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Critiques de James Hannaham (20)
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Delicious Foods®

Passer un peu à côté d’un livre pourtant adulé : ça arrive diront certains ; c’est dommage diront d’autres ; ça m’interroge toujours pour ma part. Et encore aujourd’hui après la lecture de Delicious Foods ® de James Hannaham, traduit par Cécile Deniard.



Pourtant ça démarrait fort avec une incroyable scène d’ouverture mettant en scène Eddie, jeune ado black en fuite, tentant de garder le contrôle de sa voiture de cavale du bout de ses moignons ensanglantés. Puis, à coups de flash-backs choraux permettant de remonter le cours de la vie de Darlène, la mère d’Eddie, la tension retombe peu à peu, finissant même par un début d’ennui heureusement sauvé par les dernières scènes.



Car si le thème de l’exploitation humaine et raciale par des entreprises sans foi ni loi au fin fond du deep-south US est ici traité avec un réalisme qui fait froid dans le dos, la crédibilité de l’ensemble m’a souvent paru faiblarde. La longue descente aux enfers de Darlene, sous les effets combinés de Scotty – personnage mystérieux mais central du livre - et d’une accumulation de mauvais sorts et de mauvais choix, m’a parfois semblée déjà vue, déjà lue.



Il reste un style original et agréable à lire, une construction complexe mais maîtrisée, et un livre couronné de plusieurs prix littéraires outre-Atlantique et plutôt apprécié par chez nous. D’où l’impression d’un avis assez marginal qui m’interroge, et un livre qu’il faudra, peut-être, que je relise.
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Delicious Foods®

« Quand on travaille dur, elle se disait, qu’on n’est pas vraiment payé et qu’on peut aller nulle part, tout le monde sait comment ça s’appelle. »

L’esclavage moderne peut prendre divers visages : un salaire minimum inadéquat, des heures supplémentaires mal payées, des conditions de travail atroces ou des retenues sur salaire injustifiées. James Hannaham nous en fait découvrir une version sordide et particulièrement abjecte dans Delicious Foods. Un récit construit autour de trois voix : celle de Darlene, mère afro-américaine paumée, celle de son fils Eddie et la troisième, celle de la drogue, le crack, surnommée Scotty par sa dépendante, Miss D pour Darlene.

« Elle a fait : Tu le veux encore, ce kif? Il est à toi, si tu veux. J’ai souri à Darlene dans son cerveau. Je savais ce qu’elle allait faire. C’est pas pour faire mon centre du monde ni rien, mais je suis vraiment irrésistible. »

Basé sur des faits réels survenus dans une ferme de St. Augustine, le roman se déroule dans un territoire à la limite des États de la Louisiane, du Texas et de la Floride, « au tréfinfonds de la Louisifloride » pour reprendre les mots de l’auteur. Un endroit où la discrimination et l’injustice raciales font partie du quotidien des Noirs. Pauvres, drogués, alcoolos, putes, clodos, ces sans avenir sont recrutés par Delicious foods, une sorte de coopérative agricole qui ratisse les bas-fonds des petites villes à cette fin : obtenir une main-d’œuvre bon marché pour travailler aux champs. La suite est indescriptible, il faut le lire.

Ce roman agit comme un électrochoc dans nos vies confortables, démontrant une fois de plus que la condition humaine ne tend pas à s’améliorer avec le temps. La sentez-vous, cette odeur de pourriture qui s’élève de la société américaine? Bouchez-vous le nez et plongez dans Delicious Foods…

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Delicious Foods®

Le premier chapitre annonce la couleur et vous enlève immédiatement tout sentiment de confort par sa brutalité; le reste du roman est une lente et profonde brûlure.



James Hannaham aspire le lecteur dès le début alors que le jeune Eddie s'échappe (de quoi, nous ne savons pas encore) au volant d’une Subaru volée juste après s'être fait amputer des mains. Les premiers chapitres vont nous raconter comment Eddie est parvenu à se construire une vie agréable malgré son handicap. Mais comment a-t-il perdu ses mains? C’est toute l’histoire de Delicious Foods et vous vous doutez bien que je ne vais pas vous la dévoiler.



Pour la découvrir il vous faut écouter les 3 narrateurs: Eddie, Darlene sa mère et Scotty. Qui est Scotty ? C’est la voix du crack dans la tête de Darlene. Oui vous avez bien lu, l’un des narrateurs est la drogue ! C’est même un personnage clé racontant l'histoire par-dessus l'épaule de Darlene observant son environnement avec humour, perspicacité et beaucoup de crédibilité. Scotty c’est « l’ami qui vous veut du bien », c’est le séducteur, celui qui vous dit « fais moi confiance ». Tour de force de l’auteur.



