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Critiques de James Cañon (71)
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Dans la ville des veuves intrépides

Malgré une idée intéressante j'ai eu du mal à entrer dans ce livre. Peut-être du fait de sa construction, de l'intrigue qui s'étale sur 16 ans ou la multiplication des personnages. Comme je devais le lire dans le cadre d'un cercle de lecture j'étais curieuse de l'avis de ceux qui l'avaient lu. Et là ce fut un enthousiasme général pour cet ouvrage. Ils ont adoré. Alors je me suis dit que peut-être j'étais passée à côté d'une pépite. Je me suis replongée dans sa lecture avec un regard nouveau et je me suis mise à m'attacher à tous ces personnages et à leur vie. Même si je reste un peu sur ma position initiale c'est un bel ouvrage. Un village reculé, qui vit replié sur lui même et qui cherche après la disparition des hommes à vivre quand même. Des valeurs sont véhiculées comme le partage des biens entre pauvres et riche. L'argent ne fait pas le bonheur si on n'a personne avec qui le partager. Ces femmes s'inventent une sorte de communauté à part, basée sur les fondements du communisme en quelque sorte. Alors au début les plus riches sont réticentes à partager leur bien, elles cherchent même à fuir mais à ce moment là on leur demande si elles seront plus heureuses ailleurs, que c'est une utopie de croire que la fuite va résoudre les problèmes. J'ai pu avoir aussi l'impression d'être dans un kibboutz, tout est collectivisé et les tâches sont réparties entre tous, les repas sont pris dans des cantines réservées à cet effet. Chacun apportant sa contribution à la communauté. La notion de temps aussi est revisité et modifié. La question de la nudité aussi est interrogée. Enfin l'homosexualité est vu sous un angle différent, normal. Ce sont les sentiments qui s'expriment et peu importe avec qui, qui ce soit un homme ou une femme, l'important est de compter dans le regard d e l'autre.
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Dans la ville des veuves intrépides

Comment bâtir une société idéale fondée sur le respect et l'équité ? En se débarrassant des hommes bien sûr ! Et l'amour me direz-vous ? C'est justement là le problème : encore faut-il d'abord rétablir la paix, et puis aussi l'égalité, et puis peut-être après inventerons-nous la douceur... Comme les hommes du village de Mariquita en sont dénués, qu'un coup du destin nous en débarrasse ! Et c'est ce que fit le destin : voilà qu'un jour les guerrilleros réquisitionnent tous les hommes du village. Dès lors, l'anarchie s'installe lentement : avant de résoudre le problème de l'électricité et de rétablir l'eau courante, le plus important c'est le corps. Pour le satisfaire, ces dames créent un bordel ambulant. En patronne moderne Emilia met en place un plan de formation avec des positions et des techniques sexuelles hors du commun en faisant passer des « oraux » à ses congénères. Mais le drame devient fatalité lorsque la petite communauté se met en quête de procréer. Le prêtre lui-même se lance dans une croisade de reproduction sacrificielle, baisant allègrement au nom du Seigneur. Mais de ses visitations divines, ne sortent que le souffle du vide et quelques brutalités. Quelle fatalité encore frappe les jeunes adolescents en qui on place tout le salut séminal du village, lorsque le jour de l'exploit attendu ils subissent une tombée magique de pénis ? Bref le destin s'est abattu sur le petit village de Mariquita pour qu'aucun homme n'y survive.
Lien : http://ameleia.over-blog.com/
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Dans la ville des veuves intrépides

La ville des veuves intrépides est l'histoire d'un village dont tous les hommes disparaissent du jour au lendemain, enrôlés de force par la guérilla. L'auteur raconte comment les femmes organisent la survie du village, y compris leurs tentatives pour assurer une descendance. Le récit est parfois un peu loufoque, les personnages, telle la maire du village, sont truculents, mais très attachants.



L'auteur aborde régulièrement la situation politique de la Colombie en donnant la parole alternativement aux paramilitaires et aux guérilleros. On s'aperçoit que ces deux groupes qui se livrent une guerre sans merci sont en fait proches l'un de l'autre et partagent un même quotidien de galère et de violence. La guérilla dénonce les exactions de l'armée, mais ne se comporte pas mieux avec la population. Cette partie montre bien le drame que la Colombie a subi pendant des décennies.



