AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782211304580
400 pages
Globe (26/08/2020)
3.9/5   49 notes
Résumé :
Aucune enquête, aucun chiffre, aucun reportage ne saura nous faire prendre en haine l'esclavage contemporain comme l'image des moignons maculés de sang d'Eddie, 17 ans, conduisant sa Subaru dans la scène d'ouverture, hallucinée, de ce roman. Il vient de s'évader de la ferme Delicious Foods, exploitation géante - et pas seulement agricole -, au cœur de la Louisiane où Darlene, sa mère, a été recrutée 6 ans plus tôt, comme d'autres toxicomanes.
Productrice de ... >Voir plus
Que lire après Delicious Foods®Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 49 notes
5
10 avis
4
7 avis
3
0 avis
2
1 avis
1
1 avis
Passer un peu à côté d'un livre pourtant adulé : ça arrive diront certains ; c'est dommage diront d'autres ; ça m'interroge toujours pour ma part. Et encore aujourd'hui après la lecture de Delicious Foods ® de James Hannaham, traduit par Cécile Deniard.

Pourtant ça démarrait fort avec une incroyable scène d'ouverture mettant en scène Eddie, jeune ado black en fuite, tentant de garder le contrôle de sa voiture de cavale du bout de ses moignons ensanglantés. Puis, à coups de flash-backs choraux permettant de remonter le cours de la vie de Darlène, la mère d'Eddie, la tension retombe peu à peu, finissant même par un début d'ennui heureusement sauvé par les dernières scènes.

Car si le thème de l'exploitation humaine et raciale par des entreprises sans foi ni loi au fin fond du deep-south US est ici traité avec un réalisme qui fait froid dans le dos, la crédibilité de l'ensemble m'a souvent paru faiblarde. La longue descente aux enfers de Darlene, sous les effets combinés de Scotty – personnage mystérieux mais central du livre - et d'une accumulation de mauvais sorts et de mauvais choix, m'a parfois semblée déjà vue, déjà lue.

Il reste un style original et agréable à lire, une construction complexe mais maîtrisée, et un livre couronné de plusieurs prix littéraires outre-Atlantique et plutôt apprécié par chez nous. D'où l'impression d'un avis assez marginal qui m'interroge, et un livre qu'il faudra, peut-être, que je relise.
Commenter  J’apprécie          310
Je déclare forfait.... J'ai fait des efforts pourtant, je suis allée jusqu'à la moitié. Mais décidément non, ça ne le fait pas.
Pourtant ce roman avait tout pour me plaire notamment son thème ; une exploitation agricole fait travailler des toxicos contre leur dose quotidienne de drogue frelatée. Eddy cherche sa mère qui s'est laissée embarquée dans cette galère.
D'emblée, l'ouverture m'a gênée. Eddy est en fuite. Il conduit une Subaru avec les coudes, des moignons ensanglantés en lieu et place de ses mains... Certes, il tourne la clé de contact avec sa bouche tout comme il extirpe une cigarette du paquet avec ses dents mais, mais c'est trop incohérent.
Le roman est choral : Eddy, Darlene et Scotty : la drogue elle-même.. Plutôt original cette idée de faire parler la drogue mais là non plus je n'ai pas adhéré. le langage particulier de Scotty m'a pesé « Ça paraissait à Darlene que la chanson et les parasites sortaient de sa gorge palpitante. « ou bien « Y avait pas personne dans ce bus qui faisait attention à rien ». Peut-être une difficulté de traduction.
Si le parcours d'Eddy présente un intérêt, le personnage de Darlene n'a rien pour lui. Certes, elle a subi un traumatisme lors de la mort de son mari Nat mais là encore.. Elle se réfugie dans la drogue. Elle ne pense qu'à Nat, oublie tout le temps qu'elle a un fils…
Bon. Je ne m'inflige pas une lecture que je trouve pénible alors que tant de textes passionnants m'attendent.
Commenter  J’apprécie          170
« Quand on travaille dur, elle se disait, qu'on n'est pas vraiment payé et qu'on peut aller nulle part, tout le monde sait comment ça s'appelle. »
L'esclavage moderne peut prendre divers visages : un salaire minimum inadéquat, des heures supplémentaires mal payées, des conditions de travail atroces ou des retenues sur salaire injustifiées. James Hannaham nous en fait découvrir une version sordide et particulièrement abjecte dans Delicious Foods. Un récit construit autour de trois voix : celle de Darlene, mère afro-américaine paumée, celle de son fils Eddie et la troisième, celle de la drogue, le crack, surnommée Scotty par sa dépendante, Miss d'pour Darlene.
« Elle a fait : Tu le veux encore, ce kif? Il est à toi, si tu veux. J'ai souri à Darlene dans son cerveau. Je savais ce qu'elle allait faire. C'est pas pour faire mon centre du monde ni rien, mais je suis vraiment irrésistible. »
Basé sur des faits réels survenus dans une ferme de St. Augustine, le roman se déroule dans un territoire à la limite des États de la Louisiane, du Texas et de la Floride, « au tréfinfonds de la Louisifloride » pour reprendre les mots de l'auteur. Un endroit où la discrimination et l'injustice raciales font partie du quotidien des Noirs. Pauvres, drogués, alcoolos, putes, clodos, ces sans avenir sont recrutés par Delicious foods, une sorte de coopérative agricole qui ratisse les bas-fonds des petites villes à cette fin : obtenir une main-d'oeuvre bon marché pour travailler aux champs. La suite est indescriptible, il faut le lire.
Ce roman agit comme un électrochoc dans nos vies confortables, démontrant une fois de plus que la condition humaine ne tend pas à s'améliorer avec le temps. La sentez-vous, cette odeur de pourriture qui s'élève de la société américaine? Bouchez-vous le nez et plongez dans Delicious Foods…
Commenter  J’apprécie          120
Le premier à s'engouffrer dans le roman a des moignons ensanglantés, qu'il a coincés entre le volant pour s'enfuir au volant d'une vieille voiture sur les petites routes de Louisiane. Il a 17 ans.
Voilà qui donne le ton de ce superbe roman.