Les thèmes abordés sont loin d'être légers: l’esclavage moderne, la suprématie blanche, l'injustice raciale, l’exploitation humaine, la toxicomanie, la mondialisation, le capitalisme sans entraves.



Alors oui, Delicious Foods est dur et violent mais c’est un sacré bon bouquin grâce à un sujet principal peu traité et grâce à un parti pris narratif surprenant. Inspiré de faits réels, ce roman a obtenu en 2016 le Pen/Faulkner Prize.



Traduit par Cécile Deniard
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Delicious Foods®

Un homme, un enfant presque encore, fuit l'enfer avec deux moignons sanglants à la place des mains.



L'enfer ? Une terre agricole américaine, où des accros au crack sont exploités dans des conditions indignes.



C'est cet endroit qu'Eddie fuit. Après y avoir été conduit pour retrouver sa mère, Darlene, toxicomane. Une addiction qui remonte au décès de son mari assassiné par on ne sait qui, probablement des hommes blancs qui, dans le Sud des États-Unis, considèrent bien davantage les animaux que les personnes de couleur.



Ce roman est, aussi incroyable que cela puisse paraître inspiré d'une histoire vraie. Des hommes ont eu l'idée cynique et détestable de profiter de l'addiction de SDF et de marginaux pour les exploiter sur leurs terres en l'échange d'une dose de drogue - bien évidemment, déduite de leur misérable salaire.



On retrouve, dans ce récit, le racisme banalisé qui conduit à laisser impuni le meurtre d'un homme noir, à retarder un procès, à laisser la pauvreté et la drogue enchaîner comme les chaînes ont pu le faire dans le passé.



Mais ce récit aborde aussi la question de la dépendance, grâce au personnage de Scotty, qui n'est autre que la drogue, personnage indépendant qui tire une partie des ficelles.



L'on suit impuissant, Darlene et le gouffre de désespoir qui va la saisir, l'entraînant vers sa première pipe de crack. Cette addiction va la détruire physiquement et moralement, mais aussi tout autre sentiment que l'impérieuse nécessité de se faire un nouveau kif.



Les liens filiaux vont se couper entre cette mère accro et son fils, malgré toutes les tentatives de ce dernier pour sauver sa mère. Petit à petit, Eddie va comprendre l'impossibilité de renouer toute la confiance brisée entre eux, ces promesses jamais tenues.



Malgré quelques petits bémols, comme un rythme plus lent en milieu de roman, ou certains rebondissements en fin de récit, il n'en demeure pas moins que cette lecture est très marquante.
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Delicious Foods®

Le premier à s'engouffrer dans le roman a des moignons ensanglantés, qu'il a coincés entre le volant pour s'enfuir au volant d'une vieille voiture sur les petites routes de Louisiane. Il a 17 ans.

Voilà qui donne le ton de ce superbe roman.



Eddy a dû sacrifier ses mains pour échapper à ses tortionnaires, les gérants d'une ferme agricole qui maintiennent leurs employés, tous des éclopés de la vie en esclavage. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : recruter des drogués et des marginaux pour les faire travailler sans répit, les entasser dans un poulailler infâme, les obliger à contracter des dettes pour qu'ils ne puissent pas s'enfuir et les maintenir dans l'addiction à la drogue et à l'alcool pour les empêcher de se révolter.

Mais Eddy ne se drogue pas, il est arrivé à Delicious Foods pour retrouver sa mère et la sauver de la déchéance. Et il est même capable d'une étonnante résilience : faire de son handicap un atout professionnel, le "manchot pas manchot". Celui qui débarquait dans le roman comme une victime est en fait un héros positif.



Et puis, il y a Darlene, la mère. Une noire américaine tout à fait ordinaire qui commence des études à la fac, tombe amoureuse, puis enceinte. Elle ouvre une petite épicerie avec son mari, Nat, noir lui aussi. Un soir il disparaît, victime d'un crime raciste. Et c'est la chute, la prostitution, la drogue, l'incapacité à gérer sa vie et celle de son fils. Juste une femme trop fragile qui devient une victime. Une esclave !



Troisième personnage, et non des moindres, Scotty. Il parle le langage du peuple, des déshérités, des marginaux. Il les manipule et les console. Il les rend dépendants mais dépend d'eux également. Il connaît tout de leurs histoires, de leurs souffrances, de leurs désirs secrets. Il est comme un lutin maléfique qui se niche au plus profond des êtres. Il est la drogue..