J'ai bien aimé les passages sur les militaires, où l'on voit bien la stupidité de ces combats sans fin qui ont ensanglanté la Colombie. J'ai bien aimé le récit principal, en l'occurrence la vie des femmes et la manière dont elles s'organisent, raconté sur un ton humoristique même lorsque le récit est tragique. Par contre la longueur du récit ne se justifie pas, et la plaisante surprise du début s'émousse lorsqu'on atteint la moitié du livre. Dommage, ça gâche un peu le plaisir de la lecture.
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Dans la ville des veuves intrépides

Lorsque les guérilleros arrivèrent à Mariquita, un petit village perdu de Colombie, ils embarquèrent tous les hommes valides et tuèrent les plus récalcitrants. Il ne resta plus que les femmes, le prêtre et de jeunes enfants. Après quelque temps de franche anarchie, chacune se demandant à quoi bon continuer à vivre sans les hommes, et surtout comment, Rosalba se retrouve maire de Mariquita et décide de se battre pour la survie collective. S'occuper des champs, retaper les habitations, éduquer les enfants, honorer les morts, et surtout surtout trouver un moyen de procréation...



James Canon est né et a grandi en Colombie avant de s'installer aux États-Unis. Nourri de culture et de littérature sud-américaine, il nous offre un premier roman emprunt de d'énergie, de couleurs et de sauvagerie. Les femmes y ont le beau rôle, celui de préserver la vie tandis que les hommes font mumuse avec leurs armes à feux et leurs idéaux, sans penser aux conséquences. Or pour survivre, il vaut mieux s'entraider que se diviser, et Rosalba et les autres veuves tentent de mettre au point une société à tendance communiste dans laquelle chacune travaille pour le bien de tous, sans penser à son propre profit. Bien sûr cela ne se fera pas en un jour, certaines femmes partiront en quête d'un avenir meilleur, d'autres tenteront de mettre en place leurs propres visions des choses...



Grâce à ce conte féministe drôle et amer, James Canon réussit aussi bien à divertir qu'à dénoncer notre soif de pouvoir et d'individualisme, ce sentiment de supériorité qui pousse à se sentir supérieur, faire la guerre, rabaisser ceux de l'autre sexe, condamner les couples atypiques. Une grande réussite et un auteur à suivre de près.
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Dans la ville des veuves intrépides

L'histoire : Mariquita est une petite ville perdue de Colombie où la vie s'écoule plus ou moins tranquillement jusqu'au jour où les guérilleros décident d'emmener de force tous les hommes du village. Toutes ces épouses se retrouvent désormais seules et les célibataires voient d'un coup toutes leurs chances de mariage s'envoler. Que faire puisque personne ne fait rien pour elles? Se prendre en main. Avec plus ou moins de succès et des idées plus ou moins réussies; de ces villageoises émergent des personnages haut en couleur et les 3 survivants masculins du village ne vont pas pouvoir faire grand chose contre les idées parfois saugrenues de ces femmes. Mais peu à peu une véritable organisation va voir le jour et finalement le village va s'appercevoir que oui il peut survivre sans hommes.



Verdict : depuis un moment je n'avais pas ressenti quelque chose pour une livre mais celui ci fut une belle découverte à défaut d'être un coup de coeur.

Le village est déserté par les hommes. Que faire? La famine guette, la pauvreté s'amplifie, le sevrage d'êtres masculins n'est pas si simple pour tout le monde. Mais quelques unes de ces femmes veulent prendre le village en main comme Rosalba qui s'auto proclame maire et décide de réformes plus ou moins bien accueillies. Mais c'est un début. Et puis comment régler le problème du renouvellement des générations? Il reste au village, Julio devenu Julia lors de l'arrivée des guérilleros et qui refuse depuis de s'habiller autrement qu'en fille et de parler. Santiago mais Santiago est amoureux fou de Pablo qui lui aussi est parti. Et enfin le prêtre, qui pour le "bien" de la communauté décide de se défroquer temporairement. Mais c'est loin d'être un succès. Tous commes les réformes du maire d'ailleurs. Jusqu'au jour où peu à peu toutes prennent conscience de la possibilité de vivre ensemble et de créer une communauté.

