Citations de Jean-Christophe Grangé (1625)
A la longue, Naoko était devenue une maladie, une lèpre qui rongeait son idéal, sa vision épurée du Japon. Les poings serrés, il ferma les yeux pour la voir brûler dans les flammes de sa rage.
Son existence avait la couleur verdâtre de la moisissure.
En définitive, il ne craignait pas la mort mais la vie. Une vie imparfaite, chargée de remords et d'abjections.
Maigre à compter les os , gris comme une serpillère qui n'aurait pas vu l'eau depuis des lustres ,ongles noirs ,mains noueuses ,barbe raidie de crasse … Il avait tout du clodo ,sauf que la noblesse de ses traits le plaçait au premier coup d'œil dans le camp des ermites , des ascètes , des mystiques éthérés.
L'équilibre des sourcils , l'harmonie des yeux , l'élégance du nez et de la bouche ,tout était là ,mais fracassé par la drogue , les sevrages , les jeûnes , les macérations ,les extases …On appréciait sa beauté comme on admire un site antique en ruine.
Si au moins ceux qui les poussaient vers le précipice (Hitler et les principaux chefs nazis) avaient été brillants et charismatiques...Un peintre raté, un boiteux, un drogué, un éleveur de poules...bonjour l'équipe.
Niémans connaissait cette drogue : la petite slave était simplement shootée à l'enquête, cette ivresse d'extirper la vérité aux morts et à la violence. Il consommait la même, mais lui avait le vin triste .
On pense que les années vous enrichissent, vous rendent plus fort .
C'est tout le contraire. L'âge vous dessèche, vous ratatine .L'expérience gangrène votre volonté et pourrit vos rêves. La jeunesse ne sait rien ,croit à tout ,méprise les vieux - et c'est pour ça qu'elle est géniale.
Quand sa route le menait dans les bras du diable ,ce n'était jamais pour une petite baise rapide, mais pour le grand chelem .
Sous la fine couche des évidences ,un abîme l'attendait.
Comme toujours .
En définitive, c'était le métier de flicard qui lui avait offert cadre et stabilité - un chemin. Certains ,pour tenir debout , étaient accros à l'alcool , à la drogue, aux anxiolytiques .Lui , il était accro au crime .
Dans une enquête, il faut avoir l'esprit libre , et froid. Un cerveau de flic , c'est comme une bibliothèque. Il faut toujours surveiller sa température et son taux d'hygrométrie .
Maintenant il s'acharnait sur sa tête en la claquant contre un angle d'un des grillages , exactement comme les pêcheurs italiens claquent les poulpes sur le quai du port pour attendrir leur chair .
Au fond de la plaine, une ferme en briques rouge pétant était posée sur un deck. Elle semblait retenir les derniers rayons du soleil et grésiller sur son estrade à la manière d'une braise de barbecue oubliée sur une pelouse .
Et il était secrètement heureux à l'idée de quitter cette terre avant que chacun ne devienne herbivore et recycle l'énergie de ses propres pets .
La plupart des gens pensent qu'ils seront « complets » ou deviendront enfin ce qu'ils sont quand ils auront réalisé leurs projets, mais ce sont au contraire ces promesses jamais tenues qui les constituent, qui les fondent en profondeur. Nous sommes tous des mutilés de nos rèves.
Il vomissait la société d'aujourd'hui prétendant tout interdire au nom du bien .Jamais il ne contribuerait à cette dictature larvée ,écœurante , la pire de toutes : celle de la bonne conscience.
En Forêt-Noire, a dernière chasse a commencé... Et quand l'hallali sonnera, la bête immonde ne sera pas celle qu'on croit. Le commandant Pierre Niémans et lvana Bogdanovic, électron libre de la PJ, sont saisis d'une enquête sur le meurtre d'un riche héritier souabe, Jürgen von Geyersberg, castré et décapité. Le duo part à l'assaut de la Forêt-Noire, sur la piste de la Pirsch, chasse mystérieuse qui semble être la clé du mystère. Peu à peu, ils multiplient les rencontres étranges - prêtresse des eaux thermales, éleveurs de chiens, guérisseur -, et surtout les Chasseurs noirs, bataillon de criminels enrôlés par Himmler pour traquer les Juifs, qui semblent d'un coup avoir jailli de leurs tombes... Cette plongée dans une expérience extrême et terrifiante, oû la violence côtoie l'ésotérisme, marque le retour du célèbre commissaire Niémans des Riviéres pourpres.
Toutes ces années, il s'était cru victorieux alors qu'il n'était qu'en sursis.
A la Gestapo, on ne cherchait pas les criminels, on les inventait de toutes pièces. Le dossier d'enquête, on le fabriquait tranquillement, au bureau, puis on arrêtait le coupable, qui était le premier surpris d'apprendre sa culpabilité.
- Hauptsturmführer, vous vous égarez. L'Allemagne nazie n'a plus aucun lien d'aucune sorte avec l'amour. Vous êtes de la Gestapo, non ?
- Exact.
- Vous savez mieux que tout autre que l'Allemagne n'est plus un pays au sens où on l'entend d'habitude. C'est une machine de guerre, une mécanique emballée, qui marchera sans reculer jusqu'à sa perte. Il est d'ailleurs assez singulier que des esprits disons... aussi tourmentés que ceux d'Hitler ou de Göring aient pu mettre en place des rouages aussi efficaces.
- Marcel, dis-moi une chose : pourquoi les enfants roms sont-ils si sales ?
- Ce n'est pas de la négligence, Louis. C'est une vieille tradition. Selon les Roms, un enfant est si beau qu'il peut attirer la jalousie des adultes, toujours prêts à jeter le mauvais œil. Alors on ne les lave jamais. C'est une sorte de déguisement. Pour masquer leur beauté et leur pureté aux yeux des autres.