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Critiques de Jean-François Lyotard (13)
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La condition postmoderne

Évidemment, ce livre vous décevra si vous y chercher une affirmation politico-philosophique, idéologique, ou encore, moderne, de la postmodernité.

Dans la mesure où l’Occident trouve l’une de ses affirmations civilisationnelles la plus pleine et entière dans le concept de « modernité », la « postmodernité » correspond en effet à une prise de conscience de son déclin.

L’état morbide de l’affirmation de modernité actuelle en Occident, subsistant par force d’inertie, se révèle effectivement comme déterminisme désespéré, contradiction historique logique de ses promesses initiales.

J’apprécie beaucoup le réalisme déployé de manière magnifiquement lapidaire par Lyotard, par exemple :

« La transmission des savoirs n’apparaît plus comme destinée à former une élite capable de guider la nation dans son émancipation, elle fournit au système les joueurs capables d’assurer convenablement leur rôle aux postes pragmatiques dont les institutions ont besoin. » (p.79-80)

Pour ce qui est d’une appropriation possible des « métarécits », qui pourrait éviter le paralogisme communicationnel, je crois que le livre ouvre la question plutôt qu’il ne la clôt puisqu’il demeure hors du sérieux existentiel.
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La phénoménologie

La phénoménologie refuse de séparer l'être et le monde car la conscience est toujours conscience de quelque chose. L'objet et le sujet ne peuvent être deux entités séparées à la manière dont l'être transcendantal de Kant par exemple regarde le monde "objectivement". La phénoménologie prétend décrire la réalité par le lien que l'esprit humain tisse spontanément avec ce qui lui est extérieur, avant même l'application des outils créés par lui pour comprendre le monde. La science en ce sens, création humaine à partir d'expériences empiriques ponctuelles, ne saurait objectiver le monde. Au contraire, son utilisation prétend traduire le monde à la manière dont, déjà, avant cela, l'esprit humain le voit. Il s'agit donc pour la phénoménologie de décrire la manière dont opère la conscience pour créer la science et donc le monde, comme existence à la fois subjective puisque créée par l'individu et objective puisque suivant des règles communes à tous les esprits semblables, les êtres humains.



La réalité est donc l'évidence avec laquelle la conscience appréhende le monde et s'y projette. Elle est un flux d'intentionnalités qui se désagrègent constamment dans de nouvelles intentionnalités. L'histoire est une tentative de rétablir le passé possible qui a pu être selon les intentionnalités du présent.
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La condition postmoderne

L'essai s'attache à définir la place du savoir dans la société contemporaine, bouleversé par l'irruption de l'informatisation. Celle-ci, en prétendant autonomiser le savoir de l'individu, redéfinit son utilisation. Tandis que jusque là, le savoir était lié à la formation de l'individu, il est maintenant possible de le faire exister sans eux, dans des machines. On se prend à transférer des connaissances dans celles-ci.



Mais on aurait tort de penser que ce que l'on enregistre dans des bases de données se confond avec le savoir : celui-ci intègre des composantes comportementales (savoir-vivre, savoir-faire, savoir-être), que ne reprend pas l'enregistrement de "quantités d'informations", qui est la forme d'enregistrement des connaissances : seule la connaissance scientifique s'y prête facilement. A l'opposé, l'autre grand pan de la connaissance, la connaissance narrative, échappe aussi à la traduction en quantités d'informations.



Lyotard prévoit que l'informatisation des sociétés amènera une exigence de transparence de la connaissance, assimilée à la seule connaissance scientifique, et que cette exigence affaiblira la puissance publique, toujours acculée à plus de "transparence" et débarrassée de la connaissance narrative, ce qu'il nomme les "grands récits". Il s'ensuivra une fragmentation de la société, une explosion des échanges de la connaissance qui, parce qu'éloignée de la formation, ne sera plus réductible à un savoir nécessaire à la construction de la société.



Suivant les schémas financiers, elle se scindera en connaissance d'investissement (pour les décideurs) et en connaissance d'échange (pour acquitter sa dette envers la société). En perdant en partie sa valeur d'usage et ramené à une connaissance vérifiable et prouvable puisque scientifique, le savoir informatisé affaiblira le lien social et sera responsable de la redéfinition du rôle de l'Etat. Le contrôle de l'information deviendra un enjeu essentiel pour la domination mondiale. La question ne sera pas qui décide, mais qui "sait", et ce "qui" pourra ne pas être une structure publique.