L'auteur nous plonge dans une jolie utopie narrée par les différentes protagonistes du village. De nombreux portraits sont faits des habitantes qui se découvrent une fois les hommes disparus. Les situations comiques sont nombreuses et l'auteur essaye de ne pas "enliser" le récit en l'entrecoupant de chapitres très brefs narrés eux pas les hommes, paramilitaires ou guérilleros racontant l'horreur de leur quotidien. Bien que j'ai trouvé que la fin était un peu décevante mais je pense que le récit s'essouflait, j'ai beaucoup souri devant les situations rencontrées, les solutions trouvées, les disputes, les amourettes ou plus qui s'instaurent. Et finalement la mise en place d'une véritable communauté d'entraide où chacune a sa place, son rôle et son métier. Il faut préciser que l'histoire se passe sur des années pour mieux comprendre l'évolution du village et de chaque personnage qu'on découvre à travers soit le chapitre qui lui est dédie soit les yeux des autres personnages. Je ne connais pas du tout la Colombie donc je ne peux juger du côté réaliste ou pas de la vie quotidienne; je l'ai pris comme une fiction mais tout en reconnaissant la dure réalité du contexte militaire qui oppose paramilitaire et guérilleros. Des personnages donc haut en couleur et à découvrir

Un excellent roman que j'ai beaucoup apprécié et que je n'hésiterais pas à recommander donc.

Livre lu dans le cadre du Prix des lecteurs 2010.

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Dans la ville des veuves intrépides

(2008 – Prix du Premier Roman étranger)

Dans le village colombien de Mariquita, tous les hommes ont été réquisitionnés ou tués par la guérilla. Les femmes apprennent donc à vivre seules et finissent, après une période d'anarchie, par créer une utopie communautaire. Roman concentré sur le quotidien, au ton burlesque, teinté d'humour noir. Très très apprécié, je m'y suis ennuyée. Question d'humeur sûrement.

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Dans la ville des veuves intrépides

Colombie 1992. Un village tranquille se fait dépouiller de tous ses hommes, embrigadés de force par les guérilleros. Après lamentations et désespoir, les femmes se découvrent aussi capables que les hommes d'assurer leur survie. C'est burlesque, irréaliste, féministe, et parfois déconcertant, quoique...
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Dans la ville des veuves intrépides

Que faire des jeunes filles qui veulent désespérément un homme? Que faire quand plus personne n'a de de notion du temps? Que faire quand le village n'a plus de quoi se nourrir? Les anecdotes sont bien croustillantes , ces bonnes dames sont des beaux personnages tour à tour grotesques ou émouvantes ...

Le rythme est très enlevé, l'histoire est bien menée : aucun risque d'ennui! Les femmes et leur curé, après une période de désarroi , décident de se prendre en main pour éviter de sombrer dans la misère. Elles finissent par chasser le curé , s'adapter à un monde sans hommes et fonder un village idyllique où tout est partagé, où l'on vit en harmonie avec la nature. Un peu d'optimisme et de tolérance dans un monde de brutes...



Le contexte , on le connait, malheureusement : la guerilla en Colombie qui s'oppose aux paramilitaires et au gouvernement. Les portraits de soldats qui apparaissent à la fin de chaque chapitre nous plongent dans la cruelle réalité de la guerre civile. Car du reste , une fois que les hommes sont partis, réquisitionnés par la guerilla, les souris dansent... Non, disons que les femmes qui restent sentent souffler le vent de la liberté et qu'il sera difficile de leur lui enlever même quand les hommes reviendront...

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Dans la ville des veuves intrépides

La Colombie vit une période difficile, les hommes et ados à compter de 12 ans sont réquisitionnés pour entrer dans l'armée. Quiconque refuse se retrouvera percé d'une balle.

Dans un village de 93 âmes, les femmes vont prendre le pouvoir ou plutôt vont changer leur mode de vie. Sans homme, il va falloir penser à la survie de l'espèce, plusieurs possibilités s'ouvrent à elles, soit attendre que les plus jeunes atteignent 15 ans et puissent participer activement à la sauvegarde de la communauté, soit profiter du don du prêtre, ce dernier étant enclin à faire abstraction de son vœu de chasteté pour le bien de tous, évidemment.

Une construction assez étrange, avec une première partie assez longue, lente et plutôt vide. La deuxième partie avec la prise de conscience des femmes relève légèrement la note du livre.

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Dans la ville des veuves intrépides

Désolé de ne pas partager les avis plutôt très favorables des lecteurs de Babelio. J'y suis venu par le biais des suggestions du site, attiré - je crois bien - par la mention "réalisme magique". Mais la magie n'a pas opéré. Une première moitié assez laborieuse, mais une fin un peu plus intéressante.

