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Critiques de Jean-Luc Coudray (50)
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Théocrite, Tome 3 : Époque à vendre

Le patron de Théocrite est plus grand, plus gras, plus fort que lui. Normal puisque c’est son patron ! Au travers de leurs dialogues, de leur opposition, de leurs rapports de force se trouve résumée la problématique actuelle du monde du travail, de l’argent, de la rentabilité, des cadences, du chômage, du libéralisme et de la publicité. Une vision critique -et souvent cynique- du choc entre la pensée unique du rendement et la vie quotidienne des employés. Le ton est irrévérencieux, la caricature amusante. Le trait est simple et le décor original et haut en couleur, pour un meilleur contraste avec la morosité de la vie.



62 pages de gags à l’humour en prise avec son temps. Une lecture facile qui passe le temps mais... qui ne casse pas trois pattes à un canard !
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Lettres d'engueulade : Un guide littéraire

Quatrième de couverture – Que n’avons-nous eu ce mot définitif qui cloue le bec des plus insupportables de nos contemporains quand nous en avons croisé un ? Condamnés à ressasser notre échec face à une situation qui nous a échappée, nous ruminons en vain ces phrases percutantes qui terrassent les imbéciles et qui nous ont manquées. Avec ces soixante-deux lettres cogitées par le cerveau vengeur de Jean-Luc Coudray, voici de quoi désamorcer le souvenir de ces situations humiliantes. Leur lecture permettra de calmer nos amères ruminations et, si nous retrouvons notre bourreau, d’espérer crucifier sa basse conscience, réveillant chez nous cette sérénité que procure le rééquilibrage du monde.



Alléchant, n’est-ce pas ? De cet auteur, il est dit qu’ « il tente d’élever les imbéciles en les rabaissant à coup de 40 missives. » Très poli et toujours didactique, Jean-Luc Coudray revient sur des situations blessantes avec un raisonnement ferme et implacable. Au terme de ses épîtres, voilà le reproche initial retourné et l’opportun indélicat fustigé. Tel est pris qui croyait prendre. « Je ne puis vous reprocher votre bêtise puisqu’il ne s’agit chez vous d’une faute morale mais d’un inachèvement cérébral. » (p. 175)



Tout le monde y passe : le conducteur malappris et malpoli, la bourgeoise bêtement pédante, l’intellectuel condescendant, le feu rouge mal placé, le jeune indolent et la sylphide stupidement gracieuse. Même Dieu et ses sbires en prennent pour leur grade : « Cependant, votre vision de Dieu, personnage barbu et vengeur, qui précipite dans les flammes ceux qui n’ont pas la chance de posséder une porte pour qu’un représentant vienne lui parler de la Bible, me paraît aussi étriqué que votre visage sans ride. » (p. 39) (Question grammaticale : n’auriez-vous pas plutôt écrit « pour qu’un représentant vienne leur parler de la Bible » puisque le sujet est « ceux qui n’ont pas la chance » ?)



Ces lettres font gentiment et/ou férocement sourire, les premières à tout le moins. Parce qu’on finit par se lasser. Grosso modo, notre auteur en pétard suppose que les autres homo sapiens ne sont que des malotrus imbéciles. Ok, c’est le présupposé nécessaire à ce déversement de verve vengeresse. Mais les mêmes arguments reviennent trop souvent : ainsi les hommes sont lâches et gras, les femmes bradent leur féminité sous des atours exagérément féminins et les jeunes sont mous et sans envergure. Même si la langue est vive et que le verbe se déploie avec panache, l’ensemble manque légèrement d’originalité ou, au moins, de renouvellement.



Les illustrations d’Alban Caumont composent une grotesque galerie de portraits où les animaux prennent des traits humains. Ou sont-ce les hommes qui régressent au rang de phacochères aigris et d’hippopotames mous ? Mais n’est-ce pas manquer d’un élémentaire respect à ces pauvres bêtes qui ne nous ont rien fait ?



Au terme de cette lecture, et avant de vous présenter une des missives, je n’attends qu’une chose : M. Coudray, écrivez-moi !



La lettre choisie :

La situation – Quelqu’un se fiche de vous parce que vous n’avez pas de compte sur Facebook.



La lettre – Bonjour,

tu m’as fait hier une réflexion, fustigeant mon absence d’inscription sur un réseau social en ligne, type Facebook, et mon indifférence au sujet des nouveaux outils de communication.