Ce choix original de personnifier une substance ou l'addiction à une substance était un pari risqué. La personnification aurait pu être une simple prouesse littéraire peu convaincante, en marge du roman. Mais Scooty est un personnage à part entière, qui évolue et fait evoluer le roman. Il est psychologiquement crédible, il a son propre langage et sa propre identité, sa voix à l'intérieur des personnages qu'il contamine et ses faiblesses aussi.



Et lorsque l'on a tant de choses à dire sur un roman, sur les sujets qu'il aborde, sur les personnages qui le composent, sur l'atmosphère qu'il distille, sur l'écriture elle-même ; c'est qu'il s'agit d'un sacré bon roman !
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Delicious Foods®

Vraiment un livre coup de poing. Quel choc!



Une plongée vertigineuse dans l'Amérique des exclus et de la marge.



Les premières pages de ce livre sont proprement hallucinantes: on y découvre Eddie, un adolescent afro-américain, en fuite d'une exploitation agricole où il travaille au volant d'une voiture, les deux mains sectionnées.



Et la suite de ce roman est à l'identique.

Au travers de l'histoire de cet adolescent à la recherche de sa mère à la dérive, c'est la précarité, la pauvreté et l'exploitation qui sont crûment présentées.

Avec son lot de drogue, de violence et surtout d'injustice.



C'est réellement un livre fort et marquant.



Mais peut-être à ne pas mettre entre toutes les mains, car c'est un récit dur et sans concession, crû et violent.

De la littérature à l'état brut!
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Delicious Foods®

Tout commence par une belle histoire d’amour. Darlene et Nat se sont rencontrés au lycée et ils tombent passionnément amoureux. Ils s’installent à Ovis en Louisianne, attendent leur premier enfant et créent une petite épicerie qu’ils appellent Mount Hope.

Tout aurait pu continuer dans la joie et le bonheur si Darlene et Nat n’étaient pas noirs et ne vivaient pas dans une ville du Sud des Etats-Unis où sévit un racisme latent dont ne sont toujours pas débarrassés les habitants blancs depuis la Guerre de Sécession.

Les événements catastrophiques s’enchaînent et Darlene devient accro au crack ce qui situe ce roman dans le dernier quart du XX e siècle.

Elle se fait alors « embaucher » par les rabatteurs de la ferme Delicious qui produit des fruits et légumes en toute illégalité et qui fait travailler des drogués en échange de leur dose quotidienne.

C’est avec l’évasion impressionnante d’Eddy, le fils de Darlene qui a fini par retrouver sa mère et est devenu esclave à l’âge de 12 ans, que commence ce récit saisissant.

James HANNAHAM y dénonce l’esclavage moderne qui sévit dans l’ombre et nous révèle l’horreur des conditions de vie déplorables et les mauvais traitements que subissent ces drogués, incapables de la moindre réaction.

Outre le narrateur qui raconte cette histoire étonnante, l’auteur a créé un autre narrateur qu’il appelle Scotty et qui n’est pas une personne mais le crack lui-même. Son parler est populaire et familier, il est excessif, sensuel et amoureux des drogués et plus particulièrement de Darlene. Ses apparitions décalées et son humour désabusé détendent l’atmosphère et apportent une vision interne du phénomène de l’addiction.

Si les propos de ce roman paraissent parfois choquants, c’est qu’ils ne sont certainement pas bien loin d’une réalité à révéler au grand jour. Tous les sentiments s’y bousculent, de la force de l’amour à la vulnérabilité du deuil, de la soumission des esclaves à la cruauté des janissaires, des regrets d’une mère au pardon d’un fils.

C’est un difficile mais très beau roman que j’ai lu avec passion et que je recommande vivement pour son style très original, son engagement pour la cause afro-américaine et ses personnages hauts en couleur, humains ou non.
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Personne en avait rien à foutre de Carlotta

Engagé, magnétique, terriblement humain, « Personne en avait rien à foutre de Carlotta » est serré comme un café fort. Sombre et lumineux, un tour de force et la preuve des possibles. Une histoire nécessaire, plausible. Un saut dans la flaque des aspérités.

Carlotta Mercedes est le point d’appui de ce récit. Combative, tenace, courageuse, au libre-arbitre avéré, elle est une femme exemplaire. Tout ici est dans les mots et les actes, l’acuité vive, la littérature éminente. Adrénaline fois mille !

L’incipit donne le ton. « Deux décennies et des pouces après sa condamnation, Carlotta Mercedes se préparait pour son cinquième passage devant la commission de libération conditionnelle de l’État de New York. Elle savait que ses nombreuses années de mitard (H23 et 7 jours sur 7, sans télé, sans radio, sans livres, ni contact physique agréable).