Pourtant l'accroche était séduisante : que deviendra le petit village colombien de Mariquita, privé de tous ses hommes embarqués un beau jour par les guérilléros ? La réponse tient en 14 chapitres correspondant à un épisode de la vie de ce village, associé le plus souvent à un personnage, mis soudain en lumière puis disparaissant plus ou moins de la scène par la suite. Entre les chapitres, de brefs récits ou témoignages (1.5 à 2 pages) de guérilléros, de militaires ou de victimes viennent rompre le déroulé de l'action. Ils ne prennent sens qu'à la fin lorsqu'on on fait connaissance avec le personnage de Gordon Smith, reporter américain, qui a recueilli tous ces témoignages et qui enquête aussi sur ce village de femmes. Cette construction donne l'impression d'un collage de nouvelles. D'ailleurs, les remerciements, à la fin du livre, précisent bien qu'il s'agissait au départ d'une nouvelle qui a été enrichie de quelques autres "pour donner à ces histoires la forme du présent livre". Le titre orignal ("Tales from the town of widows") va dans le même sens. Cela explique sans doute le manque de souffle. On peut aussi se demander si le fait que le livre soit écrit en langue anglaise n'introduit pas un biais fatal. La description de la démocratie participative et du matriarcat reste un peu schématique. A un moment, Gordon, le reporter "s'installa dans le hamac, (...) avec un exemplaire en miettes de García Márquez qu'il lisait et relisait depuis un certain temps" (p. 327). Qui n'y pense pas au cours de sa lecture ? Hélas, Maraquita n'est pas Macondo et il est exagéré de présenter en quatrième de couverture James Cañón comme "le fils spirituel de García Márquez et de Vargas Llosa".
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Dans la ville des veuves intrépides

je conseille ce livre aux personnes qui aiment les romans un peu décalés, personnellement j'aime bcp les auteurs sud américains, avec peut etre un fin un peu trop moralisatrice à mon gout.

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Dans la ville des veuves intrépides

J'ai un peu hésité à lire ce roman (en effet la quatrième de couverture mentionne Gabriel Garcia Marquez ET Mario Vargas llosa- et je trouve que la double référence mettait la barre trop haut….et puis lors d'un challenge de lecture je devais lire un livre avec un vêtement violet sur la couverture :-))

J'ai donc emprunté ce roman à la bibli et bien m'en a pris : il s'agit ici de l'histoire d'un village de deux cents habitants qui se retrouvent du jour au lendemain sans quasiment aucun homme : ceux ci sont été emmenés de force par des guérilléros, lors d'un énième épisode de la guerre civile.

Les récalcitrants ont été sommairement abattus. C'est donc sous le choc du chagrin ou du deuil que se retrouvent les femmes de ce village : elle sont proches de la famine quand une d'elle se met en tête de fonder une communauté solidaire. Des hommes il restera quatre garçons que les mères ont réussi à cacher lors de la « razzia », le curé, et un adolescent Julio, rebaptisé Julia…

Ce roman est parfois à la limite du conte (ou du réalisme magique) et bien que les exécutions sommaires soient éprouvantes, j'ai beaucoup aimé le ton de ce roman : ni misérabiliste, ni utopique, il est tour à tour grinçant et plein d'humour, irrévérencieux vis à vis des politiciens colombiens et égratignant également l'Eglise.

Pendant une quinzaine d'années, l'auteur nous prend par la main pour visiter ce village oublié de tous, il a réussi plusieurs fois à me faire passer du sourire (les personnages et leurs anecdotes) aux larmes (pauvre Colombie complètement détruite par la guerre civile)
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Dans la ville des veuves intrépides

Dans la Colombie meurtrie par la guerre civile, des femmes isolées dans leur village se prennent en charge pour pour ne pas dépérir. Il ne leur manque rien sauf la possibilité d'une descendance et donc d'un avenir...

Pour son premier roman, James Canon frappe juste. C'est très plaisant à lire, c'est dépaysant, ça questionne sur l'organisation de la société et c'est cocasse.

