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Critiques de James Graham Ballard (219)
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Sécheresse

Les quelques 300 pages de Sécheresse passent lentement. Le soleil est omniprésent, brûlant et pesant. Sans pluie, la société humaine s’arrête de tourner, et tout meurt peu à peu, végétaux et êtres vivants. Les rivières se vident pour ne laisser qu’un lit de boue où brillent des arrêtes de poisson et rouillent des cargos enlisés. L’eau croupit çà et là dans quelques cratères. Sur la côte, la mer ne cesse de reculer pour laisser une plage de sel pleine de cadavres. Des visions terribles, sublimées par la plume de l’auteur, ouvrent chaque chapitre. Plus qu’une histoire, Ballard peint des tableaux annoncés par des très titres visuels comme « Le cygne mourant », « La terre qui pleure », « Le lion blanc ». Le surréalisme d’un Dali ou d’un Magritte n’est jamais très loin, l’idée du Beau non plus, même si l’horreur est partout.

Sécheresse est l’histoire d’un monde à l’agonie. Les grands buildings deviennent le reflet d’une civilisation passée qui semble déjà lointaine au regard de petits groupes d’hommes clairsemés, désunis, qui survivent tant bien que mal au bord de la mer en retrouvant une sauvagerie primitive. La disparition de l’eau fige le temps et interrompt l’évolution.



Qu'arriverait-il si, du jour au lendemain, tout disparaissait ? Ballard essaye de répondre à cette question, et cela avec d’autant plus de finesse qu’il a connu cette situation car, finalement, Sécheresse est aussi une vision brutale de la fin de l’Empire britannique à Shanghai en 1941. Né parmi les colons, l’auteur a vu, à douze ans, son quotidien basculer dans le Rien après la défaite de Pearl Harbour. Prisonnier des camps japonais, il se souvient, et avec quelle force, des hôtels luxueux abandonnés, des rues traversées de poussière, des cratères d’obus dans les rizières, de la violence qu’engendre la misère, des sociétés organisées sur la plage et, aussi, de l’importance terrible que peut prendre un magazine, quand il est le dernier vestige d’un monde évaporé.

Ransom ne cède pas à la barbarie de ses semblables car il refuse de renoncer à ses souvenirs et, donc, au monde d’avant. Mais, autour de lui, c’est une société toute autre qui se crée, faite de rites nouveaux qui se chargent d’un sens tout particulier. Si vous avez lu Sa majesté des mouches, vous y trouverez un certain écho, à plus grande échelle.

Aventure humaine, Sécheresse ne pose pas la question de la survie à tout prix, à la différence d’autres romans du genre. Les hommes ne s’opposent pas, ils s’adaptent, comme s’il ne s’agissait que d’une situation provisoire avant le retour de la pluie. Seul le lendemain compte, et la question de la disparition totale de l’eau à long terme ne se pose pas, sinon à travers une tension permanente qui rompt les liens sociaux. Les cadavres sont, quand à eux, enfermés dans les voitures rouillées qui, dès lors, deviennent les tombeaux de ce nouveau monde.



Sécheresse fait partie de ces livres qui ne mènent apparemment nulle part et que l’on referme pourtant avec un sentiment des plus étranges, la tête encore chargée d’images terribles, trop précises pour n’être qu’un fantasme. On pense forcément à l’adolescence d’un auteur qui disait vouloir « inventer la réalité », à un monde qui a existé pour disparaître à jamais et à toutes ces anciennes citées recouvertes par le sable…

Finalement, pas besoin de zombies pour créer une atmosphère angoissante, survolée par la mort, où les passions humaines les plus sinistres se déchaînent. Et si, tout simplement, l’occident se transformait en un vaste désert ?
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Sécheresse

Sécheresse est un roman de SF postapocalyptique de J. G. Ballard, dans lequel l’auteur traite de manière particulièrement visionnaire les conséquences de la pollution des océans par les déchets et les activités industrielles de l’espèce humaine, qui a fini par interrompre brutalement le cycle de l’eau, provoquant famines et exodes de masse vers les côtes.

À travers le personnage de Charles Ransom, Ballard explore la vie d’individus résignés et dépassés par des événements qui les conduisent à se réfugier à l’intérieur d’eux-mêmes, du mysticisme, ou d’un goût pour le spectacle.

Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Sécheresse

Entre 1962 et 1966, J. G. Ballard a commis une relecture en quatre titres de la fin du monde, centrés chacun sur une apocalypse, elle-même basée sur un des quatre éléments, l’air, l’eau, le feu et la terre. « Sécheresse », la troisième apocalypse, a été rédigée en 1964.

Le lecteur fait la connaissance du docteur Ransom qui assiste à l’exode des habitants de Mount Royal et d’Hamilton où, comme dans le reste du monde, il n’a pas plu depuis plusieurs mois. La sécheresse qui s’ensuit vide petit à petit lacs et rivières, obligeant la population à se diriger vers les bords de mer.

Ce changement climatique est expliqué par la pollution plastique qui a créé à la surface des mers une pellicule empêchant l’évaporation et arrêtant de ce fait le cycle de l’eau. La caution scientifique s’arrête là cependant, car l’auteur s’intéressera ensuite exclusivement aux quelques protagonistes de son histoire, mettant totalement de côté l’aspect politique et scientifique. Ici, pas de groupes de chercheurs désespérés qui jouent la montre et essaient de trouver un moyen d’éviter que la Terre ne devienne une nouvelle Vénus ; pas d’équipes de militaires chargées du rapatriement et de la distribution d’eau aux populations ; pas de politicien ni de chef d’entreprise véreux qui tentent de tirer leur marron du feu… J. G. Ballard se consacre au plus petit dénominateur commun : une dizaine de personnes, aussi différentes les unes les autres que possible, qui vivent au jour le jour dans cette nouvelle configuration.

Car effectivement, comme il l’a déjà été signalé dans d’autres critiques, ce « survival » se démarque des autres romans dans cette thématique par l’aspect provisoire de ce changement météo. Ransom, son ex-femme Judith, le révérend Johnstone, l’architecte Lomax, tous sont convaincus que la pluie va finir par revenir et qu’il leur faut donc « juste » attendre jusque-là. Pas survivre : attendre.

« Sécheresse » est donc un roman très lent et contemplatif. La baisse des eaux est décrite de façon détaillée, tout comme les dunes de sel et les modifications du lit de la rivière. Les protagonistes sont à l’opposé dessinés à grands traits et seules leurs actions, parfois illogiques et incohérentes, sont narrées.

L’auteur ayant volontairement donné peu de clés pour définir ses personnages, j’ai eu bien des difficultés à m’identifier ou même à comprendre leurs motivations et leur comportement. Après bien des tergiversations, Ransom finira par prendre le chemin de la mer et trouvera là-bas les bases d’une nouvelle société archaïque, que faute de pouvoir intégrer il fuira de nouveau (après dix années) pour revenir au point de départ…

Cette lecture m’a donné l’impression d’une errance sans but et sans raison, le chemin vers nulle part d’une colonie de lemmings ou de moutons de Panurge… Par manque de sensibilité à ce type d’écrit et indéniablement par manque de clé d‘analyse, je n’ai donc pas adhéré du tout…

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Sécheresse

Il y a des livres qui restent des années dans votre bibliothèque sans que vous ne les ayez lus. Un jour , en manque de thunes, c'est avec une sorte de soulagement que vous en tournez les pages.



"Sécheresse" est de ces livres là. Je dois dire que ça fait à peu près dix ans qu'on m'a offert ce bouquin. Je l'avais déjà ouvert mais la lecture des premières pages ne m'ayant pas satisfaite, je l'avais aussitôt rangé. Il faut dire que ce n'est pas vraiment un bouquin facile.



La couverture illustre assez bien le contexte et l'ambiance de l'histoire.

C'est quelque chose de complètement monochrome, long, lourd et pesant.

Ce livre est bourré de descriptions, il y a très peu de dialogues, assez peu d'actions au final. C'est une sorte de tableau macabre, d'un hypothétique futur.



Personnellement, je n'ai pas vraiment aimé ce livre. Le fond de l'histoire est bien pensé, mais l'écriture donne vraiment mal au crâne. J'ai eu beaucoup de mal à m'y faire. D'ailleurs je ne me suis pas du tout attachée aux personnages.



Pourtant je l'ai lu jusqu'au bout.

Pour moi c'était un bouquin de salle d'attente. Celui qu'on lit en attendant de pouvoir se procurer mieux.



