- Est-ce un homme ou une dame ? Ce pays s'effondre. (p. 138)
- Impressionnant n'est-ce pas ? La science de la guerre est certainement le miracle le plus horrible de notre temps. Elle nous donne le pouvoir de mutiler et de détruire plus de monde, mieux qu'à tout autre époque. Et de rendre au monde des vivants ceux qui dans un autre siècle auraient été des cadavres. (p. 21)
J’imagine la somme de travail quotidien de tout le quartier de la presse. Ça me donne l’impression de sombrer mais je veux m’efforcer de regarder les choses autrement. Ainsi : l’histoire de l’humanité serait une grande rivière trouvant son chemin au long des points les plus bas du relief, et chaque page est une pierre. Jetées sans objectif, juste pour éclabousser, des milliers de pierres pourraient élever le niveau jusqu’à ce que la rivière déborde de son lit. L’eau s’étale, la force de la rivière décroît : c’est bientôt un marécage. Mais si chaque pierre est placée avec soin et intention peut-être est-il possible de construire quelque chose. Pas pour interrompre le flot mais pour le détourner. Berlin a été construite sur un marécage. J’espère qu’il en restera plus qu’un tas de cailloux
Une pensée revenait sans cesse, encore et encore : tout ce qu'il avait jamais fait dans sa vie, cétait pour une femme.
Berlin a été construite sur un marécage. J’espère qu’il en restera plus qu’un tas de cailloux.
- C'est quoi ? L'anniversaire d'Hitler ?
- Quelqu'un [Horst Wessel, militant nazi et membre de la SA] est mort.
- J'espère qu'il y en aura d'autres.
- Je te croyais pacifiste, Severing.
- Je suis contre la violence Ringelnatz. Pas contre la mort naturelle des fascistes. (p. 159)
- Dites, je peux vous demander quequ'chose ?
- Allez-y ?
- Z'auriez pas le cœur brisé, des fois?
Je sais qu’elle se fait du souci pour moi et j’aurai voulu la rendre heureuse. Mais pour l’instant, je n’y retournerais pas. A Berlin, je suis au cœur du vrai monde, sale, grouillant, magnifique, bien loin des jardins bourgeois de mon enfance. Parfois, ça me terrifie ; mais je me réveille chaque matin en attendant de voir quelle surprise la ville me réserve. (…) Ici, j’ai trouvé l’amour, des gens qui se battent dans la rue, ‘univers qui s’agite sous mes pieds. La musique de jazz !
Le monde est tellement plein de conneries, y’a qu’deux choses qu’tu peux croire. Si t’regardes d’assez près et qu’tu fais attention, tu peux croire tes yeux. Si t’oublies tout ce que t’as appris, tu peux croire tes tripes.
"A cette période de l'année, je ressens le stupre des regards dans la rue. Chacun abrite un animal, dissimulé sous l'apparence d'un habit civilisé.
Parfois, il est à découvert.
Cela m'avait frappée lorsque j'étais arrivée à Berlin. Trois ans plus tard, je n'en fais plus cas. Ce n'est qu'un aspect de la sauvagerie urbaine. Des prédateurs du pavé.
Mais tous n'en sont pas. Ou alors certains le sont moins que d'autres."
"-Ma chère est-ce là le parfum de la décadence ? Je commence à comprendre le goût pour la nécrophilie
-Qu'est-ce que je t'avais dit ? Peu d'hommes à Berlin sont capables de transformer leur désir libidineux en compliment délicieux."
"Je sais que le sentiment est plus fort parce que je ne rentre pas chez moi, mais je ne peux pas nier que je me suis fait des amis, et c'est dur de les voir partir.
Et pourquoi devrais-je le nier ? Quand je suis arrivée ici, je croyais avoir besoin de personne mais l'amitié m'a rattrapée et ça me plait."
Avez-vous jamais vu une telle folie ? Regardez-les courir dans leurs engins. Un affront...