J ai aimé le clin d’œil à GG Marquez.
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Dans la ville des veuves intrépides

Magique, drôle, fantasque, fou, coloré, amusant…. Le premier roman de James Cañón est un petit bijoux scintillant; un petit bonbon coloré et sucré pour les gourmands. Comparé au très célèbre Gabriel Garcia Marquez (je me suis rappelée Cent ans de solitude en lisant le roman), James Cañón évolue dans ce que tous appellent le réalisme magique.

L'auteur, à l'imagination follement débordante, pense la société sans homme et spécule. Comment les femmes s'organiseraient -elles sans la présence de l'Autre masculin? Dans ce petit village colombien, Mariquita, les femmes sont désormais seules. Les hommes ont “disparu”, tous sont réquisitionnés par les guerilleros révolutionnaires qui ont débarqué un beau jour dans le village.



Déboussolées au départ, pleurant la disparition des hommes et leur propre perdition, les veuves et autres femmes de Mariquita vont commencer à s'organiser sous l'autorité de la tenace Rosalba qui, à la suite d'une auto- proclamation, est devenue maire du village. Sous l'impulsion de cette veuve, au caractère trempé, les femmes de Mariquita vont travailler l'agriculture et l'élevage pour assurer leurs besoins alimentaires. Elles vont progressivement et effectivement, non sans quelques difficultés et réticences de la part des plus “fortunées”, pratiquer l'idéal communiste. Sur une période de près de 10 ans, elles vont assurer l'existence d'une cité plus égalitaire et plus démocratique, qui repose sur un partage réel des richesses. Toutes participent à la vie de lacité. Certaines s'occupent de la Terre, de l'élevages, d'autres encore sont tenues de la réparation des toitures, des maisons… etc. Mariquita s'organise en une véritable communauté. De propriété privée, il n'en existe pas.



Sans la présence de l'homme “viril”, les femmes se sentent libres. Libres, elles le sont effectivement. Cette sensation de liberté est sans le doute le fruit de cette nouvelle organisation communautaire mais résulte également de l'absence de toute oppression masculine. Tout change. Le village. Le calcul du temps. L'organisation. Les moeurs. Les femmes. Le regard de la femme sur le monde, la nature et les choses.



Parmi les changements opérés, leur rapport à la nudité. Les femmes délaissent progressivement leurs vêtements et se promènent nues dans les rues de Mariquita. Quel intérêt de porter des vêtements quand on ne vit qu'entres femmes? Le vêtement a été sûrement conçu, à l'origine, pour protéger le corps humain de l'extérieur, du mauvais temps, du froid mais a, au fil du temps, requis une importance toute particulière; le vêtement pouvant être la manifestation d'une oppression masculine. C'est que les moeurs et les “entreprises religieuses” sont passées par là. Il serait intéressant de s'informer sur l'origine du vêtement et l'évolution du rapport humain avec la question de la nudité, considérée dans nos sociétés occidentales et orientales comme dépravante et de l'ordre de la débauche. Puisque l'actualité s'intéresse au port du foulard, du niqab et autre tissu qui couvre la tête, le visage ou le corps féminin dans son ensemble, je me demande si les femmes voilées et autres continueraient à le porter dans une société sans homme? A voire.

Certes, les femmes de Mariquita apprennent à vivre sans les hommes. Mais qu'en est-il de leur sexualité? Et bien, dans l'imaginaire de l'auteur, les femmes pratiquent le lesbianisme. La grande majorité de ces veuves intrépides s'abandonne en effet à la pratique homosexuelle. De quoi faire plaisir à tous ceux qui, faute d'arguments pertinents, s'amusent à décrire les féministes comme des lesbiennes en puissance.

L'homme “viril” est lui réduit à son rôle procréateur. Sa présence est nécessaire pour la procréation et la perpétuation de l'espèce humaine. C'est en cela que son absence inquiète et perturbe la magistrate, Rosalba, qui espère le renouvellement de la population de Mariquita. Alors, le prêtre du village, seul homme “viril“, se propose pour apporter la semence. Au nom de Dieu, il baise toutes les femmes volontaires pour tomber enceinte. Généreux et véritable serviteur de Dieu, il viole même une jeune fille mineur. Mais le “programme” échoue. Le prêtre est effectivement stérile. Alors la magistrate trouve une autre idée: attendre que les quatre jeunes garçons du village - Che, Hochiminh, Vietnam et Trotski - atteignent l'âge de 15 ans pour choisir l'épouse de leur choix et procréer. Au jour fatidique, surgissent les problèmes. Les garçons se féminisent, chacun à leur façon. L'un perd son pénis, l'autre voit apparaitre des seins, le troisième pisse le sang comme s'il avait ses règles quand le quatrième parle comme une femme. Ces éléments surnaturels disparaissent rapidement mais le projet de Rosalba ne pourra être appliqué. En effet, le prêtre tue les quatre jeunes et se fait expulser du village de Mariquita.