Je ne dis pas que c'est un roman de gare loin de là. L'histoire est réellement intéressante, mais une écriture plus fluide aurait pu lui servir.



Pour conclure: un bouquin à livre si on aime vraiment lire et qu'on a pas trop le moral dans les chaussettes.

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Sécheresse

L'auteur écrit une sécheresse sur 10 ans avec peu de personnages, entre un lac et la mer, avec moult termes marins, et une ambiance de fin de monde inexorable. C'est plus proche du théâtre mais en réalité il y a peu de paroles. C'est un roman étonnant, il ne m'a pas trop accroché néanmoins. J'ai trouvé qu'il y avait trop de distance avec les personnages, pas assez d'incarnation.
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Sécheresse

Sécheresse fonctionne différemment de le monde englouti qui est son roman binôme . L'un parle de montée des eaux ,l'autre de sècheresse absolue et mortifère.

Il y a moins de mouvement et de voyages rythmés dans sécheresse qui est certainement plus contemplatif que son binôme. Mais c'est un peu la même errance néanmoins dans ces deux romans. L'environnement est moins teinté de solitude et les personnages sont moins solitaires dans le monde englouti néanmoins.

L'environnement est plus questionné rationnellement dans le monde englouti que dans sécheresse où l'univers confine presque à la métaphysique .Au minimum on peut dire que les nombreuses descriptions savoureuses dans sécheresse génèrent une réalité très réelle mais qui incite énormément à la contemplation et moins au voyage que dans le monde englouti ou l'univers est arpenté et varié.

Les personnages de ce roman s'adaptent contraints et forcés à cette situation mortifère. Ils le font avec plus ou moins de pertinence et de succès. Les multiples drames induits par l'univers s'expriment aussi en résonances intérieures chez les personnages, de manières différentielles et nuancées.

Dans ce monde desséché la pollution des océans perturbe aussi fortement le cycle de l'eau et de ce fait l'Europe devient un véritable désert . C'est le quotidien d'un monde qui meurt que cet univers .Sécheresse est un roman très bien écrit et ce texte plonge le lecteur dans une atmosphère hallucinante et hallucinée.

Ces deux romans ( le monde englouti et sécheresse) sont très bien écrits et nous plongent dans des atmosphères surréelles qui font halluciner. Sécheresse est un texte saisissant avec des personnages denses et réalistes qui évoluent dans un monde éloquent et saisissants de profondeur.

Je parle ici de ces deux romans ensembles car ils ont entre eux deux ,un lien ontologique très fort tout en étant indéniablement des « stand alone ».

Sècheresse et le monde englouti sont deux univers de science-fiction qui expriment le thème du changement climatique néfaste de manières hautement qualitatives et riches tout en n'étant pas du tout des textes de hard science.



Enfin disons pour conclure qu'il y a beaucoup moins d'avenir dans sècheresse que dans le monde englouti.

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Sécheresse

Voilà un roman dont la lenteur et la solennité m'avaient fortement déplu, mais que la relecture quelques années plus tard m'a fait redécouvrir. Outre évidemment l'aspect "alarme écologique" sur la préservation de l'eau, "Sécheresse" présente de nombreux intérêts très divers : des références mythologiques à foison, un style très descriptif et immersif, des personnages intrigants qui évoluent de façon très réaliste, une histoire bien séquencée... Bref, je suis bien content d'avoir donné une deuxième chance à ce roman, et je suis prêt à tester d'autres titres dans la bibliographie de ce M. Ballard.
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Super-Cannes

Eden Olympia est un complexe ultra moderne dédié au monde de la recherche et de la finance. Basé sur la Côte d'Azur, à proximité de Cannes, il héberge tout ce qui se fait de mieux en matière d'infrastructure, de surveillance, de loisir, mais surtout d'efficacité au travail. On y trouve un grand centre commercial, des bâtiments luxueux qui hébergent l'intelligentsia internationale, des résidences de luxe, des maisons encore plus luxueuses, des étangs artificiels, des parcs sans âme, des clubs sportifs, où les milices privées patrouillent et où les caméras de surveillance tournent à plein régime. Car il faut bien préserver ce paradis des entrepreneurs, cet Eden de la finance, cet espace optimisé pour le travail des hauts cadres et des meilleurs chirurgiens. Une armée d'employés de maison vient accomplir les tâches ingrates chaque matin, chaque jour, pendant que l'élite travaille sans relâche, s'épanouit dans ce domaine où le moindre rouage est graissé plusieurs fois par jour afin de garantir un quotidien radieux à l'ensemble des résidents.