J’en déduis que l’individu normal, dans un contexte mondial de circulation d’informations et de marchandises, devrait, à l’image d’une entreprise d’import-export, envoyer et recevoir quotidiennement, grâce à son adhésion à Facebook, une quantité importante de photos ou de messages. Il devrait collectionner les « amis », entités branchées sur sa page, fournisseurs ou destinataires des informations en question. Ainsi, il devra mimer le comportement de l’économie planétaire dont la croissance et la vitalité se mesurent au nombre d’échanges et non à la véritable création de richesses.

De même que la jouissance corporelle s’amplifie par l’augmentation des passages de matière au travers des frontières organiques, lorsque nous mangeons, évacuons, copulons, de même les déplacements de marchandises entre pays multiplient les taxes, prélèvements et plus-values, engraissant des parasites qui jouissent des allers-retours de l’agitation économique.

Tu soumets ton plaisir à la quantité de photos de vacances, de plaisanteries de camelots, de gags à tout faire qui traversent les orifices électroniques de ton territoire virtuel, t’offrant un bénéfice et une réparation narcissique à chaque déplacement, dans la pure logique pulsionnelle propre à la pornographie des corps ou des multinationales.

Les enflures affectives, les sagesses de bureau, les bisous de reconnaissance, les émotions touristiques, les confidences de chanson, les trouvailles alcooliques, les photomatons de belle-sœur, les anniversaires flashés comme par des radars autoroutiers, les visages cirrhosés d’enthousiasme, les bébés dépossédés du droit sur leur image, les gâteaux tristement excessifs, sont échangés comme des bonbons ou des pansements.

Diffusé en ligne, le banal devient du conforme, l’ordinaire du vulgaire, le sentiment de l’émotion, la tendresse de l’attendrissement, l’amitié de la trivialité.

La valeur relationnelle se mesure désormais au débit. La vie sentimentale se gère avec un outil professionnel. Les amis se capturent comme des clients.

Je suis au regret de te dire que je préfère fréquenter mes amis sans passer par la planète.

Cordialement.



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Les métiers cachés de la bande dessinée

Amusant petit livre d’humour rigolo sur les métiers de la BD, des plus foufous aux plus concrets.



Amusant aussi de retrouver – à l’heure de la grande controverse de l’expo de Bastien Vivès à Angoulème – un petit Titeuf tout nu avec un gros zizi. Cela pose-t-il problème ? Certes, le dessin est guère réaliste mais le zizi est quand même bien gros, non ?



Un petit moment bien sympa en trois parties. Les vrais-faux métiers, quelques hommages aux grands auteurs de la bande dessinée à la papa et finalement les faux-vrais métiers. Et même si j’aurais bien aimé y retrouver des personnages de comics, mangas ou d’autres plus contemporains, je n’ai pas boudé ces instants drôles
Lien : https://www.noid.ch/les-meti..
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Je n’ai plus besoin de moi

Merci à Babelio et à L'Atelier de l'agneau pour l'ouvrage de poésie Je n'ai plus besoin de moi.

Le texte alterne avec des illustrations de l'auteur. Toutes semblent bancales, déformées, comme une illusion dont la page n'est pas le bon point de vu. Comme si notre regard n'est pas apte à la saisir sauf à réussir à la projeter dans l'espace. Les bâtiments et les éléments végétaux se projettent vers le ciel, agressifs. Alors que les personnages sont, pour la plupart, en rondeur. L'influence de Picasso et Magritte s'y fait sentir.

Les textes sont courts, 2 pages maximum. Dans ces textes, l'homme n'est rien ; ce qui compte : la nature, calme ou déchainée, même violente. C'est a seule chose qui a du sens pour le narrateur qui semble trop conscient de ce qui l'entoure et ne peut s'en abstraire, même la nuit ("La nuit ne nourrit plus. Il fait jour, éternellement jour.") L'homme devrait prendre exemple sur elle, et notamment sur le chien, motif récurrent des poèmes : il vit dans l'instant, a pourtant une mémoire fidèle, plus que celle des hommes. Et surtout elle n'est pas arbitraire.

Les poèmes sont également une critique de la société actuelle. Si dans certains la critique se contente d'affleurer, dans d'autres elle est beaucoup plus nette : "Ils marchent comme des soldats, pensent en apnée" (le narrateur ne s'inclue pas dans cette masse. Le poète est un observateur). De même, la religion s'arrête à l'Ancien Testament. Après, Dieu est mort. Tout simplement parce qu'avant le Messie, les prophètes vivaient au plus près de la nature, voire était issue d'elle.

Je n'ai plus besoin de moi peut alors signifier un retour vers plus de simplicité, que les objets qui nous font (prétendument) nous sont inutiles. Que justement nous n'avons besoin que de nous-même, en toute simplicité.

