- Ah si je savais pour quelle raison tout le monde est si méchant avec moi ! dit la licorne. Qu'est-ce que j'ai fait ?
- Tues différente, c'est tout, répond la Dame. Regarde-toi dans ce miroir, tu vas comprendre.
La licorne s'approche de l'une des vaches et lui demande:
-Est-ce que je pourrais manger avec vous ? J'ai tellement faim !
-Tu as une drôle de tête, dit la vache. je n'ai encore jamais vu un animal comme toi.Va-t'en !
Vers les cinq heures, je suis entré dans la chambre à coucher et je suis allé ouvrir sa garde-robe. Je ne l'avais encore jamais fait.
Ses boîtes de chaussures étaient alignées sur l'étagère du dessus. J'était si fébrile que trois d'entre elles me sont tout à coup tombées des mains et qu'en heurtant le parquet elles ont perdu leur couvercle. Les deux premières boîtes contenaient chacune une paire de mocassins noirs. Dans la troisième, en revanche, il n'y avait pas de souliers mais des photos, en noir et blanc et en couleurs. Jusqu'à cet instant, je ne les avais jamais vues et j'ignorais leur existence.
J'ai passé la majeure partie de l'après-midi à vider l'atelier de Viviane et à caser tant bien que mal ses affaires dans des boîtes de carton.
C'était éprouvant. C'était comme si j'effaçais à jamais nos deux années de vie commune, peut-être les plus paisibles de toutes celles que j'avais connues. Et, en même temps, il me semblait que j'attentais à l'intimité de Viviane, au-delà de sa mort.
Il neige, Clotilde te hante, la petite Maryse a disparu, le Vieux te remet le pied à l'étrier, Bridenne te traite de mec imprévisible, Audard te tape sur les nerfs, Bavet te fait pitié. Tout va mal et toi, tu vas plus mal que tout.
Tu dis n'importe quoi. J'ai vieilli. Atrocement vieilli... Surtout, je t'assure, j'ai vieilli de l'intérieur !