Carlotta Mercedes est donc allée en prison. Pour un braquage qu’elle n’a pas commis. Mais présente et le fait que son arme (en Amérique on porte une arme comme une baguette de pain en France), la normalité en quelque sorte. Sauf qu’ici présent Carlotta est condamnée et lourdement.

Son temps carcéral a été un enfer. Violée, martyrisée, à l’isolement, elle aura de cesse de résister aux brimades, à l’intolérance, elle qui s’appelait : Dustin Chambers.

« Avec les menottes, ce n’était pas facile et elle fit donc cela avec lenteur, en écartant les doigts au fur et à mesure, pour tuer une nouvelle fois Dustin Chambers et crier par la seule force du geste ».

Sa transidentité au garde à vous, elle espère sa liberté conditionnelle. Face aux juges, qui plus est noire, dans un pays aux relents de ségrégations. Carlotta pourra-t-elle être libérée ? Elle qui a osé sa métamorphose. Elle qui illumine ce récit de sourires et d’un optimisme avéré. Son humour est une arme. Elle, dont les jours en prison auront été que des humiliations et atteintes à son intégrité par ses codétenus et les gardiens. Quatorze ans entre les barreaux, la vie qui vole en éclat et son jeune fils laissé entre les mains de sa famille. Les lettres envoyées déchirées, les silences de plomb. Femme libérée sous conditions.

« Quand elle arriva à la porte et découvrit la coulée de boue humaine qui déferlait dans la 42 ème, elle se fit l’effet d’un éléphant d’Afrique un peu simplet qui essaierait de s’incruster dans un jeu de corde à sauter… J’devrais carrément m’prendre un bretzel, c’est tout le parfum de ma vie d’avant. Me souviens pas, on pouvait faire ça avant ? J’vois nulle part de guichet pour acheter des jetons ».

Elle a une adresse : l’antre familial. Elle est attendue et redoutée. Elle, devenue femme, Dustin aux oubliettes. Sa droiture comme une voûte céleste, elle espère accueil pierre angulaire de la tolérance en frappant à la porte de la fratrie. Revoir son fils, auquel elle s’est tant délivrée. Devenu adulte, va-t-il renouer le lien ? Elle se sait malchanceuse, le complexe de l’albatros, toujours entrain de se prendre les pieds dans le tapis. Elle cherche les percées de lumière. Battante, toute rayonnante, sa force est l’espoir et elle ne cède rien aux doutes. Quel va être la réaction devant la métamorphose de Carlotta ?

« Personne en avait rien à foutre de Carlotta » est emblématique. Un titre qui fige Carlotta et prouve les batailles à mener.  « Ça va bien s’passer, cette histoire. Mais non, sûrement que j’suis trop dure. Comment ça pourrait être une bonne nouvelle de revoir un de tes parents après tant d’années ? J’suis restée en taule sept mille neuf cent soixante-quatorze jours et c’est tout ce que tu as à m’offrir ? ». Ibe son fils, va-t-il renier sa mère ? Lui, qui se fait appeler Iceman ?

Le roman finement politique, sociologique, hors caricature est le portrait et de Carlotta et d’une Amérique clivante et puritaine. Comment Carlotta va-t-elle se reconstruire ? Nous sommes en plongée dans un texte vif et pourtant joyeux. Carlotta est un arc-en-ciel. Une femme puissante et volontaire. Rebelle, inoubliable, admirable et authentique.

Lisez ce grand livre d’élan et d’envergure. La profondeur magnifique d’un récit doté d’une intelligence vive.

Et, si un jour vous croisez Carlotta en vérité, dites-lui combien elle est une belle personne.

C’est un chef-d’œuvre à haut potentiel cinématographie. Une prouesse d’écriture rare. Traduit à la perfection de l’anglais (États-Unis) par Cécile Deniard. Une couverture explicite à regarder attentivement. Après « Delicious Foods » paru en 2020, James Hannaham vient de mettre au monde un livre salutaire. Édité également par les majeures Éditions Globe.
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Delicious Foods®

n the mood for...where is my mind ?

Eddie, 17 ans, file en voiture. La scène d’ouverture de ce roman pourrait être banale, elle est inoubliable, puissante, évocatrice : Eddie n’a plus de mains et s’il pense à fuir le plus loin possible de la Louisiane, il pense également déjà à revenir.



Rewind.

Darlene et Nat sont simples, sans histoire. Mais ils sont noirs, dans le Sud des Etats-Unis.

