Jérôme Garcin vous présente son ouvrage "Écrire et dire : entretiens avec
Caroline Broué" aux éditions des Équateurs. Entretien avec
Jean-Claude Raspiengeas.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3002979/jerome-garcin-ecrire-et-dire-entretiens-avec-caroline-broue
Note de musique : © mollat
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Tout va trop vite, maintenant. L'exigence du "tout, tout de suite", poussée par l'impatience des consommateurs, conduit à prendre des risques sur la route et pose de sérieux problèmes de sécurité.
Cette pression se répercute sur les négociations commerciales. "Les clients jouent sur la concurrence et tirent les prix au plus bas, avec pour conséquence de pratiquer une forme d'esclavage en faisant trimer pour une misère des chauffeurs étrangers."
Un jour, poursuit Jean-Claude Lefebvre,je réclame à une maman l'argent de la coopérative :30 francs par trimestre.Cela faisait plusieurs fois qu'elle ne payait pas.
C'est pas le bout du monde, trente francs!...Nous, ça nous permet d'acheter les cadeaux de Noël, des oeufs de Pâques, de faire de temps en temps le goûter, d'offrir des gâteaux aux enfants.
Elle relève la tête, me fixe du regard :
Mais, moi,avec trente francs,je finis le mois !
Mais comment vous y arrivez ? On est le 23,il reste sept jours avant la fin du mois. Comment vous pouvez tenir à quatre, une semaine, avec trente francs?C'est impossible !
Mais si!j'achète du lait,des biscuits. Des gros biscuits carrés secs on les fait tremper et on mange ,nous, avec ça, on tient une semaine !
Plus que toutes les autres, cette histoire atteint le cinéaste. Longtemps après, chaque fois qu'il commencera à la raconter, il s'effondrera devant ses interlocuteurs. Comme sous l'effet d'une douleur trop violente,qui l'étouffe.Il se revoit face à Michel Alexandre quand celui-ci commençait à lui décrire sa vie de policier. Il a la même réaction : Je n'ai jamais vu d'écoles maternelles dans le cinéma français. Je veux qu'on entende ces phrases. Ce serait de la couardise si,face à cette réalité, je ne m'impliquais pas comme cinéaste.
Sa main tendue à cet instituteur se traduit par une brusque et laconique demande : Ce serait bien que tu m'écrives un scénario sur ce que tu m'as raconté.
Passé le round d'observation pour dissiper la méfiance que provoque la présence d'un journaliste dans leur cercle, les routiers commencent à me raconter leur vie, loin de chez eux, enfermés dans leur cabine, prisonniers d'une perpétuelle urgence. Un mot revient toujours dans la conversation, écho d'un souffrance que je sens ravalée : le mépris...Le regard porté sur eux.
L'envers du décor est peu reluisant. Le groupe belge Jost, domicilié au Luxembourg, a été officiellement confondu pour "dumping social caractérisé, traite des êtres humains et fraude sociale."
Quand la machine se relancera, les routiers seront plus que jamais la courroie de transmission indispensable. On pourra toujours, et on le devra, plancher sur de réelles solutions alternatives, se promettre ou tenter de rompre avec le stakhanovisme ambiant, inventer d’autres voies que “l’économisme” comme finalité ultime.
Samedi 4 Novembre, vingt-quatrième jour de tournage, attaque contre les russes dans les marais. Tavernier note:Journée extraordinaire. L'équipe s'est surpassée.Ce fut aussi une série de miracles et de paris audacieux jusqu'à l'inconscience (ne pas refaire une prise, ne pas se couvrir...) Nous sommes dans un état pitoyable.... La passion, l'excitation nous ont fait tout oublier.Nous mettons dans le filmage la même énergie du désespoir que Conan dans son action.
Conan,,justement... Torreton s'enfonce dans l'eau et poursuit les bolcheviks jusqu'au milieu des roseaux, égorge ceux qu'il réussit agripper. Pour le suivre dans sa progression,le metteur en scène a sauté dans une barque, aux côtés de son équipe qui traque l'acteur. Quand Torreton se retourne, écrit Tavernier, j'ai un choc ! Il s'est littéralement cassé la voix,a introduit une fièvre désespérée,très puissante dans le personnage.J'en ai la chair de poule .