Ne reste dans ce village que deux hommes; deux homosexuels qui ont des traits assez féminins. L'un d'eux est même travestie. Ils n'ont rien de l'homme “viril” et s'accomodent très bien de la vie en communauté exclusivement féminine. A croire qu'il faut développer son côté féminin pour accepter l'autorité nouvelle et officielle de ces femmes.



Dans ce premier roman, James Cañón dresse donc un portrait assez élogieux de l'être féminin en imaginant une micro société utopique et idéale et revèle le parcours nécessaire à l'émancipation de la femme. Cette émancipation ne peut se faire qu'à partir d'une prise de conscience de sa propre soumission et à condition de vouloir son indépendance et de se penser en dehors de l'homme. Dans la ville des veuves intrépides, les femmes, soumises au départ et effacées, apprennent l'indépendance, se découvrent et finissent par imposer leur modèle de société. En effet, seul quatre hommes sont revenus de la guerre, ayant pu s'échapper des mains des guerilleros. Les femmes, conscientes du problème que leur présence peut causer à leur nouvelle organisation, leur laissent une chance. Soit ils acceptent le mode de vie adopté en leur absence, soit ils quittent le village. Un seul des hommes sera chassé du village, n'ayant pas accepté les règles posées par les femmes.



Mariquita nous parait d'autant plus idéale et utopique que l'auteur nous raconte, en parallèle, la guerre que se mène les hommes. Guerrilleros révolutionaires, militaires et paramilitaires nagent dans le sang, l'horreur, la mort. Ils tuent, éventrent, brûlent, pillent, violent, se vangent quand les femmes, à Mariquita, vivent dans la paix et la sérennité, ayant pu et su appliquer les idéaux pour lequels sont sensés se battre les guerilleros colombiens.



En bref, ce roman est à conseiller au plus grand nombre. Il est envoûtant, plein d'humour, fou et intelligent… une réussite que je préfère à Cent ans de solitudede Gabriel Garcia Marquez. La comparaison avec cet auteur très célèbre n'a rien de hasardeuse puisqu'on retrouve quelques mêmes ingrédients littéraires.
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Dans la ville des veuves intrépides

Dans la ville des veuves intrépides, c'est une histoire de femmes colombiennes, non située géographiquement dans le pays ni dans le temps, qui se déroule après le départ des hommes du village, réquisitionnés par les guérilleros. Dans le village, après une phase de recueillement, vient la phase d'organisation, de libération, d'entraide, et de gestion hamronieuse de la ville. Après une période difficile où les ressources se font très rares et où chacune doit faire face à ses propres interrogations, on voit naître une organisation, une naissance du vivre ensemble complètement différent de ce que l'on connaît. Dans ce nouveau pays, les femmes vivent ensembles, les décisions se prennent à l'unanimité (ou presque), on aide ceux qui en ont besoin, on fonctionne par groupe (les plombières, les éleveuses, les cultivatrices, la maire, ... ), dans une société du partage. Un vériable nouvel ordre social féminin. Tout semble s'écrouler lorsque la cloche de l'église ne fonctionne plus ; qu'à cela ne tienne, les femmes inventent le calendrier féminin, basé sur le cycle féminin. C'est un très beau livre en général. Dans les détails, beaucoup de longueurs, et des passages véritablement criminels qui m'ont profondément heurtée que l'on ne peut pas vraiment occulter, un peu dérangeant. Même si l'idée générale est bonne, j'ai eu du mal à le terminer.
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Dans la ville des veuves intrépides

Dans les années 1990, des guérilleros passent par un petit village de Colombie qu’ils dépouillent de tous les hommes et garçons de plus de 12 ans à l'exception du prêtre et d'un jeune garçon déguisé en fille.

Les femmes qui restent s’organisent. Elles réagissent différemment à cette absence d'hommes.

Le roman alterne le portait de certaines veuves du village qui décident de se prendre en main, plus ou moins à maladroitement, avec de courts chapitres sur la guerre et la situation difficile de la Colombie à travers le témoignage d'enfants soldats, de paramilitaires, de guérilleros ou encore de paysans.