Ces textes sont assez déconcertants à lire, surtout si on ne cherche pas voir plus loin que la surface : association de termes étranges, raconte-t-il ses rêves ; on y retrouve un peu de Vian, peu de surréalisme. Mais une lecture plus attentive, avec éventuellement un crayon à la main, fait apparaitre beaucoup de choses sous cette étrangeté.

Etrange, déconcertant, à lire, à méditer.
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Je suis heureux par vengeance

Jean-Luc Coudray a sévi chez Fluide Glacial, mais pas que. Il dessine ses drôles de persos minimalistes dans d'autres journaux aussi, mais pas que.

Il écrit et illustre des bouquins pour la jeunesse, des romans, des essais. Il a prêté sa plume à Lewis Trondheim, Moebius, entre autres.

L'homme aime a s'exprimer. Et il a raison, car il a des choses bien à dire, parfois sur le ton de l'absurde, comme c'est le cas pour "Je suis heureux par vengeance" - compilation de ses meilleurs dessins pour "Béret et casquette", "le guide philosophique de l’argent" et "Le Malade"- mais toujours, derrière le ton léger et poétique, une remarque acerbe et bien sentie, des double-sens, des "non-dits" très parlant.

C'est fin, ça se lit sans fin !
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Monsieur le Curé

À trop se perdre en vaines interrogations, l'on finit par perdre l'essence des choses qui est celle même de la vie.



Voilà une réflexion qui pourrait résumer, succinctement, l'esprit de ce petit récit surprenant et particulièrement agréable à lire. En quelques pages, Monsieur le Curé partage avec le lecteur ses doutes et réflexions nourris par toute une vie de prêtrise, oscillant entre le désir de la joie et la nécessité d'une pénitence comme gage de bonne volonté.



Emplis d'humour et de sincérité, ces textes brillants d'un bonheur simple et délicat sont moins une réflexion sur la religion qu'autant de pensées positives sur l'allégresse quotidienne que le monde nous offre sans en avoir l'air : le tremblement d'une fleur, les papillons en proie à des vents imaginaires, la saveur d'une tasse de thé… Comment ne pas s'émerveiller alors que le vide est là, si proche, dans l'église silencieuse, la nuit dispersée, la mort jamais vaincue ?



Autant de cadeaux près desquels nous risquons de passer, aveuglés par d'absurdes quêtes de vérité, enchainés à nos principes et dogmes nous éloignant toujours plus de la beauté infinie du monde sans limites.



Un bijou d'optimisme profond et intime à la saveur sans cesse renouvelée.
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Nous sommes tous morts

“Nous sommes tous morts” de Jean-Luc Coudray et Lewis Trondheim et un mini-album de la collection “Patte de mouche” de chez l’Association. Avec un dessin simpliste en noir et blanc, en 24 pages au format carte postale, ils nous délivrent une petite leçon de Philosophie sur le thème de la mort, une belle démonstration, lumineuse et savoureuse.
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Nous sommes tous morts

Ce livre est très court mais offre une réflexion profonde et intelligente sur la mort et la peur de celle-ci.

La brièveté de ce récit a impliqué un choix très succin de phrases biens tournées et parfaitement calibrées qui font que tout ce livre pourrait-être une seule citation.

En le refermant, on relative un peu...à moins que ça n'engendre de nouvelles angoisses!
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Théocrite, tome 1 : Le bonheur au bout du fil

Théocrite est un canard , qui en digne sujet de sa race, ne pense qu'a une chose : Manger du poisson.

Mais théocrite est un débutant, il a tout à apprendre. Il va donc prendre des conseils auprès de spécialistes, va imiter d'autres, pour enfin s'affranchir et à son tour trouver des méthodes nouvelles parfois peu concluantes, jusqu'à découvrir l'élevage de poissons.

Cela ne vous rappelle pas quelqu'un, qui a commencé son existence dans les cavernes, qui à eu pour nom Léonard ou Wolfgang Amadeus, mais aussi Adolf ou Joseph Vissarionovitch, pour finalement marcher sur la lune ?

