Jean Chevalier

BUCÉPHALE
Nom donné au cheval d'Alexandre le Grand. Indomptable, il n'acceptait d'être monté que par son maître. Il avait peur de son ombre et ne s’élançait que face au soleil.

NAVET
Légume assez commun pour justifier le symbolisme d'insigne médiocrité qu'on lui attribue vulgairement.
Les Taoïstes avaient pourtant fait de ses graines une nourriture d'immortalité. De même qu'elle est innombrable, cette sorte de légume est impérissable.

Grenade
Le symbolisme de la grenade relève de celui, plus général, des fruits à nombreux pépins (cédrat, courge, orange). C’est tout d’abord, un symbole de fécondité, de prospérité nombreuse. 
Dans la Grèce antique, elle est un attribut d’Héra et d’Aphrodite ; et, à Rome, la coiffure des mariées est faite de branches de grenadier.
Le pépin de grenade aurait dans la Grèce ancienne une signification en rapport avec la faute.
Si les prêtres de Déméter, à Eleusis, les hiérophantes, étaient couronnés de branches de grenadier pendant les grands Mystères, la grenade elle-même, ce fruit sacré qui avait perdu Perséphone, était rigoureusement interdite aux initiés, parce que, symbole de fécondité, elle porte en elle la faculté de faire descendre les âmes dans la chair (J.Servier – Les portes de l’année). Le pépin de grenade qu’avait absorbé la fille de Déméter l’avait vouée aux Enfers et, par une contradiction apparente du symbole, condamnée à la stérilité.

AGES PLANÉTAIRES
Chaque planète symbolise en astrologie un âge déterminé : la Lune, la première enfance ; Mercure, le jeune âge ; Vénus, l'adolescence ; le soleil, la jeunesse ; Mars, la virilité ; Jupiter, l'âge mûr (ou la vieillesse selon Junctin de Florence) ; et Saturne, la décrépitude.

ARME
L'arme, c'est l'anti-monstre, qui devient monstre à son tour.

BABYLONE
Au plan des symboles, Babylone est l'antithèse de la Jérusalem céleste et du Paradis. D'après son étymologie, cependant, Babylone signifie : porte du dieu. Mais le dieu sur lequel ouvre cette porte*, s'il fut un temps recherché dans les cieux, dans le sens de l'esprit, s'est perverti en homme, et dans ce qu'il y a de plus vil en l'homme, l'instinct de domination et l'instinct de luxure, érigés en absolu.
[...] Le symbole de Babylone n'est pas celui d'une splendeur condamnée pour sa beauté, c'est celui d'une splendeur viciée, qui s'est condamnée elle-même, en détournant l'homme de sa vocation spirituelle. Babylone semble le triomphe passager d'un monde matériel et sensible, qui n'exalte qu'une partie de l'homme et en conséquence le désintègre.

BIÈRE
La bière, brassée par le forgeron divin Goibniu, est la boisson de souveraineté.
[...] Une légende galloise confirmée par des textes apocryphes raconte qu'un fils de roi, Ceraint l'Ivrogne, fils de Berwyn (berwi bouillir) fut le premier à préparer de la bière de malt (brag). Il fit bouillir le moût avec des fleurs des champs et du miel. Pendant l'ébullition, un sanglier vînt y laisser tomber une écume, ce qui provoqua la fermentation.
[...] La bière étant la boisson d'immortalité de la classe guerrière, il n'y a rien d'étonnant que le symbole du dieu (Lug)lui-même soit venu y déposer le germe de vie sous la forme de sa propre salive.

BOUFFON
Dans quelques textes irlandais, le bouffon est l'équivalent du druide, [...] une parodie de la personne, du moi, révélatrice de la dualité de chaque être et de sa propre face bouffonne.
[...] L'une des caractéristiques du bouffon est d’exprimer d'un ton grave des choses anodines et d'un ton de plaisanterie les choses les plus graves. Il incarne la conscience ironique.
[...] Parfois le bouffon est condamné à mort [...] La société ou la personne n'est pas capable de s'assumer totalement : elle immole en victime la partie gênante d'elle-même.