Un roman original avec un soupçon d'humour et de dérision. Les différents portraits sont parfois burlesques, parfois cyniques. Mais beaucoup de légèreté se dégage de ce roman et les personnages sont attachants. La lecture de ce roman est également un moyen de mieux appréhender la culture de la Colombie avec le poids de la magie dans le quotidien mais aussi la guérilla et la pauvreté auxquelles la Colombie a été confrontée.
Lien : http://www.carnetsdeweekends..
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Dans la ville des veuves intrépides

Colombie, années 1990. Les hommes du village de Mariquita ont été réquisitionnés par les guérilleros. Il ne reste que le prêtre et un jeune garçon, Julio, que sa mère a réussi à faire passer pour une fille. La sécheresse, la famine, les pénuries sont désormais le lot de ces veuves et de leurs enfants.

Une jolie découverte que ce récit, d'abord déroutant par sa construction, mais rapidement envoûtant. Des portraits hauts en couleur des habitants de Mariquita - essentiellement des femmes - alternent avec des témoignages brefs et percutants sur les violences masculines (guérilleros, paramilitaires et armée nationale) au cours de cette guerre. Se succèdent des situations cocasses et amusantes (les souvenirs de la tenancière du bordel), des épisodes très émouvants (la belle histoire douloureuse de Pablo et Santiago), du tragicomique ("le projet de procréation") et, comme des flashs, l'horreur de la guerre (tortures, viols, massacres), mais aussi ses trêves. Le style et certaines anecdotes évoquent la plume de John Steinbeck... Je regrette, faute de connaissances sur la situation colombienne, d'avoir parfois eu du mal à démêler la fable de la réalité, notamment en ce qui concerne l'état de dénuement du village... Un roman très réussi, un témoignage important... même si le récit tend hélas à s'essouffler après les deux premiers tiers.



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Dans la ville des veuves intrépides

Je ferme le roman de James Cañon enchantée. Moi qui ne suis pas forcèment une fan des romans fantaisistes, j'ai completement été embarquée par ces femmes, veuves intrépides. Des sujets sérieux comme le féminisme, l'homosexualité, le transgenre, la domination masculine sont traités avec sourire, avec fantaisie et beaucoup d'humour mais aussi avec intelligence.

Le village de Mariquita, village colombien, devient un village sans hommes, ceux-ci se voient contraints de s'engager auprès des guérilleros. Les femmes vont alors s'organiser, bouleverser l'ordre des choses et laisser leurs envies s'exprimer. Hé oui, les hommes ne sont pas indispensables, ces femmes ne sont pas liées corps et âmes à la gente masculine.

Ce conte rocamblesque a quelque chose de magique et cette magie a operé sur moi. J'ai eu un vrai plaisir de voir ces femmes se transformer et s'affirmer. Les reflexions sur le temps m'ont beaucoup plues.

Entre chaque chapitre des extraits sur la guerilla à laquelle la Colombie a été confrontée, la violence et dure réalité contrastent avec la "légereté" de ce roman.

Je ne vais pas tout raconter, ce ne serait pas sympa pour les futurs lecteurs.

C'est un roman coup de coeur.













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Dans la ville des veuves intrépides

Ce roman confirme mon amour pour la littérature sud américaine, avec cette petite dose de surréalisme et de poésie. En lisant Dans la ville des veuves intrépides, j'ai retrouvé ce que j'avais tant aimé dans Cent ans de solitude de Garcia Marquez, un village peuplé d'habitant attypique et très touchants où ils leur arrivent des choses parfois extraordinaires.



J'ai beaucoup aimé la construction du roman, où chaque chapitre met en avant une habitante et une anecdote du village. Les fins de chapitre sur les guérilleros, nous ramène à la réalité du monde et à l'horreur de la guerre, pour mieux repartir dans ce village fantastique.



C'est très intéressant qu'une telle histoire ai été écrite par un homme, aurait elle était différente si l'auteur avait été une femme?
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Dans la ville des veuves intrépides

Je suis en train de le lire et j'avoue que je passe un excellent moment .

C'est assez long à lire tellement il y a de portraits plus truculents les uns que les autres.

Vivement ce soir pour retrouver ce village incroyable et la suite de la galerie de portraits ! !
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