Si tout doit absolument s'y dérouler sans la moindre anicroche, un évènement sordide a cependant pris place dans ce nouveau temple de la modernité : un type normal, bien placé, investi, aurait pété les plombs, et projeté certains d'entre eux dans les corps d'une dizaine de ses collaborateurs, à coup de fusil, par une belle matinée. Un véritable carnage qu'Eden Olympia tente, coûte que coûte, de faire disparaitre des mémoires.



Un couple d'anglais débarque un jour en Jaguar sur le domaine sécurisé. Elle doit reprendre le poste laissé vacant par l'assassin. Lui se remet d'un accident qui lui a profondément meurtri un genou.



Ils s'installent dans la résidence où séjournait l'auteur des meurtres.



Elle travaille d'arrache-pied. Lui se prend d'intérêt pour l'affaire et soulève assez rapidement des zones d'ombres sur l'enquête dont on lui a fait part.



Alors qu'elle sombre dans la routine addictive et aseptisée du travail à Eden Olympia, lui commence à trouver des pistes qui l'amènent à penser que bien des choses sont cachées dans ce paradis artificiel au sein duquel ils ont débarqué.



Et si, sous ses dehors lisses frôlant la perfection, Eden Olympia n'était en fait qu'une façade ? Un lieu dépravé dont l'apparence tranquille cacherait, en fait, un exutoire aux pires penchants de l'humanité ? L'ennui que provoque une vie calibrée et rangée ne serait-il pas source de perturbations psychologiques profondes ?



Avec Super-Cannes, James Ballard plonge ses lecteurs au cœur d'une micro société réaliste, faite de surveillance numérique, de quête de la rentabilité, de consumérisme tout-puissant, où les apparences sont plus importantes que les faits, où le bonheur des puissants n'a pas de prix. L'auteur pose un regard critique sur une tendance bien réelle du monde moderne : créer un havre de paix ultra-sécurisé pour des nantis (éduqués, diplômés, travailleurs, investis) dont le coût réel, les répercussions violentes, sont mises sous le tapis tant bien que mal.



Ballard mène avec brio un mélange des genres qui allie polar, critique sociale, anticipation, avec un langage soutenu, des atmosphères dérangeantes, et une intrigue relativement simple mais fort bien menée.



Les différents protagonistes se révèlent être tout à fait cohérents, crédibles, et tous les personnages bénéficient d'un développement intéressant.



Super-Cannes aurait peut-être pu être un poil plus court, car certains passages de la seconde moitié du roman n'apportent plus de réelle surprise côté intrigue, mais je n'ai jamais décroché, ni même réellement souhaité que tout se termine plus vite : son univers est trop perturbant, trop convaincant, pour que je puisse vraiment lui reprocher ses quelques lacunes en matière de profondeur voire, parfois, de rythme. J'ai adoré. Et je crois bien que je m'y replongerais volontiers dans quelques années.
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Super-Cannes

Une abbaye de Thélème post-moderne pas très catholique!
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Vermilion Sands

« Les nouvelles sont menue monnaie dans la trésorerie de la fiction, aisément ignorées à côté de la somme des romans disponibles, numéraire surévalué qui s'avère souvent contrefait. Au summum de sa qualité, chez Borgès, Bradbury et Poe, la nouvelle est frappée dans un métal noble, dont l'éclat doré resplendira à jamais dans la bourse profonde de votre imagination. Les nouvelles ont toujours été importantes pour moi. J'aime leur qualité d'instantané photographique, leur capacité à se focaliser intensément sur un seul sujet.«

Ballard. Un auteur d'anticipation sociale, un visionnaire, découvert avec Millenium People qui m'avait été offert par un fin connaisseur (coucou Cre !). La SF j'aime pas, mais ça, j'aime. Ballard est le chantre génial d'une société qui s'ennuie et se déteste, vidée de sens par le libéralisme et le consumérisme. Une société ultra-sécuritaire de la technologie et du loisir, dont les apparences bourgeoises cachent les pires crimes et perversions. Au service d'un univers mêlant ironie, poésie, et violence, son écriture est plaisante, fluide, même si le fond de sa pensée est un brûlot aussi dérangeant qu'inquiétant.