Une nuit, Nat est assassiné dans des circonstances sordides. L’enquête ne mène nulle part, les blancs sont protégés. C’est le début de la fin : Darlene sombre, avec pour témoin son fils Eddie.

Elle est recrutée dans l’exploitation agricole Delicious Foods. Delicious Foods, en fait c’est dégueux, c’est l’exemple de l’esclavage tel qu’il existe aujourd’hui aux Etats-Unis. Les recrues, fragilisées, sont enfermées, battues, prises dans le cercle vicieux de l’endettement envers l’entreprise…qui fournit du crack au quotidien, à un prix imbattable.



Pause.

Ce roman est construit autour de 3 voix: celle d’Eddie, celle de Darlene, broyée par son chagrin, par l’injustice et…celle du crack. Derrière cette voix-là se cache le discours d’un séducteur narcissique dont les assauts ne cessent jamais. Inédit.



Fast forward.

Dans ce décor halluciné, Eddie n’a qu’une obsession : sortir sa mère de cet enfer.



L’auteur, James Hannaham, a gagné le Pen/Faulkner Prize pour ce récit crû, dur, violent, inspiré du scandale Bulls-Hits. Sa plume raconte, dénonce, éveille, sans moralisme. La littérature que j’aime.

Chapeau à Cécile Deniard pour la traduction, la voix de la drogue n’a pas dû être une mince affaire à restituer !



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Delicious Foods®

Malgré un début plus qu'intriguant, j'ai eu du mal à rentrer dans ce bouquin. Intéressant et curieux à plus d'un titre (la thématique générale, la personnification du crack en Scotty par exemple), ce livre manque néanmoins de rythme et souffre de quelques incohérences vis à vis de l'attitude de certains persos (notamment la mère que j'ai franchement détesté). J'ai été au bout mais franchement j'ai failli laisser tomber.
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Delicious Foods®

Le titre réfère à une entreprise agricole du Sud des États-Unis qui embauche des toxicomanes majoritairement noirs, tout en les maintenant dans un état de dépendance en les payant avec de la drogue (crack). Ils vivent dans des conditions abjectes et sont littéralement des esclaves dont l'avenir est bouché, et dont le seul espoir réside dans la prochaine pipe de crack.



Bien que l'ensemble de l'oeuvre soit d'une grande noirceur, ce roman contient néanmoins de bonnes parcelles d'humanisme. L'auteur se sert du récit, tiré d'une histoire vraie, pour dresser un portrait critique et sans compromission du racisme dans les États du sud; de la misère économique et psychologique de certains des laissés pour compte du rêve américain.



La particularité et l'originalité de cette oeuvre c'est que l'auteur fait de "la drogue" (crack-coke) un personnage à part entière dans la trame narrative. Campé sous le nom de Scotty, ce personnage se permet alors de nous donner son point de vue avec le vocabulaire imagé typique du parler des noirs du sud. Selon moi, la traduction peine parfois à rendre le cachet du langage afro-américain. Cela dit, le pari d'en faire un personnage est réussi, car il permet d'illustrer, sans jugement de valeur, le rôle et l'importance de cette substance dans la descente aux enfers et l'avilissement de Darlene, après le meurtre impuni de son mari par des blancs racistes.



Je l'ai écrit plus haut, l'histoire est sombre. Mais elle recèle aussi d'une bonne part de lumière, illustrée notamment en la personne d'Eddie, le fils de Darlene, qui est au coeur de la première scène de livre et qui illustre brillamment la dualité ombre/lumière du récit.



Malgré quelques petites longueurs, je recommande ce livre. C'est une lecture qui nous fait réfléchir, grandir et parfois douter de l'humanité. Par contre, en le refermant, j'en suis ressorti avec un fort sentiment d'espérance dans la capacité de l'homme à faire face aux vicissitudes de l'existence.
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La scène d'introduction de ce roman est très marquante. Eddie, un ado noir est en fuite au volant d'une voiture perdu dans la campagne du sud des USA, le volant il le manie avec ses deux moignons ensanglantés, il n'a plus de main, il les a sacrifiées pour pouvoir s'enfuir… glaçant! La suite nous raconte comment Eddie en est arrivé là, il est question d'esclavage moderne, de racisme, de drogue. Darlene, la maman d'Eddie, est une victime qui a pris pour compagnon de route Scotty depuis l'assassinat de son mari Nat. Scotty, ce n'est pas une personne, même s'il est présenté comme tel, avec un langage qui lui est propre, c'est la drogue. La descente aux enfers est inéluctable. Malgré des passages poignants, j'ai parfois été gagné par l'ennui, la faute à une écriture dense, des phrases longues, un rythme qui retombe en cours de lecture.
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Delicious Foods®

