée, enchaînée à un ensemble de routines. Les chasseurs-cueilleurs maîtrisaient une immense variété de techniques, fondées sur une connaissance encyclopédique conservée dans la mémoire collective et transmise par tradition orale. « Une fois qu’Homo sapiens a franchi le Rubicon de l’agriculture, notre espèce s’est retrouvée prisonnière d’une austère discipline monacale rythmée essentiellement par le tic-tac contraignant de l’horloge génétique d’une poignée d’espèces cultivées. » James C. Scott considère la révolution néolithique récente comme « un cas de déqualification massive », suscitant un appauvrissement du régime alimentaire, une contraction de l’espace vital.
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Entre 8000 et 6000 avant notre ère, Homo sapiens a commencé à planter toute la gamme des céréales et des légumineuses, à domestiquer des chèvres, des moutons, des porcs, des bovins, c’est-à-dire bien avant l’émergence de sociétés étatiques de type agraire. ..
....L’agriculture de décrue fut la première à apparaître, n’impliquant que peu d’efforts humains.
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L’émeute est le langage de ceux qu’on n’écoute pas. (Martin Luther King Jr.)
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Historiquement, la famille patriarcale était plutôt un milieu de formation à la servitude pour la plupart de ses membres ainsi qu’un terrain de pratique de l’autoritarisme pour les hommes responsables du foyer et leurs fils en apprentissage.
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Une bonne partie de l’histoire et de l’imaginaire populaire, en plus d’effacer son caractère contingent, attribue implicitement aux acteurs de l’histoire des intentions et une conscience qu’ils n’ont tout simplement pas pu avoir.
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La plupart des grandes réformes politiques des XIXe et XXe siècles ont été accompagnées de longs épisodes de désobéissances civiles, d’émeutes, de transgressions des lois, de perturbation de l’ordre public, voire de guerres civiles. 
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