Mais revenons à nos moutons. Belle définition de la nouvelle, non ? JG Ballard en a écrit des centaines. Vermilion Sands publié en 1971, contient des nouvelles écrites entre 56 et 70, soit il y a plus de cinquante ans. Vraiment hallucinant quand on lit les textes. Vermilion Sands, c'est une étrange station balnéaire, onirique, peuplée de richissimes oisifs, « la banlieue exotique de mon esprit » en disait Ballard ; un univers languide, excentrique et luxueux, où les maisons, « psychotropiques », réagissent à l'humeur de leurs habitants, où s'épanouissent des créatures hybrides : femmes aux yeux d'insectes, sculptures en métal musicales qui s'avèrent organiques, fleuristes cultivant des plantes chanteuses d'art lyrique, sculpteur de nuages… Fascinant.
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Vermilion Sands

Le premier roman de J.G. Ballard que j'ai lu. J'ai été séduit par cet univers un peu décadent, loin de nos préoccupations franco-françaises, qui laisse planer un peu de mélancolie. Un peu de mal pour passer les premiers chapitres, puis impossible de le poser sur la table de nuit! Je vous laisse découvrir.
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Vermilion Sands

Chef d’œuvre de la science-fiction, ce recueil de nouvelles est aussi une méditation prophétique sur ce que l’art devient à l’âge des machines et de la production de masse: une marotte pour mabouls. [...] On y trouve surtout le génie sans fond de Ballard.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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Vermilion Sands

Un recueil centré sur Vermilion Sands, une station balnéaire, pendant l'Intercalaire, un temps suspendu, chômé, où seul les loisirs comptent. Une sorte d'utopie où les raies des sables volent dans le ciel et où l'on peut sculpter les nuages. Toutes les nouvelles fonctionnent à l'identique : le héros est amené à rencontré une femme dont il s'éprend le plus souvent. C'est à travers cette rencontre que naissent les distorsions et que grandit l'angoisse. Ces femmes fatales sont dangereuses, sans être pour autant animées de mauvaises intentions. Elles sont simplement comme ça, à l'image des prédatrices (le vocabulaire animalier et plus précisément le monde des insectes est souvent convié). On ne reproche pas aux mantes religieuses de manger le mâle qui les féconde... Ce recueil regorge d'idées, très stimulantes et intéressantes. La construction des nouvelles, qui donne son unité au recueil, crée peut-être une sensation de redondance lorsqu'on lit le livre d'une traite.
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Vermilion Sands

je viens de découvrir cet ensemble de nouvelles à couper le souffle et de parcourir les routes et les allées de cette banlieue imaginaire d'un désert américain de science fiction rance et usé.



Je connaissais déjà l'auteur pour d'autres oeuvres de grande qualité, mais là, merci encore à l'éditeur Tristram qui publie des chefs d'oeuvre dans sa collection Souple.



Une lecture exceptionnelle, magnifiquement écrite et brillamment traduite. La galerie de portraits qu'elle offre est immense et nous permet de rencontrer un vendeur de fleurs chantantes, des statues musicales, des maisons qui gardent la mémoire de leurs précédents habitants. Au milieu des ruines d'une ville balnéaire au sable rouge qui a connu son heure de gloire il y a longtemps, parmi les raies des sables menaçantes, la poésie s'installe progressivement et on rêverait que la série puisse continuer encore longtemps. Ce bref recueil de 250 pages a été écrit sur plusieurs décennies (entre les années 50 et 70). Et l'on comprend aisément que l'auteur, tout comme les lecteurs, aient souhaité se replonger toujours plus dans cet univers foisonnant et déliquescent.
Lien : http://fromtheavenue.blogspo..
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Vermilion Sands

Ballard est avant tout un conteur d'ambiance. Il crée des univers où tout compte et tout vit : des statues musicales, des raies volantes, des maisons à mémoire d'émotions... Les intrigues, vacillant toujours autour de personnages à demi-fous enfermés dans leurs traumatismes et leurs mystères, restent malheureusement en surface. A se demander si elles ne sont pas pour Ballard qu'une touche de plus dans l'atmosphère de ce Vermillon Sands lascif et flottant. Un peu dommage, j'en suis restée sur ma faim.
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Vermilion Sands

« Prima Belladona » – JG Ballard – dans le recueil Vermilion Sands 1956

Vermilion Sands est un lieu de villégiature estivale d’une colonie de riches oisifs. La station balnéaire semble émerger des œuvres conjointes de Salvador Dali et de Frank Lloyd Wright, comme un rêve éveillé marqué par diverses névroses et une lassitude balnéaire provoquée par des bains de soleil répétés.