Ecrit en 1979, on est surpris de tant de (post)modernité. Changeons "IBM" par "Google", "connaissance" par "information", le monde décrit est pleinement le nôtre. Cependant, l'essai ne se veut ni pessimiste ni optimiste, traçant seulement des conséquences prévisibles à partir d'une évolution technologique. La lecture de l'essai nous permet de prendre de la hauteur sur les questions actuelles et la place du "savoir-connaissance-information" aujourd'hui.
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Signé Malraux

Une plongée dans la vie et surtout l'âme de Malraux. La chronologie a ici peu d'importance, ce qui compte, c'est la compréhension des ressorts philosophiques, existentielles de ce personnage qui demeure nimbé de mystère aujourd'hui encore. Lyotard reconnaît qu'il pousse parfois très loin l'analyse, au point de s'y emberlificoter. Qu'importe: chacune de ces esquisses est passionnante. C'est dense, d'une infini profondeur, précis. Comment fuir l'ennui - petite mort; comment se laisser guider par l'art - seule vérité; comment forger son propre personnage - fût-ce au prix d'un égocentrisme ravageur. A la fin, une leçon de vie pour soi-même.
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La condition postmoderne

Faut-il être absolument postmoderne ? :
Lien : http://didier-moulinier.over..
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L'enthousiasme

Lyotard m'apparaît de plus en plus comme un disciple virtuose de l'esprit wittgensteinien.

Ici, il présente une réflexion très fine aux limites du criticisme, pris comme inter-phrase. Le tout a été très rafraîchissant pour moi.

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La phénoménologie

Excellent topo très partiel et partial sur la phénoménologie, qui aboutit entre la destruktion heideggérienne et les thèses communisantes de Tran-Duc-Thao.
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La condition postmoderne

J'ai entrepris la lecture du ce livre parce j'avais compris qu'il mettre de la lumière sur la littérature postmoderne. En fait elle parle plutôt de la crise de légitimation dans le domaine du savoir scientifique qui existe depuis la fin de la deuxième grande mondiale.

D'après Lyotard, l'époque postmoderne est celle où les deux grands métarécits hégéliens (ceux de l'émancipation de l'humanité et de l'esprit universel ) ont perdu leur pouvoir de légitimer les savoirs. Les conséquences sont particulièrement graves dans le domaine du savoir scientifique qui vit une crise de légitimation.

Lyotard travaille avec un modèle (qui semble être Derridien mais qui vient d'après Wikipedia de Jürgen Habermas) où le savoir commence avec un destinateur qui communique un idée (un référent) à un destinataire. Pour la communication normal la légitimation du destinateur vient du sont statut social (roi, président, directeur, patron, etc.) que le destinateur reconnait. Cependant dans le cas de la communication du savoir scientifique c'est le consensus des destinateurs qui accordent la légitimité ou au moins c'était le cas à l'époque moderne.

De nos jours postmodernes, les scientifiques ne sont pluscapable de se mettre d'accord. Toute vérité est provisoire et sera éclipsé par des nouvelles découvertes dans l'avenir. Dans la science, selon Lyotard: "Le consensus est un horizon, il n'est jamais acquis." (p 139)

On a donc recours à la "performativité" comme outil de légitimation ce que Lyotard déplore: "La performativité exclut en principe l'adhésion à un discours métaphysique, il requiert l'abandon des fables, il exige des esprits clairs et des volontés froides, il met le calcul des interactions à la place définition des essences." (p. 142) Bref, ce le meurtre de la philosophie par la rentabilité.

À la place de la performativité, Lyotard propose comme solution aux scientifiques la paralogie ce qu'il définit comme une multiplicité de moyens de légitimation. Son choix de mots dérange. le dictionnaire définit la paralogie comme "raisonnement involontairement erroné". On se demande si Lyotard s'en crisse du sort du savoir scientifique

En général, le ton de Lyotard est très amère. Au nom de la performativité et de la croissance économique les états augmentent les investissements dans l'instruction de l'informatique et diminuent les fonds alloués aux humanités.

Personnellement je crois que Lyotard devra revoir ses mots. Si on vit à la suite d'Hegel, on devra dire que notre époque est postromantique. Quant à la performativité, c'est une doctrine à caractère utilitariste et pas très brillant. Dans la forme où Lyotard l'a rencontré c'était seulement une proposition de marketing de l'industrie de l'informatique. Lyotard n'aurait pas du le prendre aussi au sérieux.