Delicious Foods, le nom qui fait rêver. Dans la réalité, beaucoup moins. Gigantesque installation agricole perdue au fond de la Louisiane, elle exploite du personnel sous-qualifié et bien tendu sous payé selon une technique particulièrement machiavélique: les recruteurs parcourent les rues des petites villes à la recherche de sans-abris et de nécessiteux, de préférence drogués, à qui ils font miroiter un gros salaire, des installations superbes, bref une nouvelle vie. Parvenus sur place, les malheureux qui ont signé se retrouvent dans des dortoirs indignes d’animaux, grouillants de parasites, ils sont étranglés de dettes fictives, maltraités et menacés, et drogués pour ne pas avoir à réfléchir. C’est là qu’atterrit un soir Darlene, une jeune femme noire dont le mari a été victime de meurtre raciste, condamnée pour survivre à faire le trottoir. Du jour au lendemain, elle disparait, laissant son fils unique Eddie. Il faudra des mois à Eddie pour retrouver sa mère, pour la rejoindre et parvenir à s’échapper en y laissant ses deux mains. La scène de fuite qui ouvre le roman est d’ailleurs hallucinante, on partage la douleur du jeune garçon à bout de force, exsangue, mais animé d’une volonté quinze faiblira pas.

La construction de ce roman, après l’introduction centrée sur Eddie, va ainsi donner au lecteur trois points de vue, trois récits qui s’entremêlent étroitement : il y a d’abord le jeune garçon, que l’on voit grandir, murir, s’accommoder de son handicap au point d’en faire un atout. Puis Darlene, la mère, qui ne réalise absolument pas ce qui lui arrive, et qui malgré les mauvais traitements, se persuade qu’elle est mieux là que dans la rue. Dans une sorte de syndrome de Stockholm grandement favorisé par une consommation excessive de drogues, elle finit par apprécier la situation au point de refuser que son fils la tire de cet enfer. Enfin, le troisième personnage, gouailleur, parlant un langage de la rue bourré de fautes de syntaxe, tour à tour enjôleur et menaçant, protecteur et jaloux, c’est la drogue elle-même, celle qui remplit les poumons et l’esprit des forçats de Delicious Foods, et qui se réjoui de fidéliser ceux qui dépendent d’elle. Un personnage qui survole le roman comme un spectateur attentif et intéressé, qui veille à ce que chacun et chacune reçoive sa dose pour ne pas avoir à trop penser…

Avec Delicious Foods, James Hannaham réussit un roman coup de poing, sombre, noir, une page d’esclavagisme moderne et de traite des noirs, dont il se dégage au fil des pages une sensation de désespoir absolu. Et pourtant, de toute cette noirceur, de toute cette misère, subsistera une dose d’optimisme, en la personne d’Eddie, qui envers et contre tout voudra prouver qu’il est toujours possible de s’en sortir.
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Delicious Foods®

La rentrée littéraire de Septembre a beaucoup abordé le thème de la ségrégation et du racisme. Là, il s'agit plus précisément de dénoncer une forme d'esclavage moderne.



Bien que la scène servant d'introduction semble plutôt bien accueillie, je suis pour ma part assez réservée...

Imaginez que l'on vient de vous couper les mains il y a quelques minutes...et que vous ayez la possibilité de fuir au volant d'une voiture sur plusieurs kilomètres...sans mains. Soit, aux États-Unis les véhicule sont automatiques le plus souvent, mais quand même...

Pour moi ça commençait mal, la crédibilité n'était pas au rendez-vous.



Le roman raconte la descente en enfer de Darlène qui sombre dans la drogue et la prostitution après le meurtre de son époux victime d'un racisme primaire.



Après s'être laissée embarquer pour "Delicious foods", sorte de domaine agricole où un propriétaire sans scrupules exploite et martyrise des gens paumés comme elle, parviendra-t-elle à en sortir ? La ténacité d'Eddie son fils sera t-elle récompensée ?





La construction du livre donne tour à tour la parole à différentes voix et notamment à Scotty, lequel représente la drogue. La drogue, ce compagnon avec lequel elle fait corps.



Alors hormis cette histoire de mains, un livre intéressant, des personnages attachants, d'autres détestables mais qui ne laissent pas indifférent, et un épilogue porteur d'espoir.







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Delicious Foods est une exploitation d’esclavage agricole moderne dans la Louisiane raciste qui recrute ses proies parmi les toxicomanes

qui une fois sur place deviennent prisonniers, subissent non seulement maltraitance physique mais sont liés à leur employeur par un endettement perpétuel, jamais payés du moindre salaire ou presque, ils sont maintenus dans l’addiction à la drogue qui leur est fournie.