Eddy a dû sacrifier ses mains pour échapper à ses tortionnaires, les gérants d'une ferme agricole qui maintiennent leurs employés, tous des éclopés de la vie en esclavage. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : recruter des drogués et des marginaux pour les faire travailler sans répit, les entasser dans un poulailler infâme, les obliger à contracter des dettes pour qu'ils ne puissent pas s'enfuir et les maintenir dans l'addiction à la drogue et à l'alcool pour les empêcher de se révolter.
Mais Eddy ne se drogue pas, il est arrivé à Delicious Foods pour retrouver sa mère et la sauver de la déchéance. Et il est même capable d'une étonnante résilience : faire de son handicap un atout professionnel, le "manchot pas manchot". Celui qui débarquait dans le roman comme une victime est en fait un héros positif.

Et puis, il y a Darlene, la mère. Une noire américaine tout à fait ordinaire qui commence des études à la fac, tombe amoureuse, puis enceinte. Elle ouvre une petite épicerie avec son mari, Nat, noir lui aussi. Un soir il disparaît, victime d'un crime raciste. Et c'est la chute, la prostitution, la drogue, l'incapacité à gérer sa vie et celle de son fils. Juste une femme trop fragile qui devient une victime. Une esclave !

Troisième personnage, et non des moindres, Scotty. Il parle le langage du peuple, des déshérités, des marginaux. Il les manipule et les console. Il les rend dépendants mais dépend d'eux également. Il connaît tout de leurs histoires, de leurs souffrances, de leurs désirs secrets. Il est comme un lutin maléfique qui se niche au plus profond des êtres. Il est la drogue..
Ce choix original de personnifier une substance ou l'addiction à une substance était un pari risqué. La personnification aurait pu être une simple prouesse littéraire peu convaincante, en marge du roman. Mais Scooty est un personnage à part entière, qui évolue et fait evoluer le roman. Il est psychologiquement crédible, il a son propre langage et sa propre identité, sa voix à l'intérieur des personnages qu'il contamine et ses faiblesses aussi.