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La phénoménologie

Excellente introduction générale à la phénoménologie restituée dans son contexte et ses relations avec la psychologie, la sociologie et l'histoire.
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Que peindre ? : Adami, Arakawa, Buren

A partir des oeuvres d'Adami, de Buren et de Arakawa, Jean-François Lyotard propose son point de vue sur l'interprétation de l'art pictural contemporain. Pour lui, si la peinture a pu viser autrefois à représenter le réel pour en révéler la signification, elle ne peut plus aujourd'hui que se détacher de cette visée si elle prétend être prise au sérieux. C'est que les "regardeurs" se sont habitués à ce que le cadre du tableau contienne une construction artificielle et que ce que montre l'artiste est nécessairement faux. Par ailleurs, la multiplication des oeuvres et l'histoire de l'art a encore inscrit dans les consciences les codes des formes, des couleurs et des motifs qui lient nécessairement toute composition aux réalisations précédentes. Dans sa recherche de la vérité, l'artiste contemporain ne peut que chercher à s'affranchir de cette surabondance de trames interprétatives. Ses compositions présentent donc leur déconstruction et mettent en valeur davantage le questionnement d'une réflexion sur la réalité que sa figuration telle qu'elle apparaît. Le regardeur moderne risque donc de découvrir dans les oeuvres contemporaines plutôt une absence qu'une présence, une perspective plutôt qu'un but, un questionnement plutôt qu'une réponse. C'est que la vérité est encore intangible qu'elle n'est encore que recherche systématique.
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Pourquoi philosopher ?

Une réflexion limpide, didactique et inédite sur notre besoin irrésistible de raisonner.
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Miscellaneous Texts: Contemporary Artists

Lyotard, au titre d'une esthétique de la présence matérielle, favorise la peinture. L'art de peindre, pour qu'il y ait présence, doit se rendre à ce rien qui vibre entre le vide et le plein, un air, un clinamen, un neutre, une nuance, un timbre.
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Pourquoi philosopher ?

Critique de Aliocha Wald Lasowski pour le Magazine Littéraire



Au moment de la disparition de Jean-François Lyotard, le 21 avril 1998, l’un de ses amis les plus proches, Jacques Derrida, soulignait combien « Lyotard aura fait trembler la tradition et la philosophie », attestant le courage et l’indépendance de pensée de celui avec qui il avait, pendant de longues années, partagé la même maison aux États-Unis. Cette vigilance aux aguets, qui caractérise le travail philosophique de celui qui a élevé le terme « postmoderne » à la puissance active du concept, est présente dans les quatre conférences inédites données en 1964 aux étudiants de la Sorbonne et publiées aujourd’hui sous le titre Pourquoi philosopher ? Sept ans avant Discours, figure , la grande leçon de Lyotard sur l’esthétique d’« avant » les formes, le penseur livre ce qui sera le fondement de sa philosophie à venir, pour autant que l’audace consiste ici à renouveler sans cesse les moyens de penser, à chercher le vif de la pensée dans une quête de l’incommensurable et de l’hétérogène, de l’écart et de la disjonction. « Pourquoi philosopher ? », demande Lyotard. Réponse dans sa troisième leçon de la Sorbonne : « Penser, c’est-à-dire parler, est peut-être tout entier dans cette inconfortable situation d’avoir à prêter l’oreille au sens chuchoté afin de ne pas le travestir. » Oui, philosopher, c’est d’abord désapprendre, prêter l’oreille à la faille, au trou dans la parole. Mais comment faire entendre cette absence, ce vide, en un mot, ce désir, au coeur de la pensée et de la théorie ? Pour rendre audible à ses étudiants la perte de l’unité et pour creuser avec eux l’approche du Différend , Lyotard fait de la philosophie une praxis, et commence sa « Dérive à partir de Marx et de Freud ». La première leçon est consacrée au désir et au désir de philosopher : Lyotard parcourt la sphère d’Éros, de l’ivresse d’Alcibiade, à la fin du Banquet de Platon, jusqu’à la jalousie de Marcel, dans Albertine disparue de Proust. « Philosopher est se laisser aller au désir, mais tout en le recueillant », conclut alors Lyotard, avant d’ouvrir la deuxième leçon, sur le temps. Comment opérer le deuil d’une langue absolue ? Les cassures de l’histoire, de la tour de Babel à la pensée de Marx, témoignent combien le sens nous échappe, attestent que l’effort pour ramasser les poussières de sens dans le creux d’une parole est à recommencer toujours.

Avec les deux dernières conférences, sur la parole et sur l’action, Lyotard s’aventure davantage encore vers l’expérience littéraire. Avec Lyotard, les mots deviennent l’espace intensif du désir. De Tolstoï à Camus, de Du Bellay à Claudel, si le monde est un langage, comment déchiffrer l’énigme de la co-naissance des signes et du sens ? Husserl disait que le philosophe est un éternel débutant. Lyotard nous apprend qu’il est d’abord un enfant, qu’il garde le souci de l’ infans , ce temps du pur sensible d’avant le logos .
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