Eddie jeune garçon noir de 12 ans y retrouve sa mère Darlene veuve perdue dans le crack, ramassée sur le trottoir alors qu’elle se prostituait, par cette organisation promettant un lieu où il fait bon vivre. Au lieu de cela, leur vie devient un enfer de travail incessant, mal nourris et logés dans un poulailler crasseux.

Un roman choral où les narrateurs sont trois, successivement la mère, le fils et Scotty qui n’est autre que la drogue elle-même qui prend la parole.

La construction narrative commence par un événement choc qui plante le décors dès le début: l’évasion d’Eddie d’une violence inouïe qui annonce le ton de la suite de ce roman choc au langage brut.

Il dépeint l’univers cruel de l’esclavage moderne maintenu tant par la force physique que mentale au moyen des effets ravageurs de la drogue consommée à la fois pour oublier la misère à laquelle sont réduits les personnages. Elle leur offre la liberté de l’évasion et les maintient dans le carcan de l’addiction.

Mais c’est aussi l’histoire d’un fils qui cherche l’amour de sa mère qu’il protège au péril de sa vie et de 6 années d’adolescence, son obsession étant de la sortir de cet enfer, lui le seul qui ne se drogue pas.

Cette traite moderne s’inspire de faits réels survenus à Bulls-hit dans les années 90 à Sainte Augustine en Floride où les ouvriers étaient maintenus en dette à l’égard de leurs employeurs qui les fournissaient en Crack et alcool.

L’auteur, James HANNAHAM a été récompensé par le PEN/FAULKNER PRIZE. Un roman d’un rare violence à découvrir absolument.
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Eddie, 17 ans, amputé des deux mains, sorti de nulle part, est en train de fuir on ne sait quoi ou qui.

5 ans plus tôt, à 12 ans, ne voyant pas sa mère revenir, il part à la rencontre des personnes qui auraient pu l’apercevoir.

Beaucoup, beaucoup plus tôt, on découvre l’histoire de cette mère, Darlene et du père du garçon, Nat, de leur amour d’abord interdit puis de leur passion et enfin leur petite vie qu’ils s’étaient construite à trois jusqu’au drame.

Nat disparu, Darlene sombre, littéralement. Incapable de faire face au deuil, elle trouve dans le crack un réconfort, un ami. Et cet ami aura une voix toute particulière dans ce roman.



La suite se passe dans une ferme nommée Delicious Food, plus proche de l’exploitation des ouvriers que d’une ferme agricole. L’enfer sur terre où les travailleurs sont maltraitées avec comme carotte pour continuer leur labeur, leur dose de drogue journalière.

ddie, Darlene et la drogue. Ce sont ces trois personnages-là qui se succèdent tout au long de ces pages.

Donner la parole à chacun est primordial pour comprendre tout le mécanisme que les stupéfiants ont comme effet sur le cerveau des personnes dépendantes: amis, amants, séducteurs…



Eddie, Darlene et la drogue, donc. J’ai rarement lu un livre qui transcrivait aussi bien l’état de délire des toxicomanes.

Je n’ai lu que peu de livres qui décryptent aussi adéquatement l’horreur d’avoir une mère toxico.

J’ai ici ressenti véritablement la haine profonde des blancs envers leurs ouvriers noirs, dépendants de leurs bons vouloirs pour leur ration de drogue.

L’auteur parvient à nous faire éprouver toute la cruauté des maîtres de cette ferme, et surtout à nous montrer jusqu’où un fils peut aller pour aider sa mère.



Le récit est unique en son genre. On reconnaît aisément les trois voix des personnages, les tics de langage de chacun.



Les infimes longueurs ressenties n’ont pas altéré mon intérêt pour les destins des personnages.



La traduction n’a pas dû se faire s’en mal et c’est une prouesse que d’avoir réussi.