Et lorsque l'on a tant de choses à dire sur un roman, sur les sujets qu'il aborde, sur les personnages qui le composent, sur l'atmosphère qu'il distille, sur l'écriture elle-même ; c'est qu'il s'agit d'un sacré bon roman !
Commenter  J’apprécie          71
Le premier chapitre annonce la couleur et vous enlève immédiatement tout sentiment de confort par sa brutalité; le reste du roman est une lente et profonde brûlure.

James Hannaham aspire le lecteur dès le début alors que le jeune Eddie s'échappe (de quoi, nous ne savons pas encore) au volant d'une Subaru volée juste après s'être fait amputer des mains. Les premiers chapitres vont nous raconter comment Eddie est parvenu à se construire une vie agréable malgré son handicap. Mais comment a-t-il perdu ses mains? C'est toute l'histoire de Delicious Foods et vous vous doutez bien que je ne vais pas vous la dévoiler.

Pour la découvrir il vous faut écouter les 3 narrateurs: Eddie, Darlene sa mère et Scotty. Qui est Scotty ? C'est la voix du crack dans la tête de Darlene. Oui vous avez bien lu, l'un des narrateurs est la drogue ! C'est même un personnage clé racontant l'histoire par-dessus l'épaule de Darlene observant son environnement avec humour, perspicacité et beaucoup de crédibilité. Scotty c'est « l'ami qui vous veut du bien », c'est le séducteur, celui qui vous dit « fais moi confiance ». Tour de force de l'auteur.

Les thèmes abordés sont loin d'être légers: l'esclavage moderne, la suprématie blanche, l'injustice raciale, l'exploitation humaine, la toxicomanie, la mondialisation, le capitalisme sans entraves.

Alors oui, Delicious Foods est dur et violent mais c'est un sacré bon bouquin grâce à un sujet principal peu traité et grâce à un parti pris narratif surprenant. Inspiré de faits réels, ce roman a obtenu en 2016 le Pen/Faulkner Prize.

Traduit par Cécile Deniard
Commenter  J’apprécie          90

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Une image a germé dans l’esprit de Darlene : une corne d’abondance toute fabuleuse avec plein de sortes de poivrons verts, rouges et autres qui se déversaient, et des bananes, des carottes, du raisin et je sais quoi, et tout ça qu’était frais, croquant et humide de la rosée du matin, rapport que ça venait juste d’être cueilli.
Commenter  J’apprécie          00
Darlene était pas concentrée sur rien de ce que Jackie racontait, cause que l’autre en disait plus que nécessaire, comme font les gens quand ils ont d’ja décidé que tu vas refuser ce qu’ils ont à te fourguer.
Commenter  J’apprécie          00
Imaginez-moi qui la baise à fond, en douceur, et lentement, un corps de fumée, qui lui dis que je l’aime plus que sa mère ne l’a jamais aimée.
Commenter  J’apprécie          00
Ce fut alors seulement qu'elle put accepter un peu la poésie de cette idée; celle d'êtres humains, seuls sur un caillou humide aux avant-postes d'un univers dont ils ne pouvaient concevoir la taille et qui observaient les cieux pour y tracer dans l'air des dessins primitifs en fonction d'astres qui n'existaient peut-être même plus. Et un jour tout cela disparaîtrait, du moins tel que Sirius le racontait : l'espace s'effondrerait sur lui-même, la planète serait déchiquetée par une comète, le soleil grillerait le système solaire en devenant une supernova, une catastrophe quelconque rayerait d'un trait l'histoire des hommes et la civilisation. On aura de la chance, disait-il, si nos ossements deviennent des fossiles pour d'autres.
Commenter  J’apprécie          52
N'importe quel Noir sait comment réagir devant une tragédie. Il suffit de prendre une pleine brouette de cette Bonne Vieille Colère, de la répandre sur la Frustration Habituelle et d'arroser le tout de Quelqu'un Devrait, toutes choses que fit Bethella.
Commenter  J’apprécie          90

autres livres classés : esclavageVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (170) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1823 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}