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3.35/5 (sur 48 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Normandie , 1955
Biographie :

Jean-Claude Marguerite est un auteur français. Il réside en Île-de-France et enseigne la P.A.O. à Paris III. Après quinze années de photographie en freelance, puis dix à diriger une agence de communication, il entame une carrière dans l’édition en tant que graphiste et responsable technique.

"Le Vaisseau ardent", roman fantastique consacré à la piraterie du XXe siècle, est son premier livre, résultat de dix-huit ans de travail. "Conte de la plaine et des bois" est considéré comme un nature writing onirique.
Initiateur de "tous lire", un laboratoire éditorial pour les enfants qui ont du mal ou qui n'aiment pas lire.

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Bibliographie de Jean-Claude Marguerite   (6)Voir plus

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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Anton entreprit de cultiver l'amitié de Jack en le raccompagnant après l'école jusqu'au restaurant. Pour ne pas se séparer aussitôt, ils traînaient ensemble dans la ruelle qui contournait l'établissement, paressaient près de la margelle du puits où l'on venait encore puiser de l'eau. De temps à autre, contre une pièce ou deux, certains voisins, surtout de vieilles gens, confiaient à Jack la tâche ingrate de tourner la manivelle pour remonter de quoi remplir deux grands seaux - vingt-sept tours, avait-il compté, pour chaque voyage du petit récipient cabossé qui brinquebalait au bout de sa longue corde rêche, et il fallait le faire quatre fois pour mériter salaire. Le gain était ridicule, mais il représentait son unique argent de poche.
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… à la coque si fine et aux voilures si puissantes qu'aucun voilier ne rivalisait de vitesse avec lui pour les courses vers la Scandinavie. Le bâtiment était un chef-d'œuvre de beauté et de puissance, une cathédrale de mâture, un pur joyau ciselé pour la course. Sa proue arrogante laissait courir les pires ragots et les légendes les plus imbéciles sur son jeune capitaine. Certains y dénonçaient une alliance diabolique, omettant que les gargouilles de leurs moindres églises présentent des figures autrement plus démoniaques que cette gueule monstrueuse d'où saillaient trois langues écaillées. Mais, dans le soleil couchant de ce soir d'été, tandis qu'il quittait le port, sa proue irradiée embrasait jusqu'à l'impalpable horizon, entre ciel et mer. Que ne pouvais-je partir avec lui, chevaucher ce dragon des mers et voler au ras de l'écume flamboyante...
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A quoi ressemblait Balafrée ? S'il pouvait rester encore au lit, ne serait-ce que dix minutes, il finirait par discerner son visage - enfin. Des fragments de tableaux, le drapé d'une statue d'une sainte dont le modèle devait avoir à peine seize ans, mais surtout une publicité à l'encre de Chine qui représentait une gaine renforcée sur une silhouette vaguement esquissée au fusain, se précipitaient derrière cette fugitive apparition - comme des ombres chinoises d'un branchage lubrique; trop volatiles pour satisfaire.
Sa mère cria, pour la seconde fois.
Se lever. Se laver. "Fuir" ?
A qui confesser ce désarroi d'entre les jambes ?
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Quelques barques, légères et à la coque peu profonde, mouillaient au tout dernier ponton. Ses abords s'encombraient d'amas de paniers cassés et de casiers usés, de cordes oubliées ; ses planches, dont la peinture s'effritait depuis de nombreuses années, grinçaient des menaces absconses à chaque pas. Une cabane d'un gris-vert immémorial ne cessait de s'y effondrer, sans que nul ne s'enquit d'en retrouver la clé. Le vent qui s'engouffrait dans le port en suivant les vagues, chaque soir, longeait la promenade pour aboutir dans le cul-de-sac, où il tournoyait quelque peu avant de se décider à escalader les contreforts méridionaux sur lesquels s'épaulait l'ancienne jetée. Une exhalaison de vase, d'algue et de vieux poisson s'y concentrait, si bien que même au plus chaud de l'été y régnait une sensation de froid nocturne aussi malodorant que tenace.
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… Mais, pas plus que je n'avais eu la satisfaction d'assister à son ultime soupir, je n'avais pu me régaler de ces frayeurs ni de leur emprise progressive sur son esprit. Je le regrettais avec une telle intensité que mes pensées se brouillèrent. Elles formaient un vortex douloureux qui m'épuisait sans m'accorder de délivrance; puis, elles s'organisèrent en une suite de conclusions énigmatiques qui me libérèrent cependant de mon tourment - le soldat qui braille à la taverne n'est que le pion d'un autre ; un nouveau-né ne peut embrasser le fantôme du roi ; la nuit de noces de l'empereur est gâchée par le vol incessant d'un seul moustique...