Dans ce creuset où l’extraordinaire paraît banal et l’ordinaire se teinte d’excentricité, il n’est pas rare de croiser des sculpteurs de nuages à l’œuvre sur le bord de l’autoroute, en quête d’un éventuel mécène, ou d’entendre les chants stridents, quasi hypnotiques, des sculptures soniques proliférant comme du chiendent dans les récifs de sable. On peut y acquérir des fleurs douées pour l’art lyrique ou une garde-robe complète confectionnée en biotextile dont l’étoffe vivante chatoie sans cesse au point d’ouvrir les portes de la perception.

Lorsque Jane Ciraclyde arrive à Vermillion Sands, Steeve, le propriétaire de la boutique Parker’s Chloroflora qui produit des fleurs chantantes et ses deux amis Harry et Tony sont subjugués. Alors qu’ils boivent de la bière sur leur balcon en admirant cette créature irréelle, presque mutante, à la peau dorée et aux yeux en forme d’insectes, qui évolue presque nue dans l’appartement d’en face, il se produit un incident curieux : un chant dont les fréquences atteignent l’inaudible perturbe l’atmosphère tandis que Harry et Tony se lèvent de leur chaise en hurlant. « Attention à toi ! » et Tony brise la plaque de verre de la table basse avec une chaise. « Mais qu’était-ce ? » demande Steeve. « Tu ne l’as donc pas vu ? Il était à dix centimètres de toi. Un scorpion, aussi gros qu’un homard. Il devait être sonique. On n’entend plus rien. »

Le lendemain, dans sa boutique, Steeve accorde une orchidée très particulière, l’Arachnide-Khan, avec une lampe à ultraviolets. Celui-ci, très rare en captivité ne chante pas vraiment, mais lui sert à harmoniser toutes les autres plantes. L’Arachnide est de mauvaise humeur et c’est la cacophonie autour de lui. Et puis tout s’apaise en un murmure serein. Jane vient d’entrer dans le magasin. À son contact, les plantes semblent charmées, fascinées et produisent instantanément des sons mélodieux... et voilà même que l’arachnide se met à chanter ! Mais là, c’est une autre histoire. Le spectacle de Jane et de l’orchidée qui se font face, aussi enflammées l’une que l’autre effraye à ce point Steeve qu’il va aussitôt couper l’alimentation des plantes en argon. Jane veut acheter l’orchidée quel qu’en soit son prix, mais Steeve refuse. Jane l’invite alors à voir son concert, le soir, au casino.

Ce fameux concert procure à tout Vermilion Sands des visions extraordinaires, mais Steeve y est peu sensible. Habitué au chant des fleurs, il se dit juste qu’il sait d’où vient le scorpion sur son balcon.

Jane s’entiche de Steeve au point de passer presque tout son temps avec lui. Et puis un soir, alors qu’elle doit être en train de chanter au casino, il entend de la musique dans sa boutique. Lorsqu’il entre, l’arachnide, enragé, s’est arraché de son pot et a triplé de volume pendant que Jane chante en face de lui. Le lendemain, l’arachnide est mort et Jane a déserté les lieux.

Vermilion Sands apparaît bien comme un décor dont l'apparence idyllique masque une nature plus anxiogène. Un décor dont les ors se ternissent et les couleurs gaies se craquèlent. Le reflet d'une période faste en train de s'achever. Une pantomime où les relations d'amitié s'avèrent superficielles et sans lendemain, où l'amour tient davantage de la prédation que de la communion. CB



Extrait d'un article paru dans Gandahar 5 Intelligence végétale en décembre 2015








Lien : https://www.gandahar.net
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Vermilion Sands

Utopie désenchantée ou parenthèse ironique, la mythique cité des arts, de la plage et du désert de J.G. Ballard.



Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/06/15/note-de-lecture-vermilion-sands-j-g-ballard/
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Vermilion Sands

On pourrait facilement se perdre, définitivement, dans cet intervalle temporel, dans la station balnéaire de Vermilion Sands, villégiature au milieu des dunes plongée en léthargie, autrefois fréquentée par des cinéastes d’avant-garde et des excentriques cosmopolites, séjournant dans des résidences désertées qui s’affaissent aujourd’hui dans les sables.



Dans ces récits hypnotiques, des femmes passent comme des comètes, des femmes aux noms hollywoodiens bizarrement désuets, à la chevelure bleue, cerise ou corail, silhouettes dorées ou spectrales mais toujours fatales, visages mangés par des yeux de diamant, femmes aperçues au creux de la banquette d’une Rolls ou d’une grande Cadillac, êtres dévorés par l’ennui, le narcissisme et la culpabilité, endeuillés par des traumatismes en suspens, tandis que des troupes de raies des sables tournoient dans le ciel comme des nuages menaçants.



Il n’y a plus de livres ou de poèmes à écrire, plus de tableaux à peindre, plus de musique à composer, tout est désormais mécanisé. Mais les œuvres, les objets, tout comme les animaux, les plantes, les maisons, portent en germe la rébellion contre le façonnement, la marchandisation, la répétition imposée par la mécanisation, contre le trop plein d’émotions et les névroses.



Dans ce décor désaffecté aux couchers de soleil crépusculaires, on assiste, fasciné, à la collision du futur avec le passé. Lire Vermilion Sands, c’est comme voir un rêve et entendre sa musique, c’est un envoûtement.



« La plupart d’entre nous souffraient, à des degrés divers, de lassitude balnéaire, malaise chronique qui exile ses victimes dans un trouble nirvâna de bains de soleil interminables, de lunettes noires et d’après-midi sur les terrasses. » (Numéro 5, Les Étoiles)



« La femme allait et venait dans son salon, changeant les meubles de place, presque nue à l’exception d’un grand chapeau en métal. Même dans la pénombre, les lignes sinueuses de ses cuisses et de ses épaules avaient un reflet doré scintillant. C’était la lumière incarnée des galaxies. Vermilion Sands n’avait jamais rien vu de pareil. » (Prima Belladonna)
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Vermilion Sands

Dans Vermilion Sands, j'ai retrouvé la plume féérique du Ballard du Rêveur illimité.





Les 9 nouvelles du recueil, sises dans la ville ou aux abords de Vermilion Sands, prennent pour objets d'étonnantes oeuvres d'art (sculptures qui chantent ou poussent, nuages qui grâce à d'habiles planeurs deviennent portraits ou vanités), des technologies paraissant être le fruit d'enchantements (machine à taper des vers parfaits rendant obsolètes les poètes, maisons ou vêtements gardant le souvenir de leur propriétaire), ou des particularités de la faune et de la flore locales (raies des sables volantes, océan de sable sur lequel vogue toute une flotte de navires, fleurs chantant l'opéra). Ballard, qui telle une bonne fée donne vie et âme à l'inanimé comme au végétal, mêle ici le merveilleux à la science-fiction pour engendrer un univers utopique et onirique marqué par une beauté jamais exempte d'une certaine noirceur. Un idéal tout d'étrangeté et parfois cruel se dessine à travers ces contes dans lesquels riches héritières, actrices, chanteuses et artistes remplacent princes et princesses ; dans lesquels les couleurs, les rouges et les ocres, le soleil du désert éclatent ; les formes, les constructions refusent de demeurer statiques ; les musiques jaillissent de toutes parts, jusqu'à la cacophonie.



Vermilion Sands m'est apparu autant comme une réflexion sur le potentiel illimité de la création artistique que comme l'image d'un futur idéal dans lequel les technologies, à force d'extrême sensibilité, s'humanisent, à l'instar de ces vêtements traumatisés par le meurtre de leur porteur. Mais avant toute chose, l'univers comme l'écriture en sont simplement beaux, foisonnants, brillants, sans cesse surprenants. C'est émerveillé que l'on referme l'ouvrage.


Lien : https://mahautdavenel.wordpr..
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