Je comprends mieux aujourd'hui pourquoi les mères disent à leur enfants : Viens ici mon petit Canard......
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L'arbre et l'enfant

Armée de sa paire de couettes et de toute son innocence, une fillette vient trouver le grand arbre qui trône au fond de son jardin pour s’entretenir avec lui d’un sujet existentiel : est-ce qu’il vaut mieux être grand ou être petit ? Pour répondre à cette question, éminemment complexe, le grand arbre plein de sagesse décide d’illustrer ses propos. Le problème, c’est que petit ou grand, il y a de bons et de mauvais côtés ! Le tout est de trouver le bon équilibre et pour ça le grand arbre semble avoir la solution… Sans y paraître, ce petit album, que l’on doit à Jean-Luc Coudray pour le texte et Régis Lejonc pour les illustrations, invite petits et grands à réfléchir et à porter un regard simple sur la vie. Un livre comme on les adore, plein de belles images et de jolis mots.
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Nous sommes tous morts

Voici une petite BD très courte qui pose les bonnes questions.



Un personnage a ici peur de la mort, et un deuxième personnage lui mettra les faits sous les yeux : quand on est mort, on ne s'en aperçoit pas. Il y a moins de probabilité d'être vivant que d'être mort.

La mort étant un arrêt du temps, celle-ci n'existe pas. Elle existerait si nous étions un autre et que nous nous verrions mort. Mais dans ce cas nous serions un autre, elle n'existerait donc toujours pas.



C'est très court, très sympa, assez rigolo par moment, mais quand même un brin pessimiste.



Nous sommes tous mort est donc un petit fascicule a lire rapidement, avant de trépasser !
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La lune nous tire la langue

Un univers à la fois désuet et moderniste, où les voitures à la carrosserie année 30 semblent voler mieux que dans le 5e élément. Les deux personnages - avatars des deux auteurs, Coudray et Gil - se promènent et s'interrogent sur les bizarreries du monde. Les dessins et les légendes se répondent avec bonheur, et comme avec du Sempé, on sourit à chaque page...
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Guide philosophique des déchets

Voici une belle réflexion philosophique mais aussi sociologique économique et environnementale sur notre rapport aux déchets qui en dit long sur nos illusions d'un monde où la jouissance de l'instant supplante le bonheur réel, où la possession devient valeur quand l'être et la sensibilité deviennent faiblesses, où la culture devient de masse et la technologie notre seule cosmologie.



Nous brûlons nos ressources plus vite que le soleil ne les produits et bien que les principes entropiques démontrent le contraire, nous pensons pouvoir rompre avec ces lois de la physique fondamentale par notre économie basée sur une ressource fossile consommée en à peine 150 ans quand la nature à mis plusieurs centaines de millions d'années pour la produire au moins d'en modifier durablement le climat de la Terre.



C'est un ouvrage facile à lire, organisé en grands chapitres pour de nombreuses réflexions sous différents angles. Le tout est associé à des traits d'humour pointant les notions clés proposées et ne vous laissera pas indifférent.

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Séjour en Afrique

J'ai eu également beaucoup de mal avec ce graphisme. J'ai dû sérieusement m'accrocher au début. Ma première impression faut mauvaise car cette histoire d'un touriste européen à la recherche de rites magiques dans un petit village isolé au milieu de l'Afrique noire me paraissait ubuesque.



Cependant, j'ai tenu bon et au final, je trouve que cette oeuvre est pas mal. La conclusion m'a d'ailleurs beaucoup plu. C'est comme une espèce de révélation de ce qu'est véritablement l'Afrique.



Il y a comme une espèce de pertinence de ce récit que j'ai trouvé astucieuse. Finalement, j'ai réussi à oublier le graphisme pour saisir l'âme de cette bd. C'est plutôt rare chez moi mais le fait que j'y sois parvenu prouve quelque chose de magique.
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Pensées à déplier

Un amusant petit recueil de pensées pour tous les âges.

Passée la première surprise : ça s'intitule "pensées à déplier," mais non, le livre ne se déplie pas, il se feuillette en livre normal, on lit ces pensées, au hasard et dans le désordre,avec grand plaisir.

Certaines m'ont même évoqué les "inventions complètement inventées"

Un petit livre, des pensées courtes, on aurait envie de toutes les citer.

A la fois philosophiques et parfois absurdes

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L'écriture comme manière d'exister

J’ai beaucoup souri en lisant ce texte. J’y ai reconnu l’esprit drôle et affuté de Jean-Luc Coudray, écrivain, philosophe, dessinateur non assumé et décroissant revendiqué. Décroissant, il l’est dans sa vie de tous les jours au point de "n’avoir jamais réussi à acheter de meubles" (excepté quelques chaises pliantes) mais également dans son écriture qu'il souhaite vive, poétique, fantaisiste et efficace en peu de mots. Pas un adverbe qui ne serve à rien et surtout pas de phrases de transition qu’il guette comme le mildiou.

