Citations de Jay Haley (234)
Sa thérapie est plus facile à comprendre si l'on tient compte des processus évolutifs de la famille et des moments de crise que l'on observe lorsque des gens passent d'une étape à l'autre au cours du cycle de la vie familiale.
Sa théorie du changement est plus complexe ; elle repose sur l'impact interpersonnel du thérapeute sans que le patient en prenne conscience, elle inclut l'attribution de consignes qui amènent un changement de comportement, et elle insiste sur la communication métaphorique.
Lorsqu'elle est bien appliquée, la consigne de rechute prévient la rechute, tout comme le défi renforce une réaction hypnotique.
Encourager une rechute
Parfois, lorsqu'un patient va mieux, en particulier lorsque l'amélioration est trop rapide, Erickson l'incite à rechuter. Il semble que ce soit une méthode inhabituelle qui ne se réfère à aucune technique de thérapie. Cependant, lorsqu'on étudie la résistance en hypnose, cette approche en découle logiquement.
Il y avait un jeune patient qui prétendaient qu'il était Jésus. Il se prenait pour le Messie et déambulait vêtu d'un drap en essayant de rallier les gens au christianisme. Erickson s'approcha de lui dans le jardin de l'hôpital et lui dit : "Il paraît que vous étiez charpentier ?" Le malade ne peut qu'acquiescer. Le jeune homme, sous l'impulsion d'Erickson, participa à un projet spécial, la construction d'une bibliothèque, et parvint ainsi à accomplir un travail productif.
L'approche analogique ou métaphorique de l'hypnose est particulièrement efficace avec des sujets résistants : en effet, il est difficile de résister à une suggestion si l'on n'a pas conscience d'y être soumis.
Parfois, en proposant à dessin quelque chose que la personne n'aime pas, ils l'obligent à faire un autre choix ; d'autres fois, ils utilisent une menace ou une technique telle que la personne change afin d'éviter quelque chose de pire. Par exemple, un hypnothérapeute demandera : "Préférez-vous entre en transe maintenant ou plus tard ?" En présentant les faits de cette façon, il évite la question de savoir si le sujet veut ou non entrer en transe, mais il lui propose une échappatoire facile. Le sujet peut dire : "Plus tard", pour éviter d'entrer en transe immédiatement.
En général, lorsqu'il s'agit d'un couple ou d'une famille, Erickson utilise une approche en plusieurs temps : il leur demande de faire quelque chose de propos délibéré, en général ce qu'ils sont déjà en train de faire, et ensuite, soit il leur demande d'effectuer spontanément un changement, soit le changement se produit à la suite de l'encouragement qu'ils ont reçu pour leur comportement habituel.
Qu'arrive-t-il lorsqu'on "accepte" la résistance d'un sujet et que même on l'encourage ? Le sujet se trouble par ce biais pris dans une situation où sa tentative de résistance est définie comme un comportement coopérant.
Lorsque quelqu'un présente un symptôme, il manifeste par définition son incapacité à se tirer d'affaire seul. Son comportement est involontaire. Les membres d'une famille qui ont un comportement perturbé, qui manifestent des phobies ou des compulsions, ou bien encore qui sont alcooliques, persiste à se conduire d'une manière qui les fait souffrir tout en prétendant qu'ils ne peuvent pas s'empêcher d'agir comme ils le font.
Dans l'hypnose, il existe deux principaux types de résistance : ne pas se montrer assez coopérant, et être trop coopérant.
Il existe encore une autre ressemblance entre l'hypnose et la thérapie. [...]
... il arrive souvent que le sujet et le patient résistent aux consignes proposées même s'ils se sont volontairement mis dans la situation où ils se trouvent. L'hypnose et la thérapie comportent toutes deux un aspect essentiel, c'est la nécessité de motiver quelqu'un afin d'obtenir sa coopération totale pour qu'il se conforme aux consignes données, et afin aussi de composer avec la résistance lorsqu'elle apparaît.
Le praticien de l'hypnose pousse une autre personne à modifier son comportement de façon spontanée. On ne peut pas réagir spontanément si l'on exécute un ordre, l'approche hypnotique soulève donc un paradoxe. L'hypnothérapeute transmet des messages à deux niveaux simultanés ; il ordonne : "Faites ce que je dis", et à l'intérieur de ce cadre : "Ne faites pas ce que je dis, agissez spontanément." Le sujet s'adapte à cet ensemble de consignes contradictoires par un changement, et en faisant d'une manière que l'on appelle comportement de transe.
Le praticien de l'hypnose et le thérapeute cherchent tous deux par le biais de la relation avec une personne à augmenter le nombre et étendre le domaine de ses capacités.