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" La tradition orale, c'est d'abord l'histoire d'une histoire. Chaque narrateur se l'approprie et la réinvente. N'y voyez aucune malice ! Un peu comme ces souvenirs qui glissent à notre avantage : à force de ressasser une scène vécue, nous la lissons, nous la polissons, nous la façonnons jusqu'à aboutir à une version plus… acceptable. C'est naturel, c'est même nécessaire. Une vieille histoire est une histoire trop vieille pour être tout à fait comprise ; or, moins pertinente, elle risque l'oubli… La mémoire la cultive au jour le jour : elle semble toujours la même, mais ce n'est jamais la même. "
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" Mes notes sont ainsi allées s'intercaler dans un classeur destiné aux brouillons et aux cours, où se retrouvaient déjà quelques poèmes oubliés et diverses considérations philosophiques ; classeur qui rejoindrait bientôt toute une caisse de devoirs scolaires, d'opuscules chargés de remarques et une collection complète de carnets de notes ; caisse dont le couvercle serait cloué avant d'aller se terrer dans une cave pour le seul divertissement de quelques bataillons d'araignées incrédules qui y dresseraient des embuscades redoutables… "
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" Le ciel était couvert de nuages que déchiraient parfois des éclairs heureusement lointains, poursuivait l'ivrogne. Nos moteurs à pleine puissance n'y pouvaient rien. J'ai proposé d'accompagner le mouvement et de gagner de la vitesse dans l'espoir de lui échapper à sa première faiblesse, mais on ne m'a pas écouté. Ils luttaient contre les forces de la nature en lui opposant des chevaux-vapeur. Pauvres fous ! Mais comment leur donner tord ? Cent fois, la mécanique les avait sauvés, ils se croyaient intouchables… Je me suis campé à la proue pour défier l'horizon : autant voir la mort en face ! Dans la nuit noire, une tâche claire m'est lentement apparue. De l'écume hérissait les crêtes fatales d'un ensemble de récifs. Nous nous dirigions en sa direction. J'ai alerté mes compagnons d'infortune et les ai suppliés de m'écouter. Ils se sont entêtés et j'ai regagné mon poste de vigie. La mort montre-t-elle les dents ? Pour mordre ou pour sourire ? "
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La voilà : la réalité est brutale et entière. Etre pirate, c'est perdre sa famille, ses proches, ses amis, ses voisins. Tout homme armé cherchera à vous ôter la vie pour gagner l'or qu'il vous suppose avoir ; tout homme non armé cherchera à vous trahir pour une récompense dérisoire ou sous prétexte de vengeance d'un lointain cousin. A qui se fier ? A ses amis ? Mais quels amis ? Des compagnons d'orgie, de carnage…
Non, Morne-mer, ne secoue pas ainsi la tête. Pirate, tu n'as pas plus d'amis que de famille. Flibustier ou favorite d'une nuit, tous et toutes veilleront à t'extirper tes secrets avant de te planter un poignard à travers le cœur. A moins que tu ne sois déjà tombé si bas que tu espionneras l'ancien camarade à qui tu auras juré fidélité éternelle.
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J'avançai avec lenteur vers son corps étendu en levant mon célèbre poignard et l'abattis droit dans le dos de Géant. Je hurlai le nom de Balafrée et, quand elle me regarda, je dressai la tête de son amant à hauteur de ses yeux et égorgeai sans faillir le long cou tendre et fin. Puis, je tournai tout autour d'elle, sans me presser, convaincu d'être invincible comme si seule ma lame participait à la réalité de ce monde, distribuant mes coups sans épargner aucun des Estropiés. Je vivais dans une folie étrange. Tout mon corps se mouvait dans le strict accomplissement de mon dessein, précis, efficace, si lent. Je ne percevais du carnage que des visions fantasmagoriques, aussi fuyantes que dans l'ivresse mais parfaitement cohérentes et plausibles. Aucune émotion, aucune pensée ne m'atteignait. J'accédais à cet état de grâce où le temps semble infini, les contingences résolues. Je procédais à ma mission, tout simplement. Si je ne déniais pas le danger, je ne le redoutais pas non plus. Une part de moi restait vigilante, non pour conjurer la douleur, mais pour mener ma tâche à son terme. Combien je chérissais cette condition singulière, cette fluidité du corps, cette humilité de l'esprit, et la distance qui me distinguait de ce monde de chair, de sang et de pleurs.
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