Je mémorise dès maintenant le nom de James Hannaham.
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Delicious Foods®

Darlene fait de belles études, rencontre le beau Nat, ils se marient et décident d’aller vivre dans une petite ville et d’ouvrir une petite épicerie. Ils ont un fils, Eddie. Mais Nat est très impliqué politiquement et ça ne plait pas au Ku Klux Klan local qui le lynche et incendie sa boutique. Les coupables ne seront jamais inquiétés. Dans un premier temps, Darlene essaie de survivre à son chagrin mais elle perd pied peu à peu, aidée en cela par Scotty la petite voix du crack. Darlene fait le trottoir et Eddie est livré à lui-même à seulement dix ans. Une nuit, Darlene ne revient pas à l’appartement. Elle a été embauchée par des rabatteurs de Delicious Foods, une ferme qui exploite et maltraite ses employés, les payant peu et les gardant sous l’emprise de la drogue pour mieux les asservir. Après quelques mois de recherche et d’errance, Eddie finit par retrouver la trace de sa mère. Il la rejoint à la ferme et le calvaire va durer de nombreuses années…

Delicious Foods est le roman sur l’esclavage moderne à l’américaine. Avec différents points de vue dont Scotty, la mauvaise voix dans la tête de Darlene, James Hannaham nous raconte le racisme toujours bien présent, l’exploitation des pauvres et des démunis, la folie mais aussi l’amour et la rédemption. A travers un style introspectif qui nous fait entrer dans les pensées des personnages, l’auteur nous fait ressentir l’autre et donne à son roman une portée bien plus grande que n’importe quel discours contre les méfaits de la drogue ou contre le racisme. Un grand livre.
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Delicious Foods®

J’ai adoré ce roman.

On suit l’histoire de Darlène et Eddie qui sont tout les deux victimes à leur façon de la drogue et de la couleur de peau. Ce récit m’as bouleversé. Ce n’est pas un livre qu’on prends à la légère ni qu’on lit pour se divertir.
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Delicious Foods®

Roman sombre et prenant, Delicious Foods raconte l'histoire hors du commun de Eddie, jeune homme sans mains. Le roman s'ouvre sur ce garçon qui s'enfuit à bord d'une voiture volée, ses moignons en sang. De où s'enfuit-il ? Nous le saurons assez rapidement, puisqu'il décide de tout faire pour retrouver sa mère, Darlène, et la sortir de là. Darlène a quelques petits soucis, elle est devenue accro au crack peu de temps après un drame. Toujours à la recherche d'argent, elle se retrouvera embarquée par une offre d'emploi alléchante, la promesse d'une nouvelle vie avec de l'argent facile. Malheureusement, derrière toutes ces promesses, l'enfer se dévoilera. Bienvenue à Delicious Foods, exploitation fermière texane, plus proche de l'esclavage moderne que d'un emploi stable et durable. Évidement, les mauvais traitements, la torture et la drogue offerte n'arrangent en rien l'état de ces « employés » qui ne sont que des toxicos, des pauvres, des sans-abris afro-américains de Houston.

J'ai réellement adoré ce roman où trois voix se mêlent, celle de Eddie, Darlène et Scotty, personnage étonnant vu qu'il s'agit de la drogue, du crack lui-même qui nous donne une vision globale de la situation de Darlène. Son parlé est d'ailleurs très intéressant, cynique à souhait. Les différents flash-back dans ce roman nous entraînent dans la conscience de Darlène et nous permettent de comprendre comment elle à réussi à sombrer ainsi dans ce gouffre qu'est la drogue.

Les sujets abordés comme la toxicomanie, le racisme, l'exploitation et la suprématie blanche sont difficiles à lire, mais j'ai trouvé ce roman nécessaire. L'horreur dévoilée dans cette exploitation agricole m'a captivée, m'a fait réfléchir sur la manière dont le monde économique évolue. À lire absolument !
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Delicious Foods®

Nul ne sortira indemne de cette ferme...

L'esclavage existe encore. Sous couvert d'un lieu paradisiaque où travailler, des sans-abris, des drogués, les oubliés de la société, sont emmenés chez Delicious Food. Les photos superbes de la brochure qu'on leur a présentée sont vites remplacées par la réalité : les esclaves vont dormir dans un dortoir insalubre, installé dans une grange, surveillé par des chiens de garde.

Les esclaves devront gagné de quoi manger, se droguer, s'habiller, se laver, et peut-être même un jour de quoi partir, en enchaînant les heures au soleil pour quelques dollars, dont le cours est dicté de façon aléatoire par la direction.

Vous ne pourrez sortir de là que les pieds devant, à moins peut-être de pouvoir vous échapper, à condition de vouloir encore le faire.



Delicious Food est un roman dont on ne ressort pas indemne. On s'endurci comme les personnages à sa lecture. Dès le premier chapitre, le ton est donné : la fin ne sera pas joyeuse.

Séquestration, racisme, torture, drogue, prostitution, etc. Rien ne leur est épargné.

A l'instar de l'histoire, l'écriture est dure, la construction un peu bordélique (surtout lorsque c'est l'héroïne qui prend la parole, oui oui !), comme la vie des protagonistes, on s'en sort comme on peut.
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