J’ai été touchée de découvrir l’acuité précoce du petit Jean-Luc qui, très tôt dans l’enfance, a « ressenti les mots comme des vêtements déjà portés par d’autres personnes. » et qui, par ses premières tentatives d’écriture, a cherché à se les réapproprier.



J’ai noté plusieurs phrases qui faisaient écho à mes pensées et les redéfinissaient.



« Dans l’écriture, le vérité ne relève pas de la logique ou de la vérification mais se mesure à sa capacité de provoquer une intuition chez le lecteur, un court circuit qui opère dans l’indicible. »



J’ai aimé cette idée de l’écriture comme manière de se transformer (cela marche aussi pour la lecture). Je glane ici une autre phrase :



« Je pense à certains devins qui étalent au sol des cailloux. Ils laissent ensuite un appât à proximité. Lorsqu’un petit mammifère, attiré par la nourriture, a marché au travers des cailloux, l’agencement de ses traces avec la structure réalisée va exprimer un message cosmologique. Le lecteur qui tombe sur l’ouvrage, par hasard dans une librairie, est aussi inconscient et ignorant que le renard qui déambule parmi les cailloux. Mais il exprime peut-être une nécessité cosmologique. »



Et enfin,

« Il est finalement impossible d’écrire sans croire en quelque chose d’invisible. »

C’est aussi ce quelque chose d’invisible qui nous lie et nous relie à nos auteurs préférés aussi bien qu'à nos amis… Quant au mystère Jean-Luc Coudray, s’il est quelque peu désépaissi, il n’en reste pas moins entier. Pour mieux le connaitre ou nous connaitre, il nous propose de jouer avec ses textes, sa pensée, la notre, on ne sait plus très bien. Lisons donc et voyions où ça nous mène !

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Théocrite, Tome 3 : Époque à vendre

Les deux frères Coudray, respectivement au dessin et au scénario, s'amusent à décortiquer le monde du travail actuel dans une bande dessinée où chaque planche révèle une scènette symptomatique de situations bien réelles. L'auteur, Jean-Luc, que je découvre par ailleurs, délivre ainsi une critique sardonique d'une société absorbée par le libéralisme à travers un humour enroué que je considère en dessous de celui de son frère, Philippe, dont je suis particulièrement admiratrice. C'est divertissant quoi qu'un peu monotone.
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Entre fous

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Je suis heureux par vengeance

Le résultat est brillant, souvent exigeant et invariablement hilarant. Les amateurs de Pierre Desproges, Fred (période Hara-Kiri), Gébé ou Copi devraient être immédiatement conquis par cet univers minimaliste bourré de clairvoyance.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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Humeurs décroissantes

Je voulais remercier Babelio et les éditions la déviation pour ce livre pour le moins original.

Chaque chapitre est on ne peut plus sérieux, parfois même un peu effrayant !

Heureusement qu’il y a le petit dessin en fin de chaque chapitre pour rendre le sourire avant de réattaquer le chapitre suivant !



«  La magie agit sur le monde par la parole ou le geste, comme je prédispose un ami par le langage ou un signe de la main. Si, dans ma relation avec un ami, je préférais la technique à la magie, je l’ attacherais pour l’obliger avec un outil tranchant. »



Son étude du psychisme humain me touche personnellement beaucoup, moi qui suis médecin traitant, qui devrait être technique et efficace et qui reste plutôt à l’écoute et presque poétique pour reprendre les mots de l’auteur.



« En fait, si le livret de caisse d’épargne nous rapportait ce qu’il nous doit pour contrer la véritable inflation, nous augmenterions nos économies de 20% par an, comme de vrais salauds de capitalistes. »



J'avais pensé lire ce petit traité d'humanité d'une traite... et j'en ai été incapable.



«  La plupart des êtres humains sont également psychorigides. Ils vivent sur le refoulement. C’est aussi une technique. En simplifiant son point de vue, en adoptant des certitudes, en s’enfermant dans la répétition, on devient plus efficace. (…) Notre part poétique, créatrice, spirituelle, réflexive, amoureuse est vampirisée tandis que nous devenons des soldats, plus riches mais plus étroits. »



Le seul reproche que j'aurais à faire serait que parfois les phrases sont peut-être un peut trop longues et donc le lecteur (ou peut-être seulement moi...) s'y perd au fur et à mesure de sa lecture et doit s'y reprendre à quelques reprises pour être sûr de comprendre.



«  La dimension morale de notre société est contrainte d’en bas et d’en haut par les bébés et les chefs dont personnes ne discute les diktats, les deux étant dominés par l’autorité de leurs pulsions. »

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